Samedi 13 février - Nyaung Shwe – À vélo à travers la campagne, entre coups de coeur et coup de gueule...

Le petit-déjeuner est conséquent, mais le jeune serveur qui roule des biceps et mange les filles des yeux, a décidé de pousser la chansonnette. 
C'est rigolo, mais au bout de 10 minutes, c'est sérieusement fatigant. 

En face du Little Inn, nous louons des vélos. Bicyclettes d'un autre âge avec un petit panier devant et une assise très droite. En fait, c'est plutôt classe comme position de conduite, on voit arriver les camions de loin. Les freins sont presque fonctionnels, et il y a quelques vitesses qui passeront la plupart du temps toutes seules. 

Nous partons au nord de la ville où nous allons visiter le monastère Shwe Yan Pyay, réputé pour ses ouvertures voûtées et ses jeunes moines qui y méditent. 
La route est très étroite, les camions et bus qui passent à toute vitesse nous signalent bruyamment leur arrivée, nous n'avons pas le choix de rapidement nous pousser sur le bas coté plein de cailloux et de poussière. 

À 4 ou 5 kilomètres de la sortie de la ville, nous arrivons enfin au monastère. Hélas, encore une fois cette information n'est pas passée inaperçue, et ce site, est devenu une attraction pour touristes. 
Plusieurs autobus sont arrivés, les vacanciers prennent toute la place, sortent les grands moyens, vissent des 600mm sur leurs boîtiers et se mettent à l'affût. 

Dans un coin de la cour, un espace douche est littéralement pris d'assaut par des sexagénaires nullement gênés de mater des enfants en train de se laver. 
Je n'en reviens pas. 
Des occidentaux, mâles et femelles, se pressent avec leurs appareils et leurs Ipad, pour filmer et prendre en photo des enfants à moitié nus ! 
Attends, j'inverse la situation que je suis en train de vivre. 
Un groupe d'opulents Asiatiques débarque chez toi, rentre dans ta maison et tire le rideau de douche pour filmer tes enfants en train de se laver… Là, tu trouves toujours ça normal ? 

Sérieusement, je suis écœuré. 

Dans le monastère, ce n'est pas mieux. Une grande affiche demande poliment aux visiteurs de ne pas déranger les moines pendant leur méditation et ne pas les appeler aux fenêtres pour en faire des photos. 
Pourtant, il y a des gens qui entrent dans la grande salle et poussent les jeunes moines à se mettre dans l'encadrement en faisant mine d'être heureux de le faire. Quel cirque. 
S'en est trop, mais avant de partir, je me ferais un devoir de pousser mon vélo devant la dizaine de photographes impatients, en prenant grand plaisir à leur faire des sourires alors que je suis dans leur ligne de mire. Ils soufflent, me font signe de bouger, manifestent de l'impatience, peu me chaut, je prend mon temps. Ce sera toujours quelques secondes de gagnées pour les pauvres moines. 
Pitié, guides de voyage, supprimez ce genre d'informations de vos pages ! 


Nous remontons sur nos selles, je me suis rendu compte que nous n'allions pas dans la bonne direction. Et même arrivé à destination, ce ne sera pas non plus la bonne… 
Mais en attendant il y a de nombreux kilomètres à parcourir. Nous longeons la rive nord du lac et descendons ensuite la rive ouest. La route est très étroite, mais ce n'est plus vraiment dans le circuit touristique. Seuls quelques voitures et de nombreux scooters empruntent cet axe. 

Dans les champs de canne à sucre, des femmes coupent, à grands coups de machettes, les longues tiges aux feuilles acérées. Elles sont enveloppées de tissu pour éviter de finir exsangues, il fait une chaleur de tous les diables. 

Au loin, de grandes cheminées crachent une fumée très noire. Pourtant, ça sent bon, on dirait du caramel… 
Inspection faite, ce sont des cabanes à sucre, sauf qu'ici, ce n'est pas de l'eau d'érable qui bout, mais du jus de canne à sucre. Tout est logique, les coupes, la fumée, le caramel…

Je fais mon indiscret et m'introduis dans une cour grouillante d'activité. 
La vieille femme qui dirige les opérations et alimente la chaudière, me fait signe d'approcher. Elle m'offre du thé et me fait goûter leur spécialité. 
Du sucre de canne cristallisé, fraîchement fabriqué. Ça a un goût très fort, on dirait du sucre à la crème, mais beaucoup plus végétal. 
Avec elle, je fais le tour de leur petite entreprise. 


