Dimanche 15 janvier – Santa Cruz – Lolol et Viña Santa Cruz

Le matelas a beau essayer de nous garder avec lui, nous nous réveillons au chant des oiseaux mouches et des feuilles qui bruissent.

Le petit-déjeuner servi par notre hôtesse est gargantuesque ! La journée devrait commencer par une sieste.
Mais nous partons rapidement au terminal des bus pour aller visiter un village, paraît-il incontournable d’après notre cher guide LP. Et puis son nom fait rire, alors pourquoi pas.

Le petit bus local partira à l’heure. À son heure à lui, puisqu’il n’y a pas vraiment d’horaire affiché et qu’on est dimanche.

En en peu moins d’une heure, nous arrivons à Lolol. Heureusement que je vérifie mon GPS de temps en temps sinon nous aurions fini dans un bled totalement perdu, le ticket man ayant oublié notre destination.

Une rue, deux rues, une jolie petite place, quelques arcades, et le tour du village est bouclé. Incontournable…
Maintenant, il faut réussir à quitter le bled endormi, et ça, ça ne va pas être facile.
Nous nous abritons du soleil sous le providentiel abri de bus et je décide de commencer à faire du stop. Ça doit faire 30 ans que je n’avais pas tendu le pouce sur le bord d’une route. J’étais un fervent adepte de ce moyen de transport lors de ma prime jeunesse scolaire perdue au fond d’une vallée alsacienne. Il y avait un tel trafic, que je pouvais choisir mon véhicule, grosse berline allemande de préférence. Mais c’était presque toujours le couple baba-cool en camionnette Citroën avec des rideaux aux fenêtres qui me ramassait. Hasard des horaires. L’an d’après j’avais compris qu’en traînant mon casque de mob, les motards me feraient l’honneur de leur selle. Heureuse insouciance de l’âge.

Je laisse stylo et affiche arrachée au mur à André pour qu’il me concocte une pancarte VINA SANTA CRUZ. Mais le temps de griffonner artistiquement VINA S, une voiture s’arrête et nous emporte jusqu’à destination.
La conversation tournera court, mon vocabulaire hispanophone est encore pas mal pauvre.

Nous arrivons devant la monumentale porte d’entrée du domaine Viña Santa Cruz et crapahutons sur l’immense allée sablonneuse en direction de l'imposante bâtisse. Le soleil, implacable écrase tout ce qui passe à sa portée. Sont mieux d’avoir du vin au frais là-haut !

Hélas, la jeune demoiselle nous apprend qu’il eut été préférable de réserver la visite puisque le seul guide anglophone est déjà parti. Nous eûmes pu choisir le circuit en espagnol, mais il est commencé depuis 15 minutes.

Nous payons donc 10 000 $/p pour accéder aux visites libres, c’est-à-dire, monter dans les petites télécabines pour profiter d’un superbe panorama et de quelques constructions symbolisant les cultures majeures du Chili. Même si pour l’une d’elles, je suis personnellement un peu dubitatif.

Au sortir de la petite cabine brinquebalante au sommet du Cerro Chaman, nous découvrons une première bâtisse abritant quelques artefacts de la vie des Indiens Mapuche.
Nous passons ensuite sous la Porte du Soleil qui indique les équinoxes et les solstices, puis entrons dans la cabane des Chamans. Quelques pièces de magie et de rituels sont exposées sous des vitrines. 

Dans un enclos, ce sont deux lamas qui nous regardent de leur air si supérieur qu’ils mériteraient des claques, mais on sait comment ça va se terminer. Quand lama pas content…

Nous descendons enfin vers la hutte traditionnelle des Rapa Nui, habitants de l’île qu'ils avaient baptisé Te Pito o Te Henua (le nombril du monde), plus connue sous le nom de l’Île de Pâques.
Si cette petite île, territoire habité le plus éloigné de quoi que ce soit sur la planète appartient au Chili, les habitants eux-mêmes ont longtemps demandé leur rattachement à leurs frères polynésiens, notamment de l’archipel de la Polynésie française, avec qui ils partagent la langue et la culture. Loin de moi l’idée de polémiquer à ce sujet, je suis en vacances. 

Un Moaï en pierre, fabriqué et ramené de l’île, domine la longue hutte et le bâtiment abritant des sculptures en bois, des cartes anciennes et divers objets du quotidien.
J’avais passé une superbe semaine il y a fort fort longtemps (en 1995), sur cette île dont tous les secrets ont été depuis longtemps dévoilés, et ces quelques objets me ramènent à un séjour des plus agréable.

