
En fait, on peut en avoir autant qu'on veut, et tout ça se termine avec des tranches de pastèque et de papaye. J'adore la papaye !
Nous avons réservé un scooter à l'hôtel et prenons rapidement la route, enduits de crème solaire et de nos casquettes. La journée promet d'être égale à toutes les autres : chaleureuse.
Suivant les indications un peu brouillonnes de notre plan reçu au Galaxy, nous nous dirigeons vers l'est où nous espérons retrouver la grotte de Kaw Ka Thaung, mais surtout sa fameuse piscine naturelle.
Cette fois-ci, c'est décidé, je veux m'y baigner.
Finalement, ce n'est pas très compliqué de s'orienter, il n'y a pas tant de routes où nous pourrions nous perdre. Sur la carte, les noms des sites sont aussi inscrits en birman, ça facilite les échanges avec les locaux.
D'ailleurs, ici tout le monde connaît ces endroits, on ne risque pas de se perdre.
Après quelques hésitations, nous trouvons le site où aucun touriste n'est encore arrivé. Seuls quelques locaux trempent dans l'eau.
J'essaye de trouver l'entrée de la grotte submergée dont on parle dans les guides, mais j'ai beau faire le tour et fouiller sous chaque caillou, je ne trouve vraiment rien.
Dans le silence de la campagne, nous entendons des voix sur la terrasse voisine et nous rendons compte que ce sont Pascale et Jacques, le couple de Français que nous avions rencontré à Nyaung Shwe et retrouvé à Bago.
Nous les rejoignons pour discuter un peu. Ils sont descendus directement à Mawlamyine, mais trouvant l'endroit sans grand intérêt, ils en sont vite repartis. Eux aussi font le tour des sites, juchés sur un scooter et découvrent en trois jours les quelques grottes qui font la beauté de Hpa An.
Ils nous parlent de leur programme de visite, et je leur conseille la fameuse grotte des chauves-souris pour clore leur journée. Nul doute que nous allons nous recroiser.
De plus, ça amuse beaucoup les Birmans de voir de pâles occidentaux se baigner en maillot de bain. Ici, même les hommes restent habillés pour se tremper.
Par contre j'ai quand même conservé mon short, le petit maillot échancré ça va bien sur une plage thaïlandaise, mais je me suis gardé une petite gêne.
Au bout, nous tournons à droite et retrouvons Pascale et Jacques qui étaient partis un peu avant nous. Nous allons retraverser les rizières vers la route principale, mais cette fois-ci, le pont est un simple ruban de béton posé sur des piles de briques.
C'est très étroit, la seule option est de ne pas tomber. Même si ce n'est pas très haut, il sera quasiment impossible de sortir le scooter des rizières inondées et vaseuses.
Il faut conserver une bonne vitesse pour rester stable.
Bon, on est partis et comme je ne compte pas finir cette journée dans les boues polluées des marais rizicoles, je continue donc sur ma lancée. Finalement tout se passe bien, nous arrivons sains et saufs au bout de ces longs mètres très étroits, et un peu angoissants. Pascale est essoufflée d'avoir tant couru, j'ai un tout petit peu honte de moi…
Il n'y a ici rien de spécial si ce n'est une très belle vue sur la plaine en contrebas. Et puis il y a un peu d'ombre…
Le petit garçon qui aide au service est complètement perdu. La langue est un gros frein à la communication, peu de gens parlent correctement anglais, et certains touristes ont des questions qui dépassent la compréhension.
Quand on voyage, et que la communication verbale est un handicap, il faut rester basique dans ses demandes. Pour manger rapidement et sans complication, il vaut mieux apprendre un ou deux plats qu'on aime et qui sont faciles à faire dans n'importe quelle gargote. Le riz frit est LE grand classique de tout voyage en Asie. Après il faut savoir comment le prononcer…
Les bassins sont occupés par plein de jeunes, principalement des garçons, et l'ambiance est très festive. Au milieu du tumulte, quelques femmes font un brin de lessive. Autant profiter de cette eau claire, habituellement ça se passe dans des rus relativement glauques.
Le monsieur démarre le moteur pétaradant de sa presse et introduit le bout de bois qui regorge de vesou. Ben oui, c'est comme ça qu'on appelle le jus de la canne.
Il filtre ensuite le jus à travers un tissu fin pour en retirer les impuretés avant de remplir des verres presque propres.
