Asie 2019 - Thaïlande - Chiang Mai

18 janvier
Se lever de bonne heure à Chiang Mai est un vrai plaisir. D’abord la température est encore très agréable, et puis il n’y a personne dans les rues.

Nous en profitons pour faire un tour au marché à côté de chez nous avant d’engloutir un petit-déjeuner recouvert de graines de chia tellement santé que je vais finir par crier Om ॐ dans la rue et manger des véganes !

Ensuite, André me traîne au Graph Café, qui est aussi grand que notre salle de bain et qui propose des cafés 1ers crus de la région. C’est beau, tout minuscule et tellement Instagramable !
Le café est cher et pas du tout dans ma palette de goût, mais ça fait de belles photos et c’est très chic.

On attrape un sangthew dans la rue pour nous emmener au Central Plaza Airport, immense centre commercial qui avait su redonner des couleurs à nos vies il y a 3 ans après un retour à moto dans la brume et le frette.

Non, nous ne ferons pas tous les magasins, mais allons très rapidement quérir les choses essentielles, et dont nous avions fait une liste.

Et puis c’est le retour en tuk-tuk à toute allure vers le centre-ville. Cette bestiole qui pourrait se comparer à une grosse coquerelle sur trois roues se faufile partout en un rien de temps. Ça pétarade et ça brasse dans tous les sens, mais au final nous arrivons sains et saufs à destination.
C’est l’heure d’aller visiter un temple. Il y en a tellement à Chiang Mai qu’il serait impossible d’en faire le tour en si peu de temps et franchement, à part quelques-uns qui se distinguent des autres, au bout d’un certain nombre de dorures et de décorations criardes ils se ressemblent un peu tous. Mais c’est mon avis personnel, n’hésitez pas à aller voir par vous-même.

Une nonne se concentre très fort sur sa médiation en ronflotant un peu, les peintures vives représentant des phases de la vie du bouddha décorent les murs, et un peu en retrait de la route et de l’agitation urbaine, la quiétude est partout.

Nos gougounes nous entraînent vers un petit resto tout ce qu’il y a de local, où nous dégusterons une soupe dans un pot en terre cuite. Des morceaux de porc flottent dans un bouillon savoureux où les saveurs s’entremêlent pour former un ensemble des plus délicieux. Et c’est aussi notre repas le moins cher avec un grand total de 4,25$ pour deux plats et deux bouteilles d’eau. Avec le grand sourire des dames qui s’occupent de ce merveilleux petit réduit en bonus.

Évidemment, André échappe un morceau de viande qui tombe dans le bouillon graisseux qui gicle un peu partout sur son t-shirt et son short. Pour qui connaît le phénomène de la gaffe rien d’étonnant, pour qui le connaît encore mieux, vous savez que l’humeur vient de changer. Le sourire n’est que de façade, et il est urgent de rentrer changer de vêtements surtout que nous avons un rendez-vous.

Après trop de temps d’absence, nous retrouvons notre ami Christophe dans un hôtel à 10 minutes de chez nous. C’est un bonheur étrange de retrouver un bon ami si loin. Lui en France, nous au Québec, et tous les trois à Chiang Mai.

Accompagnés de son ami Pierre-Yves, nous arpenterons les rues et ruelles, dégustant ici une brochette de poulet au piment, là un peu de durian qui finalement n’a pas le goût de son odeur, mais dont la texture crémeuse ne vaut pas un bon munster.

Nous fêterons dignement mon anniversaire dans un magnifique restaurant, le Ginger, où nous mangerons comme des voyageurs riches, et finirons la soirée dans un cabaret dont le bar prend en feu sous les talons hauts de Cher.

19 janvier – De temples en marché
Courte nuit, mais réveil plein d’énergie ! La journée commence devant d’excellentes brioches aux pommes tout juste sorties du four et d’un très bon café.
Je m’installerais bien à Chiang Mai moi...

Nous retrouvons nos amis à leur hôtel, et la journée commence promptement par la visite d’un des plus beaux temple de la ville, le Wat Chedi Luang.

