---
Le restaurant sur la Map de Grazalema est un tout petit peu surfait, mais on nous a laissé une bouteille d’alcool maison avec deux verres à shooooooter.
On a torpillé la bouteille. Je ne sais pas si c’était prévu dans le scénario du resto.
Juste avant, on avait eu un apéro Supermercado et un kilo de rouge de Ronda pas piqué des vers…
Nous quittons Ronda assez tôt et profitons d'une météo clémente (et surtout sans vent) pour envoyer le drone capturer une belle vue du Pont-Neuf.
Puis essayons de trouver du liquide lave-glace/vitre – suivant de quel côté de l’Atlantique vous nous lisez. Le pompiste du village refuse obstinément de nous vendre le litre de produit arguant, avec raison, que c'est bien trop cher. Quelques kilomètres nous séparent d'un Lidl où nous achetons du pouchpouch à fenêtre que nous mélangeons avec de l’eau. Ça fait plus ou moins la job, disons.
Premier arrêt à Setenil de las Bodegas, village blanc construit à l’envers de tous les autres.
Au lieu de se percher au sommet d’une colline pour se mettre à l’abri, du moins surveiller les alentours et les possibles agresseurs, ce village s’est terré dans le fond d’une vallée, sous un immense rocher, et la population y a construit des maisons troglodytes.
L’Histoire lui a donné raison, puisque les troupes musulmanes ont résisté à six assauts des armées Catholiques pour finalement choir à la septième tentative, le dimanche 21 septembre 1484. Si c’est pas une honte de bosser un dimanche !
Le Rio Guadalporcùn serpente sous de petits ponts en pierre, à l'ombre des vestiges d’El Castillo de Setenil de las Bodegas dont on distingue l’imposante tour perchée tout au sommet de la colline.
Le village suivant est Olvera, un bourg superbement surplombé par l'Église Nuestra Señora de la Encarnación et son château au pied duquel s’étend le cimetière. Outre sa longue histoire datant de l’époque romaine, le village se distingue par sa situation exceptionnelle.
Visible à des lieues à la ronde, sa blancheur se détache dans le paysage vert de cultures d’oliviers à perte de vue.
Ses 7 900 habitants se blottissent contre les flancs de la montagne dont les habitations ont épousé les formes.
À peu de kilomètres, mais de longues minutes, virages et lacets obligent, nous arrivons à Algodonales.
Le site est habité depuis le Néolithique grâce aux abris qu’offraient les grottes naturelles dispersées dans ce paysage rocailleux.
Village moins impressionnant qu’Olvera, il est le point de départ vers les cimes d’où s’élancent de nombreux parapentistes, mais aussi de vautours tournoyants autour des sportifs. Peut-être savent-ils qu’un accident est si vite arrivé…
Nous y trouvons une cantine où la nourriture, en plus d’être excellente, est trois fois moins chère que dans les lieux fréquentés par les masses de touristes.
Traversant champs en pousse et montagnes couvertes d’oliviers, nous arrivons à Zahara de la Sierra, un village de 1 400 âmes perché à 500 mètres dans les airs et surplombant avec fierté l’immense lac de retenue aux eaux turquoise.
Quand il y en a.
Là, comme ailleurs, le lac est une mare glauque qui attend la pluie avec beaucoup de pessimisme.
En arrivant dans le village je me trompe de rue et me retrouve devant le stationnement souterrain presque gratuit, de fait on ne paye rien, puisque les 30 premières minutes sont offertes et ensuite il faut débourser 0,0083 euro par minute.
Nous grimpons à travers les venelles jusqu’au pied du château fort maure et admirons le paysage se perdre à l’horizon. Montagnes, collines, champs et prairies sont le décor de cette partie de l’Andalousie.
Zahara est la quintessence de ce que je m’attendais à voir lorsqu’on évoque les villages blancs.
Sur la route sinueuse, nous croisons de petits troupeaux de moutons et d’agneaux, les prairies sont en fleur, il n’y manque que la petite Caroline Celestia Ingalls se vautrant dans les pétales multicolores pour compléter ce tableau idyllique.
Longue est l’histoire de ce joli village fier d'afficher son titre de Uno de los Pueblos màs bonitos de España.
Vinrent les musulmans qui y bâtissent des maisons et nomment l’endroit : Gran Zulema.
En 1485 et l’arrivée des chrétiens, le bled se nomme Zagrazalema. On y est presque…
Dans les années 1808, les troupes de Napoléon attaquent, saccagent et brûlent une grande partie du village.
Depuis, le calme est revenu, et quand les randonneurs, au retour de leurs expéditions, troquent leurs chaussures de rando pour des savates plus confortables, la quiétude la plus totale tombe sur les murs blancs.
Je fais tout le tour du village - en espérant que la voiture soit moins large que les ruelles dans laquelle je l’insère - avant de me rendre compte que l’adresse que j’ai entrée dans Maps.Mips n’est pas la bonne.
Finalement, après quelques minutes à 10 à l'heure, je trouve la grande place avec vue sur laquelle il est super facile de stationner.
Reste à découvrir le numéro 54.
Les numéros de maison sont totalement aléatoires, ils ne suivent pas de logique. On passe de 52 à 30 sans savoir pourquoi. Le vin local doit y être pour quelque chose. Après quelques minutes de recherche, André me fait signe, il a trouvé le 54, et nous pouvons enfin emménager dans le grand appartement mis à notre disposition.
Si ce n’est la blancheur immaculée des murs peints à la chaux, les majestueuses portes ancestrales ornementées de ferrures et la gentillesse de gens auxquels on lance un Ola, ou un Buenas, Grazalema n’est pas reconnu pour ses monuments ou ses musées incontournables, et c’est aussi bien comme ça.
De petites boutiques - direct du producteur - vendent des fromages de chèvre ou de brebis, du miel de la montagne et l’incontournable jambon.
J’ai beau savoir posséder plus de 15 pots de miel d’un peu partout dans le monde, et ne plus avoir grand place pour en stocker d’autres, je ne peux résister à la mission de soutenir les apiculteurs quelque soit l’endroit où je suis.
À 16 heures, les bars ferment leurs portes pour les rouvrir à 20 heures. Le soleil disparaît derrière la montagne, les ombres envahissent la plaza de España, les derniers randonneurs délacent leurs godillots, il est temps de profiter de la soirée en mirant l’horizon et se laissant bercer par les clochettes des animaux dans la vallée.
Le restaurant Torreon ouvre ses portes à 19 heures 30. Nous sommes les premiers à nous installer aux tables nappées d'un blanc immaculé et aux bougies fondantes. Quelques secondes plus tard, les marcheurs affamés occupent la petite salle qui se fait l'écho d'un brouhaha où se mèlent toutes les langues.
Cerf, chevreuil sanglier, lièvre et perdrix sont les vedettes du menu, on est dans un pays de chasseurs.
La suite, c’est une bouteille de vin de Ronda, et le fameux alcool de la casa fleurant trop la badiane, mais dont nous ne laisserons aucune goutte dans le cul de la bouteille.
---
CLIC - CLAC, merci Cricri !
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire