Jeudi 13 février
De la Promenade des Torchés à la Muralla del Infierno
Pour nous, c’est direction Playa Caca – pardon, Costa Adeje –, où Gemma, la drôlesse qui gère le club de plongée, m’attend entre deux clopes pour me faire tremper.
Par un heureux miracle, je trouve une place de stationnement gratuite le long de la rue. Sinon, j’étais bon pour presque 2 euros de l’heure dans l’un des innombrables parkings payants de cette enclave bien ficelée.
Je laisse André avec quelques piécettes (et la carte de crédit, faut pas pousser) et me dirige vers le club, où je suis pris en charge par Jani, un Albanais installé ici depuis un bon bout de temps – si je me fie à sa maîtrise parfaite de l’espagnol.
Nous serons accompagnés par Mathias, un jeune Allemand en formation, dont le surnom de tiburón blanco ne fait pas référence à son appétit (il est tout maigrichon), mais à sa peau laiteuse qui refuse obstinément de bronzer.
Le matériel est chargé dans deux camionnettes, et nous partons pour environ 20 minutes de route à travers une circulation chaotique.
À Tenerife, et aux Canaries en général, personne n’a le courage d’utiliser ses clignotants ni de laisser passer qui que ce soit, peu importe la priorité. Mais malgrès la circulation omniprésente, notre chauffeur se faufile entre les pare-chocs et notre équipage arrive en premier à El Balito : une ancienne plantation et zone de chargement de bananes aujourd’hui désertique.
Le long d’un chemin poussiéreux, où chaque rafale — et elles sont nombreuses — soulève un nuage ocre, les dernières ruines s’effritent lentement sous la morsure du vent.
À l’abri précaire de ces murs effondrés, quelques familles ont bricolé des cabanes de fortune avec trois planches et un peu d’espoir. L’opulence des stations balnéaires ne profite décidément pas à tout le monde.
Avec un taux de pauvreté flirtant avec les 36 %, la précarité est bien visible à Tenerife. Le contraste est brutal : tourisme de luxe d’un côté, misère locale de l’autre. Il suffit de tourner la tête. À gauche et à droite, des hôtels cinq étoiles, des villas aux piscines à débordement, des clubs de vacances tout inclus où l’on peut passer une semaine entière sans jamais mettre le nez dehors. Au centre, un terrain vague, des cabanes de bric et de broc, des enfants qui jouent dans la poussière.
Le vernis du paradis est mince. Il suffit d’un coup de vent pour qu’il s’écaille.
- L'anecdote sociale
Avec plus de 6 millions de touristes accueillis en 2023 (et 16 millions pour l’ensemble des Canaries), les hôtels débordent, les piscines à débordement aussi, et les boutiques de luxe font le plein. Le tourisme représente à lui seul 36 % du PIB de l’archipel et emploie près de 40 % de la population active. Pourtant, une bonne partie des habitants vit dans la précarité, et ça ne se cache même plus.Plus d’un quart des résidents de l'archipel (26,1 %) sont en situation de risque de pauvreté. Ce chiffre grimpe à plus de 35% à Tenerife !
Certains dorment dans leur voiture, dans des cabanes improvisées ou dans des grottes faute de mieux, pendant que les villas avec vue sur mer se vendent à prix d’or à des investisseurs étrangers. Les prix explosent, les loyers suivent, les salaires stagnent — et tout ce beau monde est prié de sourire au touriste.
En avril 2024, environ 10 000 personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer ce modèle à bout de souffle : surtourisme, spéculation, gentrification, destruction de l’environnement… Pendant que les visiteurs se font dorer la pilule sur les plages artificielles, les habitants, eux, voient leur île glisser entre les mains de promoteurs qui n'ont qu'un objectif : remplir encore plus leur compte en banque.Bref, Tenerife, c’est le rêve pour les vacanciers — et souvent le cauchemar pour ceux qui y vivent.
Jani reçoit un coup de fil, et j’entends la voix affolée de Gemma qui débite un flot de mots à une vitesse supersonique. Il semble tout comprendre puisqu’il nous informe que l’autre camionnette a eu un léger accrochage, et qu’elle arrivera avec 15 minutes de retard, le temps de remplir les constats.
