Mercredi 20 janvier – 66 km, de Chiang Rai à Chiang Saen

- Temple blanc et tipis amérindiens - 

Bon, si les super levures de monsieur Boulard sont efficaces, études scientifiques à l'appui, j'ai quand même passé une nuit que l'on peut qualifier de très mauvaise. 
Mais je me sens mieux, et prêt à remonter sur ma selle. 

Nous décidons d'aller visiter le mondialement connu temple blanc. Bien conseillé par notre hôte et suivant son plan, nous partons de bonne heure vers ce lieu hautement couru. 
Au bout de 20 kilomètres, je trouve étonnant de n'avoir pas encore croisé l'ombre de ce fameux temple que nous avions pourtant aperçu hier en arrivant. 
Pourtant, il n'est situé qu'à 13 km de la ville, ça sent l'erreur de navigation… 
Effectivement, nous avons oublié que nous n'étions plus sur la route principale vers Chiang Mai, et sommes partis trop à l'ouest. Heureusement, une dame dans un café me fait un plan pour retrouver mon chemin, et nous voilà dans la bonne direction. 

Le Wat Rong Khun, plus connu sous son petit nom de Temple Blanc, est une monumentale œuvre d'art créée par l'artiste Chalermchai Kositpipat, afin de rendre hommage au roi Rama IX, actuel souverain du royaume. 

Symbolisant la pureté par sa blancheur, l'illumination de Bouddha est représentée par les fragments de miroirs incrustés un peu partout. 
Avant d'accéder au temple, il faut franchir le lac des créatures des enfers. Têtes de mort, mains décharnés et diable couillu peuplent cet espace effrayant malgré la blancheur de l'ensemble. 
En passant le pont, on arrive dans une zone plus sereine, mais les arêtes vives et les pointes, toutes blanches qu'elles soient, restent agressives. 

Dans le temple, gardé par deux cerbères humains surveillant de près l'interdiction de prendre des photos, on entre dans le délire kitchos des temples bouddhistes. 
Pêle-mêle, dans l'immense fresque, on trouve, brassés dans un anachronisme et une liberté totale, des images classiques du bouddhisme, un Spiderman accroché à son fil, Matrix, Batman, Wolverine, les X-men et compagnie. 

Un tremblement de terre en 2014 en retarda les travaux et il menaça d'être totalement détruit par crainte de dommages trop importants. 
Les structures sont finalement intactes, mais l'inauguration de la totalité du site avec ses 9 bâtiments supplémentaires, qui devait avoir lieu en 2008, sera finalement reportée en 2070… Un vrai Gaudi thaï ! 

Le sentiment général est l'admiration d'être sorti des normes et d'avoir conçu quelque chose de totalement nouveau. Le temple blanc est vraiment impressionnant, et reste l'une des attraction principale du coin. 
La visite vaut le coup, elle est gratuite, et seulement à 13 kilomètres au sud de Chiang Rai, quand on ne se trompe pas de route.


En prenant la bonne direction, nous arrivons rapidement à la guesthouse où nous finissons d'empaqueter nos affaires avant d'enfourcher nos motos et continuer vers le nord. 
Sortir de Chiang Rai est beaucoup plus simple, et nous trouvons très rapidement la route #1. 

La distance vers notre prochaine destination est relativement courte et la route en très bon état. Il nous faudra moins d'une heure et demi pour arriver à Chiang Saen, sur les rives du grand fleuve Mékong. 
J'appelle notre hôte, Didier, un Suisse installé depuis de longues années en Thaïlande. Il nous donne rendez-vous devant un 7-Eleven et en moins de 10 minutes, il est là.

Sympathique, il nous souhaite la bienvenue et nous invite à suivre son scooter dopé à l'éthanol en direction de son refuge. 
À quelques kilomètres au nord de la ville, en direction du Triangle d'Or, une pancarte noire indique le Camping du Monde, notre lieu de villégiature pour ce soir. 

Ce sont des tipis d'inspiration amérindienne qui nous serviront de chambre cette nuit. Du camping dans le Triangle d'Or, fallait y penser. 

Didier a acheté et créé un lieu génial. Il a commencé par marier une jolie et sympathique demoiselle du pays, lui a fait deux superbes petites filles et a bâtit un manoir pour abriter tout ce beau monde. Il a ensuite construit le restaurant en charpente métallique, puis, avec son épouse, tatoueuse de talent, s'est mis à l'ouvrage pour accueillir des visiteurs. 

