Koh Haa |
Je connais très
bien ces différents sites pour les avoir amplement fréquentés il y
a quelques années lorsque j'étais un jeune moniteur bronzé et
chevelu. En fait de bronzage, la combinaison ne permettait qu'aux
mains et au visage d'être halés et de longs cheveux point, mais ce
fut une année riche en rencontres terrestre et sous-marine.
Nous sommes 8 plongeurs à embarquer sur le speed boat de Blue Planet, un club de plongée francophone, qui nous permettra grâce à ses 450 chevaux de nous propulser en 1h30 sur les sites qui normalement sont à 4 heures de navigation.
Première constatation, c'est petit. Très
petit, nous devons nous céder la place pour pouvoir bouger sans nous
marcher dessus. Mikko notre rondouillard Eskimo Finlandais a une
drôle de voix perchée ce qui contraste fortement avec son voisin
Tarik, un Turc exubérant organisateur de fêtes aux lunettes cassées
et qui aimerait organiser nos mariages en nous promettant un
magnifique gâteau aux champignons hallucinogènes. Ambiance...
Un Québécois vient se reposer de son joli bébé, et quatre Français viennent compléter le tableau. Nous sommes accompagnés de trois dive master, avec le capitaine et son matelot le bateau est plein à craquer.
Deuxième constatation, c'est extrêmement bruyant. Les deux moteurs hors-bord hurlent leur puissance dans un immense sillage d'écume. La proue fend les eaux calmes et les tympans sont noyés dans le vacarme surpuissant qui empêche toute discussion. Ce qui n'est pas plus mal puisque notre Finlandais semble avoir passé les dernières semaines sans pouvoir échanger le moindre mot.
Nous doublons
l'île de Koh Haa et la mer commence à s'agiter. N'étant plus
protégée par l'île de Phuket, la mer d'Andaman s'engouffre dans
l'espace laissé libre. Les vagues commencent à faire bouger le
bateau, mais nous arrivons et le temps de prendre le mouillage nous
sommes déjà sous les flots.
Un léger
courant nous force à palmer un peu plus fort pour avancer et il me
manque deux kilos à ma ceinture de plomb pour être parfaitement à
l'aise. Nous ne verrons ni raie-manta, encore moins de
requin-baleine, mais le site est toujours aussi enchanteur. La toute
dernière plongée que j'y avais faite nous avait donné mantas,
requin baleine et j'y ai aussi croisé un banc d'espadons-voilier. La
plongée c'est comme un jeu de hasard, sauf qu'on y gagne toujours
quelque chose...La remontée à bord est héroïque, la mer s'est vraiment levée et la petite échelle en métal gigote sous mes yeux. Il va falloir être rapide et souple pour grimper là-dessus sous peine de se prendre un barreau entre les jambes.
Finalement tout le monde est sain et sauf, et le responsable prend la sage décision de ne pas faire la deuxième plongée ici, mais plutôt de faire route vers Koh Haa.
Le trajet qui
devait prendre trente minute sera beaucoup plus long, les estomacs
fragiles sont mis à rude épreuve et quelques poissons chanceux vont
pouvoir profiter de la générosité de mes compagnons d'infortune.
Il y a deux stades dans le mal de mer, le premier où on a envie de
mourir et le deuxième où on regrette de ne pas être mort.
Enfin nous arrivons à l'abri des îles et nos deux cinétosés reprennent des couleurs et le sourire. Plus de vagues, mais des sites plus ordinaires, aucune chance d'y voir une grosse bestiole. Je croiserais cependant la route d'une tortue gourmande, d'un petit poisson-fantôme, de quelques murènes, ferait un tour dans la cheminée, essayerais de retrouver l'appareil photo perdu de mon Eskimo fondant et regarderais avec amusement le grand Tarik s'étonner de sa surconsommation d'air alors qu'il palme comme un chien fou d'un plongeur à l'autre en brassant ses deux grands bras comme un moulin à vent.
Et ma vidéo en ligne ICI. Filmée avec une GoPro.
Celle d'il y a quelques années se trouve ICI, j'avais alors une vraie caméra et c'était mon gagne-riz...
Je tire mon
masque aux moniteurs et dive-masters qui se tape ce boulot tous les
jours sur un petit speed-boat. Espace confiné, odeur d'essence,
bruit assourdissant, mouvement continuel et clients pas toujours
faciles, sont leur quotidien, tout ça en gardant le sourire et
veiller à la sécurité de chacun...
Ce soir, le
corps balançant du souvenir de la houle nous mangeons au Roi Thai,
un joli restaurant-école qui semble pouvoir combler mes attentes.
L'accueil est sympa, la table aussi et la carte des plus complète.
Nous mangeons très bien, même si l'un ou l'autre serveur est un peu
perdu dans ses commandes, mais ça c'est mon quotidien à Montréal.
Elle ne comprend que son steak/purée ne soit pas plus chaud et demande à en avoir un autre. Sa voisine pas plus accommodante en fait de même, elle veut son steak plus chaud et ça presse ! Outre le fait de commander un steak/purée en Thaïlande qui déjà est une aberration, ils ne savent pas faire cuire un morceau de bœuf, on ne peut décemment être aussi vulgaire dans son non-verbal avec des personnes souriantes et affables.
La table d'à coté est choquée et lève les yeux au ciel, plus aucun serveur ne veut aller les voir, c'est un triste spectacle.
Une jeune dame
qui semble être gérante vient nous voir et nous demande si tout se
passe bien, elle fait le tour des tables et sans être encore au
courant se rapproche dangereusement de la zone noire.
Elle se penche
vers le monsieur et tout sourire lui demande si tout est OK.
Malheur...Du pain béni pour l'outrecuidant vieux schnock qui crache son fiel sur la dame toute surprise de cette réaction excessive.
Elle ne bronche pas, sourire figée aux lèvres, yeux écarquillées de surprise, hochant la tête en signe de compréhension, un parfait exemple de renforcement positif qui a exactement l'effet escompté, à savoir l'énervement complet d'une part et la zénitude de l'autre. J'adore cette madame !
Je viens de découvrir tes talents de cinéastes, et pas n'importe lesquels en plus ! Bravo, ta vidéo est superbe ! Le Roi Thai, je connais aussi pour y avoir été un midi. J'ai adoré l'endroit. Et moi non plus je n'ai pas de patience pour des gens qui ont un tel comportement. Bien dit !
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