Enfin, elle arrive, et nous pouvons commencer à nous équiper après avoir religieusement écouté les consignes de nos guides.
Mise à l’eau depuis le haut du quai, là où trône encore une vieille grue rouillée : un saut de deux mètres dans une eau claire, légèrement fraîche, juste assez pour réveiller les idées.
El Balito est réputé pour ses formations rocheuses volcaniques spectaculaires, incluant des arches naturelles, des cavernes et des ponts de lave. La plongée est tranquille.
Peu de faune, quelques beaux rochers, une arche, deux-trois poulpes timides planqués dans leurs trous, et déjà, c’est le retour.
S’extraire de sa combinaison n’est jamais une partie de plaisir, mais sur un minuscule tapis entouré de poussière crasseuse, c’est un vrai numéro de contorsionniste. De toute façon, ce n’est pas moi qui vais laver les combinaisons au retour au club...
Nous laissons un groupe qui enchaîne une deuxième plongée et, en compagnie d’un papounet et de son fiston affublé d’une moustache naissante, nous rentrons au bercail.
André est quelque part sur ce qu’il appelle la Promenade des Torchés, en référence à ceux qui passent leur journée accrochés à leurs bières ou à leurs cocktails, protégés sous un parasol, le regard vide.
Nous trouvons rapidement une table dans un restaurant quelconque et profitons du défilé des touristes sur la promenade. L’avantage de ce genre d’endroits, c’est la concurrence féroce entre établissements, ce qui tire les prix vers le bas.
Mes sémillantes sardines et leurs joyeuses patates s’affichent à 8 euros, et une pinte de bière à 1,50 €. On aurait tort de se priver.
En face de nous, les vacanciers fraîchement débarqués exhibent leur peau translucide. Ceux arrivés il y a un ou deux jours sont rouge flamboyant, et ceux qui vivent ici depuis des mois ont le teint de vieux cuir sec, tanné à l’huile solaire.
Des messieurs torse nu, à la peau fripée et aux tétons pendants, promènent leurs déambulateurs ou se déplacent sur des scooters électriques. Une dame, aux cheveux aussi rouges que la face de son homme, pilote l’un de ces engins avec la détermination d’un coureur de Formule 1. Il faut se pousser vite si l’on ne veut pas finir écrasé comme une cucaracha trop lente.
Il y aurait encore mille autres anecdotes savoureuses à raconter, mais mieux vaut s’arrêter là avant de sombrer dans l’aigreur chronique.
Nous avalons rapidement nos cafés avant de fuir cet endroit que je ne saurais trop déconseiller.
Direction Los Gigantes, mais la circulation est devenue infernale. La route de la côte est saturée, les voitures n’avancent pas d’un millimètre. Peut-être que tout le monde se rue vers cet outlet annoncé sur une immense pancarte défigurant un paysage déjà bien laid... Quoi qu’il en soit, ça ne bouge pas.
Je me rabats vers un rond-point salvateur, espérant une alternative plus fluide. Mais là encore, les conducteurs semblent avoir renoncé à toute logique : les sorties sont bloquées, les voies d’insertion obstruées, et la tension grimpe. Je me faufile, frôle des pare-chocs, lance un regard noir à un automobiliste qui immobilise tout le monde sans même s’en rendre compte, et finis enfin par atteindre une route où je peux passer la deuxième vitesse.
Quel enfer, ce coin de Tenerife !
Après une bonne demi-heure de galère, nous arrivons à Los Gigantes. C’est aussi une station balnéaire, mais d’un autre style. Plus élégante, plus feutrée.
Des villas blanches aux volets bleus s’accrochent aux flancs de la colline, noyées dans des bougainvilliers fuchsia et des haies taillées au cordeau.
La station s’étire paresseusement jusqu’à la mer, en contrebas d’un mur de pierre noire : la falaise de Los Gigantes. Un géant de basalte né de la fureur volcanique, dressé avec arrogance face à l’Atlantique.
L'immense falaise, vestige de l’activité volcanique qui a façonné l’île, se dresse avec grâce et détermination face à l’océan. Ses parois abruptes, hautes de 300 à 600 mètres selon les endroits, plongent directement dans les eaux profondes de l’Atlantique.
