Samedi 11 février – Puerto Montt

Cette journée est une escale sur la route de l’Argentine. Les horaires des bus ne concordant pas vraiment, nous avons décidé de passer la nuit à Puerto Montt avant de traverser la frontière.

La pluie s’est installée dans le ciel de Chiloé. Nous montons dans le bus qui va faire une escale à Ancud, avant de se stationner sur le traversier en direction de Puerto Montt.

Le petit garçon qui passe son temps à taper dans le dossier de mon siège d’autobus va bientôt finir son trajet dans la soute à bagages. Mes gros yeux à sa maman n’y changent rien. Ici, l’enfant est plus qu’un roi, c’est un mini empereur-dictateur qui a tous les droits, et qui ne se prive pas d’en user et abuser.
Finalement, je me retourne assez violemment et demande d’arrêter, sinon j’infanticide !
Je ne sais pas si les bons mots sont sortis, mais le calme revient immédiatement.

Puerto Montt est une grande ville de plus de 200 000 habitants. Carrefour stratégique entre la région des lacs et la Patagonie, elle est surtout une ville de transit. 

Contrairement à sa voisine Puerto Varas, elle n’en a ni le charme, ni la poésie. 
On y trouve quand même quelques brasseries sympas et des restaurants qui valent un excellent repas. 

En attendant, nous marchons vers notre auberge, sous une petite bruine fraîche, et la ville grimpe pas mal du côté des collines.
Nous trouvons enfin notre demeure, qui est une énorme bâtisse étalée sur deux rues. La Posada de Pablo est supposée se situer sur la rue Buenos Aires, mais ni pancarte, ni numéro ne signale l’auberge. Nous montons donc à l’Hostal Don Nicolas sur la rue Chiloé qui est juste au-dessus. Finalement, on nous ouvre la porte et nous explique que c’est bien sur l’autre rue, en fait toute la bâtisse appartient à la même famille.
Un coté simili-chic et un coté pas chic du tout, ça dépend du prix que tu payes… Nous sommes dans le deuxième.

Passages à travers la buanderie, plafonds bas et cadres de portes au niveau du front, escaliers en colimaçon, petite cour, nouveaux escaliers, et enfin, nous arrivons à notre chambre.
C’est un peu humide, un peu sombre et un peu vieillot, mais ça a l’air calme et c’est assez grand. De toute façon, je ne comptais pas y passer ma lune de miel.

Nous quittons rapidement notre auberge pour gagner le centre-ville. 
La promenade le long des quais nous fait tout de même découvrir l’un des meilleurs choripan de notre voyage. Les chorizos cuisent dans une grosse marmite avec des oignons et un bouillon des plus odorants. La saucisse fond en bouche, c’est un vrai délice.

Nous faisons très rapidement le tour du centre commercial, et retournons à l’air libre. Le vent se charge de nettoyer le ciel, lorsque nous remarquons un attroupement et des hurlements de sirènes. Je doute fort qu’un décérébré fou-de-dieu vienne foutre le bordel dans cette bourgade, mais de plus en plus de camions de pompiers et d’ambulances convergent, toutes sirènes hurlantes vers la place d’Armes.

C’est l’activité de ce samedi tranquille, la revue des bomberos, le défilé de leurs gros camions rouges et des démonstrations de leurs savoir-faire. Leur matériel est moderne et bien entretenu, et d’après les autocollants sur les véhicules, nombreux sont les dons de l’Espagne.

Une grande échelle est déployée face à un camion qui érige une benne à une hauteur impressionnante. Des pompiers grimpent habilement le long de l’interminable échelle, puis les p’tits gars d’en bas ouvrent les vannes. L’eau s’engouffre dans le boyau rouge et jaillit de la lance braquée sur la plaza de Armas, où presque tout le monde a pensé à larguer les amarres. 

Désincarcération, feu de voiture, de poubelle, blessés fictifs, toutes les situations sont passées en revue. Nous allons nous abriter dans un bistro en attendant la fin des émanations ténébreuses du pétrole en feu.



Ciel, il est déjà tard, l’heure du souper est arrivée sans que nous nous en soyons rendus compte. Comme notre voyage s’est lentement, mais sûrement transformé un pèlerinage gastronomique et que le pays s’y prête, nous allons donc faire les honneurs de la réputée cuisine du Chile Picante. D’abord, il faut traverser toute la ville et grimper au sommet de l’une de ses collines. Essoufflés, nous arrivons au pied de l’escalier du restaurant que nous pensons fermé. Mais il est en train d’ouvrir, on mange tard au Chili.

Nous serons les seuls clients ce soir et nos assiettes sont largement à la hauteur de la réputation de l’établissement. Sa situation géographique nous offre une superbe vue sur la ville et le port. Le menu trois services, nous propose des plats magnifiquement présentés. Produits locaux, mélanges de traditions culinaires, couleurs vives, goûts insolites, un arrêt gastronomique à ne pas manquer. Surtout pour moins de 20$ par personne. Et ils ont un excellent Carménère !

Maintenant, il nous suffit juste de descendre la pente, tirer un peu à droite, ne pas rater les escaliers, éviter les attroupements avinés dans les coins sombres, et nous arrivons à notre chambre dans le dédale de couloirs de notre Posada. 

Demain, nous serons vraiment en Argentine !

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