Chiang Mai est le berceau du bouddhisme en Thaïlande et la ville ne compte pas moins de 300 temples et chedis. Ça en fait des journées occupées !
Cependant seuls quelques constructions majeures se démarquent. Le vénérable Wat Chiang Mai date de 1292 et se situe à quelques pas de notre hôtel.

Mais ce matin nous visitons celui qui a été le monument le plus imposant du royaume Lanna, dont le chedi culminait à plus de 90 mètres de hauteur. Avant que les colères de la terre n'en décident autrement et fasse écrouler une grande partie du temple, qui a été reconstruit en 1475.

Évidemment, il faut abandonner les souliers avant d’entrer dans un temple, et certains sont loin de se chausser de gougounes Kiabi. Nous retrouvons pêle-mêle des chaussures de sport Alexander McQueen, des escarpins Chanel et Gucci, et même des bottes fourrées en laine. Il y a des touristes un peu moins stressés que d'autres.

De magnifiques peintures décorent les murs du petit temple interdit aux femmes.
Le bouddhisme est tolérant, mais chez eux aussi l’égalité des sexes n’est pas trop à l’ordre du jour.

Dans l’immense temple principal, des fidèles prient et font des offrandes. Si je me fie à la grosseur des coffre-forts, on ne doit pas y jeter que des piécettes. Beaucoup déposent avec ferveur des petits carrés de feuille d’or, aussi légères que la brise, sur le corps ou le visage des statues de bouddha ou sur les représentations des animaux de leur signe astrologique chinois.

En sortant, nous tombons sur une espèce de kermesse, où des gens distribuent gratuitement de la nourriture à qui veut bien y goûter. Il n’en fallait pas plus à André pour commencer à faire la tournée des popottes et garnir ses bras de plats de soupe et d’assiettes de riz aux boulettes.

Une adorable grand-maman, qui sert une soupe divine, nous explique que demain, c’est l’ordination de 149 moines et que le party va être pogné pas à peu près. Alors, pour l’occasion, c’est ripaille et bombance.
Cette dame est extraordinaire de sourire et de gentillesse, même avec les touristes bougons et mal élevés qui fréquentent le pays et n’ont jamais appris à dire merci. Même dans leur langue maternelle.
Un Français ne comprend pas que les occidentaux puissent se mêler ainsi à la populace au risque de tomber gravement malade.
L’hôpital psychiatrique n’est pas très loin, je vais lui en indiquer le chemin.

L’estomac et les yeux pleins, nous quittons les festivités pour continuer nos errances dans la ville.
Nous longeons les canaux autour desquels des vestiges de remparts nous informent de la place-forte qu’était la capitale du nord, et profitons de tous les détail visuel et de chaque signal olfactif. Les odeurs de cuisson flottent partout dans l’air, ail frit principalement, mais aussi toutes les herbes, condiments et épices qui composent la délicieuse cuisine thaïe.

Quelques murs lépreux sont généreusement ornés de fresques créatives, des caméléons occupent des cages de vendeurs d’animaux et nous regardent de leur œil torve en se demandant pourquoi je les prends en photo.
Des barbiers nouvelle génération commencent à fleurir dans un pays où un miraculeux poil au menton est un signe de bouddha et donc un porte-bonheur qu'il ne faut pas toucher.
Merci à l’arrivée des touristes barbus pour ce nouveau genre de commerce !

Quelques temples abandonnés fleurissent ci et là offrant des îlots de quiétude dans des cadres charmants.

Après une pause jus de fruits, nous nous perdons dans les venelles de quelque quartier où les maisons ancestrales ont été rénovées et servent de logement à des touristes plus fortunés que nous. Îlots de quiétude aux jardins magnifiquement entretenus, où tout est serein et apaisé.

Évidemment, dans une boutique, André trouve le sac de ses rêves, enfin de ses rêves de l’instant parce que ce ne sont pas les sacs qui manquent à la maison.

