Andalousie 2024 - Séville - 2/3

Samedi 9 mars – Séville

Cathédrale, Giralda, Metropol Parasol 

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Un petit-déj vite expédié dans le confort de notre chambre et nous partons braver la pluie qui s’est invitée sur la capitale andalouse. Nous battons le pavé - enfin pour ma part, je le clopine plutôt que le battre - et remontons plusieurs fois la rue commerçante, entre boutiques de fringues et petits cafés pour se reposer.

Ce matin, nous allons visiter la cathédrale de Séville

Le truc en plus et en diagonale :
J'ai pris soin d'acheter les billets d'avance (12 euros) sur le site officiel.
Plusieurs autres sites plus ou moins ressemblant vendent des entrées plus ou moins valides au double ou triple du prix. Nous avons vu plusieurs personnes se faire refouler car les billets étaient des faux.
Cet avertissement vaut pour tous les lieux que nous avons visités.

Il s’agit ni plus ni moins de la plus grande cathédrale gothique du mooooonde.

La
Catedral de Santa María de la Sede – Cathédrale Notre-Dame du Siège – s’étend sur 11 500 mètres carrés et, comme quasiment tous les édifices religieux, a été bâtie sur une ancienne mosquée datant de 1172.

En 1248, suite à la Reconquista, le bâtiment est converti en mosquée christianisée, puis en cathédrale. En 1401, elle devient officiellement une grande cathédrale et son aspiration de démesure est traduite par l’idée de « Construisons une église si belle et si grande que ceux qui la verront terminée nous traiteront de fous ».

Sa transformation s’achève en 1528, et on a conservé l’essentiel de sa structure et de ses décors. Le minaret d’origine a été intégré dans la structure du clocher et coiffé d’un chapeau un peu plus chrétien, surmonté de la fameuse girouette, symbole de la ville, qui lui donne son nom de
Giralda.

À l’intérieur, c’est le royaume de la démesure. Les 500 000 m3 de volume de l’édifice, où résonnent les murmures des visiteurs, nous donnent l’impression de petitesse face à ce vaisseau vers les Cieux.

Où que l’œil se pose, ce ne sont qu’œuvres d’art, statues, dorures, et louanges au Très Haut.

Sous l’œil bienveillant d’un gigantesque Saint-Christophe, trône majestueusement le catafalque dédié à Christophe Colomb. Après moult péripéties et voyages posthumes, sa dépouille est censée être enfin en paix sous ces sculptures.

Cristóbal Colón décède à l’âge de 55 ans à Valladolid - au nord-ouest de Madrid - en 1506, où il est enterré. En 1529, sa dépouille est transférée à Séville.
En 1541, nouveau déménagement, son corps traverse l’océan pour être inhumé dans la cathédrale de Saint-Domingue.
Il y est enfin en paix pour 250 ans avant que l’île de Saint-Domingue ne soit cédée à la France. L’Espagne quitte l’île avec armes, bagages et les restes du découvreur pour s’installer à La Havane.

Encore une fois, suite à la guerre contre les États-Unis, les Espagnols doivent quitter leur ancienne possession, et en 1898 le marin trouve définitivement une place de choix dans la cathédrale de Séville, sous cette impressionnante œuvre devant laquelle nous nous tenons.

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La Capilla Mayor - Chapelle Majeure - avec son retable colossal, illumine l’espace de ses ors. Pas moins de 45 panneaux sculptés représentent des scènes de la vie de Jésus. C’est tout simplement le tableau d’autel, le plus grand et riche du monde.


Dans la
Grande Sacristie, un ostensoir en argent de 3 mètres 90 pesant pas moins de 475 kilos, ce qui en fait le plus grand du monde. Y en a des patentes ‘’les plus grandes du monde’’ dans cette cathédrale !

Suit le Trésor composé d’objets rituels en or, argent et ivoire et de pierres précieuses. Une flopée de chefs d’œuvres d’orfèvrerie d’une beauté éblouissante.

Au cœur du chœur, deux buffets d’orgues se font face. Commandés par une seule console centrale ils ne font ainsi plus qu’un seul et immense instrument de musique.

Dans un
e chapelle, le magnifique Saintes Justa et Rufina, une œuvre de Goya, - le peintre, pas la folle au lapin chasseur -, un peu plus loin, dans la chapelle Saint Antoine – ou chapelle baptismale – le grand tableau de Murillo : la vision de saint Antoine de Padoue.

Au hasard des pas nous découvrons un Vélasquez et puis tout un tas de toiles plus belles les unes que les autres.

Pour qui nous suit depuis des années, vous savez que nous ne sommes pas de fervents visiteurs de musées et autres lieux d’arts, mais aller en Andalousie et faire l’impasse sur tous ces chefs d’œuvres serait une pure hérésie. Et franchement, ça fait du bien aux yeux de voir autant de merveilles, peintes, sculptées, dorées ou argentées offertes à nous à travers les siècles.

Nous passons de chapelles – il y en a une trentaine - en salons, mirons des ostensoirs, des tabernacles, des calices, des Jésus crucifiés ou dans les bras de sa Sainte Maman, des robes et des étoles, c’est une débauche de beauté et une réflexion sur le supposé vœux de pauvreté de l’Église.

Et aussi sur les origines de toutes ces merveilles qui ont probablement été
réalisées grâce aux richesses spoliées aux peuples sacrifiés de l’autre côté de l’océan Atlantique.

Après plus de deux heures de visite, nous quittons l’intérieur de la cathédrale et nous dirigeons vers l’escalier de la
Giralda.

