Asie 2019 - Bangkok - Pékin - Montréal

6 mars - Bangkok – Pékin
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Là, pour de vrai, c’est notre dernier jour.
L’avion d’Air China est prévu à 19h20, ça nous laisse le temps de faire nos bagages et de profiter une dernière fois de la piscine.

Nous avons fait l’acquisition d’un sac pour pouvoir ramener tout notre stock. Si nous partons avec moins de 10 kilos chacun, c’est pour mieux en amasser pendant le voyage.

Avec un peu d’astuce et d’espièglerie, nous réussissons à caler nos kilos de riz, notre douchette à toilette, nos foulards Jim Thompson, mes 15 pots de miel, la réserve de sable de Nacpan que j’utiliserai bientôt dans un nouveau savon, mes machettes de paysans thaïs et philippins, les clochettes de temples et le chasseur sous-marin en bronze, les palmes pas à la bonne taille, les masques et tubas qui ont fait le bonheur des poissons en voyant André s’en extasier, les pots de baume du tigre bien pratique quand on vieillit, les sacs de mangue déshydratée, les noix de cajou aux épices et autres bouteilles de Sam Song.

Je bats un nouveau record : 19,5 kilos pour mon gros sac à dos ! Nous avons droit à deux bagages de vingt kilos chacun, il faut juste les porter jusqu’au comptoir d’enregistrement.

Il est presque 15 heures, nous avons fait honneur à certains des plats que nous préférons, l’inimitable Som Tam, la salade de papaye verte, le très classique Pad Thai Gai, des nouilles sautées avec du poulet et du tofu, et un Kao Pad Gai, du riz frit au poulet, recouvert d’un œuf au plat.

Nous quittons notre hôtel aux fresques colorées et grimpons dans le gros pick-up Grab qui vient d’arriver. Nous y jetons nos sacs et profitons du dernier point de vue sur cette ville qui ne cesse de croître. Le ciel est bleu, la vue porte loin, les grues enchaînent les nouvelles constructions de cette ville en mutation permanente.

En arrivant proche de l’aéroport, les immenses panneaux publicitaires barrent l’horizon de leurs dizaines de mètres de promesses d’une vie meilleure grâce au dernier Samsung 10 ou à la joie de rajeunir en buvant une eau miraculeuse.

Arrivés de bonne heure, nous avons le temps de faire emballer notre nouveau sac et sommes dans les dix premiers devant le comptoir d’Air China. Ce qui n’empêche pas une famille d’excités de passer devant tout le monde, mais pour avoir côtoyé des centaines de touristes du même acabit, je ne suis ni surpris, ni fâché. Ils ont juste l’air complètement fous.

En étant les premiers devant le guichet, nous avons l’opportunité de demander les places que l’on veut à la charmante demoiselle qui sans problème nous installe tout au fond des avions que nous allons prendre.

À cette heure, l’aéroport est presque vide, les contrôles sont rapides, il n’y a pas d’attente aux guichets des douanes. Par contre, les boutiques hors taxes sont toujours aussi dispendieuses et je n’arrive pas à comprendre pourquoi.

Ah ben oui, les touristes veulent se débarrasser de leurs devises locales alors qu’importe le prix, il faut vider son porte-monnaie. C’est du vol, mais comme personne ne semble comparer, il est facile de fourguer alcools, chocolats et biscuits à 30 % plus cher que dans les magasins en ville. Seules les cigarettes semblent moins chères à 2,80 $ le paquet, ce serait l’occasion de recommencer à fumer.

Ça y est, nous grimpons dans notre avion. Nous avons deux places côté cour, le soleil s’est couché dans un dernier embrasement de magnifiques couleurs. La ville s’est parée de ses lumières que l’absence de pollution fait vibrer sous les ailes. Nous jetons un dernier coup d’œil par le hublot en nous promettant de venir visiter tout ce que nous n’avons pas encore vu.

Quatre heures plus tard, nous arrivons en vue de l'éclairage de Beijing où une longue escale nous attend. Mais ça, c’est demain, le 7 mars.
Les roues frôlent à peine la piste que déjà des passagers se lèvent pour chercher leurs sacs et se précipiter vers la porte. Ils sont immédiatement freinés dans leur élan d’enthousiasme par le personnel de bord, qui, tout souriant qu’il soit, est là pour faire respecter les consignes.

Sur Cebu Pacific, le staff laissait faire les impatients, et se foutait de savoir que si l’avion freinait d’un coup, il y aurait des corps qui s’écraseraient contre des fauteuils.
J’aimerais tellement que ça arrive, je sais, ce n'est pas charitable, mais je ne me suis jamais vanté d’être un saint.

7 mars - Pékin - Montréal
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1 heure du mat’, les douaniers sont toujours aussi étranges. 
Le retard provoqué par leurs contrôles stresse bon nombre de passagers qui ont une correspondance très serrée. De notre côté, nous avons largement le temps de défaire nos sacs et de montrer que la petite batterie de l’appareil photo ne risque pas de faire exploser un avion.

Mais un douanier, qu’il soit Chinois ou Canadien, est totalement imperméable à toute forme de plaisanterie alors nous évitons de faire des blagues, voire de sourire.

Les contrôles passés, nous arrivons dans le terminal 3 où nous reprenons l’avion dans 12 heures. Nous nous mettons donc en quête d’un endroit calme pour nous reposer.
L’immense hall est désert, seuls quelques passagers en transit errent dans les allées froides envahies par les courants d’air d’une climatisation trop efficace.

Je me renseigne dans les salons privés où l’on charge 50 $ par personne pour trois heures. Dans un autre, la chambre pour deux personnes est facturée 1800 yens, soit 360 dollars !
Ça fait cher la sieste et la douche…

Enfin, au bout d’une heure de vagabondage, nous repérons un ensemble de banquettes où la lumière est faible et suffisamment éloignée des portes d’embarquement.
Nous nous emmitouflons dans quelques fines couches de vêtements et surtout dans la couverture récupérée sur notre dernier vol puis cherchons le repos. Qui vient assez facilement, mais par intermittence.

L’endroit est tellement beau, que lorsque l’aube annonce son arrivée par quelques délicieuses couleurs pastel, un troupeau de touristes chinoises vient s’extasier, et pousse des cris de joie en voyant le soleil faire son apparition.

Je crois qu’ils comprennent le français parce que, quand je sors la tête de ma capuche, les yeux cernés comme un château-fort, la barbe hirsute débordante de mon masque antipollution en mugissant un sonore et autoritaire chuuuuuuuuut, elles s’effraient et fuient à petits pas empressés à l’opposé du hall.

Il est 6 heures, nous sommes frigorifiés. 
Pas plus d’animation dans le terminal, mais quelques boutiques ouvrent leurs stores. Nous marchons pour nous réchauffer et arrivons jusqu’au bout, face à la piste de décollage.

Et là, nous trouvons un endroit idéal pour nous reposer plus confortablement. De longs fauteuils, posés sur une moquette douteuse sont cachés derrière des paravents permettant un semblant d’intimité. Des moineaux perdus du mauvais côté de la grande baie vitrée pépient et offrent un peu de poésie dans cet immense endroit moderne.

En ajoutant un fauteuil bas au pied de notre nouveau lit, nous pouvons fabriquer une couche presque confortable. En tout cas suffisamment pour nous autoriser à dormir quelques heures et à faire rire les touristes à cause de mes ronflements.

Alors, si par hasard, vous échouez dans le terminal 3 de l’aéroport de Pékin, et que vous avez plusieurs heures à tuer, dirigez-vous vers la porte E24, il y a là quelques fauteuils verts pas dégueux du tout.

Nous cédons au chant des sirènes du Starbucks, seul commerce ouvert offrant un café pour nous réchauffer et traînons dans notre salon semi-privé jusqu’au moment de l’embarquement qui s’effectue tout à fait de l’autre côté du terminal.
Il est 13 heures, nous embarquons pour notre dernière ligne droite à destination d’un hiver qui n’en finit plus, mais dont nous avons fui la plus grande partie.

Et nous atterrissons 15 minutes plus tard sur le tarmac de PET. Enfin, 15 minutes et 13 heures plus tard grâce au décalage et au survol du nord de la planète.
Le vol sera ponctué de quelques soubresauts et de bons plateaux-repas servis par un personnel souriant et attentif.

Le passage aux douanes est rapide grâce aux dizaines de machines qui remplacent les humains, les sacs tournent sur le tapis, le chariot file vers la sortie où nous remettons notre déclaration.

Un Uber nous attend porte 6, la circulation est fluide, nous arrivons chez nous en moins de 30 minutes. Il fait froid, mais le soleil est là pour nous aider à surmonter la fatigue du voyage. Du moins jusqu’à ce que je ne comprenne plus rien à l’émission devant laquelle je m’endors toutes les 12 minutes.

Voilà, c’est la fin. 58 jours de voyage.
Avec quelques bas, mais surtout énormément de hauts.
Avec des rencontres formidables, et la découverte d’un nouveau pays et ses habitants chaleureux et souriants.
Mais le bilan est pour plus tard.
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Je suis attablé dans la cuisine, une tasse de Pu Erh à la main. J’ai eu le temps de conclure ce voyage et de faire cuire 4 baguettes bien croustillantes.
André a déjà lavé le linge, tout notre bordel est rangé.

Enfin à part mon bureau recouvert de déclarations d’impôts et de factures…
Sur le balcon, le thermomètre indique -14º, le soleil termine sa course, et moi ma journée.

- Merci à tous ceux qui ont pris le temps de nous lire.
- Merci d’avoir commenté et aimé nos photos et mes textes, c’est mon carburant d’écriture.
J’ai eu du plaisir à "proser" tous les jours, d’abord parce que j’aime ça, mais surtout pour vous.

Pour partager nos aventures, pour vous faire voyager par procuration et vous emmener quelque part, loin de votre quotidien, loin de l’hiver et des désagréments qu’il peut offrir.

Nous avons déjà réfléchi au prochain voyage. 
Et au suivant. Mais ce sera pour un peu plus tard.



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