Vendredi 19 février – Golden Rock'n roll !

Nous quittons le Galaxy en remerciant infiniment notre charmante hôtesse de son accueil formidable et du bon temps que nous avons passé à Hpa An. 
Un taxi affrété par ses soins nous emmène au bureau de la compagnie de bus qui doit nous conduire à Kyaikhtiyo, ville carrefour pour monter à Kinpun où se trouvent notre hôtel et le Rocher d'or. 

Le bus de 9h arrive à 9h30, jusque-là c'est normal. 
Nous jetons nos sacs dans la soute et montons trouver nos places. Le sol est entièrement recouvert de boites de canettes, ce qui ne laisse pas de place pour allonger les jambes. 
Un bus birman c'est déjà pas super confo... 

Nous nous arrêtons toutes les 3 minutes pour embarquer des passagers, il nous faudra presque 1 heure pour atteindre le pont à 10 minutes de la ville. 
Dans les hauts-parleurs, les prières bouddhistes lancinantes sont hurlées par un moine monotone. Après, nous aurons droit à quelques clips qui finissent toujours de façon dramatique, et l'olive dans le martini, un show d'humour, je crois, interprété par 10 jeunes hommes qui passent leur temps à s'arracher le micro, se taper sur la tête avec des plats en aluminium, se pousser et faire rire le public et les passagers. Enfin, les passagers locaux.

J'ai envie d'arracher mes jambes, je ne trouve plus de position acceptable, mon sac à dos plein d’électronique pèse sur mes cuisses. Je fais une tentative de méditation, mais les coups de klaxon rageurs du chauffeur me tirent régulièrement de ma contemplation.
Finalement, nous arrivons à destination à 12h30, surpris que ce soit déjà là, bonne surprise ! 

Nous négocions rapidement un taxi trop cher, mais exclusif, sinon il aurait fallu trouver les mini-bus qui font la liaison pour 500 K et qui ne partent qu'une fois pleins de passagers. 

À Kinpun, l'hôtel Bawga Theiddhi que j'ai pris la peine d'appeler il y a deux jours n'a pas ma réservation, il n'y a plus de chambres disponibles sinon à 55$ (oui, US). 
J'insiste, demande à voir le registre où peut être mon nom est mal écrit, mais la jeune fille confirme que je n'existe pas... 
Après moult tergiversations, coups de fil à un monsieur qui ne parle pas plus anglais, j'arrive à obtenir une chambre à 40$ (55 au début), mais sans salle de bains, sinon partagée sur le palier. 
Bon, au moins c'est propre, et la chambre est immense, mais donne sur la place centrale qui ne dormira jamais. 

Nous partons acheter le billet de bus vers Yangon pour le lendemain. 
Plus de place avant midi, dit le monsieur bougon en train de chiquer. Son jeune qui parle anglais, trouve deux places sur le bus de 10 heures, c'est réglé. 

Il est temps de monter à ce fameux Rocher d'or. Nous suivons les pèlerins et allons au grand hangar à côté de l'hôtel. Montons dans l'un de ces énormes camions où il reste deux places libres, poussés par des jeunes hommes aux yeux hallucinés. Maudit bétel ! 

Nous sommes une quarantaine, entassés à 6 ou 7 sur une petite banquette, semi-assis, avec l'impression d'être sur un manège, les genoux coincés dans la barre de métal du siège de devant. Chouette. 

Le camion part, et s'arrête 20 mètres plus loin pour 10 minutes. 

Enfin, nous attaquons la montagne. C'est sympa finalement, nous sommes à l'air libre, je lève les bras au ciel et hurle à chaque virage. 
Autour de nous, c'est la consternation, tout le monde nous regarde. Je baisse les bras et fais comme les autres, des oh et des ah plus retenus. 

Premier arrêt, un homme monte sur le camion, avec un gros bol d'offrandes en argent pour récolter des dons. Il explique à tout le monde que c'est pour le bien de la communauté, que la réfection de la route à coûté plus cher que prévu, qu'il faut refaire les peintures des temples, et que ses enfants aimeraient partir à Disneyland aux prochaines vacances. 
Tout le monde s'en tape, personne ne le regarde et nous repartons. 

Jusqu'au prochain arrêt où un monsieur monte sur le camion, avec un gros bol d'offrandes en argent pour récolter des dons, etc. 

Quelques virages serrés, descentes à fond pour attaquer la prochaine côte, et nous nous arrêtons devant une boutique/bar/boui-boui. 
Un monsieur monte sur le camion avec un bol d'offrande en argent… 
Une grosse dame vend des boissons hors de prix sans succès. Le chauffeur éteint le moteur, quitte son volant et part s'installer à une table pour siroter une boisson fraîche en fumant quelques cigarettes. 
Il fait très chaud, personne ne bronche. Je finis par me lever pour soulager mes genoux mis à rude épreuve depuis ce matin. 

Vingt minutes plus tard, le chauffeur claque sa portière et nous repartons. Jusqu'au prochain arrêt, où un monsieur monte sur le camion avec un bol… C'est une .stie de mauvaise blague cette promenade ! 

Ah, maintenant, on s'arrête pour que l'assistant comptable du chauffeur puisse récolter les sommes dues par les passagers, 2 500 K par personne pour ce voyage. 

