Nous réglons l'entrée de 200B et coupons rapidement les foules agglutinées de touristes massés autour de leur guide. Une longue file d'attente devant le kiosque de l'opérateur téléphonique True qui offre 1 heure de connexion gratuite à tous les touristes qui inscrivent leurs faux noms et leurs faux courriels me fait réaliser à quel point nous sommes devenus dépendant d'Internet.
Depuis
notre arrivée j'ai remarqué que même dans des ruelles où nous ne
serions pas passé inaperçus en raison de notre taille, de notre
couleur et de l'incongruité de voir un touriste au fin fond d'un
quartier isolé sans attrait et franchement crasseux, les gens ne
remarque même plus notre présence.
Au lieu de ça nous voyons des
visages rétroéclairés, des bouches entre-ouvertes et des
consommateurs complètement absorbés par cette technologie
révolutionnaire de l'internet haute vitesse, des textos et des jeux
en ligne.
Dans
le métro plus personne ne se parle, plus personne ne sourit en
croisant votre regard, les gens sont devenus des zombies
technologiques.Encore mieux, les vendeurs de rue ne harcèlent plus personne, ils sont complètement avalés par leurs écrans et rares sont ceux qui ont encore le professionnalisme de vouloir vous vendre à tout prix les copies de vêtements griffés, les savons sculptés ou le dernier film X... Pathétique mais quelque peu libérateur. Même les masseuses louches ne vous crient plus You want massaaaaaaaaaaaaaaaaaaaage ? Tout se perd...
Faisant
donc fi de ces agglutinements d'accros nous nous rendons directement
à l'école où nous sommes tout de suite pris en charge, payons les
260B pour 30 minutes de massage et nous retrouvons allongés sur des
grands lits sous l'emprise de jeunes hommes qui n'y vont pas de main
morte !
Leurs
doigts, leurs mains, leurs coudes sont des armes de destruction
massives, mon corps est un champ de douleurs et de ruines. Je souffle
au rythme des points de compression, je souris pour ne pas hurler, je
me répète ad
nauseam
que c'est un professionnel, qu'il sait exactement ce qu'il fait et
pourquoi il insiste si lourdement sur certains endroits qui me font
souffrir depuis des mois et que les muscles qu'il fait rouler autour
de mes os sont probablement dus pour ce genre de traitement.
Finalement la demie heure s'est écoulée rapidement, mon
tortionnaire m'offre une décoction d'herbes et me demande si tout va
bien. Contre toute attente je lui réponds oui, tout va très bien,
sous entendu depuis que c'est terminé. Mais sérieusement, oui tout
va vraiment bien, la douleur n'existe plus, mon corps semble
fonctionnel, encore mieux, il semble un peu mieux fonctionner qu'il y
a 30 minutes et je me sens vraiment bien. Je regrette de ne pas avoir
pris une heure complète.
La
visite du temple est relativement rapide, nous sommes déjà venus et
connaissons tous les recoins de cet incroyable site. Les 47 mètres
du Bouddha couché mériteront quand même notre humble visite. Son
immensité, son visage paisible et toute la ferveur qu'il dégage ne
laissent pas indifférent, il est réconfortant.
Nous
quittons le Wat Pho en direction du quartier de Kao San, la rue des
hippies et des routards paumés pieds nus. Surprise, la clientèle a
changée. Des familles, des couples de retraités y côtoient
maintenant les rescapés des ashrams tibétains. Bien entendu il y a
encore pas mal de dreadlocks, pieds nus, pyjamas de chanvre et paumés de
XXIème siècle, mais ça a l'air de se démocratiser un peu.
Nous
nous rendons en direction du khlong
Saen Saep,
un canal qui permet de se rendre rapidement et pour une somme
dérisoire (10B) dans le quartier de Silom.
En
passant à coté du monument de la Démocratie nous sommes surpris du
peu de circulation, alors que c'est un endroit habituellement
extrêmement fréquenté et bruyant.
L'explication
vient certainement de ces barricades qui bloquent les avenues
alentours, de ces gros sacs de sable qui obstruent les commerces et
des manifestants calmes et déterminés qui ont installés leurs
campements au beau milieu des rues.Ils sont vraiment bien organisés, des tentes médicales, des distributions de bouteilles d'eau et des cantines aident les campeurs à tenir la coup. Beaucoup de petits vendeurs offrent des dizaines de produits dérivés aux couleurs du pays, t-shirts, bandeaux, macarons, chapeaux, sifflets, tout est bon pour se démarquer. La réactivité des fabricants est incroyable. En seulement quelques heures, les trottoirs ont été submergés de tous ces articles et une marée bleu, blanc rouge décore la ville.
Nous franchissons les barrages sans aucun problème, les gens sourient lorsque je fais des photos. Il y a 4 ans c'était les Chemises rouges (favorables au gouvernement) qui tenaient le pavé, aujourd'hui ce sont les Chemises jaunes qui veulent que la Première ministre démissionne. Toute une histoire de couleur...
Nous
trouvons rapidement le quai du bateau qui va nous emmener dans le
quartier Siam, l'embarquement est acrobatique et une touriste un peu
gauche manque de finir ses vacances dans une eau que même un poisson
ne boirait pas.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire