Asie 2019 - Road trip à moto nord Thaïlande - Partie 3/3 - De Lampang à Chiang Mai

27 janvier – Lampang, entre temple en altitude et baignade forcée dans un lac aux eaux troubles

Ce matin nous allons visiter un temple perché sur une montagne à environ 60 kilomètres au nord de Lampang, le Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn.

Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn - Lampang - ThaïlandeEncore une fois, la météo est avec nous et la route est belle. Très peu de monde en ce dimanche matin, et lorsque nous arrivons sur le site, nous ne sommes qu’une dizaine à attendre la prochaine tournée du pick-up.

En effet, on ne peut pas monter avec son véhicule jusqu’au temple, il faut payer (70฿) un chauffeur de sangthew qui une fois plein fera le trajet à toute vitesse sur une route étroite et très pentue.
Il faut également se délester de 200฿ parce que le site se trouve dans un parc national, bon, si c’est pour entretenir la route et donner le sourire au préposé des billets pour touristes étrangers…

Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn - Lampang - ThaïlandeLa montée est rude, il faut s’accrocher de toutes ses forces aux barres métalliques et tenter de faire confiance au chauffeur. En moins de 8 minutes, nous arrivons au stationnement, et par chance, les toilettes ne sont pas loin. Le café et le petit gâteau à la noix de coco ne semblent plus vouloir rester dans l’estomac d’André. Habitué aux immondes plats de ces derniers jours, ces petites douceurs ont été de trop lors des derniers virages.

Une petite bouteille d’eau à la boutique du coin et c’est parti pour 800 mètres de grimpette, dont 400 de marches métalliques relativement raides.
Ça monte sec, mais la température en cette fin de matinée est encore largement tolérable et nous ne croisons quasiment personne.

Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn - Lampang - Thaïlande
Sur la crête, des chedis et des petits temples sont posés comme des mirages, perchés à 815 mètres au-dessus de la plaine. Il a fallu 10 ans aux moines et aux villageois pour terminer ces constructions.

Aucun Bouddha majestueux, aucune dorure ostentatoire, pas de flafla, rien que du vent, de la nature et une vue superbe.
Par contre, il y a tout un tas de cloches et de gongs, de quoi s’amuser un bon bout de temps. Normalement, ceux-ci sont dédiés aux fidèles qui en appellent aux bons esprits, mais l’héritage musical d’André lui en fera faire un tout autre usage.


Un acharné du bâton et du tronc qui créera une symphonie pour bronze et percussion et fera vibrer toute la montagne. Dans les rizières alentour, les paysans cessent le travail et tournent la tête vers la montagne, quelque chose est en train de se passer…

Il n’est pas le seul à se défouler, quelque part au loin une folle a trouvé une massue et tente de défoncer une cloche au son aigrelet.

On dirait qu’un démon a pris possession des corps des deux musiciens de la montagne. André teste tous les gongs et ne se lasse pas de faire vibrer les énormes percussions aux sons graves et vibrants.

Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn - Lampang - Thaïlande
Mis à part ces délires musicaux qui m’ont bien fait rire, le site est vraiment sympa et la vue est terrible. La brume de chaleur n’est pas trop intense et nous avons un point de vue sur la plaine et les montagnes environnantes.

Lors de notre descente, nous croisons plusieurs locaux à bout de souffle, cherchant la moindre goulée d'air pour gonfler leurs poumons. Moi qui pensais être en petite forme, je me console en voyant la misère avec laquelle certains jeunes se meuvent.

Depuis quelques années, la prospérité aidant, les familles un peu aisées ont commencé à se nourrir comme les Occidentaux. Enfin surtout dans ce qu’ils ont de pire, fast-food et sucreries.

Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanusorn - Lampang - Thaïlande
Comme nous l’avons constaté au Chili, les enfants des villes deviennent obèses et ce n’est pas près de se calmer. Nous voyons très souvent des jeunes avec de grosses boissons sucrées, se bâfrer tout en regardant un film ou jouant sur leur téléphone, bouche bée en train de baver. Des petits zombies en moins dangereux, je les défie tous à la course !

Nous rejoignons le stationnement et grimpons dans une voiture en attente de deux derniers passagers pour prendre la route. Les touristes sont maintenant plus nombreux à arriver, les voitures se succèdent, et au camp de base, ce sont deux énormes autobus qui déversent leur cargaison humaine avide de sensations fortes.

Il est temps de partir, tout en évitant le regard de tueur du motard qui n’a pas pu se départir de son cuir Hells Angels Austria. Lui aussi roule sur une V-Strom, qu’il fasse pas trop le malin sinon je préviens son Chapitre local !

