Si l’île est bien desservie par le système de bus, rien n’égale la liberté de son propre véhicule. Au diable les dépenses !
Nous retournons visiter l’église, dont l’intérieur boisé est si reposant.
Par contre, les Jésus sont intenses ! Torturés, martyrisés, suppliciés, écorchés, crucifiés et sanguinolents, il n’y a pas de demi-mesure à l’imagerie des Christ en croix dans les églises chilotes. On est loin du Rédempteur blond, idéalisé, baigné de lumière divine, béat du sacrifice offert aux croyants.
Je n’avais jamais vraiment réfléchi à ce qu’avait pu être le calvaire de ce fils divin que notre enseignement religieux propagandiste avait essayé de nous faire avaler. Ben, oui, le Sauveur a morflé, et ça se voit !
Au passage, dans un coin de la Plaza, nous déposons quelques vêtements, qui ont bien besoin d’une virée dans la machine à laver, au nettoyeur local et partons réserver le bus pour Bariloche, en Argentine, où nous voulons aller dans quelques jours. Mais c’est partie remise, il faut présenter le passeport, que nous n’avons pas. Nous repasserons plus tard.
Quittant la Plaza de Armas vers le sud et longeant la route vers l’est, nous arrivons en vue de l’un des quartiers de palafitos les plus connus. Surplombant la baie, les maisonnettes multicolores projettent leur éclat sur les vaguelettes, taches vertes, rouges, patines dégradées de nuances de brun, vernis écaillés, peintures éclatantes, couleurs passées, le romantisme est posé sur les eaux fraîches de ce sud si envoûtant.
Hormis la belle image d’Épinal, ces maisons sont des lieux bien vivants. Quelques familles habitent encore ces bâtisses ancestrales, mais la plupart sont reconverties en hôtels, restaurants ou cafés où il fait bon laisser passer le temps.
Le restaurant Mar y Canela nous accueille avec joie, et sa carte est une mine de découvertes culinaires. Mêlant les saveurs îliennes traditionnelles à une cuisine inventive et colorée, poissons, crustacés et mollusques sont à l’honneur. Une table qui a changé de nom depuis notre passage et qui se nomme à présent Cazador.
À l’avant du restaurant, une boutique vend tissages en laine et artisanat local. Nous aimerions tout acheter, mais la route est encore longue et les prix sont tout de même conséquents. Qualité et travail minutieux oblige… Nous sommes loin du souvenir prêt à jeter en provenance de Chine.
André revient avec sa mine des mauvais jours, et tempête contre l’amateurisme de ces gens qui se prétendent gardiens de nos vêtements bien-aimés. En revenant à la chambre, je constate que pour porter deux de mes t-shirts, il faudrait que je perde 40 kilos d’ici demain, encore une erreur que je vais immédiatement régler avec le gérant balbutiant de l’officine que je ne recommande vraiment pas.
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En poursuivant la promenade, nous passons devant un parking privé transformé en camping crado pour routards fauchés, marchons jusqu'aux palafitos à l'entrée de la ville sous un ciel de plus en plus menaçant et irons déguster un expresso, un peu trop cher, dans un café bobo installé dans le troisième quartier de ces belles maisons sur pilotis.
La marée basse dévoile les vases lustrées où le pâle soleil jette quelques rayons blafards sur lesquels les barques échouées se vautrent avec délectation.
Longeant les quais, nous tombons sur le port de pêche et le petit marché attenant. Hélas tout est en train de fermer, mais nous aurons quand même la joie d’assister au retour de petits bateaux déchargeant des tonnes de moules. Qui, pour quelques-unes, termineront leur existence, fumées et accrochées à une tresse au milieu des allées d’un marché.
Un marché dans lequel on trouve des sacs de délicieuses patates colorées, des pulls en épaisse laine de mouton, quelques horribles espèces de couvertures brodées de motifs aussi surprenant que des pandas !, et les incontournables et délicieux ceviche.
En fin de journée, nous referons honneur à la carte du restaurant Mercadito, qui comme je l’annonçais est devenu notre cantine de luxe.
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