Jeudi 12 janvier – Valparaiso – De Pablo à Polanco

La journée commence en forme, par la visite de la Sebastiana, maison du célébrissime Pablo Neruda.
Accrochée à flanc de colline, comme toutes les maisons ici, elle est comme un nid d’aigle, un refuge où le poète pouvait s’adonner à l’écriture tout en profitant d’une sublime vue sur les collines, le port et la ville. 

Son lit semble flotter dans les airs, son salon est en lévitation, et tout en haut, son bureau est un refuge, un nid de pie fixé au sommet du mat d’un bateau pirate. On se sent bien dans cette maison, et le petit audioguide est rempli d’anecdotes sur la vie de Neruda et celle de sa chère Sebastiana.


Nous reprenons le Micro 612 et tombons sur un chauffeur raisonnable, ça change. Au coin de Argentina et Colon, nous débarquons pour aller trouver l’ascensor Polanco.
Comme son nom l’indique, c’est bien un ascenseur qui dessert le quartier Polanco. C’est même l’un des derniers vrais ascenseurs, les autres sont des funiculaires, et il est très original. 

Ça commence par un tunnel d’une centaine de mètres sous la colline avant d’arriver aux portes métallisées. On se croirait dans n’importe quel immeuble, moi qui pensais tomber sur une vieille grille en bois avec un cheval qui fait tourner une route crantée.
Ensuite, nous grimpons trois étages, pour émerger au sommet d’une tour d’où la vue est imprenable.
Il ne reste plus qu’à se rendre sur le Cerro Polanco et zigzaguer de ruelles en ruelles jusqu’au pied de la colline.

Ce quartier a plutôt mauvaise réputation et il ne fait pas bon s’y promener en dehors des heures de grand soleil et de fréquentation.
Un peu partout il y a des bouteilles de bières cassées et on sent que ce quartier pauvre est loin des paillettes des cerros plus touristiques comme Conception ou Alegre.
Par contre, au niveau fresques murales, ils sont au top !
Ici, toutes les maisons, tous les murs, murets, boites électriques, bout de trottoir ou marches d’escalier, sont recouverts au pire de graffitis, au mieux de superbes fresques réalisées par des artistes sud-américains célèbres.

Quelques chiens nous barrent la route, des habitants nous sourient et nous souhaitent une bonne journée, pour une fois personne ne nous crie de cacher nos appareils photos et de tenir nos sacs à deux mains de peur de pickpockets. Ils sont sans doute déjà au boulot dans les coins plus touristiques.

Deux bambins jouent avec de vieux jouets poussiéreux dans un marché aux puces ; sur la piste de course du Parque Italiana, des voitures bigarrées à pédales sont conduites par des enfants rudement fiers de tenir un volant. 
Deux sœurs se tapent la bourre en me souriant, un grand frère emmène son cadet tellement strappé et accroché à son siège passager qu’il ne peut bouger que ses yeux grands ouverts.


Nous tombons sur un petit resto où on a le choix de ne pas choisir de rajouter une demie tonne de mayonnaise dans ses sandwichs et où on peut boire de l’eau. Les Chiliens sont d’incroyables consommateurs de nourriture grasse et de boissons très sucrées. Le tour de taille de beaucoup de gens, et de plus en plus d’enfants sont là pour témoigner de cette dépendance.

Une Thémis de bronze, fatiguée de la vacuité de son travail, a baissé les bras et se repose dans un immobilisme parfait.
Mise en garde d’une vieille dame qui nous court après pour qu’on protège mieux nos sacs, merci madame.

Un tag 666 révèle les troubles relationnels d’un jeune avec ses parents, mais la poésie des vraies fresques reprend vite le dessus. Un grapheur, recouvert d’une cagoule, termine une œuvre, nous déambulons dans les petites rues des cerros, nous perdons avec joie et profitons de la vue superbe en prenant ici un café, ici un jus de fruit. Un peu trop sucré.

La soirée se termine avec une autre dégustation de bières chez Altamira, la microbrasserie locale et un souper de luxe au Vinilo

Une gigantesque lune accompagne notre retour, démesuré point sur un I-maginaire.

Toutes les marches des escaliers, et il y en a des milliers, sont occupées par des bandes de jeunes gens agrippés à leurs grosses bières et leurs joints de drogue. 
Dans d’autres quartiers, c’est le crack qui fait des ravages, la dose y est moins chère qu’une petite bouteille d’eau…



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