Le soleil se couche doucement derrière le monument des Trois Rois, les rayons viennent caresser quelques nuages vaporeux et il est temps de se déshydrater devant une grosse bouteille de Chang avant de retraverser la ville pour l’événement de ce jour : le marché de nuit du samedi.

Nous grimpons dans un sangthew en direction du sud et, dans le trafic très intense autour des douves nous avons le temps d’observer la vie nocturne battre son plein.

Des centaines de petits commerçants ont installé des kiosques de nourriture.
Dans les woks, sautent nouilles et morceaux de poulet, des casseroles remplies de soupe mijotent tranquillement, d’autres sont solidement calés au-dessus de brûleurs à gaz et l’huile de friture prête à saisir tranches de lard ou rouleaux végétariens.
Ça sent le bonheur à chaque mètre et nous avons largement l’occasion d’en profiter puisque le véhicule roule au pas.

Enfin, nous arrivons au début de la rue toute consacrée au marché de nuit. Il y a un monde fou et les gens se bousculent sans s’énerver. Les touristes Chinois, plus habitués à cette promiscuité naviguent en eaux sereines et se foutent de savoir s’ils dérangent quelqu’un. J’ai vite pris le parti de faire comme eux et je suis deux fois plus gros. Je passe moi aussi !

Nos haltes sont pour l’instant réservées aux kiosques de nourriture, la soupe de la charmante grand-maman du temple est bien loin. Le choix est infini, barbecue avec travers de porc et brochettes diverses, soupes et bouillons, fritures, poulpes et calmars, nouilles, crocodile, cerf ou autruche, salades, kebabs, omelettes et tant d’autres sont là pour nous et pour les milliers d’autres visiteurs du marché.

La cohue est totale, il est interdit de souffrir d’ochmophobie, ce n’est ni le temps, ni le lieu de faire une petite crise.

Il y a de quoi contenter n’importe quel excité du magasinage, et il y en a pour toutes les bourses. Le marchandage est de mise, mais sans pour autant voler le commerçant, il faut avoir un peu de jugeote, jouer finement, et toujours garder le sourire.

Par contre, c’est un peu plus compliqué lorsqu’il ne reste plus que des billets de 1 000 dans le porte-monnaie, on doit donc apprendre à se passer d’un petit jus frais ou de n’importe quel autre objet de notre convoitise, les marchands n’ont que très rarement de la monnaie sur 40 dollars !

Finalement après plus de deux heures à patauger dans cette marée humaine, nous faisons demi-tour et prenons un taxi collectif pour rentrer reposer nos corps meurtris par tant de marche, les yeux encore écarquillés par tous ces stimulis et la tête pleine d’images.


Kim, notre enjouée prof !
20 janvier - Let's cook !
Ce matin, à 8 heures 20, nous avons rendez-vous avec le minibus de la Thai Farm cooking school où nous nous sommes inscrits il y a deux jours.

École de cuisine réputée, elle a la particularité d’offrir ses cours loin de la ville, dans le cadre idyllique d’une ferme biologique. Nous en avions fait une agréable expérience il y a trois ans que nous réitérons cette année.

À l’heure dite, une pétulante jeune fille sort du véhicule et nous invite à grimper à bord.
Nous partons faire la tournée des hôtels pour récupérer les élèves d’un jour, puis nous dirigeons vers un marché pour y acheter quelques ingrédients, mais surtout pour que Kim, notre guide/cuisinière nous explique quelques particularités locales.

Exposé autour du riz, enfin, des riz ; du choix éclairé de la bonne pâte de piments ou de la sauce de poisson, on fait quoi avec la sauce soja, la sauce aux huîtres ou celle aux champignons shitaké ?
Puis nous avons un peu de temps pour parcourir les allées de ce marché plutôt tranquille en ce dimanche matin.

Trente minutes plus tard, nous arrivons à la ferme, et après une tasse de thé, entreprenons de faire le tour du propriétaire afin d’y découvrir les plantes qui vont agrémenter nos plats.

