Le salut vient du vent que je vais créer moi même en tournant la poignée des gaz pour monter à Saladan, la capitale de l'île.
Je vais y réserver une plongée pour demain et nous allons encore une fois profiter des excellentes brochettes de poulet de cette charmante dame qui tient boutique dans la rue, coincée entre un wok en fusion et deux énormes bonbonnes de propane qui n'attendent qu'une étincelle. Elle nous aime bien car elle glisse deux brochettes de poisson à notre insu dans le sac en plastique. Coquine !
Nous continuons
le chemin de terre et franchissons crânement l'interdiction Hôtel
Guest Only pour profiter de la magnifique langue de
sable qui rejoint une île et nous permettre de vivre l'expérience de
Jésus marchant sur les eaux.
La fournaise qui
nous cerne est difficilement surmontable, il faut trouver un abri
rapidement sous peine de liquéfaction voire d’auto-combustion. Un
restaurant sur pilotis attire notre gourmandise, le plancher en teck
et la vue sur Lanta Noi, sont des invitations suffisantes, mais c'est
la promesse d'un bon repas à l'ombre qui va nous décider.La salade de papaye frite et la salade de bœuf à la citronnelle sont deux excellents choix fraîcheur, le vent qui souffle doucement dans le canal finit par nous détendre, serveuse deux hamacs pour la 12 !
Sur la route du
retour nous visitons un marché. Deux têtes de porc sans corps
accueillent le visiteur dès l'entrée, suivent de près les
variations sans fin des poissons et calmars séchés, les étals de
poissons et mouches fraîches, le stand de débitage de poulets et
mouches, et l'incroyable rayon de tartare de boyaux coupé au
couteau. Et mouches.
On peut
s'étonner du manque de salubrité qui règne en ces lieux et de
l'absence de réfrigération. Les occidentaux nord-américains
aseptisés, pour qui le désinfectant à main est religion et qui
voit dans le bleu du Roquefort une infection pandémique tournent de
l’œil et maudissent ce pays qui ne sait pas vivre. Sauf que le
poulet qu'ils mangent à leur hôtel chic vient certainement d'un
marché comme celui-là.Et puis ces animaux viennent tout juste d'être occis, ils n'ont pas été abattus en masse au Mexique, stockés dans une chambre froide avant de franchir 5000 kilomètres dans un camion, trempés dans un bain de chlore avant d'être emballés, réemballés avec une nouvelle étiquette mensongère avant de finir dans votre frigo. Je serais curieux de connaître le taux de salmonelles des deux produits. Le fait est que durant toutes ces années de bouffe de rue, de viande, poissons et autre victuaille, je n'ai jamais été malade. Ah si, quelques fois à Montréal après un repas au resto dont je tairais le nom puisqu'il existe encore...
Avant de
rejoindre notre plage pour finir la journée, nous sommes attirés
comme des papillons de nuit sur des phares de voiture par une immense
quincaillerie. Les plastiques clinquants, les jouets, les articles de
cuisine, outils, cannes à pêche, tissus, bassines, machettes, et
les centaines d'autres surprises nous émerveillent comme des enfants
devant une vitrine de Noël. Nous ne pourrons pas repartir les mains
vides, à nous les tasses en alu, le nouveau couteau de cuisine et les
tissus qui finiront en nappes et serviettes. Comment ça seulement 12
dollars ? On y retourne.
.
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