Andalousie 2024 - Séville 1/3

Vendredi 8 mars - Séville - Alcazar et autres découvertes


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Attention, on prend son souffle, ses meilleures chaussures de randonnées, ses anti-inflammatoires et hop c’est parti pour une journée (semi) marathon dans le tout Séville !

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Arènes de Séville
Quelques nuages viennent se perdre dans un grand ciel partiellement dégagé. Le fond de l’air est frais, mais une marche rapide vers les arènes – la Plaza de Toros de la Real Maestranza (la Maestranza, est une société d’équitation) - va rapidement activer nos sangs. 

Les arènes de Séville sont parmi les plus vieilles du pays. La construction débute en 1761 et se terminent en 1881, - on peut bien parler de délais exagérés de construction à Montréal ! 
Elles peuvent contenir jusqu’à 14 000 aficionados et sont sacrées dans le monde de la tauromachie. 
Le bâtiment, entouré d’habitations, brille par sa blancheur rehaussée de peinture jaune et rouge. 

Arènes de Séville
Les entrées, et donc les places à l'intérieur, sont déterminées par la course du soleil. 

Sol y Sombra - soleil et ombre -, qui aura le soleil en pleine face et transpirera sa vie sous l’ardent soleil andalou ? Qui sera à l’ombre pour assister à un spectacle dont je me passerais de tout commentaire ? C’est bien évidemment une histoire de gros porte-monnaie.
Il y a fort longtemps, j’ai été invité à assister à une corrida en France. Je sais que je n’y retournerais jamais et pas seulement parce que les billets sont hors de prix.

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Nous gagnons les rives du Guadalquivir, ce fleuve mythique qui vit tant d’aventuriers prendre le large sans même s’imaginer ce qu’ils allaient trouver.
Il est des noms qui font rêver, qui permettent de s’évader, de s’imaginer découvrir des mondes et des histoires.
Pour moi, ce fleuve – seul navigable du pays - évoque les courses au large, les conquêtes, le premier voyage de Magellan autour du globe.

Réplique du Nao Victoria
Photo : @LaGrandeMotte
Non loin de la Torre del Oro, est amarrée la réplique du bateau de Magellan, le Nao Victoria

Une caraque de 28 mètres de long, qui le 10 août 1519, avec 42 marins à son bord s’élance vers l’inconnu avec 4 autres navires, mais dont il est le seul à revenir à bon port trois ans plus tard, - sans Magellan, dont le corps sans vie est resté aux Philippines - avec beaucoup moins de marins à bord et plus de dents du tout. 

À ce propos je vous conseille fortement la riche lecture de ces voyages en parcourant le bilan de notre voyage au Portugal 2023.

Quand on pense que c’est avec ce genre de petit bout de barcasse, sans aucune protection contre les intempéries et sous le feu redoutable du soleil - si ce n’est pour le commandant -, dévorés par les puces et le scorbut, et surtout sans vraiment savoir où ils allaient, que les Espagnols ont anéantis des civilisations…

La Tour de l’or – Torre del Oro -, haute de 36 mètres, date du XIIe siècle et faisait partie des remparts maures de la ville. 

Tour défensive, une chaîne y était accrochée d’un bord à l’autre du fleuve, affleurant les eaux troubles bloquant ainsi l’accès à la ville aux bateaux ennemis.

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Alcazar de Séville
À 10 heures, c’est à notre tour de passer le contrôle des billets de la porte du Lion du célèbre Alcazar de Séville

Cet immense palais fortifié fût conçu par les Omeyyades à partir de 844. Bâti sur un tas de ruines romaines puis wisigothes, il est modifié et agrandi de nombreuses fois pendant la période musulmane, puis transformé lorsque les Chrétiens reprennent le contrôle du pays.

Il reste de nombreuses traces de l’architecture musulmane et l’ensemble est un très agréable mélange de tous ces styles au fil des siècles et des occupations.
Le site est trop grand, trop riche, trop labyrinthique pour en faire une description que je me ferais sûrement un plaisir de synthétiser dans le bilan du voyage.

