Asie 2019 - de Bangkok à Cebu en passant par moult rebondissements

31 janvier – Bangkok à Manille à Cebu. Ah ben non.
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Nous profitons du transfert à prix modéré fourni par l’hôtel pour nous rendre à l’aéroport. À notre arrivée, il y a déjà beaucoup de monde en train de faire la file devant les guichets de la compagnie Cebu Pacific.
Si j’avais pensé à nous enregistrer en ligne, nous serions passés tout de suite, mais il en est ainsi de notre organisation.

Kshirasagara manthana
Les billets en poche, nous parcourons les immenses halls de Suvarnabhumi jusqu’au terminal C, en traversant des zones où les boutiques de luxe ont pignon sur rue et remplies de touristes asiatiques.

Je soupçonne les richissimes voyageurs japonais, coréens ou chinois de vouloir dévaliser Dior, Vuitton, Hermès ou Balenciaga avant de rentrer au pays.

Nous nous contenterons d’un croque-monsieur et d’un thé avant de rejoindre la porte C10, la plus éloignée.

L’avion est là, gentiment garé contre le sas, n’attendant que notre entrée pour pouvoir se mettre en ligne de décollage. Mais les hôtesses incitent les passagers impatients à aller s’asseoir, il reste encore un peu de temps avant que les portes n’ouvrent.

Il est presque 9h55 et rien ne se passe, une voix annonce que l’embarquement est décalé à 10h30. Puis à 11 heures…

À travers mon casque audio, j’entends le grésillement du micro et une voix annonce que l’embarquement se fera finalement à 12h00 porte E6.

Je le répète à André qui n’a rien compris et nous prenons rapidement nos sacs pour sortir du chaos qui est doucement en train de naître.

Dans la vie de tous les jours, le E est très proche du C, mais pas dans le démesuré aéroport international de Bangkok. Nous repassons devant les tablettes de Toblerone qui me font de l’œil et sommes les premiers à arriver devant un portail clos.
Au moins, nous aurons les places proches de la borne de recharge et pourrons tranquillement continuer à vider les batteries de nos téléphones.

Sur le panneau, l’heure change encore pour 12h 30 puis 13 heures.
Nous avons une correspondance à Manille qui décolle à 18 heures, j’avais expressément pris de la marge suite à des commentaires concernant l’organisation un peu confuse sur place.
Avec un peu moins de 4 heures de vol, nous sommes encore dans la marge, mais c’est limite.

Et puis, les minutes s’égrènent, tranquillement, sans que rien ne se produise. Plus d’agents de bord, plus de modification sur le panneau, rien.

Nous sommes en Asie, et personne n'est vraiment impatient ou en panique, j’imagine que nous ne sommes pas les seuls à avoir une correspondance.
Bon, là c’est certain que nous n’aurons pas notre vol de 18h, mais la fréquence est assez importante pour que nous puissions espérer un vol plus tardif.

Espoirs douchés par le jeune agent en formation qui monte nous prévenir que le vol est annulé et que nous devons le suivre. Le pauvre, c’est sûrement son baptême du feu et il essaye tant bien que mal de répondre aux questions des 200 passagers.

Encore une fois, nous prenons les devants et repassons devant les douaniers qui annulent notre visa de sortie. Un tampon cancelled que nous n’avions pas encore dans nos passeports, mais dont nous nous serions bien passés.

Un couple mené par un garçon très bronzé commence à faire des histoires et s’en prend aux agents. Il est fâché et veut passer devant tout le monde. Son arrogance me laisse à penser qu'il vient d'un pays de ma connaissance.
Allez, on rejoue au petit jeu d’hier qui vous mènera sur une plage de notre choix à vos frais ?

Nous récupérons nos sacs et nous rendons à l’extérieur où, si j’ai bien compris, des bus viennent nous ramasser pour nous emmener dans un hôtel.
Rien n’est vraiment organisé et tout le monde essaye de passer devant les autres. J’envoie André dans le bus avec nos deux petits sacs et prends les deux gros pour les mettre en soute.

