Samedi 9 mars – Séville
Cathédrale, Giralda, Metropol Parasol
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Un
petit-déj vite expédié dans le confort de notre chambre et nous partons braver la pluie qui s’est invitée sur la capitale andalouse. Nous battons le pavé - enfin pour ma part, je le clopine plutôt que le battre - et remontons plusieurs fois la rue commerçante, entre boutiques de fringues et petits cafés pour se reposer.
Ce matin, nous allons visiter la cathédrale de Séville.
Le truc en plus et en diagonale :
J'ai pris soin d'acheter les billets d'avance (12 euros) sur le site officiel.
Plusieurs autres sites plus ou moins ressemblant vendent des entrées plus ou moins valides au double ou triple du prix. Nous avons vu plusieurs personnes se faire refouler car les billets étaient des faux.
Cet avertissement vaut pour tous les lieux que nous avons visités.
Il s’agit ni plus ni moins de la plus grande cathédrale gothique du mooooonde.
La Catedral de Santa María de la Sede – Cathédrale Notre-Dame du Siège – s’étend sur 11 500 mètres carrés et, comme quasiment tous les édifices religieux, a été bâtie sur une ancienne mosquée datant de 1172.
En 1248, suite à la Reconquista, le bâtiment est converti en mosquée christianisée, puis en cathédrale. En 1401, elle devient officiellement une grande cathédrale et son aspiration de démesure est traduite par l’idée de « Construisons une église si belle et si grande que ceux qui la verront terminée nous traiteront de fous ».
Sa transformation s’achève en 1528, et on a conservé l’essentiel de sa structure et de ses décors. Le minaret d’origine a été intégré dans la structure du clocher et coiffé d’un chapeau un peu plus chrétien, surmonté de la fameuse girouette, symbole de la ville, qui lui donne son nom de Giralda.
À l’intérieur, c’est le royaume de la démesure. Les 500 000 m3 de volume de l’édifice, où résonnent les murmures des visiteurs, nous donnent l’impression de petitesse face à ce vaisseau vers les Cieux.
Où
que l’œil se pose, ce ne sont qu’œuvres d’art, statues,
dorures, et louanges au Très Haut.
En 1541, nouveau déménagement, son corps traverse l’océan pour être inhumé dans la cathédrale de Saint-Domingue.
Il y est enfin en paix pour 250 ans avant que l’île de Saint-Domingue ne soit cédée à la France. L’Espagne quitte l’île avec armes, bagages et les restes du découvreur pour s’installer à La Havane.
Encore une fois, suite à la guerre contre les États-Unis, les Espagnols doivent quitter leur ancienne possession, et en 1898 le marin trouve définitivement une place de choix dans la cathédrale de Séville, sous cette impressionnante œuvre devant laquelle nous nous tenons.
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La
Capilla Mayor - Chapelle
Majeure
- avec son retable colossal, illumine l’espace de ses ors. Pas
moins de 45 panneaux sculptés représentent des scènes de la vie de
Jésus. C’est tout simplement le tableau d’autel, le plus grand
et riche du monde.
Suit le Trésor composé d’objets rituels en or, argent et ivoire et de pierres précieuses. Une flopée de chefs d’œuvres d’orfèvrerie d’une beauté éblouissante.
Au cœur du chœur, deux buffets d’orgues se font face. Commandés par une seule console centrale ils ne font ainsi plus qu’un seul et immense instrument de musique.
Dans une chapelle, le magnifique Saintes Justa et Rufina, une œuvre de Goya, - le peintre, pas la folle au lapin chasseur -, un peu plus loin, dans la chapelle Saint Antoine – ou chapelle baptismale – le grand tableau de Murillo : la vision de saint Antoine de Padoue.
Au hasard des pas nous découvrons un Vélasquez et puis tout un tas de toiles plus belles les unes que les autres.
Pour qui nous suit depuis des années, vous savez que nous ne sommes pas de fervents visiteurs de musées et autres lieux d’arts, mais aller en Andalousie et faire l’impasse sur tous ces chefs d’œuvres serait une pure hérésie. Et franchement, ça fait du bien aux yeux de voir autant de merveilles, peintes, sculptées, dorées ou argentées offertes à nous à travers les siècles.
Nous passons de chapelles – il y en a une trentaine - en salons, mirons des ostensoirs, des tabernacles, des calices, des Jésus crucifiés ou dans les bras de sa Sainte Maman, des robes et des étoles, c’est une débauche de beauté et une réflexion sur le supposé vœux de pauvreté de l’Église.
Et aussi sur les origines de toutes ces merveilles qui ont probablement été réalisées grâce aux richesses spoliées aux peuples sacrifiés de l’autre côté de l’océan Atlantique.
Après plus de deux heures de visite, nous quittons l’intérieur de la cathédrale et nous dirigeons vers l’escalier de la Giralda.
