Asie 2019 - Thaïlande - Koh Yao Noi

12 janvier
L'avantage du décalage horaire, c'est que se réveiller à 4h du matin n'est pas compliqué. Par contre la levée des corps est difficile.
Nous attrapons un taxi dans la rue et filons vers l'aéroport alors qu'autour de nous, la vie dort encore.
Les bagages sont très rapidement enregistrés grâce au système entièrement automatisé d'Air Asia. Ce qui nous permet de nous attabler devant une tonne de viennoiseries sucrées et grasses, un délice.

L'avion perce péniblement la chape de pollution qui recouvre la ville et, en à peine 1 heure nous atterrissons sur le tarmac brûlant de l'aéroport de Krabi.
Plusieurs agences tentent de nous vendre leurs services, mais en plus d'être chère, cette aventure devient un peu trop facile.

Nous montons donc dans le bus régulier en direction de la station des autobus de la ville.
Là bas, un autre taxi tente de nous extorquer notre précieux argent, mais je l'éconduit en sachant trouver mieux. En fait je ne sache rien du tout, mais je dois faire semblant pour rassurer mon impatient ami...

Nous grimpons dans un songthew au prix très intéressant, mais qui nous dépose 5 minutes plus loin en nous affirmant qu'une voiture va venir dans environ 20 minutes, pour nous amener au quai....
20 minutes thaïes, ça en donne 50, mais il y a d'autres personnes avec nous, c'est rassurant. Un peu.
Finalement un camion de marchandises arrive et hop en avant vers Thalen Pier entre des caisses de bières et des boîtes d'œufs.

Le paysage est splendide. Partout, des formations rocheuses émergent et décorent l'horizon.

À midi, nous quittons le quai pour une heure de navigation, avant d'accoster à Koh Yao Noi.
Cinq jours à ne rien faire, sinon de profiter des chants des oiseaux et des hurlements effrayants d'un gecko géant à côté de mon lit.

13 janvier - Koh Yao Noi
Hey mon Bouddha quelle journée !

Le Québec se transforme en calotte polaire alors qu'ici chaque pore de nos anatomies tente d'évacuer toute l'eau qu'elles contiennent.

Alors on est allé à la plage où André a fait le singe sur une balançoire réservée aux Instagrameurs frénétiques.
On s'est baigné dans une eau presque trop chaude et on s'est vite mis à l'abri sous les branches feuillues d'un grand arbre salvateur. Le soleil est farceur avec les beaux blonds .

Et puis on a mangé dans une rizière avec des buffles d'eau. Enfin, ils n'ont pas mangé avec nous, mais juste à côté, à moitié vautré dans la grosse bouette, pendant que l'autre moitié arrachait des touffes d'herbe sèche.

J'ai fait des grimaces à une petite fille qui a rigolé et puis à un bébé qui a pleuré. Les bébés n'ont pas le sens de l'humour...

Au marché on a acheté plein de fruits de saison pour 5 piasses, et à la pharmacie, de la crème à la cortisone pour calmer les piqûres des osties de sandflies. Mais on a aussi une grosse bouteille de Sang Som, le rhum thaï qui se boit chaud et au goulot. Ça calme son homme.

Ensuite ? On a continué à virer sur les quatre routes de l'île sur notre scooter orange jusqu'à ce que le soleil se couche.

Méchante grosse journée…


14 janvier - En mode easy riders low cost sur Koh Yao Yai
Le soleil nous informe que nous allons prendre des couleurs. Enfin surtout une, mais c'est loin de nous décourager pour aller découvrir la raison pour laquelle nous sommes ici : la fameuse plage de Hua Nam Lad.

OK, j'explique... On a vu un film (Five), et à la fin (attention spoiler) il y a une plage, et bien c'est là-bas que je voulais aller.

Ce n'était qu'un déclencheur puisque à la base, nous avions prévu d'aller en Colombie, mais tant qu'à être là autant la visiter.

Cette plage se trouve sur la grande sœur de notre île, mais les choix d’hébergements étaient plus limité.
L’île est beaucoup plus grande, d’où le suffixe Yai, mais beaucoup moins habitée. Quelques resorts très chics et hors de prix nous ont convaincu de choisir Noi, la petite.

Direction le quai où, après quelques palabres, nous trouvons un bateau pour nous transbahuter de l’autre côté de l’étroit chenal avec tout notre équipage.

Ils ne sont pas gros les Thaïs, enfin ceux des îles peu touristiques, mais ils sont costauds.
À deux, ils empoignent la petite 125 et font rouler la machine le long des escaliers.

Bien installée sur le pont, on m’invite à grimper sur la selle pour stabiliser l'engin.
Il me fallut quand même une petite minute pour être à l'aise sur la selle au milieu des éléments déchaînés. 15 ans de marine ça aide...

La plage de rêve est à 2 minutes du quai. Marée basse, immense terrain de jeux pour des millions de crabes qui attendent qu'André tombe pour n’en faire qu’une bouchée. Enfin, c’est sa version un peu dramatisée de la situation.
Nous avons marché sur le sable les yeux dans l’eau et c’était très beau.
Ensuite, on a profité de notre pétunante rossinante pour visiter l’île et ses détours.
Une noix de coco sur une plage, une baignade dans une eau trop chaude, un repas chez des jeunes demoiselles très enjouées, et déjà, il est temps de filer vers le nord.

Nous avons encore le temps de mirer le reflet de nos faces rubicondes dans l’eau turbide de la marée montante. L’éclatant banc de sable immaculé disparaît tranquillement au rythme des vaguelettes, nous en profitons pour nous tremper les mollets avant de regagner le quai et ses taxis improbables.

Réserve de fruits au marché, long et doux chant du muezzin dans l’air chaud, et c’est une opération crémage intensif qui clôt cette belle journée sans nuages. Le muezzin vocalise parce-que la plupart des habitants des îles du Sud de la Thaïlande sont de confession musulmane.
Les femmes sont pour la plupart, voilées de tissus colorés et elles se lâchent lousse sur le maquillage.

Un islam tropical et tolérant, même pour les filles qui pensent qu'un bikini avec 7 grammes de tissu est une tenue acceptable pour se promener dans le monde...
La bonne éducation n'est pas innée.



15 janvier
La journée commence devant une tablée remplie de fruits.
Notre réserve de fraîcheur faite, nous entamons une longue journée en foulant une langue de sable reliant une île à marée basse.
Et en regagnant la terre ferme avant que la marée ne nous oblige à passer 6 heures sur un îlot abandonné de tous.

Cette journée se poursuit sur une route dégotée sur maps.me, une application indispensable pour tout voyageur et qui réserve souvent de belles surprises.

La première vient de la route qui se transforme en chemin de terre. Et très rapidement en chemin de terre boueuse après la pluie de cette nuit. Et encore plus rapidement en chemin de terre boueuse défoncé.
La mopette tient la route malgré ses pneus lisses et en écrasant les freins, les descentes sont presque sécuritaires.

Non c'est faux. C'est carrément flippant et je dois user de 30 ans d'expérience de moto pour tenir un semblant de cap et rassurer mon passager.

Et tout ça pour rien. La route est fermée par une barrière et un gardien d'un hôtel de luxe où il faut montrer carte de crédit platine pour entrer. Un autre monde que nous laissons bien volontiers aux gens riches et blasés.

Nous faisons demi-tour, et maintenant que je connais la route, je fonce comme si j'avais le diable aux trousses. On termine l'aventure avec des gougounes pleines de boue rouge gluante, c'est vraiment le fun !

Ah ben oui, gougounes, pas de casque, en short et lunettes de soleil. Mais on a des casquettes.

Si l'est de l'île est décorée de très belles plages, la côte ouest est (du verbe être) bordée de mangroves. On y trouve également des rizières avec des canards et des buffles boueux recouverts d'aigrettes blanches toute propres. Au centre ce sont des montagnes et des cultures d'hévéas qui produisent le latex.

Du caoutchouc naturel qui a brièvement fait la richesse des cultivateurs lorsque le baril de pétrole a atteint des sommets.

Comme tout le reste de l'île, ces cultures sont bien entretenues et tout est propre et bien rangé. On dirait que c'est André qui s'est occupé de l'arrangement forestier.

Après avoir fait le plein de la pétrolette avec un litre et demi de Coke 91, nous allons déguster une noix de coco fraîche dans un hamac. C'est pas si évident que ça de garder l'équilibre et la classe dans un hamac avec un gros fruit rond et lourd.

Puis nous retournons chez nos gentilles madames du resto de la rizière.

L'île est tellement petite que nous sommes déjà des habitués. Il en va de même avec nos dames du marché, fournisseurs officielles de nos déliceux fruits.

Yes mesdames, see you tomorrow !

Allez hop à la plage ! Une nouvelle plage de sable blond, mignonne et peu facile d'accès. On est 4 à se vautrer à l'abri des grand arbres, à 500 mètres les uns des autres. Peinards...

L'eau est chaude que s'en est indécent. Le sable est tellement doux que je préfère ne pas en parler.

Il est déjà temps d'aller nous ravitailler au 7-Eleven et de faire provision de saparot mamuang, sawarot et tangmo au marché.

Yes, ladies, see you tomorrow ❤️

Sang som/soda, pinotes et havane pour conclure cette journée pré-anniversaire.


16 janvier - Koh Yao Noi
Cette date me parle... Mais comme il est 6h17 du matin, je suis pas parlable avant mon lait de soja et ma mangue.

Faux ! Ce matin, c'est fête, alors on va prendre un vrai petit déjeuner au resto où le patron est si gentil.
Sauf que ce matin, il n'est pas là et que la fille qui a oublié d'enlever son masque de nuit et comme moi le matin. Pas parlable.

Donc on commande les plats numéro 6 et 7 avec des œufs au plat à la coque en forme de cœur. La saucisse goûte les beignes Krispy Kreme et le jambon ne doit pas être du cochon. Mais les œufs sont bons et le cadre sympathique et puis nous avons la chance d'avoir la visite des figures emblématiques de l'île, un couple de calaos.

Leurs statues ornent les deux quais principaux, mais nous ne savions pas que ces volatiles extravagants nichaient ici.

Le premier matin, j'avais eu la surprise d'en voir un perché à côté de notre bungalow, mais c'était comme un mirage. Ensuite, que dalle.
Jusqu'à ce matin où un couple s'est posé sur les grosses branches d'un arbre séculaire et se sont fait des confidences aériennes.
Méchante grosse bibite quand même ce rescapé de la fin des temps avec son bec tout bizarre.

Les cœurs avalés, la dame à la face blanche un peu grasse s'est fendue d'un sourire et nous a laissé partir.

Depuis deux jours nous essayons de trouver le meilleur moyen de revenir sur la terre ferme et surtout d'arriver à l'heure à l'aéroport.
Prendre son temps quand on n'est pas attendu, c'est une chose, mais je doute fort que le pilote ait la patience d'un pilote de long tail boat.

Nous roulons vers le quai pour nous renseigner, et aussitôt nous réservons le transfert pour demain.

Tiens, et si on refaisait le tour de l'île ?

Il y a, à côté du quai (il y a plus de quais que de bateaux ici !), un escalier qui grimpe au milieu des futaies. Deux énormes calaos en béton peint trônent sur un piédestal, c'est le point de départ de la promenade vers le sommet.

Les escaliers ont du vécu, le temps a repris le travail de naturalisation. L'embétonnage des hommes ne durera pas. On dirait que cette île a déjà eu un passé glorieux, où un éventuel projet de développement touristique qui s'est écrasé comme un soufflé.

On trouve de gros restaurants, des hôtels et des lieux partiellement aménagés totalement vides de touristes. C'est dommage pour l'économie de l'île, mais grandement apprécié par ceux qui ont la chance de profiter de ces lieux très calmes et préservés des hordes barbares du tourisme de masse.

Le temps de penser à tout ça et, après avoir traversé plusieurs royaumes de fourmis affairées, nous arrivons au belvédère, qui offre une vue splendide sur la douzaine d'îles du parc national de Than Bok Khorani.

L'escalier redescend de l'autre côté et permet l'accès à une superbe petite plage où il fait bon rêver.

C'est bien beau de rêver, mais c'est surtout l'heure de manger et, parce que le cadre, la nourriture et l'accueil sont parfaits nous partons chez nos dames de la rizière.
Qui ont pris leur mercredi de congé. Argh.

Nous trouverons notre bonheur dans un petit restaurant du centre-ville qui affiche fièrement ses convictions écolo-bios. L'endroit est sympa et les filles partent en courant acheter les ingrédients de notre commande. Il y a certainement un kiosque de légumes bios au marché voisin...
Au moins les pailles de nos jus de fruits sont en bambou, c'est toujours ça de pris.

Et puis on est retourné à la plage et on a trempé dans l'eau chaude comme deux retraités dans les eaux thermales.

Nous avons à nouveau fait le tour de l'île, ça va ce n'est pas la Corse non plus, et sommes allé quérir nos rations de fruits chez nos ladies du marché.

Pour clore cette journée turbulente en activités, nous nous ferons payer une tequila au resto par le papa du mignon petit Lazare qui rêve d'attraper un gecko.
Moi qui lui avait montré comment attraper un papillon la veille, je vais en faire un grand chasseur !

17 janvier
C'est le jour du départ de notre petite île paradisiaque. Mais nous avons encore largement le temps d'en faire le tour pour voir si tout est comme hier.