- L’anecdote ethnographique post-conquête
Et là vous allez me dire :
— Mais les autochtones ne parlaient pas espagnol et ne devaient même pas évoquer l'idée d'un Enfer !
Bien vu, le myope !
Les conquistadors espagnols, en débarquant sur l’île au XVe siècle, ont sans doute entendu ces récits aux tons où percent la crainte et l'admiration. Ne comprenant pas un traître mot de la langue guanche – aujourd’hui quasiment disparue – ils ont fait ce qu’ils savaient faire de mieux : traduire à leur façon.
Une jolie promenade aménagée longe le littoral, et une magnifique piscine naturelle invite à la baignade.
Nous profitons de quelques minutes rafraîchissantes dans l’eau, face à la falaise.
Parfois, une vague plus téméraire que les autres vient éclabousser les touristes français qui défendent jalousement leur place au soleil, mais l’eau du grand bassin reste d’un calme parfait.
La journée se termine tranquillement, le soleil décline de son zénith, il est temps pour nous de quitter la côte et de remonter vers notre abri montagnard.
L'application GPS m'informe que tous les axes sont complètement surchargés, mais je parviens à dénicher une petite route à l’abri du trafic pour remonter dans les hauteurs, et, tels des aigles scrutant leur proie, nous assistons au coucher du soleil, tandis que le sommet du Teide se pare de couleurs chaudes avant de sombrer dans la nuit étoilée.
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Vendredi 14 février
Lave, randonnée et panoramas : À la découverte du Teide
Nous partons tôt, avec l’idée de visiter un maximum de points d’intérêt dans le parc du Teide avant que la cohorte de touristes ne débarque en masse.
La route grimpe rapidement, et les quelques pins, semés là au gré du vent, poussent d’une manière quasi miraculeuse. Leurs aiguilles hirsutes, baignées par la lumière douce du soleil levant, créent un contraste saisissant avec la lave noire qui les entoure. Malheureusement, rares sont les espaces pour garer la voiture, et nous ne pouvons que fixer ces images dans nos mémoires volatiles.
En cours de route, nous faisons plusieurs arrêts improvisés pour admirer ces paysages lunaires qui défilent sous nos yeux.
Première vraie halte au Mirador de las Narices del Teide – les Narines du Teide – d’où l’on aperçoit le Pico Viejo, deuxième plus haut volcan de Tenerife, culminant à 3 100 mètres d’altitude.
Une gigantesque coulée de lave noire traverse la route, créant un spectacle brut et sauvage. C’est fascinant.
Je profite du calme matinal pour envoyer mon drone capturer ce que l’humain, rampant au niveau du sol, ne peut qu’imaginer.
La halte suivante est rapidement trouvée, et en prime, il y a encore de la place pour stationner. Il s’agit du Mirador Zapatilla de La Reina – la pantoufle de la reine – une arche rocheuse formant un soulier à talon.
On ne peut la voir qu’en grimpant jusqu’au point de vue, à une minute du parking, ce que bon nombre de touristes ne se donnent pas la peine de faire.
De chaque mirador, des randonnées permettent de s’aventurer hors des sentiers battus et surtout d’éviter de faire comme tant de vacanciers : courir d’un point à un autre, le téléphone en mode rafale, tout en laissant la voiture en marche pour ne pas perdre de temps.
Nous quittons le paysage de lave noire et traversons un désert aux teintes verdâtres. Les amas chaotiques de rochers, entremêlés dans un fatras digne d’une chambre d’ado, laissent place à un tapis de lapillis, ces gouttelettes de lave formant une surface douce, contrastant avec le déchaînement volcanique voisin.
Nous nous arrêtons au Mirador Llano de Ucanca, une vaste plaine sédimentaire, d’où la vue sur les Roques de García est imprenable. Tiens, il y a un sentier qui s’approche de cette incroyable formation rocheuse. Et si on y allait faire un petit tour ?
Armés de nos bâtons de marche, nous entamons une randonnée supposée durer 40 minutes.
Évidemment, notre enthousiasme la fera durer plus de deux heures, motivés par la pensée : "Ça a l’air encore plus beau là-bas !"
Le terrain plat, délicatement recouvert d’un tapis de petites pierres ponces où la marche est un vrai bonheur, laisse bientôt place à un véritable sentier de randonnée au dénivelé sportif. Mais avant cela, nous avons tout loisir d’admirer le panorama exceptionnel de ces rochers antédiluviens défiant le temps et les éléments.
