Egoportrait ou l'expression imagée du narcissisme

Lors de mon dernier voyage aux confins du monde, j'ai été frappé par la profusion de personnes ayant un gros problème de sociabilité.
La disponibilité du Wi-Fi dans plus en plus de pays, notamment la Thaïlande, et sa vitesse de connexion ont rendus les gens complètement dépendants de cette technologie individualiste.
Je suis très heureux de profiter d’une bonne connexion pour poster mes articles, chercher des renseignements ou donner des nouvelles à mes proches, mais je me considère comme un utilisateur raisonnable, capable de m’en passer lorsque ce n’est pas nécessaire.
J’avais été choqué par nombre de couples, de familles ou d’amis qui ne partageaient plus une seule seconde de leur soirée si ce n’est le nez collé à leur petit écran.

Cette année, la palme est revenue au selfie, que l’on appelle au Québec, égoportrait. Une épidémie de nombrilisme qui touche particulièrement les jeunes asiatiques. D’ailleurs, les grandes marques de téléphones ou de fournisseurs ne s’y sont pas trompé et en font largement leur publicité.


Qu'est-ce que les médias sociaux ont fait à nos cerveaux ?
Il fut un temps où les gens allaient en vacances, à un concert ou partageaient un repas avec des amis et profitaient tout simplement du moment présent. 
Maintenant, ils passent la moitié du temps à se photographier afin qu'ils puissent montrer à tout le monde qu'ils étaient là, pour ensuite avoir une conversation électronique avec leurs amis absents à ce sujet sur facebook. 


La dernière abominable invention à cette pandémie de narcissisme est le "selfie-stick". 
Le fonctionnement en est simple : vous placez votre téléphone ou votre appareil photo à l'extrémité d'un long bâton télescopique, forcez tout le monde autour à se déplacer hors du champ afin que vous puissiez prendre une photo de vous-même avec un paysage totalement vierge en arrière-plan. 
Est-ce que vos amis pensent que vous êtes un menteur ? 
Vont-ils vous soupçonner de complètement inventer vos vacances si vous ne placez pas vos faces grimaçantes devant chaque paysage que vous photographiez ?

Pensez-vous vraiment que la splendeur d'un coucher de soleil ou d'un paysage sera améliorée par la juxtaposition de votre sourire, aussi rayonnant soit-il ? 
Est-ce que Michel-Ange a laissé un petit espace sur le plafond de la Chapelle Sixtine pour que les générations futures puissent y coller leurs têtes quand ils la photographieraient ? 

Les destinations de vacances sont de plus en plus en proie à ces objets d'auto-obsession. J’ai vu des gens se mettre en danger pour tenter un cliché probablement flou.
Conduire un scooter d’une main pendant que l’autre manipule un selfie-stick et tenter de trouver le meilleur angle. Se pencher au-delà du raisonnable par-dessus une rambarde qui les protègent d'une chute mortelle, comme cette pauvre dame belge, morte bouillie en octobre 2015. Elle voulait prendre un selfie devant un geyser au Chili, a franchi la rambarde de sécurité et ... plouf.

Et ensuite ? 
Est-ce que les preneurs de selfies rentrent chez eux et regardent leurs photos tout en prenant des photos d'eux-mêmes en train de regarder les photos ? 

Que dire de ce beau coucher de soleil ? Celui que vous allez oublier d'admirer dans la frénésie de réussir un selfie. 
Ne serait-il préférable de se prélasser dans la chaleur et vous émerveiller devant la lueur déclinante du disque céleste tandis qu’il se glisse dans l'océan, illuminant le ciel, la terre et la mer dans un kaléidoscope de couleurs en constante évolution ? 

Regardez autour de vous, il y a le monde.


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