Enfin, après 30 minutes de route à travers la banlieue enfumée de gaz carbonique, nous arrivons au pied d’un immense hôtel où on nous remet rapidement une clé de chambre en nous invitant à aller nous sustenter au buffet.
Là par contre, l’organisation est parfaite, on dirait bien qu’ils sont habitués à ce genre de péripétie.

Chambre immense, buffet bien garni, ne reste plus qu’à aller à la chasse aux informations. Aucun personnel de Cebu Pacific n’est présent, nous recevons des bribes d’infos et je ne sais toujours pas comment on va réussir à prendre une correspondance pour le lendemain.

Mais les filles de l’accueil sont au top et conservent le sourire en toute circonstance. Inutile de s’énerver, elles sont encore moins responsables de ce qui arrive que notre pauvre jeune homme en formation.

D’après ce que je comprends, le vol devrait avoir lieu entre 2h30 et 3h du matin, mais je ne sais pas à quelle heure nous devons nous présenter. La nuit sera courte…

Prenant notre courage à deux mains, nous sortons dans la rue et aussitôt nous ressentons la gêne causée par l’incroyable pic de pollution qui sévit en ce moment sur la ville.

La sensation de brûlure dans la gorge est intense.
Nous croisons beaucoup de monde avec des masques et décidons de faire comme eux en allant en acheter au 7-Eleven.
Une cliente me montre quel modèle choisir, il est noté 2,5 PM, et c'est paraît-il, efficace contre les microparticules. À part une bouteille d'oxygène pur, rien n'est plus efficace en ce moment. Nous repartons munis des précieux filtres, que nous enfilons immédiatement.

L’air est chaud, les lunettes pleines de buée , mais nous respirons mieux et les gens nous regardent avec l’air de dire, mais qu’ils sont brillants ces Farangs !

Retour à l’hôtel, aucune nouvelle fraîche, alors nous allons nous poser un peu et profiter de la grande chambre et de la salle de bal de bain.
...
20h30
Dernière nouvelle, nous avons rendez-vous à 2 heures du matin dans le lobby de l'hôtel.
...
22h35, on frappe à la porte. Par le judas je distingue un employé de l'hôtel avec une liste. Je comprends qu'il faut descendre, et qu'il faut se grouiller.
Très efficaces dans l'urgence, nous quittons nos siestes, bouclons les sacs et sommes dans le lobby 1 minute 15 plus tard.

On dirait qu'un enfant a donné un coup de pied dans une fourmilière, ça grouille, ça crie, ça panique un peu.
Les parents tirent leurs marmailles aussi fort que leurs valises, les gens réfléchissent individuellement, en fait ils ne réfléchissent plus du tout. Le cerveau reptilien a pris le dessus, l'instinct primitif est en action.

Et c'est là, sur l'épais gravier du stationnement, que le sac à dos prend tout son sens.
Les roulettes des valises s'embourbent dans les petits cailloux, et, prises de panique elles tanguent et se retournent comme des animaux en danger.
Des dames, probablement très dignes en d'autres circonstances se transforment en harpies, doublent et foncent comme si elles avaient le diable aux trousses.

Je vais directement au dernier bus, le plus éloigné de la cohue. Un monsieur crie qu'il reste deux places, c'est exactement celles-là que je voulais.
Par contre, la soute à bagages est pleine, qu'importe, nous montons avec nos sacs et les aurons sur les genoux. Nous serons plus rapides à l'arrivée, lorsque tout le monde voudra récupérer ses biens.

La jeune hôtesse nous offre une petite boîte à lunch garnie d'une brique de lait de soja, d'un verre d'eau et de viennoiseries sèches. C'est l'intention qui compte.

22 h 57, l'équipage s'ébroue. Notre autobus quitte un stationnement où des âmes en peine qui ont un peu trop traîné dans leurs chambres errent à la recherche d'une place dans un véhicule. Nos phares les éclairent une dernière fois avant de s'enfoncer dans la moiteur nocturne. 
23 h 32 (j'aime la précision) le bus accoste devant le Hall des départs.

La file pour l'enregistrement est juste en face de nous et nous sommes 21 et 22e derrière la ligne d'attente. L'avion est effectivement prévu de décoller à 2h30, mais je me garde une petite réserve.