Sachez cependant que je tente - en vain - de rattraper une dame qui se vautre dans un petit canal. Hélas je n’ai pas la force herculéenne nécessaire pour mener à bien cette mission et ne peut que ramasser ses biens étalés sur le sol, dont son petit sac à dos qui trempe dans le ruisselet.

Alcazar de Séville
Nous nous pâmons devant tant de beauté, des jeux de lumières entre les colonnes et les patios. De chapelles en salons, de chambres en couloirs, nous passons sous des arches maures, des plafonds sans fin aux mosaïques étincelantes, encore des patios où coulent de petites fontaines, où les murs décorés se reflètent dans de petits bassins. 

Attention madame, il y a une marche !

Perruche à collier
Au détour d’une porte, un jardin diffuse le parfum des orangers en fleur, un éclair vert passe, fugace illusion. 

Finalement le rayon émeraude se pose sur une branche de palmier où il a construit son nid dans un creux. La perruche à collier, à la robe si colorée et au cri grinçant, a trouvé ici un idéal lieu de vie. Le petit oiseau virevolte, toujours en couple ou en groupe et occupe tous les jardins de la ville.

N’ayant pas pris de guide, nous prenons plaisir à nous perdre, à revenir sur nos pas en nous demandant si nous avons déjà vu tel ou tel endroit. L’audioguide - qu’il faut payer en plus -, ne fonctionne pas très bien, mais au moins les explications y sont claires et concises.

Les bains de Marie de Padilla
Quelques marches nous plongent dans une pénombre intime où nous découvrons un long bassin aux arches se mirant dans l’eau calme.

Les bains de Marie de Padilla sont un havre de paix et de fraîcheur, où la belle dame, maîtresse du roi Pierre 1er, aimait y plonger son délicieux corps totalement dénudé. 
Retour en surface où nous découvrons d’immenses tapisseries relatant quelques batailles épiques dont une carte de la Méditerranée où le nord est en bas. 

On y voit notamment la côte française avec Toulon, Nice, Fréjus ou Montpellier.
Jardins de l'Alcazar de Séville
Nous quittons l’enceinte du palais pour nous perdre dans les superbes et luxuriants jardins où tout le génie créatif des constructeurs musulmans y faisait couler l’eau de partout, de fontaines en bassins via de petits canaux carrelés. 

Le tintinnabulement des gouttelettes résonne agréablement dans l’air frais. Tout est si paisible, le temps s’est arrêté, ne reste que la douce brise et le parfum de fleurs d’orangers.

La cour des Demoiselles - Alcazar de Séville
Le jardin, ainsi que plusieurs salles du palais, notamment la cour des Demoiselles, ont servis de décors à la série Game of Thrones, en y incarnant le palais aquatique de Dornes. 

On dit de cette cour qu'elle doit son nom à la légende selon laquelle les Maures exigeaient 100 jeunes filles vierges par an comme hommage de la part des royaumes chrétiens de la péninsule ibérique.

De retour dans les jardins où les instants de pleine quiétude sont rapidement troublés par André qui veut absolument gouter cette fameuse orange de Séville dont il me rabâche les oreilles depuis plusieurs jours (sans parler du barbier et de la Belle de Cadix aux yeux de velours).

L’agrume sent divinement bon, la peau s’enlève facilement, il sourit et croque à pleine dents dans le fruit juteux. 
Qui est horriblement amer ! 

Et oui, c’est bien la fameuse orange amère de Séville qui pousse sur tous les arbres de la ville ! Ce qui ne l’empêchera pas de tenter une nouvelle expérience quelques minutes plus tard avec une orange encore plus amère que la précédente. Je crois qu’il a enfin compris.

Nous quittons ce délicieux havre de paix pour nous replonger dans la ville et ses tourments. 

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Plaza de España - Séville
À quelques minutes de marche, la Plaza de España ouvre grand son hémicycle et son canal de 500 mètres de long où barbotent canards et canots - les uns moins habiles que les autres -, devant un édifice majestueux bâti pour l’exposition ibéro-américaine de 1929.

