Samedi 22 février
Madrid, du Sud au Nord, et d'Est en Ouest
Tout commence avec des prévisions de pluie qui ont fini par disparaître au cours de la nuit.
Un franc soleil brillera toute la journée et de magnifiques nuages viendront décorer le ciel de leurs rondeurs blanches ou de leurs inquiétantes masses noires.
Un régal pour la photo en jouant avec les contrastes d’ombres et de lumières.
Rapidement, nous laissons le Bunker et allons affronter les 7°C qui règnent sur la capitale. Dire qu’hier nous trouvions les Madrilènes frileux, ce matin il n’y a pas grand monde dans les rues, si ce n’est quelques touristes.
Notre quartier multiculturel est largement décoré de fresques rigolotes et de tags pour le moins pourris. Ici la population est composée de boubous africains, de falafels, de madame chic, de yassa, de cappuccino ou de tajines.
Les rues sont abondamment arrosées par les agents de la voirie, qui prennent soin de rediriger les puissants jets d’eau à l’opposé des piétons matinaux.
Sur une chaise, endormi, un rescapé de bar termine une nuit et commence une journée qu’il va trouver longue et compliquée. Des bouteilles et des canettes de bière empilées dans les recoins résument la grosse soirée qui vient de passer.
Nous traversons la Plaza Mayor qui luit sous le soleil. Felipe le desséché trône toujours, des groupes de touristes suivent attentivement les explications de leur guide, là-bas, une voiture-balai ramasse mégots et déchets.
Nous levons les yeux au ciel : au moins ici, il n’y a pas de crottes de chien tous les mètres, ni de roches de lave traîtresses. Les façades des immeubles ont souvent de petits balcons abrités derrière une verrière, et toutes sont agréablement mises en valeur par des couleurs chaudes et une belle architecture.
Nous arrivons au Palais Royal, où la famille royale ne réside plus. On ne dirait pas comme ça, mais cette bâtisse est presque deux fois plus grande que Versailles ou Buckingham Palace. Pas moins de 3 418 pièces pour jouer au cache-cache royal — pas le temps de s’ennuyer pour les infants et infantes.
La très longue file d’attente est presque immédiatement absorbée par les lourdes grilles, lorsque celles-ci ouvrent à 10 heures pétantes.
Pour notre part, nous admirons la vue du haut de la terrasse et distinguons les sommets de la Sierra de Guadarrama surgir de la couche nuageuse.
Madrid est haute sur pattes puisqu’elle culmine à 657 mètres, ce qui en fait la deuxième capitale la plus haute d’Europe.
Face au Palais, la Cathédrale de la Almudena surveille religieusement les badauds. André soupçonne qu’elle ait été bâtie en parpaing, car elle est un peu trop lisse à son goût. Je doute, malgré sa jeunesse (1883–1993), qu’elle ne réponde pas aux canons de l’architecture catholique. Elle est solidement bâtie de granit et a été consacrée par Jean-Paul II.
Nous quittons le parvis de la grande église, ignorons les marchands du temple étalant leurs colifichets ou proposant des mannequins sans tête aux costumes fatigués de toreros, danseuses de flamenco ou autre Pancho Villa pour y prendre des photos pour le moins boboches.
En face des façades du palais, au centre d'une petite pièce d'eau dans laquelle elle se mire, une imposante statue équestre semble vouloir s'envoler.
- L'anecdote mi-espagnole, mi-italienne, mais 100% royale
La statue équestre de Philippe IV, installée au centre de la Plaza de Oriente à Madrid, face au Palais royal, est l’un des monuments les plus emblématiques de la ville. Réalisée au XVIIe siècle par le sculpteur italien Pietro Tacca, disciple de Giambologna, elle représente le roi Philippe IV d’Espagne dans une posture triomphante, monté sur un cheval cabré.Ce qui fait la renommée de cette œuvre, c’est son exploit technique inédit à l’époque : la statue repose uniquement sur les deux pattes arrière du cheval (avec un léger appui sur la queue pour l’équilibre), une prouesse rendue possible grâce aux calculs de Galilée, sollicités pour répartir le poids du bronze sans compromettre la stabilité. Le visage du roi s’inspire d’un portrait peint par Velázquez, peintre de cour à l’époque.Bien que la statue ait été fondue et achevée au XVIIe siècle, elle n’a été installée à Madrid qu’en 1843, au cœur d’un projet de réaménagement urbain autour du Palais royal. Depuis, elle trône au milieu de la place, entourée de jardins et de statues des anciens rois d’Espagne, contribuant à la majesté du quartier royal.
Direction le quartier populaire de Malasaña, où le vrai monde prend place pour je ne sais quel repas de la journée. Ces gens ont un rythme si différent du nôtre qu’à 10h30, je ne sais plus si c’est encore le petit, un moyen, ou un autre déjeuner, si c’est la pause avant ou après le dîner, ou juste un casse-dalle entre deux tapas…
Ce qui est certain, c’est qu’ici il est totalement impossible de mourir de faim : il y a toujours quelque chose d’ouvert.
Tiens, une churreria que nous ne connaissions pas, et où nous sommes les seuls touristes ! Chez Mano Santa, le maître churros officie derrière une vitre, nous protégeant ainsi des vapeurs huilées de sa grosse friteuse. Hop, ni une ni deux : cinq churros, trois porras, une tasse de chocolat chaud et en avant la trempette et la barbe chocolatée.
Sucrés au boutte, nous voilà repartis sur le sentier des découvertes.
Une quarantaine de minutes plus tard, nous arrivons au marché de San Antón. Moins ostentatoire que son cousin San Miguel, il abrite quelques marchands, tandis que des kiosques offrent toutes sortes de tapas, une belle sélection de vins du pays et quelques bières. Produits de la mer, de la terre et des fermes maraîchères, on trouve vraiment de tout ici.
Par contre, il faut littéralement se battre pour avoir droit à une table.
Quant aux tabourets, c’est une cause perdue d’avance.
Finalement, ce marché ressemble à s’y méprendre à tous les marchés tendance que nous voyons pousser ces dernières années. Après la rénovation d’un lieu souvent laissé à l’abandon et dont personne ne sait quoi faire, on le transforme en lieu ultra branché, aux mets recherchés et fins, et aux prix souvent hors contrôle — comme ces huîtres qui semblent délicieuses, mais qui coûtent 4,50 euros chaque !
C’est vraiment génial de redonner ce souffle de vie dans des quartiers qui en avaient grand besoin, mais ce n’est pas exactement ce que nous recherchons en visitant une ville étrangère.
À l’image du célèbre Time Out Market de Lisbonne, qui regroupe ce qui se fait de mieux en matière de table portugaise et qui a été cloné à Montréal, Barcelone, Bahreïn, Boston, Dubaï, Chicago, Cape Town, New York ou Porto, on se retrouve entre expatriés, touristes ou locaux relativement aisés financièrement, parce que ça coûte un petit bras de s’y sustenter.
Nous quittons ce lieu à la mode et, après avoir traversé une grosse manifestation avec musique joyeuse et slogans en tous genres, nous arrivons à la Taberna El Rincón de Jose, où José lui-même nous accueille.
Nous sommes les deux seuls touristes dans ce petit resto de quartier. José nous fait patienter et rabroue gentiment mais fermement les impatients qui tentent de passer devant les autres.
C’est petit comme un mouchoir de poche, on y parle fort, on se donne des tapes sur les épaules. L’ambiance est bruyante, chaleureuse, authentique — et surtout locale.
Cinq minutes plus tard, nous sommes assis au bar, face à la serveuse qui semble avoir autant de bras qu’une pieuvre.
Elle rince les pintes et les verres avant de les remplir de bière mousseuse, dont elle tranche le dessus à l’aide d’une spatule pour en faire correctement l’appoint. En même temps, elle prend les commandes des clients installés en face d’elle, crie les ordres à José, qui virevolte entre les petites tables et garde un œil sur tout.
Celui-ci nous donne la carte, entièrement en espagnol, accompagnée d’une sorte d’album photo sans légende pour ceux qui sont complètement nuls et ne savent même pas se servir d’une application de traduction.
Nos boissons sont accompagnées de délicieuses chips maison, et les tapas arrivent peu de temps après : chorizo grillé sur son délicat lit de frites, tranches fines de morue sur purée de tomate et huile d’olive, et quelques anchois délicatement déposés sur des poivrons confits.
Nous terminerons ces agapes avec un bon verre de vermouth, accompagné de fromage de brebis et d’amandes.
Par contre, là, ça commence à faire pas mal d’alcool en peu de temps — il va falloir un peu de marche pour éliminer cette tendance au louvoiement.
Nous traversons le Prado, cette grande avenue verdoyante, et tombons nez à nez avec le très célèbre musée du même nom.
Le musée du Prado abrite l’une des plus grandes collections de peintures au monde : plus de 8 000 œuvres, dont environ 1 700 exposées. Il faudrait bien plus qu’une après-midi — et un léger taux d’alcool dans le sang — pour en faire le tour.
L’immense parc du Retiro propose 125 hectares pour se promener, faire une bonne grosse sieste (seule l’herbe un peu humide nous en empêchera), écouter un effroyable joueur de cornemuse, admirer les arbres taillées en formes organiques ou naviguer sur le bassin que surveille l’imposante statue équestre du roi Alphonse XII, qui a eu un bon règne et est mort de tuberculose. Quand même un peu plus honorable que de sécher dans son fauteuil.
- L'anecdote monumentale
Le monument est une composition grandiose : une colonnade en hémicycle de style néoclassique entoure une statue équestre du roi juchée à plus de 20 mètres de hauteur. Le socle est décoré de bas-reliefs allégoriques évoquant la paix, le progrès ou encore l’armée, et flanqué de lions de pierre aux allures de gardiens. On y trouve des figures féminines symbolisant les vertus, la marine et la science.Au moment de sa création, c'était le plus grand ensemble sculptural d’Espagne. Il fut financé par une souscription populaire, ce qui était rare pour un monument royal. Cela traduisait à l’époque une volonté d’unité nationale après les troubles du XIXe siècle.Aujourd’hui, c’est un lieu de détente incontournable : des Madrilènes s’y installent pour lire ou bronzer sur les marches, des musiciens ambulants y jouent face au bassin, et les rameurs en barque voguent face au monument.
