Vendredi 3 février – Los Lagos - On the road again !

Au milieu de la nuit, le ciel a crevé les eaux.
Les gouttes de pluie se sont acharnées sur le toit de notre suite royale et le vent nous a fait croire que nous étions dans un bateau en perdition.
La condensation et l'humidité ont rendu l'intérieur de notre cahute dégoulinant. Il pleut encore ce matin et nous avalons très rapidement un petit-déjeuner que je prépare à l'abri de la grande porte arrière.

Le ciel est bouché, les montagnes se perdent dans le flou, mais la journée va être magnifique, je suis optimiste. Rebroussant chemin, nous remontons vers le nord en suivant les berges de la rivière Petrohué. Le volcan Osorno est toujours invisible sous son dais cotonneux de nuages. 

Sur la route, des termes gratuits sont annoncés, mais il faut une embarcation pour traverser la rivière, le bateau est évidemment payant et de toute façon, le batelier est absent. Pas de bain ce matin.

La pluie a cédé la place aux nuages, et le soleil vient de temps en temps voir ce qui se passe sur notre petite planète.

Nous profitons de l'accalmie pour aller tout au bout de la route du Parc national Vicente Pérez Rosales

La rivière Petrohué dévale la montagne dans un flot torrentiel. En amont, les rives du lac du même nom, sont le point de départ de nombreuses et célèbres randonnées. Nous nous contenterons de marcher sur le sable volcanique et de faire quelques photos. En récupérant la voiture, il n'y a plus personne dans la petite guérite, aucun moyen de sortir du parking.
C'est sûrement la pause pipi alors je patiente. Une autre voiture se place derrière moi, il n'y a toujours aucun signe de vie.

Petit coup de klaxon, mais rien ne bouge. Il faut imaginer l'endroit isolé au milieu d'un nulle part immense, avec seulement quelques bateaux, un petit musée, et au loin, un hôtel de luxe perdu dans la brume.

La dame derrière moi sort de sa voiture et me demande ce qui se passe. Elle comprend à mon air éberlué que je n'ai pas compris beaucoup de mots de sa dernière phrase et décide de me parler dans un anglais parfait.
Elle tente de relever elle-même la barrière qui refuse de bouger, et décide de partir trouver de l'aide.

Au final, nous attendrons presque 45 minutes que la préposée revienne de sa pause pipi/completos/sieste, avant de nous dire qu'il n'y a plus d’électricité pour lever la barrière. Mais elle peut le faire manuellement, et nous repartirons sans payer notre temps de stationnement.

Au retour, nous nous arrêtons aux Saltos del Petrohué où, à peine garé un préposé vient nous extorquer 1 000 pesos pour surveiller notre voiture. Ensuite, nous devons nous acquitter d'un droit d'entrée de 4 000 pesos par personne, le double de ce que payent les Chiliens, qui bénéficient de cet avantage dans tous les parcs nationaux et autres services. 
Attention, ce ne sont pas les touristes qui paient double, ce sont les Chiliens qui ont droit au demi-tarif. Ça change tout de suite la perception des choses.

Les Saltos sont tout simplement un étranglement du lit de la rivière, où le torrent furieux se transforme en sauts plus ou moins impressionnants. L'eau a une jolie couleur, ça fait beaucoup de bruit et il y a des gouttelettes sur mes lunettes. Ensuite, un petit sentier romantique, quoique fréquenté par trop de monde pour l'être vraiment, serpente dans la forêt. Un lac un peu saumâtre, quelques arbres barbus de lichen, un point de vue sur la rivière en contrebas et c'est déjà fini. 

Grâce à quelques pancartes, je saurais enfin que le ulmo (Eucryphia cordifolia) dont les fleurs donnent un si bon miel est un arbre, et que la murta (Ugni molinae) dont on fait d'excellentes confitures et glaces, est aussi appelée goyavier du Chili et, est évidemment un super fruit, mais moins que le maqui
À voir si on est dans le coin, sinon pas la peine de casser trois pattes à un tricahué...

En arrivant au croisement d'Ensenanda, nous céderons à l'appel de la fumée d'un énorme barbecue allumé juste pour attirer le client et entrons dans un grand restaurant. Il y a un consistant buffet à volonté où nous pouvons choisir tout ce que nous voulons sur les grilles des bacs remplis de braises rougeoyantes. 

Si la nourriture est bonne, la surprise viendra de notre petite bouteille d'eau facturée 1 800 pesos, 3,70 dollars ! L'eau est une boisson très impopulaire au Chili.

La route continue vers le nord en longeant l'un des innombrables lacs qui ponctuent cette région bien nommée Los Lagos.
Le bitume cède la place à la terre et nous sommes partis pour quelques heures de chahut dans le rangement que nous avons si bien organisé.

À force de circonvolutions, et de recherche de l'endroit idéal pour planter notre camp, nous trouvons un chemin accessible et arrivons sur les rives du lac Rupanco
L'endroit est connu puisqu’il y a déjà des tentes et des pécheurs à l'embouchure de la petite rivière.

À peine installés, je me saisis de ma canne à pêche et vais tenter ma chance dans la rivière où je perdrais très rapidement mon leurre et ma patience. Tandis que les pêcheurs chevronnés remontent saumons et truites, je regagne notre maisonnette et fais cuire des pâtes.

Le lac est relativement chaud, et nous pourrons enfin faire une toilette digne de ce nom.

Autour de nous, sans nous craindre, des éperviers chassent et viennent voir qui nous sommes. Au faîte d'un petit arbre, un gros martin pêcheur guette ses proies et fond comme un missile dans les eaux limpides de cette fin de journée. Un épervier, jaloux de ce poste d'observation, vient le chasser  au moment où j'appuie sur le déclencheur de mon appareil.

Finalement, avant de disparaître, les rayons du soleil percent les nuages et nous offrent un spectacle d'une beauté sans nom.


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