Comment, en si peu d’espace, toutes ces teintes, ces structures, ces formes insensées ont-elles pu trouver leur place ? On ne se lasse pas de cet environnement sauvage où, de temps en temps, un arbre parvient à se développer, offrant son vert tendre entre deux roches, anomalie végétale dans ce temple minéral.
Nous atteignons finalement le Roque Cinchado, cette célèbre formation rocheuse emblématique du parc. Son allure improbable, sculptée par le vent et le temps, défie la gravité et semble prête à basculer d’un instant à l’autre.
Poussé par une énergie que je ne m’explique toujours pas – mais que je constate douloureusement ce soir – je poursuis à un rythme soutenu pour aller plus loin.
André, un peu lassé de mes exubérances de présoixantenaire, s’installe sur un rocher au soleil et me laisse vaquer à mes élans.
Je grimpe un peu plus haut, un peu plus loin. Je veux voir comment c'est là-haut, merci Ginette !
Poussé par mes bâtons et mon envie d’exploration, je grimpe jusqu’aux pics qui nous paraissaient inaccessibles.
Du haut de ces crêtes, la vue est imprenable. Sous mes chaussures de plus en plus poussiéreuses, défilent tous les types de lave imaginables. Par endroits, on marche sur une sorte de macadam fondu, puis viennent quelques bombes volcaniques, avant de laisser place à des fragments de roche semblant taillés par l’homme. Maudit que la nature est bien faite !
Mon altimètre indique 2 100 mètres. L’air est frais, le soleil vif, l’oxygène plus pur qu’ailleurs, et le sentiment de bien-être envahissant.
Je pourrais continuer ainsi pendant encore des heures, ou au moins une, et rejoindre le parking le plus couru du parc, mais quelque part, tout en bas, dans ce bric-à-brac rocheux, André m’attend.
Je décide donc de faire demi-tour, allonge la longueur de mes bâtons en prévision d’une descente sportive et attaque la dégringolade en doublant les dizaines de familles françaises en vacances. Comment je sais qu’ils sont Français ? Tout simplement parce que ce sont les seuls qui disent "bonjour" (ou "Hola", ou "Hello"). Les autres me croisent comme si j’étais le dernier des pestiférés.
Coups de bâtons, positionnement des pieds, assurance… ma cheville, si douloureuse l’an dernier, semble retrouver ses 20 ans. Je sautille comme un chevreuil, y mettant peut-être un peu trop de fierté en entendant les enfants dire à leurs parents : "Dis donc, il est en forme, le monsieur !" Comprendre : pour son âge…
André ne m’a pas attendu sur son rocher – ressemblant un peu trop à la sirène de Copenhague – et a entamé lui aussi le chemin du retour vers la voiture. Je le retrouve sur la plaine douce, et nous finirons cette balade ensemble, Saint-Valentin oblige.
En cours de route, j’ai croisé un ado au bout de sa vie qui voulait tuer ses parents, un autre qui a ostensiblement allumé une clope dont il a certainement balancé le mégot sur le sentier, une greluche incapable d’apprécier le Saint-Silence des lieux en écoutant de la musique sur son téléphone, et beaucoup de randonneurs de tous âges, trop heureux de s’évader dans un lieu aussi exceptionnel.
Poussiéreux, trempés de sueur, nous remontons dans notre voiture et prévoyons de nous arrêter à l’un des miradors les plus emblématiques du parc : La Ruleta.
D’ici, la balade vers le Roque Cinchado est une rigolade, et ce rocher est l’un des plus courus, offrant une vue sur le volcan largement médiatisée. Il était l’image du billet de 1 000 pesetas avant que l’euro ne vienne l’effacer.
Qui dit emblématique, dit touristique. Et là, il est presque midi, et tout ce que contient l’île de touristes se déverse sur le même site. Une file d’attente interminable de voitures espère accéder au parking.
C’est la cohue totale, le respect est parti en fumée d’échappement. Inutile d’espérer trouver une place, en tout cas pas à notre niveau de patience.