L’emblématique Palais de Cristal est en rénovation, et d’après le peu qu’on en voit, il en avait bien besoin. Presque totalement caché par des bâches à la décoration baroque, il devrait retrouver son lustre aux alentours du mois de septembre.
Quelques pauses sur des bancs, le son aigre de la cornemuse, aussi essoufflée que son propriétaire, nous incite à quitter ce lieu et à revenir dans le tumulte citadin.
- L'anecdote plein air
Le Parc du Retiro, ou Parque del Buen Retiro ("parc du bon retrait"), est l’un des espaces verts les plus emblématiques de Madrid. Son nom vient de sa fonction d’origine : un lieu de retraite et de loisir pour la cour royale au XVIIe siècle, sous le règne de Philippe IV. Ce vaste domaine, autrefois réservé à la noblesse, est devenu parc public en 1868. On y découvre le Palais de Cristal, le Palais de Velázquez, un grand bassin pour les barques, la célèbre statue de l’Ange Déchu, une roseraie, et un mémorial aux victimes des attentats du 11 mars 2004. Véritable cœur battant de la ville, le Retiro est un lieu vivant et paisible, mêlant culture, nature et histoire, et en plus l'accès est gratos !
Retour vers le centre ville en admirant la Puerta de Alcalá, les façades meringuées du Palais de Cybèle et l'imposante statue de la déesse du même nom tranquillement installée dans char tiré par deux lions
- L'anecdote mythologique
Cybèle est souvent représentée comme une figure protectrice, associée à la nature, aux récoltes et à la maternité. Dans la fontaine, elle est sculptée sur un char tiré par deux lions, symbolisant sa puissance et sa connexion avec la nature.La fontaine, initialement créée pour fournir de l'eau potable aux habitants de Madrid, a été déplacée en 1895 à son emplacement actuel, où elle est devenue un symbole décoratif et un lieu de rassemblement. Elle est également un point de rencontre lors des célébrations sportives, notamment après les victoires du Real Madrid et de l'équipe nationale espagnole de football.La fontaine est située à l'intersection des grandes avenues de la ville, près du Palais de Cybele, siège de la mairie de Madrid.
Si hier je trouvais qu’il y avait beaucoup de monde, ce samedi, c’est l’envahissement le plus total de toutes les rues. Seules les venelles des quartiers un peu éloignés offrent un semblant de calme.
Le soleil donne toute sa grandeur au nuage noir menaçant qui ne fera que contraster les façades blanches et les statues et sculptures perchées au faîte des immeubles.
Visite de deux ou trois boutiques où ma patience commence à s'effriter, bain de foule, pause sur la place de la Puerta del Sol, d’où, aussi loin que porte le regard, des milliers de badauds fourmillent dans les rues et les allées.
Ici, on fait voler le drapeau ukrainien au son lugubre du battement d’un tambour recouvert d’un crêpe noir.
Espérance d’un peuple désormais à la merci de décideurs cyniques, dépourvus de toute empathie, qui ne perçoivent dans la tragédie humaine qu’un coût marginal face aux profits colossaux à engranger.
Drôle d'époque.
Il est temps de quitter cette marée humaine et de tranquillement nous diriger vers nos quartiers, qui sont encore bien éloignés.
Petit à petit, la foule devient moins dense, les bodegas, bars, restaurants sont occupés par des locaux, les prix redeviennent normaux, l’ambiance est familiale.
Ce soir, nous n’assisterons pas aux festivités de la fin de semaine de la capitale bouillonnante, nous sommes encore une fois rincés par les 22 kilomètres de la journée.
Séville vient de perdre la première place.
Aujourd’hui, le soleil sera au rendez-vous dès que nous franchirons le sombre portail entre notre Bunker et la Vie. Bon, il fait à peine 6°, mais sans un souffle de vent, la température reste parfaitement supportable.
Nous nous dirigeons tranquillement vers la Basilique Royale de Saint François le Grand, en traversant nos quartiers populaires où déjà les senteurs exotiques se mêlent aux délicates effluves florales. Ici, le dimanche, presque tout est ouvert, et le repos dominical ne concerne visiblement pas les travailleurs de l’ombre.
Les camions de la ville arrosent abondamment les trottoirs et les rues souillées par le passage nocturne des fêtards ou des malheureux qui n’ont que le fond des poubelles pour survivre. Dans toute une rue, chaque conteneur a été méthodiquement vidé sur la chaussée, et on voit encore quelques boîtes dont le contenu a été gratté jusqu’au carton.
Les façades colorées, décorées de drapeaux de toutes convictions, apportent une touche de joie dans ce quartier qui doit totalement changer de physionomie une fois la nuit tombée.
Petit arrêt café. Les locaux, me voyant avec mon appareil photo fixé à l’épaule, tentent de passer leur commande avant moi. Mais on ne la fait pas à Tonton Cristobal, Oh non !
