Samedi 28 janvier – Pucón - Termas Geometricas

Ce matin, une petite épreuve nous attend, c'est la récupération de notre véhicule et donc, la rencontre avec notre austère Esther…
J'ai comme une boule dans le ventre, mais par le plus grand des miracles, j'arriverais à la faire sourire. Même elle a l'air surpris et se dépêche de faire un selfie.

Les osties de selfies ! Là, je ne parle pas d'Esther, mais de tous ces ost. de cali. de taba. de bâtons télescopiques qui ornent les bras de tous les touristes. Je ne reviendrais pas sur quelque chose que j'ai déjà écrit, mais c'est fatiguant et d'une stupidité que je n'arrive pas à assimiler. Hey le toton, t'es venu pour voir des paysages magnifiques, où ta tronche grimaçante de duck face devant un paysage qu'on ne voit plus puisque t'es devant ? Respire dans un sac Christophe ! 

En tout cas, concernant l'inspection de notre petite Suzuki, Esther ne laisse rien passer. Chaque millimètre de peinture, la pression des pneus et de la roue de secours, l'état des vitres et miroirs, le plein d'essence, les essuie-glaces, tout y passe. 

Attention jeune quinquagénaire, cette voiture n'est pas un 4x4, sur les routes défoncées, tu roules doucement, pas comme un Montréalais qui prend ses aises avec le code de la route et la multitude de nids de poule de ta ville !
Je suis bien mieux de rendre cette voiture dans le même état si je ne veux me retrouver attaché à un poteau dans le parking.

Allez, zou, en direction du sud. Aujourd'hui, nous avons décidé de détendre nos corps dans les eaux chaudes des Termas Geometricas.
À une centaine de kilomètres de Pucón, la route s'arrête au village de Coñaripe pour se transformer en 16 kilomètres de piste de cailloux et de poussière. Je pense à Esther.

Enfin, après un peu moins de 2 heures, nous arrivons à ces fameux thermes. L'entrée n'est pas donnée, et nous nous délestons de 25 000 pesos chacun. Ce sera toujours ça de moins à porter.

Équipés de nos serviettes et de cadenas, nous entrons dans le creux de cette vallée très étroite. C'est magnifique. 
La Géométrie des lieux est enfin révélée par un ensemble de structures, passerelles et escaliers en bois peint en rouge. Parcourant 17 bassins recouverts d'ardoise, ce sentier permet de s'y promener tout le long de l'exigu défilé jusqu'à une cascade d'eau glaciale.

Les bassins sont identifiés par les températures de l'eau qui varie de 35º à 45º, certains sont interdits parce que l'eau y est trop chaude.
L'eau des sources chaudes sort à environ 80º des entrailles du volcan, et par un ingénieux système de conduits, vient se mélanger à l'eau froide de la rivière. Des employés s'assurent d'effectuer les bons dosages pour que chaque bassin ait une température différente et humainement supportable. L'eau est en permanence renouvelée et les piscines sont toujours limpides.

Nous choisissons des casiers, y laissons nos affaires et trempons de bassin en bassin en tempérant de temps en temps nos corps bouillis sous une petite douche d'eau froide ou une cascade qui tombe du haut de la falaise. Enfin, j'y ai principalement trempé les pieds qui se sont rapidement transformés en blocs de glace, ça m'a suffi.

L'ambiance est tranquille, le cadre magique, la fraîcheur relative de l'air n'arrive pas à refroidir nos corps baignés dans les eaux chaudes, voire très chaudes des bassins.
Seules les deux américaines avec des voix de fumeuses de Gitanes Maïs se font entendre. Même les oiseaux-mouches n'osent plus venir butiner au-dessus de nous. Le bassin se vide tranquillement et elles seront seules dans leur bouillon. 

La peau toute ramollie d'avoir trempé des heures dans les eaux claires, nous cherchons de quoi nous vêtir dans nos casiers et prenons le chemin du retour.

La construction où l'on peut se sustenter ou boire un verre est parfaitement intégrée à la nature sauvage environnante. Deux grands foyers fument et laissent se répandre la douce odeur du feu de bois.

La programmation de l'ascension du volcan Villarrica, suivi par les thermes est, on ne peut plus, parfaite. Mais que ce voyage est admirablement organisé !

Dans un pré, nous apercevons de drôles d'oiseaux. Si les éperviers sont aussi communs que des pigeons ou des moineaux dans nos contrés, nous sommes quand même étonnés de voir un oiseau pour le moins étrange.
Je me rappelle en avoir déjà vu, d'abord sur les grandes images cartonnées des tablettes de chocolat Merveilles du monde que je collectionnais avec passion, mais surtout sur les fresques des tombeaux égyptiens de la vallée du Nil.
Quelle surprise de retrouver ces drôles d'ibis au bec courbé tout au bout de l'Amérique du Sud. Theristicus melanopis, ou ibis à face noir est un oiseau très commun au Chili et en Argentine. Par contre, en retrouver autant et partout est une véritable surprise.

Surprise moins intense que celle que va vivre le jeune homme que nous ramassons sur le bord de la route. Il ne pensait pas en tendant son pouce que deux Canadiens ne parlant pas sa langue et roulant peut être un peu trop vite dans leur boite de conserve allaient le déposer plus rapidement que prévu au centre de son village.
La carriole saute de caillou en gravillon, tremble de toute sa carcasse et soulève autant de poussière qu'un troupeau de bisons dans les plaines arides du far west. J'ai quand même la face de la terrible Estheyer en tête, comme une persistance rétinienne, qui me somme de ralentir et de lui rendre son auto dans un état impeccable.

Le jeune auto-stoppeur se hâte de nous dire qu'il est arrivé, ce dont je doute puisqu'il n'y a pas grand-chose alentour. Il sort, vomi dans les buissons et nous continuons notre route vers Pucón.


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