Dimanche 19 février – De Bariloche à Osorno à Santiago

Ah non, pas Santiago... 

Notre bus est à 10 heures, nous avons tout loisir de profiter du buffet du petit-déjeuner de l’hôtel avant de trouver un taxi pour le terminal des bus. 

En déambulant devant les kiosques de souvenirs, je suis surpris de trouver quelques livres retraçant le passé peu glorieux de Bariloche. Une 9e édition du Bariloche Nazi dont la couverture est ornée d'une croix gammée et d'un Hitler affublé de son ridicule pantalon bouffant. 
Je ne sais pas trop de quoi parle ce bouquin, mais au moins on ne se voile pas la face. Bariloche a été une destination très en vogue pour les couards assassins du IIIe Reich qui ont largement profité de la dictature argentine pour s’installer loin de la justice. 
Certains s’y cacheront pendant 50 ans avant de faire face à leurs juges, d’autres y ont certainement mené une vie paisible jusqu’à leur mort. 

Le bus bleu et blanc de la compagnie Andesmar est en gare. Nos sacs sont étiquetés et rangés en soute, nous regagnons nos sièges et quittons, sous une pluie battante, ce charmant endroit que nous nous aurions aimé découvrir plus en profondeur. 

En peu de temps nous arrivons au poste de douane, les formalités pour sortir du pays sont rapidement menés, puis nous nous arrêtons au contrôle chilien. Par chance, il y a un accès spécial pour les bus, car la file d’attente pour les voitures s’étire déjà sur plusieurs heures. 

Le bus stationne le long d’un quai surélevé, puis, des fonctionnaires sortent tous les bagages des soutes. Nous quittons nos places pour passer au contrôle du seul douanier disponible en ce dimanche. Ça va être long. 

Un mignon labrador est envoyé renifler les sacs, il gambade allègrement sur les bagages, va et vient, la truffe au vent, s’arrête, se concentre, repart et saute de joie. Nous savions que les contrôles chiliens étaient sans concession, mais nous nous posons quand même la question concernant nos kilos de chocolats ! 

Chaque personne dont le passeport vient d’être tamponné doit se présenter aux agents de la SAG (Servicio Agrícola y Ganadero), le service de l’agriculture et de l’élevage, afin d’ouvrir son sac qui doit être fouillé. 

Nous assistons à une scène dramatique. Une dame se fait démonter un magnifique souvenir acheté à Bariloche. Le faux tronc d’arbre en vrai bois contre lequel se repose un faux Saint-Bernard en vrai plastique et peluche assis sur de la vraie mousse est dépecé. L’agent arrache bois et mousse, ne reste qu’un Saint-Bernard, piteux sans son décor de carte postal. Ce souvenir esthétiquement douteux devient totalement baroque, par contre, le visage de la dame s’est intégralement décomposé. 
C’est triste, mais si le Chili veut continuer à rester Terra Solitaria et se préserver de toute infection organique, les contrôles seront toujours aussi drastiques et sans pitié. Par contre, le chocolat, ça passe :)

Le temps s’étire comme un long filet de bave de labrador, nous ne voyons pas le bout de cette file de 50 personnes. Le ciel gris, la pluie et la nonchalance des douaniers endimanchés participent tous au sentiment de déprime totale qui gagne les passagers. 


Enfin, c’est notre tour de présenter nos passeports sous le tampon du douanier, ça va donc être notre tour de défaire nos sacs pour la fouille. Mais bizarrement, tout le monde en a marre, j’ai l’impression que notre ennui collectif est contagieux. D’un seul coup, c’est fini. 
Par je ne sais quel miracle, les agents du SAG ordonnent aux passagers de rentrer dans le bus et aux employés de remettre les bagages en soute. Pourtant il reste un bon tiers des sacs à inspecter, mais soit Youki le labrador n’a manifesté aucun intérêt pour les derniers bagages, dont les nôtres, soit c’est l’heure du frichti. 
Nous regagnons donc nos places et repartons en direction d’Osorno où nous aurions du arriver à 15h30. 

Évidemment, ce long contretemps nous fait arriver avec presque deux heures de retard. Malgré ma course effrénée de kiosque en kiosque, nous ne trouvons plus aucune place pour un bus ce soir. On est dimanche et les gens rentrent à la capitale, tant pis pour les touristes, ils passeront la nuit ici. 

J'achète tout de suite des billets pour la première heure demain matin. Ce sera donc un départ à 7h40 avec la compagnie Turbus, et nous devrions arriver à 20h30 à Santiago. 
La journée de repos, se passera dans le siège d’un bus. Au moins j’ai pris la peine de réserver des places dans la section Cama, ces fameux sièges 1ère classe qui se situent au rez-de-chaussée du véhicule. En attendant il faut trouver une piaule… 
Nous nous plongeons rapidement dans les pages du Lonely Planet et jetons notre dévolue sur un petit hôtel dont le nom va nous rappeler nos escapades chez nos voisins du sud, l’Hostel Vermont. Nous ne prenons pas la peine de les appeler et décidons de nous rendre directement sur place. 
Ce n’est pas la porte à coté, mais le quartier est résidentiel et tranquille. L’accueil est sympathique et par chance, il reste une chambre disponible. 

Allez, nous allons découvrir cette petite ville sans grand intérêt si ce n’est d’être le point de passage de toutes les routes qui desservent le sud du pays. 
Une gigantesque vache suivie de ses deux veaux passent devant une banque, une fontaine fait virevolter des guirlandes liquides, le ciel s’est un peu calmé, il est temps de faire une pause houblonnée. 

Le Café de Nuit nous ouvre ses portes, par quelques grillades et d’une bonne bouteille de Camenere à La Parilla de Pepe.

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