Tout le bar se retourne comme un seul homme lorsque je lance un souriant mais vif HOLA ! à la tenancière pour lui signifier que c’est à mon tour. André est moitié gêné, moitié mort de rire, et très fier de recevoir son cappuccino avant ces malotrus qui pensaient m’en passer une petite vite.
Nous arrivons en vue de l’imposant édifice — auquel il semble manquer un gros morceau — et pénétrons au cœur du lieu saint. Il est indiqué que les visites sont interdites pendant l’office, mais si office il y a, peu sont les fidèles à y assister. Les inévitables quêteuses sont bien installées sur leurs seaux et tendent leur sébile tout en arborant un air des plus malheureux.
- L'anecdote historico-religieuse
Cachée des itinéraires touristiques trop bien huilés, la Real Basílica de San Francisco el Grande surprend par sa démesure silencieuse. En entrant, on lève les yeux — et on reste bouche bée. La coupole, l'une des plus grandes du monde, domine l'espace de ses 33 mètres de diamètre et 58 mètres de hauteur. Elle écrase tout, y compris le silence.Construite au XVIIIᵉ siècle sur l’ordre de Charles III, la basilique prend place sur un ancien couvent franciscain. Une légende charmante raconte que saint François d’Assise y aurait prié au XIIIᵉ siècle. Mythe ou vérité, l’idée a traversé les siècles.À l’intérieur, c’est un musée d’art sacré déguisé en église : une toile de Goya, des œuvres de Zurbarán, Bayeu, Maella, et un chœur en bois sculpté d’une finesse impressionnante. Le tout dans un calme presque irréel.Encore aujourd’hui, la basilique accueille des concerts de musique sacrée, sublimés par une acoustique à faire frissonner. Peu de visiteurs s’y aventurent, et c’est tant mieux : on peut s’y perdre en paix, le nez en l’air, seul face à la grandeur.
Tout à coup, surgissant de l’ombre, un homme se jette sur nous. J’imagine qu’il va nous demander de sortir, mais non : il veut qu’on signe une espèce de registre avec noms, adresses, etc.
Bien sûr... et après, il ne manquera pas de nous solliciter pour un don en faveur de la réfection du toit de la basilique, probablement rebâti par son cousin charpentier. Je griffonne un pâté sur une ligne et commence à m’éloigner.
- Non, non, non, mon cher monsieur, il me faut une pièce d’identité.
- Non mais ça va pas la tête, espèce d’hurluberlu ?
- Si, si, ID, ID !
- No, no, no ID
Je lui fais comprendre que je n’ai pas d’ID avec moi et lui demande fermement de me sacrer patience. Oui, je sais, sacrer dans le vestibule d’une église, c’est moyen... mais c’est lui qui a commencé. Je le plante là, les yeux exorbités ; peut-être connaît-il quelques bonnes expressions québécoises. J’imagine qu’André me suit... mais non, il est pris avec l’autre hystérique qui a flairé une proie moins bougonne. Je suis déjà dans l’édifice.
Je reste sagement en retrait pour ne pas déranger la dizaine de personnes égarées dans cette immensité, et voyant quelques locaux faire des photos, je ne me prive pas à mon tour.
André finit par arriver, furax, et me passe un savon divin pour l’avoir abandonné avec monsieur Arnaque, qui lui a servi à peu près le même numéro.
Autant l’extérieur de l’édifice semble mal en point, autant l’intérieur impressionne par ses dorures et son plafond vertigineux. Le curé paraît minuscule tout au fond de l’allée... J’espère qu’il a un micro pour réveiller la moitié des paroissiens assoupis.
À la sortie, l'Étrange ne nous reconnait pas et nous demande de signer son registre. Le jour de la marmotte !
Nous longeons les grands jardins où se dandinent quelques Psittacula krameri, ces perruches à collier au plumage vert éclatant qui se promènent sur l’herbe fraîchement tondue. Dans les allées, les plus sportifs courent déjà. Nous atteignons le Palais Royal, d’où nous admirons les cimes dégagées de la Sierra de Guadarrama, avant de replonger au cœur de la ville. Sur la Plaza de la Villa, les magnifiques façades luisent au soleil ; la ville est encore paisible à cette heure.
Paisible ou non, il y a déjà une très longue file devant la Churrería Chocolatería 1902, un endroit emblématique, mais nous n’avons pas la patience de rejoindre la cohue.
Par chance, juste à côté, la Chocolatería Valor semble avoir tout un tas de places libres. L’accueil est ici aussi expéditif ; il faut rapidement expliquer le but de notre présence sous le regard peu amène de l’hôtesse. Elle nous dirige vers une table, ou une serveuse nous donne une carte... et non, monsieur, ici pas de porras, seulement des churros. Vous en voulez ou pas ? Enfin, je crois que c’est ce qu’elle dit, alors je commande vite fait. Oui, une seule portion, même si on est deux — ça suffira.
Hum, vale, fait-elle.
