Asie 2019 - Philippines - Coron 3/3

27 février – Island hopping, entre coraux et paysages de rêve.
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Le gérant de l’hôtel, un peu difficile de comprenure, a fini par devancer notre départ à ma demande.
Nous avons fait le choix de ne pas nous mêler à la populace bruyante et d’affréter un bateau rien que pour nous.
J’avais également demandé à partir plus tôt pour éviter de nous retrouver aux mêmes endroits que tout le monde en même temps.
Hier soir il avait non seulement oublié de passer la commande du bateau, mais insistait pour nous faire partir entre 8 et 9.

Alors, quand je suis revenu de ma plongée, je suis allé le voir. Et tout s’est réglé avec de grands sourires, fermes.

La fourchette s’est réduite de 30 minutes, et ce matin, à 8h15, un tricycle vient nous chercher pour nous emmener au port.
Alvin, que ses amis moqueurs appellent M’ame, se fout de leurs railleries et poursuit sa route en grande princesse. Ses chums doivent être jaloux des beaux Occidentaux qui accompagnent le vaporeux guide.

En fait, il ne sera pas du tout notre guide, et nous présente à l’équipe qui prendra soin de nous toute la journée.

Trois personnes seront responsables de notre bonheur : Capitaine Sourire, le matelot/cuisinier et le matelot/guide.

Le capitaine traîne un peu pour remplir certains papiers, et nous partons juste avant la cohue des bangkas de 20 personnes, en direction de l’île de Coron où se concentrent les lieux de visite.

En 30 minutes de navigation dans une mer clapoteuse, nous arrivons à Twin Lagoon
Le matelot jette l’ancre et nous sommes invités à enfiler des gilets de sauvetage pour barboter jusqu’au lagon. Sérieux, vous voulez vraiment que je porte ce truc ni pratique ni seyant ?
C’est obligatoire depuis 5 ans, lorsqu’un touriste complètement imbibé d’alcool a coulé et s’est noyé. 
Alors, que tu sois champion de natation ou fer à repasser, la consigne est la même pour tous : no lifejacket, no swimming.

Nous descendons par l'échelle et nageons jusqu’au premier lagon. D’ici, il est ensuite facile de nager jusqu’à un tunnel qui permet d'accéder au deuxième lagon, mais j’ai fait l’erreur de prendre mon sac.
Aussi étanche soit-il, je n’ai nullement envie de le tester avec mon drone dedans, et de toute façon il y a bien trop de vent pour faire décoller autre chose qu’une mouette.

Je reviens donc tranquillement au bateau en laissant André avec notre guide poursuivre sa nage jusqu’au point de vue.
Plusieurs bateaux sont arrivés, mais le site est assez grand pour absorber les visiteurs, qui sont autant de points orange fluo sur fond d’eau translucide.

Nous nous dirigeons ensuite vers Skeleton Wreck, une épave dont il ne reste que les membrures, est immergée entre 5 et 20 mètres de profondeur. On y accède facilement avec une simple inspiration, mais le manque de plomb et de palmes limitera mes immersions.
Du haut des flots, André, engoncé dans son gilet flotteur, me surveille et parle dans son tuba dès qu’il voit un poisson.

Après plusieurs séances d’apnée, je remonte sur le bateau qui nous emmène sur un plateau corallien à quelques minutes d’hélice.
Le sable blanc est recouvert de toutes sortes de coraux durs et mous. Les poissons y batifolent à l’abri des grands prédateurs, la zone est protégée des pécheurs et des ancres.

Les couleurs sont splendides, c’est un enchantement, on a l’impression de nager dans un aquarium. André n’arrête pas de me parler à travers le tuba, ce qui n’aide pas à la compréhension de ses propos, mais je devine qu’il s‘émerveille de tout.
Inutile de le faire plonger plus profond, ce qu’il voit lui suffit largement.

Retour sur le bateau et direction une plage pour y manger. 
Le temps passe tellement vite que nous n'avions même pas deviné qu’il était l’heure de passer à table.
La capitaine crie : tout le monde a fini d'écrire ? Je jette l'ancre !

Le petit barbecue à l’arrière de notre vaisseau a cuit du poisson, des légumes et d’autres mets qui nous seront servis sur une plage où seuls cinq autres bateaux ont mouillé. D’ailleurs, la plupart ont également été affrétés par des couples, ainsi nous sommes très peu nombreux sur la jolie bande de sable.

Notre table, protégée par un toit en palmes, fait face à la mer qui miroite de bonheur sur le sable blanc, que demander de plus ?

Je laisse les crevettes à André et m’occupe de la jolie bonite que j’arrose de jus de calamansi. Bol de riz, aubergine, tomates et sauce soja améliorée seront du menu.

Profitant de la situation un peu moins exposée au vent violent qui souffle depuis ce matin j'envoie le petit Mavic faire quelques photos du haut des cieux.
Mais là-haut, ça souffle fort, et les formations rocheuses créent des interférences à la bonne réception du GPS. 

L'œil rivé sur l’écran de contrôle, je manipule délicatement les manettes de vol pendant que mon assistant ne lâche pas le tout petit point noir dans le ciel du regard. L'alarme de batterie m’informe qu’il est temps de rentrer et de ranger la machine avant un drame et une nouvelle épave à visiter.