Citronnelle et lemongrass ne sont pas les mêmes plantes, la feuille de keffir qui parfume tout dès qu’on la froisse, le galanga est quand même piquant quand on l’a sous la dent, et il en va ainsi pour le petit piment vert ou rouge, l’aubergine thaïe qu’on peut croquer comme une pomme, la coriandre, le basilic sacré, la feuille de pandan qui parfume si agréablement le riz ou les fleurs magnifiquement bleues de "Clitoria ternatea" (butterfly pea) qui colore riz et boissons.

Allez, il est temps de se mettre devant nos postes de travail et de commencer le cours.
Nous avions, à l’inscription, rempli un papier indiquant les plats que nous aimerions cuisiner, il est à présent temps d’assumer nos choix.

J’ai opté pour une soupe à la noix de coco et crevettes, un curry jaune au poulet, et des noix de cajou sautées. Nous aurons également l’occasion de concevoir des rouleaux frits aux légumes et tofu, du riz gluant à la mangue et Kim nous fera déguster sa salade de papaye verte.

Nous commençons par déposer les ingrédients qui vont composer nos currys dans un mortier en pierre. Il faut y aller franchement avec le pilon pour réduire en purée les racines dures et les piments, mais rapidement une pâte ‘’like a ice-cream’’ se forme et je suis le premier des 10 à recevoir un pouce levé qui m’informe que je peux arrêter de massacrer le fond du mortier.

Nous nous lançons à présent dans la conception de la soupe tom kaa. Les sens émoustillés par les odeurs du lait de coco dans lequel mijote une tranche de galanga, un morceau de citronnelle, une feuille de keffir, des champignons, oignons, ail, piment, coriandre, etc. Je ne vais quand même pas vous donner tous mes secrets de nouveau chef !

Nous dégustons notre soupe, puis continuons nos préparations dont nous avons eu la démonstration par une Kim dotée d’un humour pince-sans-rire absolument parfait.
Le ventre plein, nous terminons avec le dessert qui finira de caler nos estomacs, la mangue accompagnée de son riz gluant bleu.

Kim nous donne toute latitude pour des créations dont certains se délecteront pour créer des œuvres alimentaires très libres…

Il est déjà 15 heures, et c’est le temps de quitter ce petit havre culinaire en nous promettant de reproduire tous ces délicieux plats aussitôt arrivés à la maison.
En fait, je crois qu’en arrivant chez nous je rêverais juste d’une poutine extra fromage et bacon.
.....
On est dimanche, et le dimanche, c’est le marché de nuit du dimanche !

À 20 heures, nous arpentons la rue Rachadamnoen, qui de la porte Tha Phae étire ses vendeurs de toutes sortes.
Les cours des temples, les rues perpendiculaires, les petites allées et tout ce qui se prête à l’exposition d’artisanat de tout acabit sont occupées.

On y trouve vraiment de tout, sauf peut-être ce qu’on cherche absolument, et c’est dans une cohue menée tambour battant par des milliers de Chinois en goguette que nous traînons nos savates.

Les ventilateurs des barbecues aspirent vers le ciel les fumets odorants et les émanations graisseuses, les marmites glougloutent et tout se fait dans le calme et la quiétude.
Bon, on se bouscule quand même un petit peu, beaucoup, mais personne ne s’énerve ou ne se lance de regards noirs.

Ce marché est presque aussi immense que celui de la veille, les vendeurs sont pas mal les mêmes, mais comme on ne voit jamais tout c’est de nouveau la découverte.

Las, à presque 23 heures nous renonçons à en faire l’inventaire complet et retournons au calme de notre chambre.

21 janvier - Doi Suthep
Et c’est parti pour une belle journée de balade en scooter !
Nous partons chez notre nouvel ami, le gérant de la succursale Pop proche de la porte Taphae.
Autant l’accueil dans leur boutique de location principale avait été particulièrement merdique, autant ce monsieur nous a tout de suite donné envie de faire affaire avec lui. Joyeux et excentrique, il m’accorde le rabais demandé, prête les casques et la boîte pour la moto du surlendemain gratuitement. Les affaires sont rondement menées, et aucun permis n’est réclamé !