Ah, “vale”... cette expression magique servie à toutes les sauces, que ce soit aux Canaries ou à Madrid. Nous ne l’avions pas vraiment notée en Andalousie, ou peut-être n’y est-elle pas aussi répandue. Vale, ça veut dire : ok, bien, d’accord, ça roule, hmmm, bien sûr...
Et doublée, elle devient encore plus efficace. Vale, vale, donc, nous voilà avec une belle assiette de churros et une tasse de chocolat noir épais dans lequel nous trempons allègrement ces beignets huileux à souhait.
Revigorés, nous remontons vers la Plaza del Callao, longeons la Gran Vía qui commence à s’animer, et arrivons Plaza de España. Je laisse André visiter le plus graaaand Zara Home du monde, selon lui, et m’en vais me perdre sur la grand-place où trône le monumental hommage à Miguel de Cervantes.
Une fontaine et un attroupement attisent ma curiosité. Les visiteurs espèrent un portrait avec les héros de l’écrivain : le célèbre et un peu dingo Don Quichotte de la Mancha, et son fidèle Sancho Panza.
- L'anecdote chevaleresque
Gentilhomme campagnard espagnol, héros du roman de Cervantès, Don Quichotte perd la raison à force de lire des romans de chevalerie. Convaincu d’être un chevalier errant, il part à l’aventure pour défendre les opprimés et réparer les injustices, armé d’une vieille armure et monté sur son cheval Rossinante.
Idéaliste et souvent ridicule, il voit le monde tel qu’il voudrait qu’il soit, affrontant par exemple des moulins qu’il prend pour des géants. À ses côtés, son écuyer Sancho Panza incarne le bon sens et la réalité, formant avec lui un duo à la fois comique et profondément humain.
Les traits de l’Hidalgo, fièrement dressé sur Rossinante, son vieux cheval fatigué, sont sévères et perturbés, contrastant avec la bonhommie paysanne de Sancho sur son âne Rucio.
L’image de ce héros malheureux mais déterminé contraste étrangement avec les immenses immeubles qui encerclent la place.
Partout, des familles. Des enfants fraîchement débarqués dans ce drôle de monde, aux plus grands qui luttent contre un vélo récalcitrant ou se balancent comme des acrobates du Cirque du Soleil. Les parents devisent, les grands-parents gâtent petits et grands. En Espagne, le dimanche se passe en famille.
Une maman joue aux cartes avec sa fille, un papa rayonne en voyant son fils tenir sans petites roues, de jolies grand-mamans ajustent le col de la veste de leur mari trottinant derrière leur canne. L’image est forte : les téléphones sont rangés, les gens se parlent, profitent du beau temps et de la joie simple d’être ensemble.
Il est midi passé. Rien ne presse, et le temps du repas est encore loin.
Quartier plus bohème — enfin, disons bourgeois vu le prix du matcha à 6 euros — terrasses coquettes, files d’attente absurdes pour un café ou une part de tarte... On se demande parfois si les gens n’ont pas tout simplement perdu la tête.
Marché de Vallehermoso, 14 h. Les kiosques commencent à ouvrir : il est temps de trouver un coin où manger. Fini la friture, nous tombons sur un comptoir où des cuistots asiatiques font voler woks et sauces.
Au Biáng Biáng Bar, le slogan est simple : Oops, I’m eating again.
Les nouilles sont étirées à la main par un nouilleur, pendant qu’un autre — coiffé à la Spock — jongle avec deux woks sur des volcans de gaz. Ses cheveux ne bougent pas d’un poil. Le reste de l’équipe garnit les bols.
Ici, on ne plaisante pas avec l’efficacité, encore moins avec le goût.
La bedaine couverte d’un bavoir, nous attaquons à grands coups de baguettes. Pas trop de classe, on porte les bols à la bouche et on pousse les savoureuses nouilles jusqu’aux gosiers.
Repus, nous repartons à la découverte de cette ville infinie.
Le vaste carrefour est calme. Je n’ose imaginer le chaos en semaine.
D’ailleurs, si les automobilistes ibères raffolent du klaxon et ignorent royalement l’usage du clignotant — du moins sur les îles —, ils sont en revanche ultra-respectueux des piétons. Aucun ne s’aviserait de griller un passage.
Les piétons locaux, eux, respectent religieusement les feux. Rares sont ceux qui traversent au rouge, ou alors ils sont Français.
- L'anecdote Colón
Lieu emblématique où se croisent histoire, art monumental et affirmation nationale, la place rend hommage à Christophe Colomb à travers une statue en marbre blanc de 3 mètres de haut, sculptée par Jerónimo Suñol en 1885. Dressé sur un piédestal néogothique de 17 mètres, l’ensemble culmine à environ 20 mètres. Colomb y est représenté debout, pointant vers l’ouest, en direction symbolique du Nouveau Monde. Le socle est richement orné de sculptures allégoriques représentant les royaumes d’Espagne, des armoiries, ainsi que des scènes liées au voyage de 1492.Autour de cette figure centrale, les Jardines del Descubrimiento s’étendent en contrebas, ponctués de grands monolithes de béton brutaliste gravés de citations historiques sur la "découverte" de l’Amérique. À proximité, un immense drapeau espagnol flotte sur un mât de 50 mètres, renforçant la dimension patriotique du lieu.Flanquée des Torres de Colón, gratte-ciel audacieux des années 1970, et bordée par des institutions culturelles majeures comme la Bibliothèque nationale et le Théâtre Fernán Gómez, la place est aussi un espace vivant, souvent choisi pour des manifestations ou des cérémonies officielles. Elle incarne ainsi un carrefour symbolique, entre mémoire historique, pouvoir politique et culture contemporaine.