Sa femme sort un gros morceau de glace d'une boite en polystyrène et, en quelques coups de masse en extrait de gros glaçons qu'elle ajoute dans le verre. Allez, je suis certain que c'est de la bonne eau qu'ils utilisent pour fabriquer cette glace. Hein ?
C'est vraiment bon, et plein de bonnes oligo-choses pour notre anatomie. Reste à savoir si la glace est comestible.
D'ailleurs, nous croiserons souvent des espèces de disco-mobiles complètement improbables. Sur un tout petit tracteur, format tondeuse à pelouse, un jeune est perché sur une montagne de hauts-parleurs.
La route traverse de grandes rizières dont le vert tendre est un pansement pour la rétine.
Tout est calme et serein, seuls quelques épouvantails volent au vent.
L'approche de cette grotte est toujours aussi majestueuse. En fait non, elle l'est encore plus.
Tranquillement, l'après-midi tire à sa fin. Cette dernière journée à Hpa An est une pure réussite et nous regrettons presque de partir ailleurs. Mais le voyage continue et nous avons encore quelques petites choses à voir avant de quitter ce magnifique pays. Nous nous arrachons à notre rêverie pour nous diriger vers la grotte des chauves-souris.
Mais il est encore un peu tôt pour faire le pied de grue devant l'ouverture nauséabonde de leur refuge. Et, comme ce voyage est extrêmement bien organisé, nous tombons sur une grande pancarte barrée d'un grand Thai Village.
Au bout du chemin en terre, quelques huttes en bambou recouvertes de feuilles de cocotier n'attendent que notre passage.
Une petite fille s'amuse à se faire peur en nous regardant. C'est très drôle, et ses frères en profitent pour se moquer d'elle. Un petit peu.
La discussion s'oriente sur le passé du pays. En fait de passé, on parle d'avant-hier, lorsque les militaires avaient la mainmise sur la vie de tous les citoyens.
Il nous explique que la communication était impossible. Même entre eux, les Birmans ne pouvaient pas avoir de nouvelles. Les téléphones étaient hors de prix et les cellulaires inexistants.
De toute façon, le moindre allusion litigieuse ou une discussion politique était quasi immédiatement sanctionnée par la visite de la police. Et je ne suis pas certain que c'était de simples visites de courtoisie.
Nous leur souhaitons tout le bonheur auquel ils aspirent, et quittons ce charmant monsieur, qui visiblement a fait un effort pour parler aussi librement. Ce n'est pas parce que ça va un peu mieux depuis un ou deux ans, que le passé tumultueux s'oublie aussi rapidement.
À peine installés sous le premier stupa, un peu en contrebas de la sombre ouverture qui pue toujours autant, les touristes commencent à arriver.
Ensuite, elle nous jette des feuilles d'une branche en dansant sur un pied et tente de nous faire lécher les contacts d'une vieille batterie de voiture. Devant notre désintérêt poli, mais ferme, elle finit par jeter le gros bout de plastique plein de produits chimiques dans la forêt et s'en va en rigolant, vers d'autres aventures et insectes à écraser.
Mais en attendant, c'est de nouveau le festival du Chiroptère en folie !
Je rassure nos voisins francophones en leur disant que malgré leur impression, ce n'est qu'une pause, et que les autres millions de bestioles vont suivre sous peu. Les rapaces veillent patiemment dans le bleu du ciel, le repas sera bientôt servi.
Après les agapes des uns et des autres, nous prenons la route du retour vers Hpa An.
La route qui longe la rivière et passe entre les rizières est à présent plongée dans l'obscurité. Et ce ne sera le petit phare timide de ma mob' qui va m'aider à y voir plus clair. Pour ajouter un peu de difficulté à l'épreuve, tous les insectes de la Création se sont donnés rendez-vous. Impossible de garder les yeux ouverts, je dois naviguer à l'estime en restant concentré le plus possible sur cette route, où tout le monde a décidé de rouler comme des fous.
Heureusement, je traîne plusieurs années de pratique de deux-roues et arriverais à nous ramener sains et saufs à destination.
Plus tard en soirée nous allons chercher Pascale et Jacques avec qui nous partageons un dernier repas au San Ma Tau Myanmar où l'on sert d'excellents currys, toujours accompagnés de sauces plus ou moins identifiables au goût très prononcé et au parfum de vieille crevette un peu pourrie.
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