Lundi 23 janvier – Du refuge du Tricahue à Villarrica

Depuis hier, nos plans ont encore changé. Finalement, ce pays est tellement immense et a tant de choses à offrir que notre projet de remonter via l' Argentine se réduit comme peau de chagrin. 

Point de chagrin cependant puisque nous aurions le sentiment de courir après les étapes, de rater l’essentiel du voyage qui est de profiter. Nous ne voulons pas cocher des cases dans un carnet de ''choses à faire avant de mourir'', le temps qui semble long file à une vitesse incroyable.
Alors, pour l’instant, l’île de Chiloé est la dernière étape sur un calendrier qui change tous les jours.

La tête dans les étoiles, c’est complètement magique. Sauf qu’après les étoiles il y a l’aube… Alors nous nous levons très tôt.
Un dernier déjeuner à l’ancienne avec toasts grillées sur le gaz, nous finissons de boucler nos sacs, un petit mot à notre pêcheur et nous descendons sur le bord de la route pour y attendre le bus.

Comme prévu, à 9h30 son panache de poussière l’annonce au loin, le chauffeur vient nous ouvrir la soute pour y déposer nos gros sacs à dos et c’est parti pour Talca.
En route, nous ramasserons dames allant au marché, étudiants vers les universités, familles en visite et autres représentants voyageurs. Le bus est plein à craquer lorsque nous arriverons à Talca après 1 heure 45 de trajet.

Nous laissons nos sacs à la consigne de Turbus et nous rendons rapidement en ville. Avec près de deux heures devant nous, nous avons le temps de retirer de l’argent (merci ING/Tangerine pour les retraits sans frais chez Scotia), manger un bon sandwich, se gâter avec un expresso et se gourmander avec un sorbet citron vert, menthe et gingembre, tout en prenant et donnant des nouvelles.

Un collectivo nous ramène au terminal où nous récupérons nos sacs et nous mettons en attente sur le quai. 

Au loin, un gigantesque panache de fumée envahit le ciel, on entend les sirènes des camions de pompiers. Avec ce vent puissant et cette chaleur, pas étonnant que ça brûle. Nous sommes loin d’imaginer l’importance de la catastrophe qui se joue depuis notre passage à Santa Cruz.
Dimitri, au refuge, nous avait dit que c’était l’été le plus chaud depuis au moins 10 ans et que des feux avaient éclaté dans le centre du pays.
Dans le couloir, une télévision passe en boucle des informations en direct où un journaliste se frotte aux flammes, demande aux sinistrés comment ils se sentent et dérange les pompiers en plein boulot. De la belle info sensationnaliste comme le peuple l’aime, du TVA en espagnol !

Le bus arrive enfin, avec 20 minutes de retard. À bien y regarder, celui-ci part pour Vina del Mar, patience. Un autre arrive qui s’en va à Santiago… Je vais voir la demoiselle au comptoir pour savoir si je suis au bon endroit. Elle me lâche tout un tas de mots dans lesquels je reconnais muy lento, trafico et si, es aqui. Mine de rien, ça me rassure, le bus est juste en retard.
En retard d’une heure !

Finalement, nous arriverons à Villarrica à 22 heures 30 et marcherons jusqu’à notre dodo. Carlos, ancien champion de boxe olympique, nous ouvre la porte de sa pension Omi Kika, et nous présente la chambre où nous pouvons enfin poser nos sacs après 13 heures de voyage. 

Épuisés et affamés, nous ne bougerons plus de ce cocon où nous apprenons que plus de 130 000 hectares sont partis en fumée.

La folie s'est emparée de la gare routière de Talca !
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