Jeudi 4 février – Bagan – Le pays des merveilles

Longue est la nuit, très longue la journée, mais quelle féerie ! 

La route est gavée de virages plus dangereux les uns que les autres. Mais à la différence des chauffeurs Srilankais, les Birmans aiment la vie et voudraient bien arriver entiers à destination. Alors ils prennent leur temps pour négocier les courbes en épingle, et cèdent le passage aux plus rapides. 
L'assistant de notre chauffeur a quand même failli perdre une partie de son jeune corps lorsque le bout de bois qui servait de cale à un semi-remorque rempli de grosses roches a explosé sur son pied. Heureusement, il s'en sort bien. 
Probablement avec une fracture, mais vivant. 

Au bout de presque 11 heures de route, nous arrivons à 5h30 du matin à la gare routière, à l'extérieur de la ville de Nyaung U. Un taxi nous attend, mandaté dit-il, par notre guesthouse. Le prix qu'il demande est délirant, je lui dis que j'ai payé deux fois moins cher pour 1 heure de route à Mandalay. 
Yes, but c'est loin, il est tard, taxi not easy, le métier est difficile, la concurrence, Uber et compagnie… Je réussis à négocier un petit rabais, mais après 6398 virage, je ne suis plus aussi efficace qu'il y a quelques heures. 
Impossible à cette heure-là, d'échapper au péage que tout visiteur de Bagan se doit d'acquitter. Il nous en coûtera 25 000 K chacun pour pénétrer sur le site historique. 
Nous rencontrerons un couple de Français, qui eux sont arrivés avec le bus local en pleine ville et ne sont pas passés par le péage. 

Finalement, la gare routière n'est pas si loin que ça, enfin moins loin que ce que le chauffeur m'a vendu et le chauffeur n'a jamais été envoyé par notre logeur...

La May Kha Lar guesthouse se réveille à peine. Il n'y aucune chambre disponible, le check-out ne se fait qu'à midi. 
Nous sommes certains d'avoir une chambre, mais entre maintenant et midi, il y a de la marge. Le jeune homme qui vient de se réveiller nous indique la direction pour aller voir le levé du soleil. Tant qu'à attendre, autant faire quelque chose de sympa. 
Il nous dit que le site est à environ 20 minutes de marche et que nous avons largement le temps de nous y rendre. 

Dopés par l'adrénaline du voyage, nous partons sur les chemins, dans la pénombre. Plusieurs vélos et scooters électriques nous doublent, seuls signes de vie dans le bled à cette heure matinale. Nous marchons d'un pas alerte vers le point de vue où tout le monde doit déjà patienter. 
La lueur de l'aube commence à poindre, nous entendons le vrombissement des montgolfières quelque part dans la campagne. Le ciel devient de plus en plus clair, et pour moi, il est aussi très clair que nous n'aurons jamais le temps de nous rendre où que ce soit pour voir ce fameux sunrise
Ses 20 minutes, à mon jeune homme endormi, devaient être en scooter… 

Nous faisons demi-tour et regagnons les fauteuils de l'accueil en attendant qu'une chambre veuille bien se libérer. Au bout de 1 heure, las de patienter et probablement en vain, j'accepte de voir la chambre 301 qui est libre, mais plus chère. 
Allez, ce ne sont plus 10$ qui vont faire une énorme différence, nous sommes épuisés, étourdis par tous ces virages nocturnes, nous la prenons. Une douche, un changement de vêtements et nous partons en quête d'un e-bike. 

À Bagan, les étrangers ne peuvent pas conduire de véhicules à essence, nous ne pouvons louer que des vélos ou des e-bikes. Ces derniers sont des deux-roues électriques, qu'ils soient vélos ou scooters. 
Par chance, en face de l'hôtel, une dame loue justement des scooters deux places un peu plus performants que les autres. Les scooters réguliers pour une personne sont loués 6000 K, le nôtre est à 10 000, ça fera toujours 2 piasses d'économie par jour… 

Le garçon de l'accueil de notre hôtel nous donne un plan des lieux et moult explications. Il prend le temps de surligner tous les temples dignes d’intérêt, et nous souhaite une bonne journée. 