Nous prenons rapidement possession de nos petites 125 et partons en direction du Doi Suthep à une vingtaine de kilomètres de la ville et point (presque) culminant de la région. Un temple datant de 1383 en est le principal attrait touristique, mais les virées en scooter, et les descentes folles à vélo tout terrain sont très populaires. On peut aussi y faire des randonnées ou camper au sommet, la température est idéale pour les activités sportives.

Les amis prennent leurs marques avec la machine et nous pouvons rapidement rouler à une bonne vitesse dans le trafic de la banlieue de Chiang Mai avant d’attaquer la route qui grimpe vers le ciel bleu. En excellent état et presque sans circulation, nous prenons un plaisir à doubler voitures, autobus et camions. Ces petits engins ont de la puissance et sont tout neufs, les freins sont efficaces, les pneus moins lisses que d’habitude, on se sent en sécurité.

Le Wat Phrathat Doi Suthep Rat Wora Wihan, plus simplement appelé Wat Doi Suthep, est un lieu de pèlerinage très fréquenté. Il faut quand même se taper 306 marches pour arriver à la porte et les fumeurs se posent des questions sur leur dépendance.
Les étrangers doivent se délester de 40B et reçoivent un beau gros ticket demandé par un souriant garde qui parle certainement plusieurs langues. En tout cas, il sait dire bonjour, merci et au revoir, ce que bon nombre de francophones sont incapables !

Tiens, des touristes chinois ! Ils sont partout, vociférant pour les pauses de leurs dames devant le stupa, ordonnant des attitudes les moins naturelles possible et poussant pour avoir le meilleur angle.
Un gros bonhomme armé d'un appareil photo équivalent à mon salaire annuel me gueule HÉ YOU ! Pour que je me pousse.
Je le regarde avec dédain et lui lance : You ! Yes ! You behind the bike sheds ! Stand still laddie ! Accompagné d'un mime d'accords de guitare… Il ne comprend pas du tout, mais me laisse tranquillement prendre ma photo.
Vous comprenez vous ? Non ? Vous devez être Chinois…

Bon, on fait le tour, c’est très beau. La vue sur la vallée est majestueuse, mais la brume réduit radicalement la visibilité.

Au bas des marches, les marchands du temple attendent les touristes pour leur vendre toutes sortes de colifichets et des souvenirs. Devant une clochette en bronze, je lance un ''elle se fait pas chier, 650 balles pour ça ! '' La dame me répond,'' je peux baisser le prix à 200'', oups ! Je ne l'ai quand même pas achetée.

Nous regagnons nos montures et continuons la route vers le Doi Pui qui dépasse un peu son voisin avec ses 1676 mètres soit 75 mètres de plus. Un point de vue offre un panorama magnifique sur les forêts et le village de la tribu Hmong en contrebas. Mais la route se poursuit dans les ombres et les éclats de lumière qui traversent les feuillages des arbres majestueux. Les virages sont serrés, il faut klaxonner avant de s’engager, car les pick-up sont pressés et sans grande concession pour les deux-roues.
Le profond ravin nous invite à redoubler de prudence, d’autant que les conducteurs thaïs n’ont pas du tout le compas dans l’œil et préfère prendre très large pour négocier leurs virages.

Finalement, nous arrivons au deuxième village indiqué sur les pancartes, et il n’y a rien.

Sinon un beau paysage, des gens souriants et une route qui se termine.
Allez, pendant qu’on est chauds, on fait demi-tour et on se dirige vers le premier village dont nous avons aperçu les toits du point de vue.

Ahhhh, en voilà un village intéressant, il y a plein de boutiques et d’artisanat. Un drôle d'énergumène tente de nous vendre des pierres précieuses du Myanmar, saphir, et même diamant ! Mais voyons donc, ça s’peut tu, des diamants ?
En tout cas, nous le faisons sourire en lui disant que ma maman a déjà assez de caillasse comme ça et que c’est pas la reine d’Angleterre.

