Lundi 6 mars – Santiago

Des entrailles de La Vega Central au sommet de la Gran Torre

Manjar - Dulce de leche
Pour bien commencer une journée au Chili, rien ne vaut une belle tranche de pain abondamment recouverte d’une épaisse couche de manjar. Si en plus on y ajoute une vue panoramique sur une partie de la capitale baignée de soleil, on comprend mieux pourquoi nous n’avons aucune envie de prendre un avion vers l’hiver dans deux jours…

Caloriquement repus, nous errons dans les rues, admirons les fresques et autres collages sur les murs et nous perdons avec plaisir dans les ruelles où, tranquillement la population reprend le rythme du travail. 

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C’est en ce joli lundi matin que les vacances scolaires se terminent et que les trottoirs se remplissent d’écoliers heureux de retrouver leurs amis. 

Quel que soit le pays, voir des écoliers reprendre le chemin des classes me rappellent invariablement mes propres rentrées. 
Nostalgie de ces grandes vacances loin des parquets cirés des couloirs du collège. Souvenirs de l’inégalé sentiment de liberté, les jambes encore recouvertes d’égratignures des courses dans les herbes folles et les branches de ronce, la peau hâlée et des souvenirs heureux plein la tête. 

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Souvenirs et anecdotes qui vont devoir trouver une place dans le tumulte des conversations où chacun voudra exprimer son bonheur des deux derniers mois. J’avais aussi, un peu plus sobrement, le plaisir de retrouver les copains, de découvrir une nouvelle classe, de nouveaux professeurs et rencontrer des nouvelles personnes. 

Mais je suis un adulte et je préfère contempler que subir. Alors je contemple l’architecture, et la vie qui grouille. 

La Plaza de Armas nous offre son espace aéré, et ses nombreux palmiers qui dansent au vent. En lieu et place du gibet que les conquistadors espagnols avaient érigé dans les tourmentées années 1500, se dresse la grande fontaine dédiée au Libertador Simón Bolivar

Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, le Vénézuélien, est une des figures emblématiques de l’émancipation et ensuite de l’indépendance d’au moins six pays sud-américains. Il reste une icône dans de nombreux pays d’Amérique latine, et dans le monde. 

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La façade néo-classique de la cathédrale Metropolitana ajoute à la magie des édifices qui encerclent la place. 
Nous poursuivons notre promenade en passant à coté du palais de la Moneda, entrons dans quelques églises, dégustons un mote con huesillo, croisons des policiers fièrement perchés sur leurs magnifiques chevaux et comme par hasard arrivons au marché de La Vega Central, pile-poil pour l’heure du repas. 

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Entre quelques poissons au regard vitreux, nous trouvons place à la tablée de Tio Willy pour nous repaître de ses délicieuses matchas a la parmesana et d’un ceviche aussi frais que sur les rives du Pacifique. 
Nous sommes à moins de 100 kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, et les produits de la mer sont aussi vivaces que dans le port de Valparaíso

Promenade dans les allées du marché, montagne de mote, ballots d’algues séchées, fruits frais, barbecue dans un chariot d’épicerie, et tonnes de sacs plastique qui finiront probablement leur vie dans le ventre d’un poisson et au final dans nos estomacs. La boucle est bouclée... 

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Nous quittons le marché en direction du Barrio Bellavista, ayant le but de grimper au sommet du Cerro San Cristobal pour aller nous baigner. Mais le lundi tout est fermé, et on est lundi… 
Alors nous optons pour le plan B que nous venons d’inventer et longeons le Cerro par des rues de moins en moins attractives, coincées entre la montagne, et l’autoroute Costanera. 

Il fait une chaleur étouffante et la fin des vacances est synonyme de grande affluence sur les routes. 

Santiago est une ville aux trois-quarts encerclée par les montagnes, et si le vent vient à manquer, la capitale se transforme en chaudron recouvert d’un immense nuage gris de pollution. 
Heureusement, aujourd’hui, le ciel est encore bleu et nous avons connu bien pire comme capitale polluée en allant plusieurs fois à Bangkok. 

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Nous arrivons à l’entrée du Parque de las Esculturas, un joli parc tout en longueur sur les berges du Rio Mapocho, havre de quiétude dans la tourmente citadine. 

Une trentaine d’artistes chiliens y ont créé des sculptures de toute sorte et qui agrémentent ce musée en plein air en procurant autant de plaisir aux yeux qu’aux corps éprouvés par cette marche. Belle vitrine des beaux-arts du pays, les artistes ont laissé libre court à leur imagination et les œuvres sont très variées. 

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Le Toro Sentado (taureau assis) a le ventre rempli de cailloux et semble plus vouloir charger un matador matamore que rester assis, les Semillas (semences) ressemblent beaucoup au choclo, l’épi de maïs à la base de la nourriture latino-américaine et le tronc d’homme suspendu à son fil, nommé Recurso humano, flotte dans le vide ou tente de se hisser au sommet de la Gran Torre de Santiago


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Franchissant les eaux boueuses du Mapocho, nous arrivons au pied de cette fameuse tour de plus de 300 mètres de haut, la plus haute d’Amérique Latine. 

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L’édifice qui surplombe le centre commercial du quartier moderne de la capitale est une réussite architecturale, mais surtout son point de vue le plus impressionnant. 

L’accès à l’observatoire Sky Costanera est facturé 15 000 pesos (30$ CA), c’est cher, mais le point de vue à 360º est imprenable. Et à ce prix là, on est assuré de ne pas se taper la foule trépignante des grands jours. 

Seuls quelques rubans blancs timides se promènent dans l’azur, et si j’en crois la promotion, la vue porte à 50 kilomètres. De fait, on voit très bien décoller les avions de l’aéroport, qui n’est finalement qu’à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau. 

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Au-dessus de l’étage d’observation, on accède à la terrasse ceinte d’immenses vitres qui permettent vraiment de se prendre pour un oiseau. Nous admirons le paysage pendant de longues minutes et nous délectons du spectacle de cette magnifique ville aux pieds de la cordillère des Andes. 

Finalement, nous regagnons le plancher des vaches et allons fréquenter les magasins du grand centre commercial Costanera Center

Encore une fois nous repartons bredouilles. Force est de constater que nos erreurs passées se reproduisent, comme un éternel Jour de la marmotte, mais sans en tirer le moindre apprentissage. À notre décharge, nous sommes en pleine saison automne-hiver et notre hiver devrait se terminer bientôt. 
Je trouverais quand même avec une paire de chaussures. Pour le boulot… Drôle de souvenir ! 

Pleins de volonté, nous commençons à prendre le chemin du retour en passant par les rues encombrées de piétons en cette fin de journée de travail. Mais, épuisés par des heures de marche sous le soleil, nous finirons notre périple dans un wagon de métro. 
Nous aurons droit, encore une fois, à des avertissements concernant les nombreux pickpockets qui sévissent dans les entrailles de Santiago. 

Nous leur répondons gentiment que nous sommes allé à Valparaíso, ce qui fait rapidement relativiser la dangerosité de la capitale. Et au vu de la réaction des gens, j’ai l’impression d’être le survivant d’un des coins les plus dangereux de la planète.

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