Mercredi 8 mars – De Santiago à Montréal

musée du souvenir, Santiago, Chili
Et ben voilà. 
On y est. Après avoir tenté de repousser l’inéluctable, il faut bien se rendre à l’évidence, nous ne sommes pas des figurants du film "Le Jour de la marmotte". 
Ce voyage est en train de se terminer… 

Mais il est temps de reprendre le cours de notre touristique balade. 
Une fois n’est pas coutume, nous allons visiter un musée. En règle générale, nous préférons fréquenter les allées des marchés ou nous perdre dans des ruelles, mais ce musée mérite largement un détour. 

En un petit coup de métro, nous arrivons à la station Quinta Normal et par un souterrain débouchons dans le majestueux hall du Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme
Inauguré en janvier 2010 par la présidente Michelle Bachelet, il est basé sur le coup d’état du 11 septembre 1973, et les années de plomb de la dictature Pinochet. 

musée du souvenir, Santiago, Chili
Le musée déroule ses salles où sont exposées des photos et des documents relatant les faits de ce jour funeste et des horreurs qui en découlèrent. 

On recense approximativement à la fin de la dictature 4 000 assassinats politiques, près de 2 000 disparitions et 300 000 à 400 000 arrestations et cas de torture. Les expulsions du territoire national constituent un autre volet de la répression, dont usent les dirigeants militaires pour asseoir leur pouvoir et éliminer leurs opposants. 

Malgré la difficulté à comptabiliser exactement le nombre d’exilés, l’on tend à estimer qu’entre cinq cent mille et un million de Chiliens auraient quitté, plus ou moins volontairement, le pays, entre 1973 et 1989. 
(source : journals.openedition.org/urmis/15)

Ce musée permet également de comprendre la dictature dans un contexte de guerre froide et de grande tension mondiale, de l’implication très active du gouvernement étasunien dans le processus et de l’obligation de toute une classe de la société de devoir s’exiler. 

musée du souvenir, Santiago, Chili
À l’extérieur, la passerelle que gravissaient les exilés pour monter dans les avions à destination de l’Europe principalement ne sert plus qu’à se souvenir et pointe vers un ciel bleu et pur. 
Le Musée du Souvenir mérite bien deux heures de visite et de nombreuses minutes de réflexion sur la nature humaine. 

Juste de l’autre coté de la rue, le grand parc Quinta Normal étend ses arbres et ses pelouses. Il fait bon y reprendre un bon bol d’air avant de regagner le centre de la capitale.


Nous assistons à un petit spectacle de danse autochtone devant le palais de la Moneda, nous enfonçons dans les ruelles à l’architecture haussmannienne et rencontrons la première personne désagréable de notre séjour. 

Dans la petite boutique du Musée d'art précolombien, je viens de tomber sur quelques magnifiques cartes postales, dont je n’ai pas regardé le prix. Ce ne sont que des cartes postales… 
En arrivant à la caisse, je paye sans vraiment y prendre garde, ce ne sont que des cartes postales. Mais d’un seul coup, je me rends compte que ces cartes me coûtent la moitié d’un bras ! 
Je décide donc de rendre mon achat à la caissière pour qu’elle me rembourse, j’ai besoin de mon demi-bras. 
No ! Comment ça, No ? 
Impossible d’annuler l’achat, vous avez payé, je ne peux pas faire de remboursement, bla bla bla. Non, mais madame, je vais y aller moi à la caisse et peser sur le piton annulation, comme ça, je vous rends les cartes et vous, mon argent. 
No ! Pas question, ça s’peut pas, c’est comme ça, pis, c'est tout. Le tout accompagné d’un air de bœuf, bête comme des pieds de bœuf. 

Je sens monter en moi la chaleur et la fulgurance d’un volcan longtemps endormi, mais je devine la matrone prête à faire appel à l'agent de la Seguridad qui veille non loin et de vouloir faire ajouter ma photo à son tableau de chasse. 
Je lui envoie un petit ma câlisse de ladrón, qui la fait blêmir, avant de faire demi-tour avec mes cartes sous le bras. Elle ne me gâchera pas la fin de mon séjour, et puis finalement ces cartes sont vraiment très jolies… 

pastel de choclo, cazuela de ave, Santiago, ChiliUne salade chilena, un gros bol de pastel de choclo et une large assiette à soupe de cazuela de ave nous remplissent de délicieux parfums de spécialités chiliennes. Finalement, on aura presque fait que manger et boire pendant ce voyage ! 

Dans une église, Saint Sim veille sur Monsieur le Curé complètement absorbé par son fil d’actualité Facebook, alors que Jésus en croix lève les yeux au ciel. 

Excellente note sucrée à la Heladeria Emporio La Rosa, où je craque encore une fois. Errances entre fresques et centre culturel Gabriela Mistral, déambulations rêveuses dans les petites rues de notre quartier Bellas Artes, et déjà, il est temps de rentrer fermer nos sacs. 

Nous nous rendons compte que nous étions logés au 13e étage, qui finalement nous a plutôt porté bonheur, remercions notre hôte qui nous a permis de laisser nos sacs jusqu’à notre départ dans son appartement et montons dans le minibus de Transtur en direction de l’aéroport. 


Une succursale de la Fundación Artesanías de Chile nous permet de nous délester de quelques pesos et nous liquiderons nos derniers deniers sud-américains en huile d’olive bio et pots de miel de ulmo à la boutique hors taxe. 

La feuille d’érable de notre avion d'Air Canada luit sous les lueurs du soleil couchant, nous nous arrachons du tarmac et quittons ce pays que nous avons tant aimé. 

L’escale à Toronto est toujours aussi boooooooring, et deux jours après notre arrivée, le mercure frôle les -30ºC avant qu’un gigantesque tombereau de neige vient nous rappeler que même mi-mars, l’hiver n’est pas fini...




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