Au milieu de la route, sur un passage piéton, une femme aux formes voluptueuses se mire dans un petit miroir, totalement indifférente au tumulte citadin. Langoureusement allongée, elle s'observe, le temps glisse sur elle sans la moindre prise.
L’artiste argentin Botero a posé ici La Mujer del Espejo - la femme au miroir - l’une de ses œuvres rebondies, pour le plus grand bonheur des passants.
Un peu plus loin, une grenouille aux yeux jaunes et aux pattes démesurées devient l’obsession d’une petite fille, qui caresse ses pattes avec un grand sourire.
La Grenouille de la Fortune - la Rana de la fortuna -, œuvre de l’artiste Eladio de Mora, est une pièce de bronze haute de 3,5 mètres. Ses longues pattes permettent aux piétons de passer dessous. Sur son ventre sont tatoués 34 symboles porte-bonheur venus du monde entier. Elle a été offerte par le Casino Gran Madrid en remerciement à la ville de Madrid, qui a autorisé l’ouverture d’un casino, quatre-vingt-dix ans après la fermeture du dernier.
Dans les Jardins de la Découverte, un mât de 50 mètres hisse le plus grand drapeau espagnol du monde : 14 par 21 mètres.
Une sculpture monumentale représentant un visage féminin aux yeux clos irradie de sérénité. Julia - c'est son nom - la sculpture est destinée à représenter « la tendresse et le silence » et qu'il espère qu'elle servira de « miroir » pour aider à retrouver un sentiment de sérénité dans la société .
Nous avons radicalement changé de clientèle. Ici, les dames, élégamment chapeautées, déambulent avec grâce, les hommes sont chaussés de cuir parfaitement ciré, les enfants vêtus de leur petit uniforme du dimanche, et les grand-mamans arborent des coiffures fraîchement laquées, le port de tête altier.
L’air y est plus feutré, plus recherché, et l’ambiance se fait plus calme — mais non moins plaisante.
Nous pénétrons dans un supermarché de luxe, où le caviar côtoie une armoire remplie de foie gras et un comptoir réfrigéré où tronent quelques morceaux de boeuf de Kobe. Les étagères croulent sous les bouteilles de vins rares, certains à des prix vertigineux.
Les clients, habillés avec une élégance irréprochable, parcourent les allées, leurs caddies remplis de trésors gastronomiques à des tarifs qui n’ont rien d’ordinaire.
Nous piquons vers le sud et le parc du Retiro.
Dans la grande allée se mêlent toutes les classes de la société madrilène.
Poussettes, trottinettes, landaus, vélos et petites voitures à pédales virevoltent dans un joyeux maelström de cris d’enfants.
Les fontaines projettent leurs jets, et les gouttelettes, un temps suspendues vers les cieux retombent perdues tintinnabulent sur les margelles.
Dans le petit lac du Palais de Cristal, deux cygnes noirs paradent, sûrs de leur élégance et de leur supériorité face aux canards. D'ailleurs, canard en espagnol, c’est pato…
Des tortues se hissent péniblement sur les rochers pour profiter du soleil, avec toute la lenteur que leur imposent leurs lourdes carapaces et leurs petites pattes griffues.
Au bout du parc, la statue de l’Ange Déchu se tord de douleur sur un parterre de fontaines aux gueules démoniaques et grimaçantes.
- L'anecdote sulfureuse
La statue de l’Ange Déchu (El Ángel Caído), est l’une des rares œuvres au monde représentant Lucifer, au moment de sa chute du paradis. Sculptée en 1877 par Ricardo Bellver, elle s’inspire du Paradis perdu de Milton. Le bronze, dramatique et expressif, montre l’ange tordu de douleur, cerné de serpents, juste après sa rébellion.
Présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1878, la statue est installée à Madrid en 1885, sur une fontaine monumentale ornée de démons.
Elle est située à 666 mètres d’altitude, détail qui alimente depuis toutes sortes de légendes. Ce chiffre, associé dans l’Apocalypse au “nombre de la Bête”, a suffi à enflammer les imaginaires. Coïncidence ou provocation discrète ? Personne ne sait vraiment — mais ça a suffi pour nourrir des théories ésotériques jusqu’à aujourd’hui.
Lorsque la statue fut installée au Retiro en 1885, certains Madrilènes, inquiets ou superstitieux, furent scandalisés qu’on érige une œuvre à la gloire du diable dans un lieu public. L’idée même d’un monument dédié à Lucifer choquait, au point que des rumeurs se sont rapidement propagées : malédictions, comportements étranges d’animaux, visions nocturnes… tout y passait.Malgré des controverses à sa création, l’œuvre est défendue comme une allégorie morale sur l’orgueil et la chute. Aujourd’hui, elle fascine autant par sa beauté que par son thème inhabituel, et reste un lieu emblématique et énigmatique du Retiro.