Aux avant-postes, trois jeunes hommes, s'occupent d'extraire le jus. L'un d'eux est juché sur le tas de cannes et passe les longues tiges, trois par trois, dans des encoches prévues à cet effet, entre deux gros rouleaux d'une presse entraînée par une courroie d'un moteur à diesel.

Le jus est versé dans des woks géants cerclés de bambou tressé pour concentrer l'écume qui est enlevée au fur et à mesure. 
La matriarche enfourne les broyats de canne séchés dans le fourneau, pendant que l'homme responsable de la production, surveille de près la concentration du sirop en touillant avec une longue cuillère en bois. 

Une fois la bonne texture atteinte, il retire le wok du feu, le dépose sur un support et continue de tourner pour faire refroidir et homogénéiser le sirop. 
À ses pieds, un grand tapis en bambou va recevoir le sirop tiédi, où il cristallisera. Le sucre sera ensuite découpé en tuiles rectangulaires, avant d'être stockées dans des cartons. Un sacré boulot, je suis épaté… 

Je donne 1 000 K à la dame, qui ressort de la réserve avec un sac bien plein de ces fameuses tuiles. 

Enfin, nous arrivons au village de Khaung Daing, qui s'est spécialisé dans la fabrication du tofu, chouette. 
Mais attention, pas n'importe quel tofu, celui-ci est préparé à partir de purée de pois chiche, il paraît qu'il est très bon, mais comme je n'ai pas lu correctement les informations du guide je l'ai appris trop tard. Dommage. 

La pause repas se composera de deux soupes, deux riz frits aux légumes et une bouteille d'eau dans un vrai boui-boui local où l'on ne parle pas anglais, et où nous dépenserons 2 piasses. 

Beaucoup de plants de pitaya sont en production, c'est les foodies qui vont être contents !

Des vendeuses de nourriture à emporter sont assises directement par terre, à quelques centimètres des voitures qui passent sans les apercevoir. La poussière vole sur le maïs et le riz, les pots d'échappement crachent leurs fumées toxiques à hauteur des visages. 

Dans une grande prairie, un enfant est allongé sur un buffle des marais indolent. Alors que le ruminant continue de tondre la pelouse, le gamin, se déplace sur son dos comme s'il faisait du yoga. 

Tiens, j'ai une idée brillante, je vais lancer la mode du water buffalo yoga. Reste plus qu'à convaincre les douaniers de me laisser importer quelques dizaines de ces énormes bestiaux. 

Au retour à l'hôtel, nous croisons Pierre et Marion, le couple de jeunes Français avec qui nous avions fait la balade à Kalaw. Ils sont venus au lac Inle en faisant le fameux trek de trois jours. Belle ballade, mais le guide était éteint et peu communicatif, je me dis qu'on a eu plus de fun dans le train finalement. 

Avant de rendre nos vélos, nous nous arrêtons bien sûr, au marché. Nous manipulons encore un peu le bel éléphant en bronze qui nous a tapé dans l’œil le premier jour, faisons un petit coucou à deux enfants et libérons enfin, les selles de nos corps endoloris.

Nous commencerons notre soirée en buvant un apéro assez solide au restaurant Ancestors, qui prépare le meilleur rhum sour du coin, puis allons rendre visite à la dame qui tient une agence de voyages en face du resto. 
Elle nous concocte un voyage de Nyaung Shwe à Hpa An, avec escale à Bago en un rien de temps. 
Transfert à la station des bus de Shwe Nyaung, bus VIP de nuit, arrivée à Bago aux aurores, transfert pour la station des bus, puis bus pour Hpa An… 
Si les trajets sont longs, il est vraiment facile de voyager au Myanmar, tout le monde est, ou connaît quelqu'un qui est agent de voyage.. 

À quelques ruelles de notre demeure, nous avons aperçu le petit frère de notre premier resto à Kalaw. Nous allons donc nous régaler de plats népalais au restaurant Everest 2 Nepali.


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