Et là, évidemment ça merde. Un problème informatique bloque tout enregistrement, mais, à part un Occidental habillé comme Ronald McDonald's, personne ne se plaint.
...
00h42, ça y est, nos sacs sont déposés sur le tapis, le préposé nous donne des coupons pour deux vols gratuits et nous refaisons la file pour passer la douane.

Un troupeau de Chinois se rue vers les cordons censés canaliser la foule, ça crie, ça gesticule, c'est un spectacle très vivant.

Enfin, nous atteignons la porte d'embarquement D1A, et nous installons confortablement sur les bancs à côté des toilettes. Le meilleur endroit pour se reposer, entre les allées et venues, les drôles de bruits qui s'échappent des bécosses et les odeurs relativement atténuées par le salon fumeurs de l'autre côté de la pièce.
...
2h08, il manque la moitié des passagers…

1er février – Le jour sans fin
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Il est 4 heures 30 quand, enfin, l’avion se catapulte par-dessus les nuages de plomb et la brume toxique qui recouvrent Bangkok.
Dans mon état semi-comateux, je me demande si c’est normal que l’avion roule aussi longtemps sur le tarmac, et si le bruit de sifflement n’est pas un signal pour nous inviter à nous échapper de la carlingue. Trop tard, les roues quittent le sol, les vibrations cessent. 

L’hôtesse assise en face de nous recommence à respirer et range son chapelet.
Soit c’est une sacrée froussarde atteinte d’aérodromophobie ce qui est un comble pour une agente de bord, soit la demoiselle est atteinte de religiosité aiguë.

La nuit va être courte, et se résumera à une sieste instantanée de 15 minutes, entrecoupée de tête qui tombe, de mal de nuque et de début de ronflement.

De toute façon, il fait tellement froid que je refuse de m’endormir de peur de ne jamais me réveiller. J’ai l’impression que quelqu’un de mal intentionné a ouvert un hublot quelque part et que les -53º arrivent directement sur ma personne.

À peine le temps de penser à ma future hypothermie, que déjà à travers l’interstice du hublot, le ciel blanchit. Le soleil vers qui nous nous dirigeons est sur le point de terminer sa nuit. Il dore la mer de nuages qui recouvre celle de Chine.
Le spectacle est magnifique, mais j’ai vraiment les yeux qui piquent et cette fois-ci, ce n’est pas à cause de la pollution de Bangkok, mais du manque de sommeil.

Pourtant, nous sommes en approche de l’aéroport de Manille et je dois me rendre à l’évidence, ce n’est pas maintenant qu’il faut dormir.

Nous survolons des quartiers de la lointaine banlieue aux maisons toutes identiques, aux villas grandioses, mais surtout aux bidonvilles en ruine, où les masures délabrées sont posées les unes sur les autres. Ça sent la misère jusque dans la cabine, on distingue parfaitement les eaux noires remplies de déchets, les planches brinquebalantes qui franchissent les pilotis et les bouts de tôles mal ajustées qui servent de toit.

Au loin, dans un horizon sombre et brumeux, les buildings de Manille forment les contours d’un immense château fort aux murailles invulnérables.

L’avion se pose sur le tarmac, le pilote annonce notre arrivée et c’est un tonnerre d’applaudissements et de cris de joie qui accompagnent ces propos. 

Notre hôtesse, tétanisée par la peur commence à reprendre des couleurs, il faut vraiment qu'elle change de métier la pauvre cocotte.

Il nous faudra encore plus de 40 minutes pour accéder à une passerelle, le trafic en ce vendredi matin étant très intense. Un avion tout cassé est comme une drôle de décoration à notre passage, pourvu que ma demoiselle phobique ne le voie pas.

Nous passons la douane et allons rapidement récupérer nos bagages avant de reprendre un billet pour une nouvelle aventure.

Le vol Air Asia pour Cebu est perdu, le préposé ne peut rien faire. Nous allons donc chez Cebu Pacific pour voir s’ils peuvent nous arranger quelque chose.
Hormis un papier certifiant le retard et le conseil d’aller retourner voir Air Asia, c’est tout ce qu’ils peuvent faire pour nous.