Par hasard, j’ai repéré un point sur l’application GPS qui indique ‘’Bouddha on a Island'', c’est sur le lac et presque sur la route du retour. Un bon coin pour lancer le drone et faire quelques photos et vidéos.

Nous traversons des villages endormis, croisons des camions poussiéreux et arrivons à destination. Il n’y a personne, le site semble totalement abandonné après avoir vécu quelques belles années si l’on se fie aux aménagements. C’est devenu le royaume des insectes et plus précisément celui des moustiques.
Mais il en faut plus pour nous décourager, alors nous nous installons sur une terrasse, en évitant les autoroutes de fourmis et mon aide-opérateur m’aide à installer l’engin.

Une statue de Bouddha est posée sur un promontoire à une centaine de mètres du rivage, d’un lac aux eaux glauques. Je lance l’insecte mécanique au-dessus des flots, et fais quelques prises de vue. J’évite de justesse des fils électriques dont je me suis rappelé la présence au dernier moment et change de batterie avant de relancer l’engin.

Prise de vue classique autour d’un petit temple et tout à coup le drame.
Sur l’écran de contrôle j’ai juste le temps de voir un naga beaucoup trop proche de la caméra, le drone semble avoir foiré sa trajectoire, ou alors le vent l’a poussé du mauvais côté, mais j'entends plus que je ne vois, le bruit du moteur, et des chocs. Aucun moyen de rattraper l’accident, je commence déjà à faire un travail de méditation…

Cependant, la dernière image que j’ai reçue est l’intérieur du temple à l’envers, si j’en crois cette photo, le drone est tombé à l’intérieur du petit espace et non dans l’immense étendue d’eau où il aurait largement eu la possibilité de se noyer.

Aussitôt, je me retrouve en petite tenue affriolante et me jette à l’eau entre vase et plantes flottantes. Je nage en évitant d’avaler l’eau que des nuées d’insectes fréquentent et parviens à me hisser sur l’escalier en pierre du tout petit temple protégé par deux naga menaçants.

Elle est là, la bestiole ! Posée à l’envers sur le sol, les pattes en l’air comme un insecte ayant abusé de Baygon, triste destrier des vents retourné comme une vulgaire tartine sur le carrelage de la cuisine
.
Je jette rapidement un coup d’œil et constate qu’à part une hélice un peu rayée, il n’y a aucun dégât. Quelle chance avais-je que l’appareil tombe dans le temple et non pas dans l’eau qui l’encercle ? C’est une drôle de blague des dieux du lac, sans doute en avaient-ils assez du vrombissement strident de la machine et me l’ont fait comprendre sans pour autant me briser le cœur parce que je les respecte. Merci à vous divinité et déesses des eaux et des montagnes, dorénavant je brûlerais des dizaines de bâtons d’encens avant chaque vol.

Bon, c’est assez d’émotions, je rhabille ma personne humide et nous reprenons la route vers la ville, le ventre toujours vide.

Et vous savez quoi ? Dans un resto où je commande des nouilles au poulet, André reçoit, encore une fois, sa fameuse soupe de pâtes au foie de porc ! Quand ça ne veut pas…

Lampang - Thaïlande
Je ne sais pas ce qu’il a fait au panthéon des idoles locales, mais il le paye. Je retourne le bol au monsieur en lui disant que ce jeune homme ne peut pas manger de cochon, religion anti-porcine oblige, enfin surtout anti-foie et autre boudineries, mais l’appétit qui vient en mangeant s’en est allé subitement et je serais donc seul à déguster un plat vraiment excellent.

Après une brève pause à l’hôtel où je me débarrasse de la couche séchée d’eau saumâtre, nous allons découvrir un peu la vieille ville.

Lampang a la particularité d’avoir conservé de très belles et anciennes maisons du temps de sa splendeur. Des commerçants chinois ayant fait fortune bâtirent d’immenses maisons d’inspiration occidentale et coloniale. Dans le vieux quartier, de l’autre côté de la rivière Wang, on trouve aussi de très belles demeures en bois de teck, posées sur pilotis et d’un volume extraordinaire. La fameuse maison remarquable que nous devions visiter hier et fermée pour cause de dimanche, mais celles que nous voyons sont également magnifique.

Petit à petit, les chalands du dimanche commencent à installer leurs étals. Sur la promenade Wang, le symposium international des Arts bat toujours son plein et les enfants s’amusent à se déguiser. Sauf quand André décide de leur piquer leurs accessoires et qu’il crée un drame. Les enfants pleurent, les parents s’indignent, mais lui rit de bon cœur.

En fait, il devient rapidement l’attraction principale et les touristes en goguette le prennent en photo, tandis que les parents fatigués de leurs enfants excités me regardent avec compassion. Moi j’ai du mal à stabiliser l’appareil photo, j’ai une petite crise de fou rire.