Nous faisons enfin une halte sur un banc, au soleil.
Des enfants prennent d’assaut un pauvre pin qui a eu la mauvaise idée de pousser presque à l’horizontale et dont le tronc est soutenu par une opportune béquille en métal.
Sous la surveillance très approximative de leurs pères, les audacieux découvreurs avancent sur le tronc, et certains s’aventurent même dans les branches.
De toute façon, s’ils chutent, ce ne sera pas de très haut — et ce sera diablement plus efficace qu’un « Attention, tu vas tomber ! ».
Dernier arrêt sous les prunus et les mimosas en fleurs avant de mettre le cap sur la gare d’Atocha.
Elle est immense, cette gare ferroviaire, et ce qui fait son originalité, c’est sa serre tropicale — malheureusement en rénovation.
Partout, des voyageurs se pressent vers les quais. Les bagages passent systématiquement aux détecteurs, et la sécurité est omniprésente depuis l'attentat meurtrier de 2004.
- L’anecdote de la terreur lâche
Le 11 mars 2004, une série de dix explosions coordonnées frappe quatre trains de banlieue à l’heure de pointe à Madrid, causant la mort de 191 personnes et blessant environ 2 000 autres. C’est l’attentat le plus meurtrier de l’histoire contemporaine de l’Espagne.Initialement attribuées à l’ETA par le gouvernement de José María Aznar, les attaques sont rapidement reliées à un groupe islamiste radical inspiré par al-Qaïda. Cette erreur ou manipulation politique, à seulement trois jours des élections générales, provoque un vif mécontentement dans l’opinion publique. Le Parti populaire perd les élections au profit du Parti socialiste dirigé par José Luis Rodríguez Zapatero, qui décide peu après de retirer les troupes espagnoles d’Irak.Ce drame national bouleverse profondément la société espagnole. Le lendemain, plus de 11 millions de personnes manifestent dans tout le pays contre le terrorisme. Le 3 avril, plusieurs membres du commando terroriste se suicident en faisant exploser leur appartement encerclé par la police à Leganés.Le 11-M marque un tournant dans la lutte antiterroriste en Europe, soulignant la vulnérabilité des transports publics et l’impact du terrorisme sur la vie démocratique.
Ici, entre la présence policière, les patrouilles militaires et les contrôles renforcés, tout est mis en œuvre pour rassurer les usagers.
Et puis, partout aussi, ces amas de fientes, laissées par des milliers de pigeons qui pullulent.
Quelle plaie, ces rats volants, souillant monuments et terrasses, se dandinant entre les tables à la recherche de la moindre miette abandonnée, n’hésitant pas à se faufiler entre les plats sitôt qu’ils sont délaissés, soulevant poussière et miasmes à chaque battement d’ailes.
Il est grand temps de faire une pause en terrasse, entre un restaurant penjabi et un comptoir marocain, au milieu des effluves orientales.
Un grand verre de tinto de verano bien frais et quelques chips nous permettent de reprendre des forces avant de poursuivre notre exploration.
Quelques graffitis plus loin, aux abords du Mercado Antón Martín, une interminable file d’attente attire notre attention. Ciel, que se passe-t-il d’exceptionnel ici ce soir ?
En y regardant de plus près, des dizaines et dizaines de badauds patientent devant une minuscule boutique — en rodage, si l’on en croit l’organisation encore hésitante visible à travers la vitrine — pour un simple gobelet en plastique rempli de fraises, recouvertes ensuite d’un assortiment de sucreries.
Chocolat fondu, éclats de fruits secs ou pluie de paillettes multicolores, petit monticule de poudre de perlimpinpin, une cuillère riquiqui plantée au milieu, un prix probablement exorbitant…
La Freseria, qui ne manque pas de se péter de la broue en se proclamant « Las fresas más famosas del mundo » — rien que ça — ne mérite sans doute que l'attention éphémère des amateurs de modes vouées à disparaître aussi vite qu'elles sont arrivées.
Et les voilà heureux et fiers d’avoir participé à une mise en scène qu’ils s’empresseront de balancer sur les réseaux sociaux, en ajoutant peut-être un filtre vintage et deux émojis extatiques pour faire bonne mesure.
Juste en face, même cirque, mais pour un café et une part de gâteau. À la différence près que ces pâtisseries ont l’air réellement délicieuses…
C’est ça, le génie des réseaux : faire passer une pause sucrée ou un selfie insignifiant pour un instant d’éternité. Peu importe ce qu’on vit, l’essentiel c’est que ça ait l’air enviable.
Le goût ? L’émotion ? L’instant ? Accessoires.
L’image, elle, est reine. Le vide devient spectacle, et tout le monde applaudit — en espérant secrètement récolter plus de ♡ que le voisin.
