Samedi 22 février – Galle-Bentota

Il est 6h45, nous accompagnons les filles au coin de la rue pour leur dire au revoir avant leur dernier voyage en direction du nord de Colombo. Demain matin, elles doivent prendre un avion en direction de la France. Nous avons passé 10 jours avec elles et un lien s'est bien évidemment créé. 

Voyager en groupe peut présenter des avantages lorsqu'il s'agit de négocier le prix des chambres ou surmonter les galères inévitables. Passer plusieurs journées ensemble, se raconter nos différentes aventures de vie, échanger des trucs et astuces, avoir le courage de franchir les portes des maisons s'est fait plus facilement en groupe. 

Notre aventure commune de l'ascension de l'Adam's Peak et surtout l'humeur et les caractères compatibles de nos compagnons de route ont fait de notre rencontre une réussite de tous les jours. À notre surprenant et adorable ami coréen Woo, à l'infatigable et curieux Youcef, au serein voyageur Alex, à Fanny ''Dion'' qui a presque surmonté son dégoût des draps douteux et à ma ''fille'' la calme Tiphaine aux yeux bleus, nous tirons notre chapeau et disons un énorme merci pour tous ces échanges géniaux. 
Nous leur souhaitons à toutes et tous d'autres magnifiques voyages, de belles rencontres, et serons heureux de leur faire découvrir notre Belle-Province.  

Sept heures, il est temps de nous dire adieu, et bon voyage. C'est la séquence émotion, alors nous les renvoyons vite fait dans la cohue de la gare routière et retournons à notre chambre. Ça fait bizarre de se retrouver en tête à tête. 

Le Serendepity nous accueille pour notre dernier repas à Galle. Je me gâte avec un hopper aux fruits débordant de mangue, banane et ananas recouverts d'un filet de miel et commande un curd, dont je suis devenu dépendant. 
De l'autre côté de la rue, un marchand de poisson apprête des filets sur une planche posée à même les pavés, tout en offrant les entrailles à un chat qui connaît le truc. 

Un bol carré rempli de quatre grosses cuillerées de curd arrive, accompagné d'un petit pichet de kithul treacle. J'y plonge ma cuillère, la porte à ma bouche et entends une musique céleste.   

En fermant les yeux, je vois très nettement l'image d'un Paradis idéalisé comme sur les images de notre enfance. Un Jésus lumineux et souriant, sexy dans sa robe blanche immaculée nous accueille, les mains tendues. Des brebis sautillent autour de Lui dans un décor de carte postale... Je viens d'offrir un orgasme à mes papilles gustatives ! 
Ce curd est un condensé de ce qui peut se faire de meilleur en matière de...curd. Il est onctueux, frais, fond en bouche comme un nuage de plaisir. Le kithul apporte son sucré d'arbre, comme un très bon sirop d'érable, ce petit-déjeuner est une réussite totale. 
N'importe quelle facture fera l'affaire.  

Le serveur m'explique d'où vient ce curd, je ne comprends rien si ce n'est que c'est un produit spécial, genre qualité supérieure. Suprême. 
Je peux sans hésiter affirmer que le Serendepity offre le meilleur curd de tout le Sri Lanka.  

Il est temps de plier nos affaires et d'aller prendre un bus en direction du nord. La gare de Galle est un point très important de passage, les départs sont nombreux et variés. D'ici partent des bus directement pour Colombo via la toute nouvelle voie rapide, à l'intérieur des terres. Ils mettent en général 1 heure à 1 heure 30 pour rejoindre la capitale. Mais, nous nous arrêtons 65 kilomètres avant la métropole et prenons le bus lent qui longe la côte. 

Pour 85 Rp en une heure et demi, nous sommes à Bentota et cherchons immédiatement une chambre. Une affiche indique le Serena bar, restaurant and hôtel où, après une rapide négociation et un simili-faux départ nous arrivons au prix de 3 500 Rp. Trois nuits plus tard, lors du règlement, plus personne ne se souvient du prix offert et je confirme que nous avions décidé de 3 000. Il n'y a plus de petites économies...  

Cet endroit est sympathique en bord de rivière, qui est en réalité un fleuve et surtout le personnel nous aimera beaucoup plus que leurs clients habituels. Depuis Galle, les stations balnéaires au sud de Colombo sont littéralement envahies par les Russes. Meute touristique vociférante et autoritaire qui exige et ne remercie jamais, ils seront bientôt honnis de tous s'ils n'apprennent pas rapidement les bonnes manières. En fait non, ils sont déjà pas mal détestés, leur simple évocation fait soulever les sourcils et disparaître les sourires des plus endurcis des commerçants Srilankais. Nous constatons par nous-même que leurs manières sont haïssables, je serais personnellement parfaitement incapable de faire le boulot des serveurs qui ont à faire à cette clientèle, que ce soit ici où, comme nous le verrons dans quelques jours, en Thaïlande.  

Nous quittons l'endroit à la recherche d'informations et éventuellement d'une piaule moins chère. En nous perdant dans les chemins du bled, sans plan ni renseignements, nous tombons sur un petit restaurant salvateur. Nous commandons deux riz frits pour moins de 3$. Nous ne nous attendions pas à recevoir deux grands plats de riz aux légumes, qui eurent pu nourrir une famille affamée.  
Rassasiés, nous roulons jusqu'à la plage immense et vide où nous poserons nos corps pour le restant de la journée. Les vagues sont nettement moins imposantes que dans le sud, l'eau est chaude et le sable doux à nos pieds.  

Le gazon parsemé de chaises longues de l'hôtel Avani nous nargue de son opulence, mais la moyenne d'âge et l'attitude des clients nous confortent dans le choix d'un paréo douteux et d'une croûte de sable collée à la peau.  
L'hôtel est magnifique avec son interminable toit en tuiles rouges. Il est l'œuvre du très célèbre et immensément prolifique architecte Srilankais Geoffrey Bawa.  Le gardien regardera ailleurs lorsque nous irons nous rincer à leur très agréable douche après notre baignade.  

Épuisés par une autre superbe journée de voyage, nous regagnons notre hôtel d'où nous ne bougerons plus.

Initiés par Woo au fameux Korean Power

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