Enfin, nous attaquons la vraie montagne, le paysage forestier est très beau, le vent fait voler les casquettes et assèche nos t-shirts trempés de tant d'attentes. À chaque virage, j'écrase un peu plus la dame à côté de moi. Elle n'avait qu'à me laisser la place sur le bord au lieu de sortir pour me faire entrer au milieu. 

Et voilà, après 1 heure de route, mais surtout d'attentes, nous arrivons à destination. Il nous faut maintenant marcher quelques centaines de mètres jusqu'au poste de péage réservé aux touristes seulement, où nous nous acquittons de la dîme de 6 000 K exigée, en échange d'un badge en papier suspendu à un joli ruban bleu, et une carte imprimée du fameux rocher. 

Des porteurs, chargés comme des mules, nous dépassent en trottinant, d'autres, croulent sous le poids de leur chaise à porteurs. De riches Chinois sont confortablement perchés sur leurs épaules et font des signes de la main comme notre bonne Reine. Beurk. 

L'histoire : il y a 2484 ans, en janvier, Nathalie et Nathan, surnommés les deux Nats, étaient un peu désœuvrés. Leur statut d'esprits sacrés dans le culte bouddhiste avait beau les placer sur un piédestal, il n'en demeurait pas moins que le temps leur était long. 
Alors, ils choisirent un beau gros caillou et un bouquet d'églantines, se les glissèrent sous le bras et partirent siffler en haut de la colline. 
Mais, le rocher de 6 mètres de diamètre est instable. Alors, Nat a une idée et s'en va chercher un cheveu du Patron. 
Il est d'ailleurs étonnant de trouver autant de cheveux du Saint Homme un peu partout sur les sites sacrés alors qu'il avait le crâne rasé. 
Le cheveu fut placé sous le rocher qui, depuis ce jour, ne bougea plus d'un poil. Il devint l'un des principaux lieux de culte pour les bouddhistes birmans. 

Enfin le voilà, le fameux Rocher. Enfin, ce que l'on en devine… 
Le département "peintures et réfection" a décidé que c'était aujourd'hui qu'il allait installer un grand échafaudage en bambou tout autour du gros caillou. 

La LEM nous poursuit depuis ce matin, c'est donc la suite logique. Un peu comme la loi de Murphy, ''Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal'', la Loi de l'Emmerdement Maximum est juste la suite d'un tas de petits problèmes qui donne un mauvais goût à une journée. 

Donc, le Rocher est ceint de bambous, mais ça lui donne aussi un petit cachet que peu de gens auront la chance d'admirer. Nous en faisons le tour, prenons quelques photos, nous étonnons encore une fois des nombreuses interdictions faites aux femmes et visitons le reste du site. 

Beaucoup de pèlerins se pressent autour du roc sacré. Ils y appliquent des feuilles d'or et se recueillent avec beaucoup de ferveur. Tout autour, les ouvriers s,activent et montent une structure incroyable en bambou. Ça n'a pas l'air comme ça, mais c'est sacrément solide. Enfin j'espère, il y a des gens suspendus au-dessus du vide.

La vue est sublime sur les montagnes alentours, nous culminons à 1200 mètres d'altitude et le soleil commence doucement à décliner. 

Nous repartons vers les camions, le dernier bus pour les étrangers est à 18 heures, je ne sais pas pourquoi nous avons droit à un traitement de faveur. 

Nous montons dans le camion qui commence à se remplir, je m’approprie d'autorité une place au fond et sur le côté, et personne ne trouve à y redire. Sûrement que mon non-verbal est hurlant.

Et là… Nous attendons. Le camion est plein, les places à côté du chauffeur sont occupées, mais nous attendons. Au bout de 20 minutes, c'est enfin le départ, le soleil frôle les cimes des montagnes. 
La descente est rapide, très rapide même, mais à mi-parcours, c'est le même cirque. Nous nous arrêtons pour que l'assistant grimpe et récolte encore une fois 2 500 K par personne. 
Là par contre il semblerait que les locaux ne payent pas du tout la même somme que nous. Qu'importe, finalement, il ne s'agit que de 2,50$. 

Les questions que nous nous sommes posées : 

  • Pourquoi ne pas vendre des billets à coupons détachables pour l'aller et le retour dans un kiosque au départ du village ? 
  • Pourquoi le camion doit-il s'arrêter deux fois à chaque voyage pour verser une somme à des péages ? 
  • Pourquoi passer de longues minutes à attendre pendant que le chauffeur grille son mégot ? 
  • Pourquoi ne pas partir quand le camion est plein ? 
  • Pourquoi, pourquoi… Mystère birman. 
En tout cas, c'est mal organisé en s'il vous plaît ! 

N'ayant plus beaucoup de forces physiques et mentales à perdre ce soir, nous remontons dans notre chambre, allons prendre une douche et finirons par être les seuls clients dans la salle à manger. Bizarre pour un hôtel dont toutes les chambres sont occupées… 

Conclusion de cette journée : si j'avais su comment se passerait cette escapade au Rocher d'or, nous serions restés une journée de plus à Hpa An et partis directement à Yangon.

Clique donc !

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