Construit en brique et marbre, décoré d’azulejos, c’est un joyeux mélange de styles néo renaissance, gothique et mudéjar (inspiré de l’art mozarabe).

L’immense place de 50 000 mètres carrés a aussi servi de décor pour des scènes dans Lawrence d’Arabie, Star Wars, The Dictator ou Game of Thrones.

Sous une arche, des danseurs de flamenco frappent du talon et se meuvent avec grâce et puissance.

Entre l’impressionnante place et le fleuve, le parc Maria Luisa nous ouvre ses allées arborées, mais ça, c’est au programme de demain. Il faut bien en garder un peu !

Metropol Parasol - Setas - Séville
Retour vers le centre, arrêt sandwich au jambon, et nous marchons jusqu’au Métropol Parasol, ou Las Setas (les champignons).

Cette immense structure occupe un quartier de la ville longtemps laissé à l’abandon et en ruine.

Évidemment, dès les premiers coups de pelle, on découvre tout un tas de vestiges romains et musulmans, ce qui ralentit d’autant la construction. On passe sur tout un tas de problèmes inhérents à ce genre de conception, on triple le budget initial – de 33 à 100 millions d’euros -, on se met en grève, on dépasse le calendrier, et finalement, en 2011 on inaugure l’une de plus grande structure en bois du monde.

Il est possible de monter dessus, mais nous nous réservons encore quelques surprises pour nos derniers jours.

Nous profitons de cet après-midi ensoleillée pour parcourir les ruelles des quartiers. Nous nous perdons, retrouvons un chemin, admirons les façades colorées, les arches mauresques, les tuiles vernissées, les cours intérieures et les innombrables églises. 

La ville compte plus de 256 édifices religieux dont 120 églises catholiques, ce qui en fait la deuxième ville d’Europe avec la plus grande concentration de clochers, juste après Rome.

Torre del Oro - Tour de l'or - Séville
Nos pas nous entraînent vers la Torre del Oro, nous suivons le cours du fleuve et comme il fait encore beau, nous traversons le pont Isabelle II – ou pont de Triana – pour faire une rapide incursion dans ce quartier que nous nous promettons de découvrir bientôt.

Je profite de cette traversée pour me rendre compte qu’il n’y a pas de courant sous les arches. En faisant quelques rapides recherches sur Internet j'apprends qu'on me mène en bateau !

Ce n’est pas le Guadalquivir qui stagne sous nos pieds, mais un canal, un vulgaire bassin, de la poudre aux yeux. Remboursez !
C’est, de fait, le lit originel du grand fleuve, mais suite à de trop nombreuses inondations, il a été détourné vers un canal plus facilement navigable et éviter que la ville ne se retrouve les pieds dans l’eau à la prochaine inondation biblique.

Darse du Guadalquivir - Séville - Triana
Nous terminons la journée en évitant ledit déluge, mais sous une pluie soutenue. Les bars et restaurants sont pleins à craquer puisque les terrasses sont désertées. 

Le bar Alfalafa est plein jusqu’à en exploser alors nous nous rabattons sur son voisin, la Bodega où le serveur est aussi exécrable que la nourriture est bonne.

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Ça va, pas trop exténués ? Hé bien oui, nous avons bouclé un semi-marathon lors de notre première journée en la capitale andalouse et demain nous remettons le couvert.

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CLIC - CLAC, merci Cricri !


Arènes de Séville
Patio del Yeso (patio de gypse - ou de plâtre -) - Alcazar - Séville
Alcazar de Séville
Alcazar de Séville
Alcazar de Séville
Jardins de l'Alcazar de Séville
La Giralda - Cathédrale de Séville
Plaza de España - Séville
Plaza de España - Séville
Plaza de España - Séville
Metropol Parasol - Setas - Séville
Doux Jésus !!!
Pont Isabel II - Pont de Triana - Séville
Quais du quartier Triana - Séville
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