Alors nous poursuivons notre route en appréciant les deux heures de randonnée que nous venons de vivre. Le rocher à 1 000 pesetas saura bien vivre sans nous, de toute façon, nous l’avons vu de l’autre côté, certes sans le Teide en arrière-plan, mais avec beaucoup plus de sérénité.
Nous ferons une dernière halte aux Minas de San José, un désert aux allures extraterrestres, un paysage recouvert sur des hectares de petits graviers de pierre ponce, ces roches qui flottent sur l’eau dont nous avions découvert les étonnantes propriétés de flottaison lors de notre escapade en Maradonette en 2017.
Ces dépôts de graviers blonds proviennent des éruptions violentes du volcan Montaña Blanca, lorsque des fragments de pierre ponce ont été projetés à de grandes hauteurs avant de retomber et de se déposer dans les environs, façonnant ainsi le paysage actuel.
Se promener au milieu de cet environnement insolite est une évasion vers une autre planète, sans scaphandre, mais avec le même sentiment de découverte.
- L'anecdote historico-géologique
Malgré leur nom, les Minas de San José ne sont pas des mines. Aucun pic ni coup de pioche ici : ce paysage lunaire s’est formé naturellement, sculpté par les coulées de lave et les éruptions du Teide. Le nom, un brin trompeur, a suffi à faire naître quelques mythes locaux – tunnels secrets, anciennes exploitations… Rien de tout ça.
Juste la beauté brute d’un décor volcanique, si spectaculaire qu’il a servi de toile de fond aux films Le Choc des Titans ou Planète rouge.
Bien sûr, nous eûmes aimé y passer plus de temps, mais cette dernière journée sur Tenerife doit avoir un épilogue, et en plus, nous commençons à avoir faim.
Nous quittons le parc, où la circulation devient de plus en plus dense, et attaquons la descente vers la côte. Un bruit étrange se fait entendre dans l’habitacle.
J’avais déjà entendu ce veau de Peugeot 2008 geindre et grincer, mais là, ça craque carrément et ça en devient un peu inquiétant…
Jusqu’à ce que l’on se rende compte que ce n’est que la bouteille d’eau vide, qui subit les effets de la pression au fur et à mesure que les lacets de la route s’enchaînent en direction du niveau de la mer.
Devant nous, deux voitures ralentissent toute la circulation. La peur au ventre, leurs chauffeurs abordent chaque virage à 20 km/h et leurs feux de freinage sont allumés en permanence. À ce rythme-là, on arrivera de nuit au bord de l’océan !
Finalement, un restaurant de bord de route sera notre bouée de sauvetage et le menu complet à 14 euros assouvira notre appétit.
Le dessert nous attend à La Orotava, ce très joli petit village accroché à la montagne et surplombant la ville de Puerto de la Cruz.
La circulation est dantesque, les voitures se suivent et avancent au ralenti. En combinant le début du week-end, la sortie des classes et l’affluence des touristes pour les vacances de février, c’est un sacré bordel sur les routes.
Nous trouvons assez rapidement un stationnement et allons faire honneur à l’excellente glace de chez Relieve, la pâtisserie où nous nous étions arrêtés quelques jours plus tôt.
Les prochaines visites seront avortées, soit parce que le chemin pour y aller est devenu un imbroglio de sens interdits, soit parce que le sentier est un nouveau défi pour nos mollets en cette fin de journée.
De toute façon, il faut savoir s’arrêter à un moment donné, et si nous avions tout vu, tout fait, nous n’aurions plus vraiment de raison de revenir ici.
Alors nous prenons le chemin du retour, en nous félicitant d’être dans la bonne direction, car en sens inverse, c’est un bordel sans nom. Sur des kilomètres, les voitures s’enchaînent dans un bouchon sans fin.
Dernière halte au supermarché pour quelques provisions. Ce soir, les spéculateurs de l’amour n’auront pas nos deniers.
Vin du pays, fromage de chèvre, jambon et pain frais seront nos agapes en amoureux, avec pour décor le soleil disparaissant dans les derniers soupirs d’un ciel orangé.
Loin des artifices et des festivités dictées par le calendrier, notre Saint-Valentin s’écrit en nuances de pourpre et d’orange, au rythme du ressac invisible de l’Atlantique.
Demain, c’est le début de notre dernière étape canarienne...
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