Les gens sont super accueillants et pas achalants du tout. Vive la 5G et les forfaits illimités !

Nous profiterons de cette visite pour manger un morceau dans un petit resto local. La fille des nouilles n’a pas l’air dans son assiette, même avec mes redoutables phrases qui font rire, je n’arrive pas à lui donner la moindre esquisse de sourire. Elle est concentrée sur ses nouilles pis, c’est ça qui est ça, merci bonsoir le touriste, et les autres aussi !

À ma gauche une famille chinoise, dirigée par un mastodonte vociférant des ordres aux serveurs, engouffre des soupes à pleine lampée. Ça mastique fort la bouche ouverte et ça pousse des pelletées de riz dans un rock’n roll de baguettes folles.

Les plats rapidement avalés nous laissons les goinfres malotrus poursuivre leur ventrée, et prenons la route en direction de la vallée.

Après quelques circonvolutions, et gymkhanas autour des voitures et autres véhicules pétaradants, nous arrivons chez Meena Rice.
Un restaurant dont l’ingrédient principal est le riz. Bon, tous les restaurants de Thaïlande sont un peu dans le même concept, mais ici, on utilise différents riz, tous locaux et cuisinés avec originalité.
Mais Meena ce n’est pas que le restaurant, c'est aussi des boutiques et de l’artisanat de très grande qualité.
L’indigo est mis à l’honneur dans des créations superbes, une seule pièce peut demander jusqu’à une semaine de travail et les prix sont évidemment en conséquence.
Les meilleurs artisans de la région y exposent leurs œuvres, et ce ne sont pas les pièces reproduites à l’infini que l’on trouve sur les étals des marchés de nuit de Chiang Mai.
Le concept est vraiment intéressant, mais nos cartes de crédit restent sagement dans leur cachette.

À cinq minutes se trouve le Thai Silk Village, immense commerce où l’on explique le cycle de vie du ver à soie, de son état larvaire jusqu’au produit final qui se termine dans un dramatique bain d’eau bouillante.

La soie est alors extraite du cocon et les véganes tombent dans les pâmes en s'autoflagellant le dos avec une baguette de bambou bio et détox.
Par contre, les amateurs de tissu naturel sont aux anges, et les choix sont infinis

Quelques métiers à tisser sont occupés par des dames qui poussent des navettes, appuient sur les pédales, soulèvent des lisses, et les fils de soie fins et solides, virevoltent d’un bord à l’autre du métier formant un motif dont elles seules ont le secret.

Les touristes français doivent être légion, car tout le personnel manie très correctement la langue d’Aimé Césaire. En tout cas, elles ont senti leur proie et nous repartirons avec un magnifique tissage ‘’qui ira très bien dans la chambre, fais-moi confiance’’.

Le soleil décroît sur l’horizon, il est temps de rentrer vers nos chambres. Conduire le jour autour de Chiang Mai n’est pas une sinécure, alors de nuit, je préfère utiliser mes gougounes.

On est lundi, et le lundi soir il y a … marché de nuit !

Le hasard, doublé d’un relativement bon sens de l’orientation nous mènent vers une boutique que je n’ai jamais pu oublier. 
Il y a trois ans, je suis tombé amoureux d’une dame charismatique qui illuminait tout le marché de nuit par sa présence. Eh bien nous y sommes et elle est toujours aussi belle.

La chance nous sourit, un tissu de chanvre, teinté à l’indigo, semble être destiné à notre chambre. Lui aussi.
Il fera partie du voyage de retour, et nous n’en sommes probablement pas à la seule visite.

Nous terminerons la soirée dans le cabaret où Cher a failli prendre cher sur son bar enflammé, puis il est temps de dire au revoir à nos chers amis. 
Nous avons des sacs à préparer et une nuit à boucler avant nos premiers kilomètres à moto demain matin.

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