Temple Bupaya
Le plus gros inconvénient du e-bike, c'est qu'à un moment donné, il faut recharger la batterie, mais ce n'est rien comparé à l'avantage de circuler relativement rapidement (50 km/h), sans aucun bruit, ni pollution. Je trouve ça vraiment génial, au nombre de touristes qu'il y a ici, le vélo électrique est l'initiative la plus brillante jamais prise. 
De plus, malgré sa puissance limitée, c'est un véhicule qui passe presque partout comme nous le prouveront les kilomètres qui vont suivre. 
Route, chemin de terre, sable ou cailloux, ses grosses roues sont stables, et il se manie très facilement. 

Je ne ferais pas l'inventaire de tous les temples visités, je crois qu'on les a tous faits ! 
À la différence des temples plus modernes, clinquants, brillants, dorés et souvent kitsch, les monuments de Bagan sont passionnants. 
Tous différents, ils invitent à la découverte, à l'exploration et à l'aventure. S'il y a beaucoup de touristes à Nyaung U ou New Bagan, ils sont invisibles sur l'immense site de 50 km².

Dès le 7e siècle, le site est occupé, mais le fort des constructions se fera entre le 10e et le 14e siècle. Les monuments sont construits en brique, et ensuite recouverts d'un stuc blanc, qui a presque entièrement disparu aujourd'hui. 
L'intérieur des temples est souvent recouvert de fresques représentant Bouddha himself ou des passages de sa tumultueuse vie. 

Situé sur une zone sismique, le site subit plusieurs destructions, mais en 1975, un tremblement de terre majeur détruisit 500 temples, surtout ceux situés au bord de fleuve qui finirent leur existence dans les eaux limoneuses. 
Mais qu'on se rassure, il reste officiellement 2834 temples, de quoi occuper plusieurs journées. 

Des restaurations hasardeuses, des reconstructions non-conformes et l'édification de l'hideuse tour d'observation empêchèrent l'inscription de cette merveille au Patrimoine Mondial de l'Humanité.

Roulant de l'un à l'autre, tantôt suivant le plan, plus souvent le hasard et la curiosité, nous nous régalons de découvrir des sites totalement déserts. La plupart des pagodes sont interdites de grimpette, pourtant tous, du plus petit des temples au plus gros des monastères, possède des escaliers qui mènent aux étages supérieurs. 
Pour préserver au mieux, l'héritage culturel de la frénésie de touristes souvent peu attentifs, le gouvernement a décidé d'interdire certains accès.

 Quelques sites moins courus sont encore totalement ouverts, et aucun vendeur de souvenirs ne viendra nous quémander des piécettes pour la superbe carte postale que son bambin a dessiné. 
Il est alors possible, moyennant quelques écorchures et bosses sur la tête de monter sur un toit et d'avoir la vue unique tant recherchée. 

Nous traversons le village de Myin Ka Par, où des artisans laqueurs fabriquent des merveilles. Ces artistes, passent leurs journées, penchés sur leur ouvrage pour créer des objets traditionnels de toute beauté. Les responsables des ateliers se font un devoir d'expliquer par le menu, toutes les étapes de fabrication des ces pièces. 
Promis, nous allons revenir ! 

Le soir, pour observer le coucher du soleil, nous montons sur un temple qui lui n'a rien du tout de secret. Il semblerait même que, Shwe-San-Dew soit le spot que tout le monde recherche, et nous qui pensions être arrivés trop tôt. 

Du haut de ce temple, des centaines de touristes vous contemplent et jouent des coudes pour avoir la meilleure place. 
Je suis un monolithe de 100 tonnes en granit, soudé à ma place. Essaye encore de me pousser ma Chinoise, juste pour voir si je vais perdre mon sourire béat ! 

Il nous fait le grand jeu, comme si demain ne devait pas exister. Le soleil jette ses couleurs dorées dans le ciel, darde toutes les nuances des agrumes, passant du jaune citron profond au orange sanguin et termine sa course folle derrière les montagnes. 
Une Française se plaint de ce connard qui a garé sa voiture juste dans la perspective de mon appareil photo, non mais faut pas être malin, voilà quoi. 
Ça me manquait tient... 

Notre première journée est un succès. Nous ramenons notre scooter à la boutique, la batterie presque à plat. Nous avons peu et mal dormis, la journée à été longue, mais quel pied immense d'avoir eu l'opportunité de visiter un tel endroit. 
Il nous reste deux jours entiers, ils ne seront pas trop longs.

 20h37, il est grand temps d'aller dormir, demain est un grand jour.
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Plan du site de Bagan. 
Il y a des temples plus gros, mieux restaurés, plus visités, mais à mon sens, aucun n'est plus ou moins important qu'un autre. Ici, chacun trouve son temple préféré. 
Bonnes découvertes !




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