Puis, nous fréquenterons la rue principale d’Old Town et mangerons quelque chose où le mot moo (porc) est absent.

Demain c'est un retour à Chiang mai, la destination de notre belle échappée dans ce magnifique Nord d'où les touristes sont absents.


28 janvier – Lampang – Chiang Mai - Retour au bercail

Lampang - ThaïlandePas de stress, ce matin on rend ça relax… Un peu de nourriture achetée au salvateur 7-Eleven en guise de petit-déjeuner et tranquillement nous empaquetons une dernière fois nos sacs avant de laisser une chambre impeccable aux femmes de ménage qui feraient bien de s’en préoccuper un peu plus.

La boîte remplie, mon sac sanglé par-dessus, nous prenons la route vers Chiang Mai avec une ou deux escales.

Encore une fois, un barrage policier, nous en avons eu presque tous les jours, nous force à nous arrêter. Mais voyant que nous sommes des Occidentaux, les policiers nous font signe de passer sans même nous poser de questions.

Rapidement sortis de la ville, nous voguons sur l’autoroute 11 en direction du nord et dans un trafic un peu plus soutenu. Par chance, il y a quelques virages et nous louvoyons entre les voitures qui freinent de peur en pleine courbe.

Des panneaux indiquent qu’il peut y avoir des traversées d’éléphants !
Se prendre un chevreuil à 100 km/h doit faire quelques éclaboussures sur le pare-brise, mais je n’ose imaginer ce que le contact avec un pachyderme pourrait produire.

Siam Celadon - Chiang Mai - Thaïlande
Nous ne rentrons pas directement à Chiang Mai, car le hasard est bien fait et met sur notre route la fabrique de céramique Siam Celadon et le restaurant Meena. Enfin nous avons un peu forcé le hasard et fait un léger détour…

Le céladon est un type de céramique et le nom d’une couleur inventée en Chine au IIe siècle, sa teinte verte est très appréciée, car elle rappelle le jade, pierre sacrée en Asie.

Nous avions fait une toute petite razzia en 2006 et l’avions fait envoyer directement à la maison. La boutique est devenue immense et j’imagine que les autobus de touristes chinois se déversent régulièrement devant les ateliers.

Pour résumer, je fais arracher un élément du décor de la dernière exposition parce que c’est l’ultime pièce de la série. Nous faisons plusieurs fois le tour du magasin et repartons avec un gros sac d’épicerie rempli de trois nouvelles céramiques dûment emballées qui trouveront bien une place quelque part dans notre cuisine.

Meena - Chiang Mai - Thaïlande
Chez Meena nous arrivons à peine quinze minutes avant le rush de midi, et avons une excellente table, d’excellents plats et un service aussi zen que le décor qui nous entoure et qui ne correspond pas aux standards de rentabilité que nous avons chez nous. Hors de question de pousser le client à payer sa facture pour céder la table à d’autres affamés, il faut presque hurler pour se faire remarquer.

Dans la circulation devenue dense aux abords de la grande ville, je me faufile entre les véhicules plus lents en n’oubliant pas que j’ai un sac qui dépasse de la selle et un passager qui s’y accroche comme un naufragé à sa bouée.

Enfin, après 6 jours de magnifiques découvertes, sans signaler aucun incident plus grave que le souvenir d’hématome à la cheville du premier jour, quelques insectes plats et secs sur la visière de nos casques et un poing levé face à un automobiliste qui arrivait en face dans une courbe et une côte, nous stationnons la moto couverte de poussière et de boue devant la porte de notre hôtel à Chiang Mai.

Warorot market - Chiang Mai - ThaIlande
À peine le temps de préparer un sac pour la buandière du coin de rue que nous partons tout de suite au célèbre marché Warorot, qui est en quelque sorte le papa de tous les marchés de la ville. Ici on achète par lots pour détailler ensuite aux touristes. On trouve de tout si on sait où chercher, que ce soit dans le quartier des tissus, des articles de cuisine, des outils, des accessoires pour deux-roues ou de la nourriture.

André à son plat émaillé, j’ai mon couteau à trancher des noix de coco, nous avons nos sacs de mangue séchée, tout va bien, il est temps de revenir à notre chambre et se préparer pour le spécial de l’Happy Hour.

Le serveur demande où sont nos amis, et se rappelle presque de ce que nous buvons.

Pour faire dans l’original, nous allons au marché de nuit, irons à nouveau rendre visite à notre charmante dame dans sa boutique de tissus, et finirons attablés devant un poisson cuit dans une feuille de bananier accompagné de quelques crevettes grillées.

C'est ainsi que se termine cette avant-dernière journée dans le nord de la Thaïlande.

Circonvolutions autour du Nord

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