Andalousie 2024 - Grenade - 4/4

Dimanche 17 mars – Grenade – Grottes de Sacromonte, bains arabes, tortilla et Rambla.

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Profitant d’une matinée relativement fraîche pour une journée qui s’annonce torride, nous partons en direction du quartier Sacromonte

La montagne sacrée se mérite à la force des mollets, mais offre une vue incroyable sur l’Alhambra. Remontant le Darro, nous arrivons à la petite place où les artisans commencent juste à s’installer. 

Profitant de notre élan, nous attaquons la côte et les rues pentues de la colline Valparaiso. De rues en ruelles, sur des pavés et surtout des cailloux, nous arrivons devant les escaliers du Museo Cuevas del Sacromonte, le musée des grottes. 

https://sacromontegranada.com/
Ces lieux sont depuis toujours occupés par les exclus de la vie, les Roms - ou Gitans espagnols. 
Lorsque les Rois Catholiques reprennent Grenade en 1492, ils expulsent manu militari Juifs et musulmans qui viennent trouver refuge sur la montagne sacrée.

Il reste quelques grottes aménagées le long de chemins de terre ou de la route, dont certaines ont été transformées en accueil pour les touristes, bar, resto ou tablaos – salles de spectacle de flamenco -, voire les trois réunis. 

En 1963, un épisode météorologique exceptionnel sévit sur la région et des pluies diluviennes s’abattent sur Grenade et ses environs. Ces averses intenses durent jour et nuit pendant 3 mois et dévastent tout sur leur passage. 

Les ponts sont emportés, les cultures noyées, des maisons s’effondrent, la rivière Genil est bloquée par les murs tombés en son lit, et inonde tout ce qui se trouve autour. 
On déplore des centaines de morts dans la région, des milliers d'habitations ravagées. Sur les hauteurs, les grottes sont inhabitables, et les survivants obligés de quitter leurs collines avec interdiction d’y revenir. 

À Grenade, on compte plus de 20 000 sans-abri suite à cette catastrophe et Sacromonte y perd son identité en même temps que ses habitants la désertent. 

Un documentaire souligne cet événement qui a bouleversé la vie de tant d’habitants : 

Clique sur l'image pour voir le documentaire

Lorsque le calme revient, des centaines de grottes sont détruites. Les rares encore accessibles sont totalement inhabitables et de toute façon la zone tout entière est instable et interdite à la population. 

Dans les années 80, des adeptes du mouvement Nouvel-Âge redécouvrent les grottes et remettent ces habitations troglodytes sur la map. Aujourd’hui, environ 500 personnes y habitent. 

https://sacromontegranada.com/
Le musée présente 11 habitations troglodytes réhabilitées et transformées pour expliquer le quotidien sur cette colline aride. Aujourd’hui tout est propre, bien rangé, idéalement décoré, mais un court métrage montre la situation d’avant 1963, avec les difficultés et la précarité des habitants de ces grottes.

Devant nous, un couple, probablement en voyage de noces, se tripote et s’embrasse sans reprendre sa respiration. Entre deux batailles de muqueuses, ils lisent toutes les virgules de toutes les explications de tous les panneaux. Ça n’en finit plus. 
Alors nous les laissons à leurs découvertes et reviendrons en arrière quand ils auront terminé leurs explorations en tout genre.

De là-haut, la vue sur les alentours est sublime.
Dire que les plus miséreux ont trouvé refuge face à la richesse et l'opulence des murailles de l'Alhambra est un hasard cynique.

Devant nous, s'étalent l’immense palais que nous visiterons une prochaine fois, la vallée du Darro, au loin la ville de Grenade d’où s’échappe le dôme de la cathédrale. À droite les maisons blanches de l’Albayzín, et là-bas, tout au bout du regard, la campagne. 



La matinée est déjà terminée, mais les ruelles de ce quartier invitent à l’évasion et nous errons de très longues minutes entre les maisons aux murs chaulés. 
Enfin, sur une petite place, des traces de civilisation. Une table, un serveur accueillant, il n’en faut pas plus pour nous remettre sul’ piton. 

La tortilla de Sacromonte est garnie de fèves et de jambon, cuite juste coulante, un vrai régal. 

