Vendredi 22 janvier – 190 km, de Chiang Dao au Cave Lodge

Rim Doi resort
Le réveil se fait tout en douceur dans cet endroit calme et loin de la route. 
Hier, il y a eu une soirée karaoké. Les gens qui me connaissent savent à quel point je suis féru de cette activité qui consiste à laisser chanter des gens qui n'ont absolument aucun talent. Mais la salle est loin de notre chalet en bois rond et les braiments des talentueux artistes en herbe n'ont pas réussi à transpercer la muraille d'arbres qui nous isolent de ces lieux de festoiements. 

Il est 10 heures, grand temps d'enfourcher nos montures et de rouler plein ouest en direction de Pai. 
Il n'y a que 190 kilomètres à franchir, mais ce sont principalement des kilomètres de montagne. L'optimiste Google Map prévoit environ 4h30, le réaliste Google Moi en prévoit 2 de plus. 

En tout cas, la route est magnifique, c'est un vrai boulevard ,propre et lisse comme un tapis de billard. 
Ensuite, la montagne et les travaux de voirie s'invitent devant nos roues. Par endroit, le revêtement a été entièrement arraché pour tout reconstruire. 
Ce sont alors quelques kilomètres de chemin pierreux et poussiéreux que nous devons franchir. Il m'est facile de doubler rapidement une série de camions ou de mini-bus remplis de touristes. 
Un lacet très serré et je coupe le virage pour voir disparaître 2 ou 3 véhicules dans mes rétroviseurs. Une montée abrupte, un petit tour de poignée et me voilà déjà en train de négocier la descente. 
Entre Pai et Soppong
Un vrai plaisir de motard, cette route-là. Du plaisir, mais fatigant, on ne peut jamais relâcher son attention, surveiller sans arrêt la route loin devant et à 30 cm de la roue. 
Ne pas lâcher les rétroviseurs au cas où un pick-up plus malin que tout le monde déboule sans crier gare. Se lever pour amortir les chocs des trous, ne pas oublier que j'ai un passager et un sac accrochés derrière moi. 

Anticiper le plus possible tout ce qui risque et va arriver, et se rappeler que nous n'avons que deux roues, pas de carrosserie autour, pas de bottes ni de gant. Ne pas chuter. 

Le paysage, quand j'ai quelques secondes pour l'admirer, est superbe. La vue dégagée sur la vallée et les montagnes perdues dans la brume de cette fin de journée sont un spectacle impossible à vivre en voiture. Perché sur ma selle, je profite de tout ça en anticipant le prochain virage. Tout un boulot. 

Pont Ta-Pai
Enfin, après quelques pauses, nous arrivons à Pai où il est temps de se mettre un peu de nourriture sous la dent, et surtout dans les réservoirs qui commençaient sérieusement à être à sec. 
Pai est un gros bourg joliment situé dans une très belle vallée. C'est le rendez-vous des grattouilleux de guitare, des baba-cools rastacoiffés, des survivants de voyage en Inde qui veulent poursuivre leur méditation. 
C'est aussi un point de départ pour pas mal de belles randonnées, mais pour nous c'est juste une étape avant la destination finale du jour. 

La route reprend son long déroulement de virages, travaux et belles courbes dans la montagne jusqu'à Soppong, puis, les derniers 8 kilomètres pour arriver au Cave Lodge
Radeau en bambou
sur la rivière Pai
Cette route, je l'avais fait à pied en 2002, parce que je n'avais ni moto, ni aucune ide de ce que je faisais là, et un sac bien trop gros et trop lourd. 

Voilà, nous y sommes. Il nous aura fallu 6 longues heures pour venir à bout de ce petit kilométrage, six heures intenses. 
Certains viennent de Chiang Mai sur des scooters 125cc, bon courage ! 

Une jeune fille nous reçoit et nous montre nos bungalows. Devant la mine déconfite et l'échange verbal qu'elle ne comprend pas, mais qu'il est difficile de ne pas analyser, elle va chercher une autre clé et nous montre un bungalow plus grand, plus confortable et plus joli pour le même prix. 

Cet endroit n'a pas changé depuis 14 ans. La salle commune où est allumé un feu le soir est entièrement construite en teck et bambou. Les bungalows suspendus dans la pente abrupte au-dessus de la rivière sont simples et très calmes. 

Nous resterons ici deux jours, histoire de récupérer un peu, de visiter les environs et, cela permettra à Robin d'avoir moins de route pour revenir à Chiang Mai le 24 au matin. 

Le soir, je rencontre John Spies, le propriétaire de cet établissement qu'il a construit il y a un peu plus de 30 ans. Lui non plus n'a pas changé depuis notre dernière visite en 2006. 
Cet Australien est venu un jour se balader dans le coin, et, par chance, a fait des milliers de photos des habitants de la région. 
Ethnies des montagnes vivant en autarcie, Karen, Lahu rouge, Lahu noir, et autres tribus lui doivent une mémoire photographique et de nombreux témoignages écrits sur leurs rites et traditions. 

https://500px.com/john13
Il a également découvert la quasi-totalité des grottes dont les montagnes de ce grand nord perdu sont truffées. C'est d'ailleurs l'une des activités phare du Cave Lodge, les randonnées et la spéléologie amateur dans les grottes du coin. 

Mais là, il est temps de relaxer, prendre quelques nouvelles de Koh Lanta et laisser passer les dernières six heures.

Les bungalows du Cave Lodge
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