Jeudi 19 janvier – Parc Tricahue – El Tata

Les tricahue sont de superbes perroquets au chant si peu mélodieux. En voie d’extinction à cause du trafic d’animaux exotiques, la création de ce parc privé a été une aubaine pour ces volatiles qui s’y sont multiplié. On en voit facilement, même s’il est plus facile d’entendre leurs cris rauques et éraillés.

La nuit a été totale. Aucun bruit si ce n’est le murmure dans la cime des pins, et aucune lumière. C’est pour ça que lorsque je daigne jeter un œil à ma montre, elle me surprend en indiquant 9h12 !
Il est grand temps de commencer cette journée, même s’il n’y a rien de plus urgent à faire que de regarder les nuages passer. Ah non, même pas. Aucun nuage dans ce ciel au bleu profond.

Après un rapide déjeuner, nous chaussons enfin nos souliers de marche pour aller explorer les sentiers du coin. La balade surnommée El Tata est une petite facile qui en plus doit nous mener à une petite rivière.

L’une des deux entrées du parc se situe à environ 1 kilomètre de notre refuge, et juste en face une – toute – petite cabane tient lieu d’épicerie de secours. Encloîtrés, deux lamas avec des tronches pas possibles nous accueillent dès le début du chemin
L’accès au parc coûte 2 000 $, mais comme aucune facture n’est émise par la tenancière de la drôlement nommée Reception, j’imagine que c’est un peu dans sa poche qu’iront les pesos.

Nous évitons largement la trajectoire de l’énorme papa dinde qui ouvre grand ses plumes et fait vibrer son croupion pour nous avertir que si nous approchons un peu plus de ses poussins et de sa dulcinée, il va lancer ses griffes, son gros bec et son bout de peau qui pend en dessous sur nous. 

N’empêche, comme aurait dit ma mamama, ça ferait un beau chapeau. Méfie-toi le dinde, sinon j’appelle l’esprit de grand-maman Marx et elle va te faire regretter de faire le malin.

Le sentier gravit rapidement, un peu trop à notre goût, la pente de la montagne. Il fait un cagnard du démon, et le vent qui soufflait hier n’est pas au rendez-vous.
Nous arrivons à un point de vue, mais comme aucun arbre n’a été taillé, nous ne voyons absolument rien.
Ayant pris note des recommandations de Christophe, je dispose une grosse branche sur le croisement du sentier à ne surtout pas rater en descendant, sinon, c’est parti pour un autre tour de boucle.

Le chemin prend enfin des allures de promenade de sous-bois, il y fait moins chaud, les cailloux qui roulent sournoisement sous la semelle ont fait place à un lit de compost de feuilles doux sous les pieds.

Enfin, après une bonne heure de marche, nous arrivons au fameux El Tata. L'immense arbre était une jeune pousse lorsque Christophe Colomb pose son pied en Amérique en 1492 ouvrant la porte aux conquistadors et autres fléaux occidentaux. 
Le monde peut bien aller mal, il y aura toujours des El Tata pour s’en moquer et poursuivre une existence séculaire.

Mais l’important en ce moment, c’est qu’à quelques mètres du Majestueux, une rivière coule. Une rivière que nous allons remonter sur quelques centaines de mètres et que nous investirons pendant plus de deux heures. Barrages comme dans ma prime enfance, baignade très fraîche et revigorante, petit snack improvisé sur un rocher au soleil. Il n’y a pas âme qui vive dans ce coin et nous n’avons vu personne depuis notre arrivée sur le sentier. D’ailleurs, nous retrouverons nos traces de semelles dans la poussière du chemin à la fin de notre boucle, preuve de l’immense calme qui règne ici.

Juste avant de quitter le parc, nous allons réveiller la dame de l’épicerie, qui, courbée par les ans, nous vendra quelques tomates de la voisine et un généreux oignon tout juste arraché au jardin.

La dernière épreuve sera le dernier kilomètre sur la route poussiéreuse écrasée de soleil.
La piscine fraîche du refuge est notre récompense. 

Le vent s’est levé, mais il ne fait que souffler un air chaud et sec. Notre pêcheur est revenu bredouille, faute au lâchers limoneux du barrage en amont, mais il a pris soin d’acheter les quatre dernières cuisses de poulet à l’épicière, dont il nous fera partager son barbecue. 

Ça m’inquiète un peu quand même ce barbecue avec tous ces arbres autour qui n’attendent qu’une étincelle pour partir en flamme… Sinon, c’est pâtes !

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