Mais derrière les likes, le néant s’organise. Une génération entière s’invente des souvenirs pour meubler sa propre insignifiance — et tant pis si, dans la vraie vie, le gâteau était rassis, les fraises fades et la conversation aussi creuse que la légende Instagram.
Nous sommes en plein cœur du quartier des bars et restaurants ultra-branchés. Les devantures, soigneusement décorées ou entièrement réinventées, rivalisent d’originalité.
Un établissement complètement fou plonge ses clients dans un décor sous-marin.
Les verres prennent la forme d’hippocampes ou de pieuvres, le sol lumineux imite des tranches de géodes aux cristaux teintés de violet, un majestueux Poséidon domine le bar en brandissant son trident. Aux murs et sur le mobilier, des toiles aux motifs océaniques renforcent l’immersion. Un concept délirant, qui dépasse l’entendement.
Bien loin de ce que nous recherchons, à savoir un endroit simple et convivial, où une bière fraîche se déguste à un comptoir usé par le temps et les coudes des piliers de bar.
Puerta del Sol. Les avenues débordent de promeneurs, la place est noire de monde, la police veille.
Quelques amuseurs costumés déambulent, déguisés en Mario, King Kong ou Jacques Sullivan, le monstre bleu et poilu de Monstres & Cie. Nous en avons croisé plusieurs, et leurs costumes gonflables sont rapidement extraits de grands sacs avant d’être enfilés sous les yeux émerveillés des enfants.
Pour balancer la poésie du moment, une jeune femme se vide littéralement de ce que je suppose être un excès de tasses de chocolat chaud qu’elle a abusivement consommées.
La vision du puissant jet chocolat est atroce, et son conjoint ne sait plus quoi faire pour tenter de lui conserver une once de dignité.
Le trottoir est envahi d’un liquide marronnasse, les passants sont horrifiés, et je me demande si un churro pourrait peut-être lui redonner des forces…
Nous remontons vers Gran Vía, où les riches familles sortent des boutiques de luxe, où des dames asiatiques patientent et entrent au compte-gouttes dans la boutique Hermès, où la vision des poubelles éventrées par des chercheurs de nourriture n’effleure sans doute même pas leurs esprits.
Le soleil devient rasant et illumine de ses ors chauds les façades des immeubles.
Les deux quadriges perchés au sommet de l’ancien siège de la Banque de Bilbao font face à d’autres sculptures monumentales qui, en cette fin de journée, se parent des dernières lueurs du soleil couchant.
Premières ombres nocturnes sur la Puerta del Sol. Le ciel se teinte de pastels, et la nuit finit tranquillement par envelopper la capitale.
Les terrasses se remplissent, il y a du monde absolument partout, et la journée est loin d’être finie.
Nos pas nous ramènent tranquillement vers nos quartiers plus populaires.
Ici encore, tout le monde se mélange. Les tapas et pintxos sont peu à peu remplacés par des dahl aux lentilles, des baklavas tunisiens, des gyros grecs, des kebabs turcs, des samoussas indiens, des tacos mexicains et des sushis japonais… mais aussi par un nombre croissant de restaurants italiens, africains ou tibétains.
On se croirait à Montréal, où le multiculturalisme n’est pas qu’une simple vue de l’esprit.
Il est grand temps de tirer un trait sur cette dernière journée de voyage.
Le compteur affiche 24,72 kilomètres pour 34 627 pas en un peu moins de 7 heures. Une belle journée.
Ce dimanche clôt officiellement un périple de 36 jours, décidé un peu à la dernière minute.
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Trente-six jours à découvrir un autre coin du monde, que nous ignorions et que nous avons pris plaisir à partager.
Un voyage qui n’a pas été de tout repos, oh non.
La différence entre un voyage et des vacances, c’est qu’au retour du voyage, on a plus de valises sous les yeux que dans la soute de l’avion !
Autant il fut facile et agréable de se déplacer à Lanzarote — et même à Fuerteventura —, autant dès notre atterrissage à Gran Canaria, les choses sont devenues un peu plus sportives. Mais bien sûr tout aussi agréable !
Conduire dans ces îles demande une vigilance constante : être à l’affût des autres usagers de la route, surtout ces cyclistes qui surgissent de nulle part et qui, contrairement aux vaches, ne savent pas se suivre en file indienne, formant souvent des groupes compacts et imprévisibles.
Randonner, explorer, plonger, rêver face à des paysages si différents, en voir autant que nos yeux avides peuvent en absorber. Profiter et recommencer le lendemain.
Nos journées ont été matinales, nos soirées courtes.
Il est maintenant temps de faire le ménage dans les photos, de trier les souvenirs, de se poser quelques semaines avant de reprendre le boulot… et certainement l’hiver.
J’espère que nous vous avons fait voyager avec nous, et que même ceux qui n’aiment pas lire ont apprécié les images.
Un grand merci à tous nos lecteurs, famille et amis qui ont vécu ce voyage avec nous, à travers leurs encouragements et leurs sourires.
Votre soutien a rendu cette aventure encore plus belle et significative.
À bientôt pour de nouvelles découvertes et souvenirs partagés.
Le bilan de notre voyage sera bientôt en ligne.
Adiós y hasta pronto.
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