Des vestiges de Woodstock, quelques offrandes, un peu de pollution et une sacrée belle balade ! Dimanche 21 février

En nous promenant sur la rue, nous croisons des humains que je croyais disparus : les baba cools !


Vestiges woodstockiens, perdus entre yoga et lavement colonnaire, entre pots d’eau chaude et tofu, ils errent, âmes perdues à la recherche du nirvana…
En Thaïlande ce sont plutôt les routards qui sévissent, sales et dépenaillés, souvent quelques bières en stock en train de gratter une guitare pour se payer le billet de retour.

Mais à Bali ce sont vraiment les rescapés de Katmandou et autres évadés d’ashram, adeptes de vie au ralenti que nous croisons le plus souvent. De lin et de voilage vêtus ils se déplacent lentement, sourient à une force surnaturelle et semblent à des années lumières de notre monde. 
Je comprends que se détacher de la vie matérielle de surconsommation dans laquelle nous vivons puisse être agréable de temps en temps, mais rester bloqué sur ce concept me donne envie de les secouer et de leur faire avaler un babi guling !

A part les trous dans les trottoirs il a une autre chose dont nous devons nous méfier ce sont les offrandes qui trainent partout.
Il y a des centaines de petits paniers en bambou ou feuille de bananier, contenant quelques grains de riz, des fleurs, un biscuit ou une sucette. Ils sont posés devant les entrées de maisons, de magasins, devant un temple ou un monument, dans les petites maisons aux esprits, sur les trottoirs, dans la rue, vraiment partout, seul ou en groupe compact. 
Il ne semble pas que le fait de les écraser de nos pieds impurs d’occidentaux soit considéré comme une insulte punie par la bastonnade, mais ce serait dommage de réduire à néant tout ce beau travail de minutie et de dévotion répété tous les matins. De toute façon les singes, poules, oies, et autre canidés s’occupent largement de réduire en poussière ces petits morceaux de prière…

De plus, au Gusti ou nous logeons il semblerait qu’une personne soit uniquement occupée à semer ces petits paniers et de préférence partout ou nous pourrions marcher.
Même s’il ne sourit jamais, l’homme en blanc semble gentil quoique très religieux…

Malgré les nuages noirs qui s’amoncellent en masse compacte, nous enfilons nos chaussures et allons marcher dans le nord du village. Il y a d’après monsieur Putu un chemin très agréable à travers les rizières. Effectivement, une fois émergés de la luxuriante vallée dans laquelle nous habitons, nous entrons de plain pied dans les champs inondés.
Ceux-ci, en amont du village sont moins sales que ceux que nous avons vus hier.

Autant les maisons, et leurs devantures sont irréprochablement propres, autant le reste du pays est d’une saleté repoussante… Les sacs en plastiques, encore eux, sont vraiment partout. Dans les cours d’eau, accrochés aux branches, aux mains de singes curieux, et dans chaque encoignure de nature on retrouve ces déchets. Les enfants n’ont aucune éducation environnementale et jettent les emballages n’importe où.
Même si à Ubud un effort certain est en train de voir le jour, comme l’installation de poubelles, et même du tri sélectif, je ne suis pas certain qu’elles soient vidées assez souvent et la majorité des gens ne s’en sert de toute façon jamais.
Sous l’influence des touristes plusieurs pensions offrent de remplir les bouteilles d’eau via une fontaine d’eau potable, certaines font même du compost et le bio commence à voir le jour. Mais la pollution est très présente et un panorama de rêve se transforme en épouvantable dépotoir pour peu que l’on observe plus en détail.

Nous croiserons des gens âgés qui dans un sourire édenté tenterons de nous vendre une noix de coco à boire, ou une photo moyennant quelques centimes. Mais nous refusons poliment toutes ces invitations intéressées, préférant nous attarder sur des gens qui ne demandent rien du tout sinon un sourire ou un geste de la main.

Étonnant de voir tous ces vieillards trimer comme des esclaves dans les champs de riz, alors que les jeunes se lancent à corps perdus dans le tourisme et/ou l’arnaque.
Que feront voir ces jeunes aux touristes lorsque plus aucun ancien ne sera en mesure d’entretenir ces sculptures géantes ?

Ce dimanche soir chez Roda, pour 3,50$ c’est un buffet balinais à volonté… Les meilleures recettes pour découvrir les plats typiques de l’ile enchantée.
Nous profitons d’une délicieuse soirée après avoir laissé notre place à une vieille solitaire bourrue plongée dans son livre et qui endurera pendant tout son repas le bruit des pelles et du gravier déposé dans la rue juste en dessous de notre ex-table à l’ instant où elle est venue nous faire changer de place. Bien fait !

En face, toute seule, une jeune mystique occidentale est plongée dans un recueil que nous imaginons de poèmes transcendantaux, d’une traduction de la vie de Bouddha en sanscrit, voire d’un condensé de position de yoga.
Elle regarde intensément sa soupe au tofu, y plonge sa cuillère, la porte à ses yeux avant de délicatement la glisser dans sa bouche extasiée et de mâcher avec beaucoup de perspicacité. 
Puis, repose sa cuillère, lit quelques lignes de son livre et recommence son manège… Vraiment fascinant !
Nous ne pouvons plus détacher nos yeux de cette créature tombée tout droit de la voie lactée.

Je comprends qu’elle soit toute seule qui supporterait de patienter 3 heures pour un pauvre bol de soupe ? De toute façon elle a probablement fait vœu de silence et doit murmurer en dehors de sa promesse…

La salade de fruit en dessert sera la bienvenue, nous quittons la délicieuse table et notre voisine aussi transparente que visuellement encombrante.
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