Des Français, reconnaissables, entre autres, au Guide du Routard se balançant au bout de leur bras, cherchent une place. Ils soufflent et roulent des yeux parce que c’est complet. Dommage, il était sûrement indiqué clairement : Ami Routard, ne passe pas ton chemin

Mais comme il n’y a apparemment aucune alternative à leur programme imprimé, ils vont attendre, lorgnant toutes les tables espérant que leur regard suffira à faire bouger plus vite les familles gitanes bien décidées à prendre tout le temps nécessaire en ce dimanche ensoleillé pour profiter de leur vie. De plus, il y a déjà des gens qui attendent, et le serveur connaît parfaitement l’ordre d’arrivée. 
Ami Routard, passe ton chemin. 

Sur le retour vers la ville, nous nous arrêtons dans une teteria et décidons d’acheter quelques noix caramélisées au marchand arabe du coin. Il embaume l’air de ses effluves sucrés et personne ne peut résister à la tentation. 

Je lui demande un petit sac, et me retrouve avec 850 grammes de noix bien tassées dans le plus gros sac du commerce. À 4 euros les 100 grammes, je lui demande de m’en mettre vraiment moins. Il rechigne, m’explique qu’alors il n’y aura pas de pistaches qui coûtent trop cher… 
Sans un mot je quitte derechef l’établissement en lui laissant ses pinotes grillées. 

Sur la Carrera del Darro, le Patio de los Perfumes attire les curieux par des effluves s’échappant de la boutique. 

Un couple originaire de Grasse fonde ce paradis du parfum. Créations originales fabriquées en Espagne, il n’est pourtant pas obligatoire de vider son porte-monnaie pour visiter le petit musée sous les voûtes des caves ni pour faire le tour du très charmant patio décoré de plantes et d’une énorme grenade en céramique.

En remontant le cours de la rivière, le hasard nous fait entrer dans El Bañuelo, les anciens bains arabes publics dont nous avons vu les toits arrondis il y a deux jours du haut de la terrasse de la teteria du même nom. 

Datant du XIe ou XIIe siècle, ils sont en exceptionnel état de conservation. Car pour les chrétiens, les bains mauresques avaient une réputation de bordels et la plupart ont été détruits. Comme ces bains étaient construits au-dessus d'une habitation, ils ont été sauvés et le dimanche beaucoup de musées sont gratuits. Si c’est pas un char de chance ça ! 

À la grande époque, il y avait plus d’une douzaine de hammams à Grenade qui fonctionnèrent jusqu’au 17e siècle. En 1610, Philippe III décide d’expulser tous ces Maures qui ont fait la grandeur du pays, mais ont un grand défaut, ne pas être chrétiens... 
Les bains arabes se transforment en buanderies, en maison ou sont tout bonnement détruits. 

Dans une courette, un bassin carré était le centre d’une petite pièce destinée à la détente. Suivaient les trois pièces principales du hammam, les bains froids, la salle chaude et les bains chauds. Au centre se trouve la salle tempérée dont les arches reposent sur des colonnes en marbre couronnées de chapiteaux romains, wisigoths ou califaux. 

Les hautes salles voûtées sont percées de lucarnes en forme d’étoile qui laissent passer juste ce qu’il faut de lumière pour créer une ambiance feutrée et s’échapper les volutes de vapeur. 

Dans une salle en contrebas était installée la chaudière sur laquelle on faisait bouillir la marmite et l’air chaud destinés aux salles à l’étage. L’eau et l’air circulaient dans des canalisations passant sous les planchers avant d’être évacués via les murs vers les cheminées. 

Retour au centre-ville où les rues sont bondées de monde endimanché. 

Le dimanche se passe en famille. Petits, grands, vénérables, naissants, bientôt naissants, tout le monde est de sortie. 
Et tout ce beau monde se balade sur la Rambla locale, la plaza de Bibataubin, jusqu’à la Fuente de las Granadas, en s’arrêtant faire de longues files devant les marchands de glaces. 

Ensuite, ils longent les quais de la rivière Genil, un affluent du Guadalquivir, et profitent de ce soleil printanier si généreux aujourd’hui. 

Nous faisons la même chose, sans les enfants endimanchés ni les grands-parents que tout le monde gâte. 

La journée et notre séjour à Grenade se terminent de la plus belle des façons, d'autant plus qu’à l’heure où nous finissons de manger, les Espagnols se mettent à table et nous avons tous les glaciers juste pour nous !

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https://sacromontegranada.com/
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