En 1148, un minaret de 97 mètres de hauteur est commandé à l’architecte
Ahmad Ben Baso. La dernière brique est posée en 1198 et la construction devient le monument le plus fastueux d’Al AndalusAprès moult péripéties et modifications, le minaret devient campanile et clocher de la cathédrale.

C’est un monument si symbolique de la ville, qu’une règle tacite d’urbanisme interdit toute construction plus haute que sa girouette.

C’est donc là-haut que nous montons et le plus étrange, c’est qu’il n’y a que 6 marches pour accéder au sommet !
En effet, c’est une succession de rampes inclinées – 35 exactement – qui permet de grimper entre la tour interne et le mur externe. Cette rampe devait permettre d’y monter à cheval, solution plus rigolote et moins fatigante que nos chaussures, toutes de rando qu’elles soient.

Un groupe d’élèves français se bouscule et court comme quand j’avais 15 ans. Leur professeure les convie à un peu plus de discrétion et de respect, rappelant qu’ils se trouvent quand même dans un édifice religieux.

Un peu sous les 104 mètres et 10 centimètres de la pointe de la croix brandie par la statue de la Foi victorieuse couronnant la cime, 24 cloches attendent avec impatience de sonner, tinter, carillonner à tout va. Par chance pour nos tympans, nous échappons à la volée tournante, le plénum n’aura pas lieu et ne nous rendra pas sourdingue.

Du haut de la tour, et malgré un ciel toujours assez chargé, nous admirons les toits de la ville d’où émergent clochers aux tuiles vernissées, terrasses accueillantes, arènes et façades colorées.

Retour sur le plancher des taureaux et passage par le romantique patio des orangers, où une soixantaine d’arbres en fleur diffusent leur puissant parfum, comme partout en ville.

Le ciel s’est débarrassé de ses encombrants nuages, ne restent que quelques îlots cotonneux pour décorer les cieux. Nous en profitons pour déambuler dans les rues de la ville. Les façades colorées s’illuminent sous les rayons du soleil, nous gagnons les rives du Guadalquivir, enfin de son canal.

En effet, le fleuve capricieux qui a provoqué d’importantes inondations au 18e siècle, a été détourné pour passer plus à l’ouest et rendre le cours d'eau plus facilement navigable, tout en maitrisant ses sautes d’humeur.

Ouvert en amont à la navigation, il est fermé au nord, ce qui lui enlève le titre de canal pour celui de darse.
Idéal pour les sports nautiques comme l’aviron ou le canoë, il promène également les touristes sur des bateaux moins sportifs.

Nous grimpons sur le
pont Isabel II, pour arriver dans le fameux quartier gitan de Triana, réputé pour ses fabriques de céramique et son flamenco endiablé.

Le marché est fermé, mais quelques boutiques exposent encore ces délicieux jambons et les fumets de ces charcuteries divines embaument l’air.

Ce marché est bâti sur les ruines du tristement célèbre château San Jorge, siège de l’Inquisition, qui dans les sombres années 1480 jugea les déviants et hérétiques. En fait, tous les non-catholiques ou les voisins mal-aimés pouvaient passer devant le tribunal avant de subir quelques sévices bien sentis.

Les façades aux céramiques colorées amènent un peu plus de joie que les hurlements des suppliciés et les terrasses des bodegas sont pleines de rires et de verres qui trinquent à la santé des amis et de la famille.

Nous nous promettons de revenir visiter Triana lors de notre prochain séjour, en attendant nous retraversons en direction du centre historique de Séville.

Les nuages pommellent toujours un ciel hésitant entre bleu et pluie. Une arche salvatrice nous protège d’une ondée soudaine que l’immense et noir horizon nous annonçait depuis quelques minutes.
Quinze minutes de déluge et aussitôt, le soleil refait son apparition et les contrastes puissants illuminent la ville aux reflets multicolores des façades joyeuses se reflétant sur les pavés mouillés.

Ayant écumé le quartier de Santa Cruz, au sud de la ville, nous arpentons les ruelles de l’Alfalfa et entrons dans la Iglesia de Santa Catalina
Outre ses décors baroques flamboyants et son retable magnifiquement doré, il est intéressant de noter que c’est aussi le Siège canonique des fraternités de l'Exaltation, de la Vierge du Carmen et du Rosaire, et de Sainte-Lucie. Une information capitale pour qui cherche l’Exaltation.

Et comme c’est de nouveau l’heure de l’apéro, nous prenons place à la terrasse du Eme, un petit bar qui ne paie pas de mine, mais qui fabrique le meilleur montadito de Solomillo al Wisky, un sandwich garni d’une tranche de surlonge de porc à la sauce whisky, un pur délice tombé du Ciel dans nos assiettes.

Sur la route, nous ne pouvons nous empêcher de baguenauder sous les circonvolutions du Parasol qui prend une autre dimension une fois la nuit tombée et les éclairages allumés.
Un petit coup d’œil sur les préparatifs des cortèges de la semaine sainte dans l’église de la Anunciación et enfin, nous posons nos séants sur une chaise de la terrasse du Sal Gorda, un restaurant réputé pour ses plats originaux.

Les croquettes au jambon servies sur un petit cochon tout plat, le risotto aux cèpes et gambas et les tortillas aux crevettes et guacamole sont divins. La carte est tellement exhaustive que le choix est cornélien. 

Nous allons devoir revenir, mais là il va quand même falloir se reposer un peu.

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CLIC - CLAC, merci Cricri !

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