Retour au guichet précédent, où la fille nous explique que peut-être en allant chez Air Asia au terminal 4 ils pourront faire un geste, mais rien n’est moins sûr.
Nous sommes au terminal 3, il faut prendre un taxi, nous n’avons pas d’argent, une petite pointe de découragement est en train de nous picosser.

Bon, reprenons l’option A et allons voir aux bureaux de Cebu Pacific ce qu’ils nous proposent avec le petit carton de gratuité que nous avons eu à Bangkok.

Le vol de 13 h 45 dans lequel il restait de la place vient de fermer, ils ne peuvent plus nous mettre dessus. Le prochain vol disponible est demain. Échange de regards découragés, il est midi, nous n’avons toujours pas dormi, ni mangé depuis bien longtemps. Je demande à la jeune fille de trouver une solution, il est hors de question que nous passions une nuit à l’aéroport.

Cliquetis intenses sur le clavier, concentration sur les lignes qui défilent, elle en appelle à sa superviseure, et nous propose un vol pour Tagbilaran dans 1 h 45.
Tagbilaran est l’aéroport de l’île de Bohol, elle-même reliée à Cebu par deux heures de bateau.

Brève concertation avec André et nous décidons à prendre ce billet, puis de trouver un logement à Bohol où nous avions de toute façon décidé d’aller.

Par contre, il faut payer la taxe d’aéroport, et en liquide. Je cours donc au sous-sol, trouve un guichet et retire de l’argent avant de repartir à la course retrouver ma petite dame et son client à la triste mine.

André décide d’acheter à manger dans un petit comptoir de sandwich, mais commande un plat qui va mettre 15 minutes à arriver, et l’embarquement est dans 20 minutes. Ce n’est pas comme si nous n’avions pas déjà vécu un peu de stress depuis ces dernières heures… Heureusement, le plat arrive un peu plus tôt et l’embarquement commence un peu plus tard, les astres s’alignent.

J’ai réussi à acheter une carte SIM pour mon téléphone et fouille les sites pour trouver un logement décent et abordable à Bohol.
Force est de constater que mes critères sont discriminatoires pour nombre de piaules et qu’en ce début de week-end, il n’y a plus rien de disponible.

Nouveau changement de plan, nous prendrons bien un bateau de Bohol à Cebu et honorerons une partie de la réservation au Mayflower Inn où nous avons déjà perdu une nuit. Rapidement, je vais sur leur site et en réserve deux autres, nous avons besoin d’arrêter de courir et nous reposer un peu.

Habitués au rythme de Cebu Pacific, nous ne nous offusquons pas des 58 minutes d’attente dans l’avion. De toute façon, je m’endors par saccades et m’apercevrais à peine du décollage.

Assis coté hublot, André profite d’un paysage magnifique, moi, je dois me concentrer pour ne pas tomber tête première dans les chariots de bouffe des hôtesses.

L’avion se pose à Bohol, les passagers, sourds aux annonces, quittent leurs ceintures de sécurité aussitôt que les roues touchent le sol. Habitué, le personnel de bord ne s’en offusque même pas.

Nos sacs arrivent, nous quittons l’aéroport et aussitôt la horde des chauffeurs de taxi nous tombe dessus.
Le premier propose un prix trop élevé, même si je ne connais pas du tout le montant pour se rendre au quai.
Mais le deuxième a une approche bien plus sympathique et commence tout de suite par un prix inférieur. Je discute un peu, nous arrivons à un accord, et finalement, le très sympathique chauffeur aura quand même l'argent demandé. Quand on aime, on ne compte pas.

Félix, nous parle de son île qu’il aime tant et dont il est très fier, de son désir de voyager en Nouvelle-Zélande en Corée du Sud et dans l’Ouest canadien (mon récit de l’hiver 2019 l’a un peu dissuadé de venir au Québec), et des gros tarés d’islamistes qui sévissent au sud de Mindanao et qui font péter des bombes comme des connards sans couilles.
Je l’aime bien, Félix.

Trop heureux de son pourboire, il nous accompagne au guichet et nous explique les démarches à suivre pour acheter les billets, puis, avant de nous quitter, nous offre de louer deux scooters chez lui à bon prix.
Je lui dis juste un, parce que si tu dis à André d’aller à droite, il tourne à gauche, ça le fait beaucoup rire. Ici, les enfants de 10 ans sont déjà des As du guidon.