Le Camping du Monde se veut un résumé de quelques lieux d'habitation de notre vieille planète. Il a donc commencé par faire surgir de terre des tipis. Grandes tentes blanches pouvant abriter deux personnes avec l'une des meilleures literies de tout notre voyage. 
Si la journée, il y fait un peu chaud, la nuit y est des plus agréable. 
L'absence de bruits, autres que ceux de la nature ajoute au bonheur de dormir sous une tente. 

Camping du Monde

Une fois ses 6 tipis achevés, il a construit un village africain en bâtissant deux grandes cases en sacs de terre. Il a acheté des milliers de sacs de riz qu'il a rempli de terre rouge de son terrain, puis les a monté en structure solide et stable. 

Il a recouvert le tout d'enduit puis y a apposé de jolies peintures vives. Les épais murs de ces maisons assurent une fraîcheur incroyable, même au cœur de la plus intense des canicules. Un puits de lumière inonde la pièce de la plus petite des habitations, c'est féerique. Il reste encore les travaux de finition et l'aménagement des deux cases avant de pouvoir y accueillir les premières familles. 

Jamais à court de projets, Didier va installer un village mongol avec des yourtes, un village thaï et ses cabanes sur pilotis, sans compter d'autres délires, comme le fameux bidonville. 
Pour les gens qui n'ont même pas les 300B pour se payer un tipi amérindien, il veut proposer la nuit à 20 bahts. 
Quelques tôles chauffées à blanc par le soleil, des cartons pour dormir, des caniveaux avec un circuit fermé d'eau usée, des poules, coq et chiens galeux en liberté, et l'obligation d'avoir bien dormi. 

Nous déposons nos affaires, et retournons en direction de la ville pour manger quelque chose. Une série de petits restaurants sur les berges du Mékong attirent nos estomacs. 
Nous sommes assis face au Laos, les pieds pendant au bout du quai au-dessus de l'un des plus grand fleuve de la planète. 

Après nos agapes, nous reprenons la route en direction du nord et du fameux Triangle d'Or. Ce qui fait de cet endroit quelque chose de fameux n'est ni plus ni moins qu'un point de vue sur les trois pays qui forme ce fameux triangle, haut lieux du trafic d'opium il y a quelques années. 
Sur notre droite s'étend le nord du Laos, en face le Myanmar et derrière nous, la Thaïlande. C'est beau et surtout, il n'y a aucun touriste, le site est donc tout à nous. 

Quelques photos plus tard, nous regagnons la ville pour un tour au marché. Crapauds éviscérés, têtes de cochons recouvertes de peau de tête de cochon, tripes et boyaux, poissons-chats sur glace, plastique tournoyant pour éloigner les mouches voraces, l'odeur nous fait fuir. 

Il est grand temps de regagner nos tipis pour une petite sieste. 
En début de soirée, notre hôte nous invite à découvrir deux sites qu'il aime bien. Nous montons dans son pick-up et partons à la découverte de son jardin presque secret. 
À travers les villages où il connaît tout le monde, nous grimpons dans la montagne. Il s'arrête, échange deux ou trois mots avec les habitants et continue la route. Nous arrivons tout en haut d'une colline dénudée avec une vue sublime sur la campagne environnante. 

N'étaient de ces immenses brûlis que les paysans ont allumés partout dans leurs champs, le regard porterait loin. Mais l'air est saturé de fumées et de brume de chaleur. 

Cela donne au paysage un air très mystérieux et magique. Le soleil se reflète sur les centaines de petites rizières, là-bas tout en bas dans la vallée. 
L'ami de Didier nous offre un verre d'alcool de riz qu'il a lui-même distillé. Il paraît que cela ne rend pas aveugle, et en plus, ce n'est si mauvais que ça. 
Si les lieux étaient en tant soit peu propres et aménagés ça ferait un site absolument génial pour passer une soirée et la nuit. 

Nous repartons vers un lac où le soleil va se coucher dans... très vite. 
Du coup, Didier pèse sur le champignon dans la poussière des chemins. Nous arrivons juste à temps pour voir les derniers rayons rouges se refléter sur les eaux d'un lac artificiel.

Il y a des radeaux partout autour du lac. C'est la nouvelle activité des gens du pays, construire et louer des radeaux en bambous pour les navigateurs romantiques. 
Il nous présente sa pote qui tient un kiosque de bières et radeaux et nous voilà installés sur quelques tiges de bambou. 

De retour au Camping, la soirée se passera en famille, autour d'une table bien garnie et de quelques bières. Deux autres campeurs, les enfants, la femme et la maman de Didier donnent vie à l'endroit. 

Il fait frais, il fera bon dormir sous des couvertures en pleine nature.


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