Samedi 23 janvier – Cave Lodge - Village Karen, sauna et spéléo

Mais quelle nuit ! 
Aucun bruit n'est venu déranger mes rêves de supermotard. Seul, au petit matin, des oiseaux se sont dits qu'il était temps de pousser quelques trilles vers le soleil. 

La brume de la rivière se dissipe doucement au fur et à mesure de la montée du soleil, nous aurons une très belle journée. 

Avec quelques renseignements de John et sa carte dessinée à la main, nous partons rencontrer les Lahu rouges qui vivent dans un village à quelques petits kilomètres d'ici. 
Il précise que la route est quelque peu défoncée, mais que ça devrait bien aller. 

Le temps est magnifique, rouler à travers collines et champs est un bonheur. Les gens croisés, nous font des signes de la main et des zygomatiques, doux peuple des montagnes, affable et pas encore contaminé par le tourisme de masse. 

Il avait dit un peu défoncé, mais en fait, la route est complètement en petits morceaux. Les descentes vertigineuses suivent des montées très raides. Heureusement, les motos sont dotées de freins ABS. 
On apprécie cette technologie lorsque la route se transforme en poussière de roche et que, les freins sont serrés au maximum. De peine et de misère, nous arrivons au village. Quelques enfants nous font des sourires, tous sont impressionnés par la grosse moto. 

Dans une cour, un chiot vit au milieu des porcelets, mais maman truie n'aime pas bien se faire téter par un chien. Un coq se pâme sur un rebord de fenêtre, une bande de copains nous fait une haie d'honneur pour notre départ. Une vie de village.

Mais, la Forza a trouvé ses limites. Bon scooter de ville et de route en bon état, ses plastiques vibrent et menacent de se désolidariser du cadre. 
Ce chemin est de trop pour elle et son pilote préfère ramener un véhicule entier à Chiang Mai. Il décide donc de prendre son après-midi pour se reposer. 

Après le repas, nous partons vers ce village Karen qui n'attend que la visite de quelques touristes perdus pour exposer ses œuvres. 
Spécialisées dans le tissage, les femmes du village nous entendent arriver de loin. Nous garons la moto et faisons rapidement le tour du bourg avant de nous retrouver au magasin général pour acheter une bouteille d'eau. 

La commerçante et sa jolie petite fillette posent pour quelques photos en souvenir de notre passage. Photos que je m'empresserais de faire développer à Chiang Mai et d'envoyer au Cave Lodge qui leur transmettra. 

Comme par enchantement, sur le perron de l'épicerie, un mini-marché des artisans vient de s'ouvrir. Quatre dames y exposent leurs dernières créations en espérant que certaines trouveront grâce à nos yeux. En fait, nous aimerions tout acheter ! 
C'est vraiment beau, c'est un travail minutieux et de belle facture, les couleurs sont ... argh, retenez-moi quelqu'un. Nous jetterons notre dévolu sur deux pièces qui nous attirent un peu plus que les autres, remercions toutes ces belles artisanes et rentrons à notre chambre. 

Le Lodge propose un sauna traditionnel aux herbes médicinales. J'ai donc réservé une séance pour cet après-midi. Il faut environ une heure à la demoiselle pour allumer son feu de bois sous la bouilloire, et pour que l'eau atteigne la bonne température afin d'envahir la toute petite pièce où nous allons suer. 
À l'heure dite, nous nous enfermons dans la moiteur brûlante de ce petit hammam et inspirons profondément les exhalaisons parfumées. Entrecoupée de douches froides, la séance dure environ 45 minutes, c'est assez pour nous sentir ragaillardis et prêts à finir la journée par la visite de la fameuse grotte Tham Lod.

Des guides nous attendent, avec des fanaux à pétrole, puis elles nous emmènent à l'entrée de la grotte dans laquelle passe la rivière. 
La dame pompe sa machine infernale avant d'y mettre le feu. Une lumière puissante et aveuglante nous sera fort utile dans ce dédale obscur et odorant. 

En attendant, nous embarquons sur un petit radeau en bambou, et nous laissons porter par le courant jusqu'au pied du premier grand escalier en bois. 

De formes animales plus ou moins ressemblantes, en stalactites et stalagmites géantes, de colonnes blafardes en tuyaux d'orgue colorés, nous parcourons le dédale de la partie supérieure. 
Un restant de peinture ocre d'une époque très lointaine, ombrage vaguement un bout de roc. Il faut l'expérience de notre douairière, et beaucoup d'imagination, pour y deviner un chevreuil
Nous redescendons vers le radeau. La guide éclaire les reflets noirs de la rivière et y jette quelques poignées de granules. Des centaines de poissons viennent troubler le miroir liquide, on distingue en dessous d'immenses poissons-chats qui mesurent plus d'un mètre. Leurs longues moustaches vibrent dans le courant, je ne veux pas tomber à l'eau. 

Nouvel arrêt pour nous permettre de grimper un escalier très raide et recouvert de déjections. L'odeur ne laisse aucun doute, nous sommes dans le dortoir des chauves souris. 
Des centaines de milliers de ces petites bestioles noires viennent faire leurs cacas au-dessus de nos têtes et y passent la journée à glander, en attendant que le soleil finisse enfin par laisser la place à la pénombre. 

Dans des recoins de cette grotte, il reste des vestiges de sarcophages en teck, datés de plusieurs milliers d'années. Étonnants témoignages d'une vie à l'abri de ces grottes qui ne finissent pas de nous subjuguer. 

Le retour se fera à contre-courant. Le gondolier force sur sa perche en bambou, la guide jette ses dernières granules dans le grouillement liquide, et nous retrouvons l'air libre. 


Nous prenons le chemin pour retourner de l'autre côté de la montagne, vers la sortie de la grotte où le batelier a fait demi-tour. Le soir, lorsque les longues ombres des immenses arbres s'étirent à l'infini, 2 à 300 000 hirondelles se rassemblent en gigantesques nuages noirs. 

Les oiseaux forment des masses semblables à d'immenses bancs de poissons, tournoient dans le ciel et d'un coup, s'engouffrent dans la grotte. Le spectacle est hypnotisant, il faut juste penser à ne pas être directement sous la trajectoire de quelques milliers de fientes qui tombent du ciel comme des flocons de neige lors d'une tempête. 
Les oiseaux ayant tous trouvé leurs nids, ce sont les centaines de milliers de chauves-souris qui prennent le relais dans le ciel. 

Une journée bien remplie se termine devant une belle table, le feu crépite au milieu de la salle commune, c'est comme une soirée au chalet.

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