Nos billets en poche, la taxe de port payée et nos sièges sur le pont supérieur attribués, nous prenons place dans la salle d’attente, le bateau part dans 30 minutes.
Ce qui n’empêche pas un mouvement de panique de Chinois, complètement excités, qui foncent vers la porte dûment gardée par un agent imperturbable et très souriant.

Il a beau leur expliquer que le bateau vient juste d’accoster, qu’il faut débarquer 275 passagers et leurs bagages, ils ne comprennent rien. Peut-être que mon sourire narquois interpelle une dame qui parle un petit peu anglais, car elle vient vers moi avec son billet et me demande si c’est la bonne heure.

Je lui montre le mien, c’est le même bateau, lui dis que nous partons en même temps et qu’elle doit s’imprégner de la zénitude ancestrale de l’occidental qui vient de passer une très longue journée.
Elle ne ratera pas son bateau dusse-t-elle pousser les autres passagers, aidée par sa famille de 18 personnes et autant de valises à roulettes.

Chinois et autres passagers à bord, le commandant envoie un petit coup de corne, les amarres sont larguées et les puissants moteurs nous lancent vers le nord et la ville de Cebu. Pour continuer dans la même veine, nous avons eu les derniers sièges, juste en face de la porte des toilettes. Nous aurons ainsi le plaisir de rencontrer presque tous les passagers de notre pont, principalement ceux qui ont un besoin naturel.

La mer est belle, le sillage impressionnant, et le vent fraîchit un peu. Le soleil est en train de jouer à cache-cache avec un nuage avant de disparaître derrière la chaîne de montagnes du sud de l’île.
Vingt-huit ans plus tard, je reviens à Cebu par la voie royale : le port. Il n’y a rien de plus magique que d’arriver quelque part par bateau.

Le port est l’endroit qui concentre tout ce qui se fait de plus intense dans une ville. Tous les trafics, l’ambiance unique, les opportunistes en tout genre, la pauvreté extrême, les marins qui tanguent d’avoir trop navigué ou trop bu et les crapules qui n’attendent qu’une occasion pour détrousser le matelot innocent.

Mais notre voyage n’est pas tout à fait terminé, il faut encore trouver un taxi et l’hôtel quelque part dans Uptown.
Nous quittons rapidement la zone des taxis voleurs qui refusent d’utiliser le compteur et lancent des prix délirants, enfin pour le pays. Après une centaine de mètres de marche, nous arrêtons un taxi, et grimpons dedans comme si nous étions des habitués. En général ça suffit pour que le chauffeur mette son compteur en marche, pensant que nous sommes au fait des us et coutumes du pays.
Évidemment, à l’arrivée, il nous en coûtera le quart de ce que les arnaqueurs du port nous proposaient.

Nous traversons la basse ville, peuplée d’une multitude grouillante de petits boulots. Barbecues sur le trottoir, circulation dantesque, enfants aux pieds nus tentant de vendre des babioles pour gagner un peu d’argent, le spectacle à travers les vitres de la voiture est tout sauf relaxant.
Je sens la patience et la légèreté quitter doucement le corps d’André. Il ne dit plus un mot et je vois dans ses yeux que ça commence à être trop d’informations pour lui.

Heureusement, après une vingtaine de minutes dans ce délire citadin peuplé de klaxons, de fumées nauséabondes et d’anarchie, nous arrivons à destination.

Enfin, l’enseigne du Mayflower Inn s’affiche devant la voiture. Un gardien de sécurité, solidement charpenté et dûment armé d’un pistolet qui n’a rien de factice vient nous ouvrir la porte et nous invite à entrer dans l’hôtel, muni d’un énorme sourire.

La chambre est là, confortable, propre, tellement attendue.
Il est 19 heures, nous avons commencé cette journée hier à 6 heures du matin, incluant l’heure de décalage, nous concluons un voyage de 38 heures.
Plus qu’il n’en faut pour rallier Montréal à Bangkok, en passant par n’importe quel côté… Nous avons plus que mérité une bière.


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