Mardi 7 mars – Santiago

Fuente de soda, Santiago, Chile, café
Comme on dit en Alsace, toute bonne chose à une fin, sauf la knack qui en a deux…

Dernière vraie journée de notre périple sud-américain, et déjà plein d’images qui tourbillonnent dans la tête. J’aurais l’occasion de faire le bilan de ce voyage, mais pour l’instant, il faut profiter de ces heures qui filent trop vite.

Santiago regorge de petits cafés, et les très étranges Fuente de soda sont des endroits qu’il ne faut absolument pas rater.
Les établissements Haiti sont partout, et ici aussi, il faut payer d’avance à la dame coincée dans son cubicule qui lui sert de caisse. Ensuite, on s’installe à une table, et, par un petit sentier surélevé entouré de rambardes en inox, une jeune fille, dangereusement perchée sur des talons hauts, très courtement vêtue, nous apporte notre commande. 

On se croirait dans un bar où la fille va se mettre à spinner autour d’un poteau en lançant son soutien-gorge dans le public en délire ! 
Mais là, on a juste droit à un expresso accompagné, comme partout au pays, d’un petit verre d’eau gazeuse. C’était quand même le but de la visite.

Salvador Allende, Santiago, Chile,
Armés de nos chaussures qui ont beaucoup voyagé, nous partons en direction du palais de la Moneda, admirons la statue du président Allende, contemplons deux fiers policiers sur leurs magnifiques chevaux, et repartons dans une toute autre direction.

Aujourd’hui, mardi, les musées sont ouverts et nous avons projeté de visiter la Chascona.
Dans le quartier Bellavista (encore lui !), est sise la cachette que Pablo Neruda fit construire pour son amoureuse Matilde Urrutia. 
La Chascona (l’Ébouriffée) est le surnom que donna Neruda à son échevelée maîtresse à la chevelure abondante et indomptable.

Le bâtiment, adossé à la montagne est un refuge bien dissimulé et ressemble, comme à Valparaíso, à un bateau avec ses hublots et ses petites pièces semblables à des cabines.

La Chascona, Pablo Neruda, Santiago, Chile
Peu après la prise de la Moneda et la mort de son ami Allende, le prix Nobel de littérature s’éteint dans un hôpital de Santiago. Il ne faudra pas longtemps pour que les troupes du dictateur Pinochet viennent mettre à sac la demeure. 

Le canal en amont fut détourné pour inonder la maison, et beaucoup d’objets de ce collectionneur invétéré disparurent et ne furent jamais retrouvés. Matilde et ses amis viendront garder la maison et réparer le maximum de dégâts. Elle y vécut jusqu’à sa mort en 1985.
La visite coûte 14$ CA, dure environ 1 h 30 et un audioguide est fourni, les photos sont (normalement) interdites à l’intérieur.

Cerro San Cristobal, Santiago, Chile,
Nous nous dirigeons vers le funiculaire (4$ CA A/R) pour grimper au sommet du cerro San Cristobal. Puis, à quelques centaines de mètres, nous arrivons à la gare des télécabines qui survolent la longue montagne. Ouvert du mardi au dimanche, de 10 à 19 heures, il coûte environ 5$CA A/R en semaine (6$ le week-end).
Au travers des bosquets, les petits cabines colorées offrent une vue originale sur la ville et les montagnes qui ferment le fond du paysage.

Santiago, Chile, Cerro San Cristobal, Piscine Tupahue
Rapidement, nous arrivons au milieu du Cerro est accédons à notre destination, la piscine Tupahue. Il faut débourser 12$ CA pour entrer sur le site et profiter de cet endroit très agréable où il fait bon passer quelques heures.

La piscine, inaugurée en 1966, est construite dans une ancienne carrière qui a longtemps servi de dépotoir. Elle mesure 82 mètres de longueur pour 25 de large. 
Une immense murale représente l’union entre les peuples chiliens et mexicains. Conçue par l’artiste mexicain Juan O’Gorman, elle est réalisée par l’artiste chilienne María Martner qui a utilisé des pierres de différentes tailles et couleurs ramassées dans plusieurs parties du Chili.

Santiago, Chile, Cerro San Cristobal, Piscine Tupahue
Nous avons la chance d’être un jour de semaine et les vacances sont terminées. J’imagine que cet endroit est un peu plus occupé lors des vacances.
Il n’empêche, les rares enfants qui courent autour de la grande bleue suffisent à animer l’endroit.
Il y a suffisamment de place pour étaler nos serviettes sur un bout de gazon un peu ombragé par d’immenses arbres. L’eau est propre et le bassin assez grand pour faire la bombe dans plein d’endroits différents. 

En face de nous, un petit garçon bien trop corpulent pour son âge, trempe ses chips dans un gros pot de mayonnaise et boit l’huile du fond d’un bol de salade à laquelle il n’a pas touché. Il profitera de l’amour inconditionnel de sa maman pour engloutir tout le paquet de biscuits au chocolat, au grand dam de sa sœur partie nager…
La prochaine génération va faire la richesse des médecins !

Santiago, Chile, Cerro San Cristobal, Piscine Tupahue
Quelques pigeons, attentifs à chaque miette perdue, sont patiemment postés sur le mur sculpté et roucoulent en paix.

Allez, ce n’est pas à quelques trop courtes heures de remonter dans l'avion que nous allons attraper le coup de soleil de notre vie, il est temps de plier serviettes et reprendre nos hétéroclites moyens de transport pour rejoindre l’animation de la capitale.


Cette magnifique journée se termine dans notre beau quartier de Bellas Artes, à la très courue table du restaurant Bocanáriz. Un resto à vin où tout est fait pour rassurer le client, même si le monde vinassier reste un domaine relativement élitiste. 

Bocanáriz, Santiago, Chile
Notre serveuse nous apporte une carte épaisse comme une édition de l’Encyclopædia Universalis, mais où plusieurs sections sont faites pour des amateurs non éclairés comme nous. 
Elle nous explique comment tout fonctionne, connaît sur le bout de ses extraordinaires ongles manucurés les cépages et toutes les régions où la moindre grappe de raisins pousse, puis nous invite à déguster un petit verre en attendant de faire notre choix.
La carte propose plusieurs menus d’accords mets et vins. 
Les noms évocateurs nous emmènent en voyage. Patrimoine chilien ; Expressions du Pacifique ; de la Mer à la Cordillère ; Carménère : emblème national ou encore des digressions autour des vins biodynamiques.

Trois verres accompagnent des plats très bien réalisés et qui nous renvoient instantanément dans des endroits que nous avons visité ces deux derniers mois. 

La salade d’algues fait chavirer mon âme du côté du port animé de Valdivia, le plateau d’huîtres nous plongent dans la chaleur de cette après-midi à Ancud sur l’île de Chiloé et pour finir, les petites côtelettes d’agneau grillées nous conduisent en Patagonie, pays des gauchos et des infinies plaines battues par les vents.
Tant de souvenirs visuels et gustatifs qui resteront à jamais gravés dans nos êtres.

Des êtres qu’il faut aller coucher, demain nous ne décollons qu’en soirée et nous voulons encore profiter de cette dernière journée.




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