Il fait excessivement chaud et le vent n’est plus des nôtres, la fraîcheur de la maison mapuche, sera un îlot de bien-être, le temps de retrouver un rythme cardiaque normal.. André est encore affecté par je ne sais quel mal pernicieux et a juste le temps de se traîner aux toilettes pour y accomplir son œuvre.

Je fais rapidement le tour des deux observatoires desquels on peut observer la galaxie, mais qui pour l'instant sont fermés. 

Au loin, un immense panache de fumée envahi le ciel bleu intense. Le vent et la sécheresse sont deux facteurs qui risquent de donner bien du boulot aux pompiers. La géographie des lieux, leur donner du fil à retordre.


Nous n'attendrons pas que la nuit tombe pour observer les étoiles, et nous dirigerons rapidement vers les télécabines.

L’employé est heureux de notre départ, parce que c’est l’heure du lunch et il n’attendait que nous pour descendre.

Nous prenons place dans le petit restaurant, seule façon de déguster les vins produits ici. Les plats sont très corrects, et une assiette de salade au poulet grillé réaligne les chakras malmenés par les empanadas frits et les portions surdimensionnées.

Maintenant, il faut réussir à s’extraire de ce trou. La demoiselle de l’accueil me propose d’appeler un taxi collectif qui fait la liaison entre Lolol et Santa Cruz. Hélas, il n’y a qu’une seule place dans la prochaine voiture. La suite passera, on ne sait trop quand, on se rappelle que c’est dimanche.

Nous quittons donc la résidence à pied en descendant les grands escaliers, un dernier coup d’œil sur l’immense propriété et nous voilà au bord de route. Je chauffe mon poignet et mon pouce, prêt à arrêter la première voiture et à tenter de comprendre de quoi va me parler le chauffeur.
À peine, le bras tendu au-dessus du bitume brûlant, nous voyons apparaître à l’horizon, tel un mirage, le petit autobus bleu qui se fera un plaisir de nous ramasser pour la fraction de la somme d’un taxi. La chance et le hasard sont deux alliés incontournables en voyage. Sinon il y a le whisky dans nos flasques…

Toute la famille de Gwendoline est rassemblée pour le repas dominical. La gentille maman a préparé des humitas pour tout le monde et elle me fait comprendre qu’avec le travail que ça demande, ils ont intérêt à apprécier son repas.

Juste après le terminal des bus, un ensemble de petits restaurants proposent de la cuisine chilienne, argentine ou péruvienne. Il se trouve qu’en ce dimanche soir, seul le sympa Altapura est ouvert.
Pour le plus grand malheur de l'épouse du chef-propriétaire qui ne s’attendait pas à finir son week-end à bosser comme une folle, aidée de son fiston et de leur femme de ménage à la tambouille et à la plonge.

La pauvre semble dépassée par les événements et souffle toute l’exaspération de son corps. La table d’Allemands et celle d’Américains ne font rien pour l’aider. Elle ne parle pas anglais et eux trouvent ça drôle.

Nous avons la chance d’être servis les premiers, le patron est super affable et explique à tout le monde de rester patient, parce que dans sa cuisine, rien n’est fait d’avance. Même les oignons ont encore leur peau. Et puis, en ce dimanche soir, tout le personnel est en repos, hormis son second de cuisine, il a donc réquisitionné sa dame et tout ce qui traînait dans la maison.

Dans un élan d'altruisme nous nous proposons de donner un coup de main pour prendre les commandes et aider au service. Mais notre offre est gentiment refusée, mais cependant grandement appréciée.

Nos assiettes seront dégustées avec grand plaisir, le Pinot noir conseillé par le chef, rafraîchissant à souhait et pour terminer, sa femme/serveuse me laissera un pourboire de 16 $ ! Probablement que ça ne lui tentait pas de fouiller dans la caisse et surtout elle nous remercie d’avoir été si gentils et patients. Je lui souhaite beaucoup de courage pour terminer son domingo loco. Elle est sur le point de me faire un câlin et de pleurer sur mon épaule, mais nous partons avant toutes ces effusions de sentiments. La pauvre…
Ce soir, ça va barder avec le boss, il m’est avis que c’est son dernier chiffre à la madame.

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