Nous reprenons la mer en direction d’une des activités phares de toute visite dans le coin, le lac Kayangan.
Celui-ci est accessible sans mouiller le maillot grâce à un long quai en bois où les bateaux s’amarrent. Et quand il y en a trop, hé bien on passe de pont en pont jusqu’à la terre ferme.

Un escalier grimpe dans la montagne jusqu’à un belvédère qui offre un point de vue magistral. Les bangkas flottent sur l’air qui a la couleur de l’eau. Entre les formations rocheuses, le petit lagon expose ses plus beaux atours et les nuances des bleu marin rivalisent avec le bleu du ciel.
Les quelques touristes présents se pressent pour faire selfies et portraitiser à contre-jour, nous, nous continuons le chemin vers le lac.

Vaste étendue d’eau au sein de l’île, parsemée des gilets jaunes plus calmes qu’autour d’un rond-point.

André ne reste pas longtemps sur le petit ponton et saute à l’eau dont la température varie en fonction de sa composition. Ici aussi, comme à Barracuda Lake, les eaux douces et salées se superposent, mais de façon moins ordonnée.

Je demande à notre guide si je peux lancer mon drone, il acquiesce et je me dépêche de préparer l’engin. Le lac est complètement encerclé de hauts pics, et je dois commencer mon vol à vue. C’est risqué, car le GPS ne fonctionne pas et l’appareil ne se stabilise pas, je dois le gérer totalement manuellement. Arrivé en aire un peu plus découverte, le GPS est activé et je peux le faire monter pour prendre quelques photos.
Un sifflet et un cri de l’autre côté de la rive m’intiment de ramener l’engin dont l’utilisation est interdite ici. Mon guide n’aura pas son pourboire, je le crains…

Je me hâte de faire revenir la mécanique volante et trouve un terrain d’atterrissage entre deux planches branlantes. Vite démonté et rangé, je me faufile avec grâce dans mon gilet trop petit et me jette à l’eau avec masque et tuba.

La baignade est agréable dans cette eau presque douce. Inutile de tenter d’aller voir ce qui se passe sous la surface, la flottabilité super positive nous empêche de descendre plus bas que le bout du tuyau en plastique coincé entre les dents.

Nous traînons et papotons comme des retraités dans un sanatorium puis revenons au quai où nous attend notre chaperon.
Il est temps de quitter le lac pour laisser la place à d’autres, j’ai l’impression qu’il y a un contrôle de la fréquentation.

Le matelot/cuisinier me demande si nous voulons rentrer. Je lui trouvais aussi une tête de lendemain de veille à celui-là, mais non, nous n’allons pas encore rentrer, j’ai envie de faire une dernière exploration sous-marine, et je sais que sur la route du retour il y a un site à visiter.

Siete pescados est un platier entouré de 7 petits îlots où tous les bateaux de la journée vont lâcher leurs foules destructrices de corail et autres apnéistes.

Le vent fort oblige le capitaine à manœuvrer en faisant le tour des îles pour se mettre un peu à l’abri avant d’attraper la bouée sur laquelle il va pouvoir amarrer notre embarcation. Interdiction formelle de jeter l'ancre dans ce jardin qui a mis des centaines d’années à pousser. Dommage de ne pas interdire également les sandales et autres chaussures dont sont équipés les touristes avant la mise à l’eau. Ils se sentiraient un peu moins à l’aise et ne fracasseraient pas les très fragiles branches de calcaire qui finiront bientôt par rendre ce jardin aussi triste qu’une plaine sibérienne en novembre.

André flotte toujours dans son gilet et s’extasie à chaque fois qu’il voit quelque chose bouger, c’est-à-dire en permanence.
Je me hâle le long du mouillage pour descendre sans effort et profiter des activités sous-marines. J’espère croiser une tortue, mais j’imagine que la bruyante circulation de surface n’aide pas ces reptiles antédiluviens à relaxer et mener une vie pépère.

Nous aimerions rester ici, mais notre peau commence à ramollir et nous informe qu’il est temps de sécher un peu et de passer à la crème après-solaire.

En un rien de temps, nous arrivons au port et débarquons en remerciant tout ce beau monde. L’évanescent Alvin n’est pas là pour nous accueillir et nous mettre dans un tricycle inclus dans le prix de la journée, et l’équipage n’a pas l’air au courant des procédures de retour des touristes.
Pas grave, nous avons à faire au bourg et il ne faut pas plus de 15 minutes de marche pour retrouver notre piscine.

Hier, j’ai essayé de réserver un transfert pour l’aéroport, mais le prix de 150 pesos par personne monte à 900 si le minivan n’est pas rempli de 6 voyageurs.
Je passe donc au bureau des informations touristiques et réserve deux places pour demain matin. J’annulerais ainsi nos réservations à l’hôtel qui a probablement dû perdre le petit papier de toute façon.

Une dernière piscine pour nous dessaler, une sérieuse séance de crémage de dos et nous partons assister au spectacle immuable et merveilleux du soleil qui se couche en face de la terrasse de la Sireneta. Accueillis par la pétulante propriétaire, nous buvons notre bière en dégustant un kinilaw, et nous pâmons des derniers instants de ce jour fantastique.

Une ultime journée à la hauteur de ce voyage aux Philippines qui avait si bizarrement commencé. Demain, réveil à 4 heures, pour notre ultime destination : Manille.


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