Eh bien non ! Il y a un chemin que nous n'avions pas encore pris et qui grimpe quelque part dans la forêt.
Quelques pancartes en bois peint nous informe que "ce n'est plus très loin", ou que "courage vous y êtes presque", et finalement un joyeux "vous êtes à destination".

Et quelle destination ! The Island Hideout est perché dans un coin perdu, éloigné de toute civilisation et parler à voix haute est une hérésie.
De toute façon qui a envie de pérorer lorsque le chant des oiseaux et le bruit de l'eau occupe tout l'espace.
Ici tout n'est que calme, luxe et volupté. Ni électricité, ni Internet, peu de gens de ma connaissance seraient capable de passer plus d'une nuit ici.
Bon, en même temps les bungalows, absolument sublimes, sont à des prix relativement à la hauteur des lieux et hors de notre budget.
Le café, accompagné d'un délicieux riz sucré à la mangue est un vrai bonheur face à une vue aussi paisible.

Mais on a une île à boucler et un bateau à prendre d'ici quelques heures, il serait temps de faire nos sacs afin d'être prêts.

Derniers adieux à notre logeur, et nous attendons le sangthew, ce taxi collectif à deux rangées qui ramasse les gens au bord de la route lorsqu'on lui fait un signe de la main.

Le speed boat est presque à l'heure et les énormes valises à roulettes des touristes qui arrivent de Phuket sont entassées sur le quai pendant que les gens débarquent.
Pas facile de voyager dans ces pays en valise qui fait tacatactac sur les roches, les pavés et les trottoirs défoncés. Vive le sac à dos !

Et hop, c'est parti mon Kiki, en route à fond les gaz vers Ao Nang sur une mer relativement agitée. Le bateau tape fort, mais le pilote a l'air de gérer son affaire.

Les sacs bien rangés sautent et se mélangent dans un capharnaüm que personne ne tente de résoudre. De toute façon ça bouge bien trop pour que l'un des matelots se dévoue, les sacs seront encore là à notre arrivée.

Nous rattrapons le très gros nuage noir qui avait l'air loin et inoffensif et en quelques secondes, le déluge biblique se vide sur notre esquif.
Juste au moment où nous arrivons à quai à Ao Nang. Les sacs sont trempés, mais il faut sortir, le capitaine n'attendra pas la fin du grain pour nous laisser partir à sec.

On se presse, ramassant nos sacs au passage, et grimpons de bateau en bateau jusqu'à atteindre le quai tout en essayant de ne pas se vautrer sur un plat-bord détrempé.

Un homme nous propose ses services de taxi pour l'aéroport, et n'hésitant pas trop longtemps nous montons dans sa voiture climatisée et confortable en direction de notre vol vers Chiang Mai.

Évidemment nous arrivons trop tôt, mais l'avantage est qu'à l'enregistrement, le jeune employé nous offre des sièges aux portes de secours avec un maximum de place.

Ensuite, c'est l'errance dans un aéroport où il n'y a pas grand-chose à faire que d'observer les autres touristes, activité que j'adore ! Mais j'ai décidé de ne plus me moquer.

Enfin, sauf de ce jeune Coréen aux cheveux tellement bleachés qu'ils ont l'air d'être en paille ; ou de cette petite fille totalement insupportable qui fait fuir même les madames Thaïes les plus endurantes ; ou encore de ces ados Japonais qui s'assoient par terre, proches d'une prise de courant pour charger leurs téléphones, mais en plein milieu du passage et qui ne semblent pas plus gênés que ça ; tiens des Français qui s'engueulent devant le magasin de souvenirs !

Je remets mon casque, et me plonge dans un film tout en dégustant une soupe Ramen dans un pot en plastique rempli d'eau bouillante.

Après un retard de 30 minutes, notre avion est annoncé, les passagers sont débarqués à la course, l'aspirateur passé sur la moquette et, pendant que le camion citerne transfert sa cargaison dans les ailes, on embarque à notre tour.

L'hôtesse tente de garder son sourire avec les rangées 10 et 11, où une famille extrêmement demandante la fait courir pour un Coke, une paille, un sac de chips ou un verre.

Changement de climat en une heure de vol, nous descendons la passerelle, il fait à peine 20 degrés, mais c'est grandement appréciable après ces quelques jours de grande chaleur.

Nos sacs rapidement récupérés, nous sautons dans un taxi en direction de l'hôtel.

Enfin, à 22 heures, nous retrouvons tous les anciens clients qui ont écrit leurs noms sur les planches en bois du Saloon Chiang Mai et où les bières fraiches se boivent comme s'il ne devait pas y avoir de lendemain.

KIKECLAC ! Merci Cricri

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