En 1148, un minaret de 97 mètres de hauteur est commandé à l’architecte Ahmad Ben Baso. La dernière brique est posée en 1198 et la construction devient le monument le plus fastueux d’Al Andalus. Après moult péripéties et modifications, le minaret devient campanile et clocher de la cathédrale.
C’est un monument si symbolique de la ville, qu’une règle tacite d’urbanisme interdit toute construction plus haute que sa girouette.
C’est donc là-haut que nous montons et le plus étrange, c’est qu’il n’y a que 6 marches pour accéder au sommet !
En
effet, c’est une succession de rampes inclinées
–
35 exactement – qui permet de grimper entre la tour interne et le
mur externe. Cette rampe devait permettre d’y monter à cheval,
solution plus rigolote et moins fatigante que nos chaussures, toutes
de rando qu’elles soient.
Un
groupe d’élèves français se bouscule et court comme quand
j’avais 15 ans. Leur professeure les convie à un peu plus de
discrétion et de respect, rappelant qu’ils se trouvent quand même
dans un édifice religieux.
Un
peu sous les 104 mètres et 10 centimètres de la pointe de la croix
brandie par la statue de la Foi
victorieuse
couronnant la cime, 24 cloches attendent avec impatience de sonner,
tinter, carillonner à tout va. Par chance pour nos tympans, nous
échappons à la volée
tournante, le
plénum
n’aura pas lieu et ne nous rendra pas sourdingue.
Du haut de la tour, et malgré un ciel toujours assez chargé, nous admirons les toits de la ville d’où émergent clochers aux tuiles vernissées, terrasses accueillantes, arènes et façades colorées.
Retour
sur le plancher des taureaux et passage par le romantique patio des
orangers, où une soixantaine d’arbres en fleur diffusent leur
puissant parfum, comme partout en ville.
En effet, le fleuve capricieux qui a provoqué d’importantes inondations au 18e siècle, a été détourné pour passer plus à l’ouest et rendre le cours d'eau plus facilement navigable, tout en maitrisant ses sautes d’humeur.
Ouvert en amont à la navigation, il est fermé au nord, ce qui lui enlève
le titre de canal pour celui de darse.
Idéal
pour les sports nautiques comme l’aviron ou le canoë, il promène
également les touristes sur des bateaux moins sportifs.
Nous grimpons sur le pont Isabel II, pour arriver dans le fameux quartier gitan de Triana, réputé pour ses fabriques de céramique et son flamenco endiablé.
Le
marché est fermé, mais quelques boutiques exposent encore ces
délicieux jambons et les fumets de ces charcuteries divines
embaument l’air.
Ce
marché est bâti sur les ruines du tristement célèbre château
San Jorge,
siège de l’Inquisition, qui dans les sombres années 1480 jugea
les déviants et hérétiques. En fait, tous les non-catholiques ou
les voisins mal-aimés pouvaient passer devant le tribunal avant de
subir quelques sévices bien sentis.
Les
façades aux céramiques colorées amènent un peu plus de joie que
les hurlements
des suppliciés et les terrasses des bodegas sont pleines de rires et
de verres qui trinquent à la santé des amis et de la famille.
Nous
nous promettons de revenir visiter Triana lors de notre
prochain séjour, en attendant nous retraversons en direction du
centre historique de Séville.
Les
nuages pommellent toujours un ciel hésitant entre bleu et pluie. Une
arche salvatrice nous protège d’une ondée soudaine que l’immense
et noir horizon nous annonçait depuis quelques minutes.
Quinze
minutes de déluge et aussitôt, le soleil refait son apparition et
les contrastes puissants illuminent la ville aux reflets multicolores
des façades joyeuses se
reflétant sur les pavés mouillés.
Ayant
écumé le quartier de Santa Cruz, au sud de la ville, nous arpentons
les ruelles de l’Alfalfa et entrons dans la
Iglesia
de Santa Catalina.
Outre ses décors baroques flamboyants et son retable magnifiquement
doré, il est intéressant de noter que c’est aussi le Siège
canonique des fraternités de l'Exaltation, de la Vierge du Carmen et
du Rosaire, et de Sainte-Lucie. Une information capitale pour qui
cherche l’Exaltation.
Sur
la route, nous ne pouvons nous empêcher de baguenauder sous les
circonvolutions du Parasol qui prend une autre dimension une fois la
nuit tombée et les éclairages allumés.
Un
petit coup d’œil sur les préparatifs des cortèges de la semaine
sainte dans l’église
de la Anunciación
et enfin, nous posons nos séants sur une chaise de la terrasse du
Sal
Gorda,
un restaurant réputé pour ses plats originaux.
Les
croquettes au jambon servies sur un petit cochon tout plat, le
risotto aux cèpes et gambas et les tortillas aux crevettes et
guacamole sont divins. La carte est tellement exhaustive que le choix
est cornélien.
Nous allons devoir revenir, mais là il va quand même
falloir se reposer un peu.
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CLIC - CLAC, merci Cricri !
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