Andalousie 2024 - Ronda

Lundi 18 mars - Ronda - Pont-Neuf, tauromachie et jambon

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Le chauffeur Uber est un peu perdu, mais finit par trouver une place sur un bout de trottoir devant la gare. À deux pas, une demoiselle au français impeccable - malgré ses doutes – nous accueille chez Sixt, et peu de temps après nous voilà assis dans une Citroën C4 en route vers de nouvelles aventures. 

Il faut s’extraire de la ville, mais pour qui est arrivé à sortir de Chiang Mai en plein trafic, en roulant à gauche et sans GPS, c’est d’une facilité déconcertante. 

Quoi, vous n’avez pas encore lu nos aventures à travers le nord de la Thaïlande ? En tout cas, si cette photo ne vous suffit pas à lire nos aventures je ne sais plus quoi faire...

Tiens, c’est cadeau : L’extirpation de 2016 et celle beaucoup plus facile de 2019
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Nous quittons Grenade plein Ouest en direction de Ronda, la ville au pont majestueux. 

J’ai prévu quelques arrêts en cours de route, mais ayant paramétré mon système de navigation en excluant les routes à péage et les autoroutes, nous allons tournicoter sur les chemins où seuls quelques tracteurs circulent. Et il nous faudra un peu plus de 5 heures pour arriver à destination. 
Quand on prend le chemin des écoliers, c’est plus long, mais on profite du paysage. 

Un paysage immuable recouvert d’oliviers à perte de vue ! 
Aussi loin que le regard porte, ce ne sont que des cultures d’oliviers, et de quelques amandiers, encore et encore. Elles ne s’arrêtent qu’aux flancs des montagnes, là où les tracteurs ne peuvent plus grimper et où il faut laisser les broussailles survivre. 
La terre est rocailleuse, et pour l’instant le sol est recouvert de petites fleurs pimpantes qui ne survivront pas au torride été andalou. 

Sur l’écran du GPS, de vastes étendues d’eau sont indiquées. La plus grande retenue - Embalse Conde de Guadalhorcel -,s’étend sur des hectares, mais lorsqu’on passe à proximité, il ne reste qu’un tout petit ru finissant de s’évaporer. 
L’été va être compliqué pour les cultures du coin. 

Depuis notre départ, la campagne est enveloppée d’une brume mystérieuse. Sentiment de naviguer dans un flou artistique qui laisse suggérer les lointains sommets. Un coup d’œil sur Internet nous confirme un léger smog, et comme il n’y a pas l’ombre d’un souffle d’air, cette chape étrange est là pour rester. 

Nous sommes les seuls clients de la cafétéria d’un bled qui apparaît à peine sur une carte. Le patron est content de pouvoir enfin dégeler et cuire quelques frites et déboucher des bouteilles d’eau gazeuse dont la date de péremption commençait à frôler l’ultimatum. 

Enfin, à 15h30, nous arrivons à Ronda où nous allons passer la nuit.
L’appartement est impeccablement situé, face au pont Vieux et vient d’être récemment rénové. Nous y déposons nos bagages et partons à la découverte de cette petite bourgade. 

L’attraction principale est ce fameux Puente Nuevo, et le fait que la ville est à l’exact antipode d’Auckland, la capitale de la Nouvelle-Zélande. 
C’est une information qu’il est primordial de garder dans un coin de la tête, si un jour un Néo-Zélandais vous posait la question. 

Sinon, cette ville d’un peu plus de 33 000 âmes à une histoire extrêmement riche et mouvementée, depuis la conquête des Romains qui en chassent les Carthaginois au IIe siècle, en passant par les Wisigoths qui sont exterminés par les musulmans en 711. Suite à la Reconquête débutée en 722 (oui oui, elle dure plusieurs siècles !), Cordoue (1236) et Séville (1248) sont reprises, mais le royaume de Grenade résiste encore et toujours.

Finalement, le 22 mai 1485, Ronda tombe aux mains des troupes chrétiennes qui passent au fil de l’épée tous les récalcitrants. Un vendredi bien triste pour les occupants qui durent troquer derechef leurs croyances pour celles du conquérant. 
Musulmans et Juifs, qui y cohabitent depuis des siècles, sont obligés de se convertir ou de quitter la ville. On se rappelle que même convertis ils ne seront jamais acceptés et subiront multiples brimades et discriminations. 

La ville s’enorgueillit d’être la capitale spirituelle de la tauromachie, grâce à Francisco Romero, qui en 1752, demande à tuer le taureau lui-même. 
Avant, je ne sais pas ce que faisait la pauvre bête, peut être arrêtait-elle de respirer comme le petit Pépé - fils de Soupalognon y Crouton -, et se laissait mourir sur le sable chaud de l’arène en se demandant pourquoi le monde est sans amour. 

En tout cas, cet acte, que j’aurais bien du mal à expliquer si ce n’est par une grosse bouffée de testostérone, signe la naissance de la tauromachie moderne. 

L’arène, qui date de 1784 se visite moyennant 9 (ou 11 ?) euros, argent que nous mettrons dans 100 grammes de délicieux jambon chez le boucher du coin. 

Sinon, plus paisible comme activité, admirer le Pont-Neuf. 
Il s'effondre pendant sa construction en 1735, puis reconstruit en 1751 pour être inauguré en grande pompe en 1793, soit 42 ans après la pose du premier caillou. 

Le majestueux édifice de 98 mètres de haut se projette au-dessus d’El Tajo, la gorge de 170 mètres de profondeur et de 500 mètres de longueur au fond de laquelle coule le Rio Guadalevin

Nous traversons plusieurs fois le pont, parcourons la Carrera Espinel - la 5e avenue locale – et ses nombreux commerces, repartons en direction de la vieille ville, marchons jusqu’à la Puerta de Almocábar - la porte voûtée du XIIIe siècle -, longeons les hautes murailles de Xijara construites au XIe siècle, descendons jusqu’aux bains arabes, qui viennent de fermer, passons le pont San Miguel, remontons vers le pont Vieux et retournons dans la ville haute. 

Ah ben quand on a juste une demie après-midi pour visiter un bled, il faut donner de sa personne. Personne qui commence tranquillement à sentir la fatigue l’envahir…

Une fois les hordes de touristes rangées dans leurs autobus, et reparties en direction de leurs hôtels de Malaga, la ville retrouve une certaine sérénité et est vraiment agréable à parcourir en tous sens. 

Las de manger au restaurant, nous décidons d’entrer dans une très belle boutique de cochonnailles et de fromages et de faire le plein de tout un tas de bonne nourriture que nous dégusterons dans le cocon avec vue sur la vieille ville. 

La ville de Ronda est assez petite pour n’y passer qu’une journée, mais sa richesse architecturale et historique mérite que l’on y traîne ses pénates et qu’on en profite en prenant le temps. 

Interdiction formelle de venir ici en mai/juin, il y a beaucoup trop de monde, et en juillet/août on y croule sous une chaleur épouvantable, paroles de dame locale.

Avant de se quitter, envolons-nous :



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CLIC - CLAC, merci Cricri !

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