Samedi 14 janvier – De Valparaiso à Santa Cruz -

Il est temps de quitter la petite chambre, de souhaiter bon suerte à Clément et de monter la côte jusqu’au coin Alemania pour y attendre le bus 612.
Heureusement, il est presque vide, et nous pouvons facilement y embarquer avec nos sacs.
Inutile de préciser que nous arrivons très rapidement au terminal des bus et que nous avons largement le temps de profiter de la vie qui se passe sur les quais.
Notre 9h55 est presque vide, nous sommes 6 passagers avec le luxe de pouvoir choisir nos places.

En à peine 2 heures, nous arrivons au terminal Alameda, récupérons nos sacs, traversons au terminal Sud et patientons pour monter dans le prochain autobus.
J’ai enfin le plaisir de goûter à un breuvage traditionnel, le mote con huesillo. Une délicieuse boisson fraîche avec de la pêche séchée et du blé complet cuit. C’est vraiment excellent, mais c’est déjà l’heure d’embarquer dans le 12h20 en direction de Pichilemu. Je demande au contrôleur s’il peut nous faire débarquer au croisement de deux rues.
Il n’y a aucun problème, il note ça sur son petit carnet et nous promet de nous avertir au moment venu. Je garde quand même mon GPS à portée de main…
Mais dès l’approche de notre point de chute, le jeune homme vient nous voir pour nous dire que nous débarquons dans quelques secondes. Il nous accompagne pour chercher les sacs en soute et nous voilà à deux rues de notre chambre louée sur Airbnb.

Première expérience de ce type de logement, je suis impatient de savoir comment ça va se passer. Mais d’après tous les avis super positifs lus sur cette maison, je ne me fais aucun souci.

Effectivement, Gwendoline et son mari Hugo, sont des charmes. Ils ne parlent pas du tout français, guère plus anglais, mais bizarrement, nous nous comprenons assez facilement.
Et puis pour les mots inconnus, il reste l’application Google traduction qui est un véritable sésame.
Notre chambre est à l’étage, Hugo s’excuse, mais il n’y a qu’un seul lit. Je lui réponds que ce n’est pas grave, il est grand et nous dormons en pyjama.
Rapidement, nous jetons nos sacs, prenons l’essentiel, et redescendons parler quelques instants avec Gwendy. J’invente rien, c’est son surnom.
Elle nous donne un plan sommaire de la ville du bourg du village, nous explique plus ou moins ce qu’il y à faire et nous donne les clefs de sa maison.

Je commence par me tromper de chemin et à me rendre compte que j’ai oublié ma casquette. Ce n’est pas un détail, parce que le soleil tape encore très fort et que le Chili est très exposé aux rayons UV. Il paraît que le pays est juste sous le dernier trou de notre belle couche d’ozone. De fait, dans certains endroits, des pancartes indiquent l’indice UV du jour. Et aujourd’hui, comme hier et demain, la flèche est dans le fond du coin du 10, le dernier chiffre, celui tout en rouge. Et comme depuis notre arrivée il y a toujours un petit vent salvateur, on ne pense pas nécessairement à correctement se protéger. Mais les premiers coups de soleil bizarres, tour de nuque, arrière d’oreilles, arrière de genoux, autour de la montre, etc. Nous ont rapidement rappelé à l’ordre. Alors c’est crème solaire automatique et régulièrement, même s’il fait bon.

Au loin, un feu de forêt vient de commencer. Une colonne de fumée est en train de monter vers le ciel immaculé de bleu et le vent transforme le panache en un immense champignon nucléaire.
Le tour de la Plaza de Armas est rapidement bouclé. Nous avons une faim de loup, mais rien ne semble ouvert, si ce n’est quelques glaciers. Nous finirons avec deux empanadas, dont l’un sera donné aux gentils chiens communautaires, et une barquette de salade de mayonnaise et maïs, que nous avons acheté au supermarché du coin. Nous nous régalerons ensuite d’une glace, et, trouvant le prix pour trois boules dérisoire, je me lance.
Misère, j’ai presque un litre de glace sous les yeux ! J’adore la glace et serais prêt à bien des bassesses pour en déguster. Mais là, c’est trop, surtout que je dois terminer celle d’André qui menace de faire un malaise.

Nous reviendrons rapidement à notre chambre, assez fatigués de ces heures de bus et de marche. Après une sieste, nous décidons de repartir au centre village pour voir si les choses bougent.
Les gens sont sortis de leur torpeur pré-dominicale, la température a baissé et il fait bon se promener dans les rues et sur la place ombragée. Il y a un araucaria tellement immense sur cette place qu’on se demande s’il est bien planté.
Nous avons beau faire des tours et des détours, force est de constater qu’il n’y a presque rien d’ouvert.

Au moment où nous décidons de rebrousser chemin et de nous rabattre sur un poulet grillé, à 50 mètres de nous, nous voyons un panache de fumée s’élever dans le ciel.
Nous décidons d’aller voir ce qui se passe et resterons presque une heure à admirer le travail de pompiers et de la population tentant de sauver les commerces accolés au brasier.

C’est impressionnant de constater à quel point les choses prennent de l’ampleur, le vent attise les flammes et les pompiers qui devaient prendre un peu de repos après l’intervention du feu de forêt envoient tous leurs camions.
Les badauds répondent aux appels désespérés des propriétaires des commerces attenants et viennent en nombre aider à démolir un grillage, ouvrir un volet métallique ou sortir le plus rapidement possible la marchandise. Un magasin de vêtements se vide en cinq minutes, un petit garage réussi à évacuer ses pneus, bidons d’huile et autres potentielles bombes incendiaires.
Dans le magasin d’électronique, juste à côté du brasier il y a encore du monde. Ils n’ont pas la clé pour ouvrir la porte arrière, alors ils défoncent la grande porte vitrée.
Le feu commence à ravager leurs bureaux à l’étage, mais les pompiers ont réussi à faire une brèche et à noyer les locaux de leur puissant jet d’eau.

Un ouvrier vient d’arriver avec un petit transpalette équipé d’une cabine dans laquelle montent deux pompiers. Ils ont enfin un moyen pour arriver à la hauteur du toit et attaquer le feu par le haut. Ici pas de camion à grande échelle, il faut se débrouiller avec les moyens du bord.

Nous ne voyons personne profiter du cahot pour tenter de voler ou de s’introduire dans un commerce. Personne ne songe à partir avec les vêtements sortis dans la rue. De toute façon si quelqu’un s’aventurait à ce genre de malversation, il se ferait jeter tout cru dans les flammes.

L’intensité des flammes décroît, les bomberos sont arrivés à maîtriser l’incendie. Nous apprendrons le lendemain que six commerces ont été détruits. Une vie à recommencer.


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