Andalousie 2024 - LE BILAN

L’Andalousie, c’est où, c’est quoi ? 
Parce que les cours d'histoire/géo semblent avoir disparu de nos écoles, voici un petit résumé. 

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UNE PINCÉE DE GÉOGRAPHIE
L’Andalousie est une région du sud de l’Espagne, baignée par la mer Méditerranée, et séparée de l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar. 

C’est d’ailleurs sur un gros rocher de l’île de Tarifa surnommé Extremo Sur de la Península Ibérica, que se termine l’Europe. 

En face, les côtes nord du Maroc sont distantes d’à peine 14,5 kilomètres. 

Il s’agit d’une communauté autonome comptant 8 provinces (Séville, Malaga, Jaén, Huelva, Grenade, Cordoue Cadix et Almeria). Si toutes les communautés du pays (17) dépendent du pouvoir central de Madrid, elles ont chacune une autonomie dans leur système juridique et leur gestion globale. 

Séville en est l
a capitale avec 700 000 habitants, Malaga suit de près avec presque 600 000 Malaguènes. 

Cordoue, Grenade Jerez et Almeria ne dépassent pas les 300 000 âmes, tous ces chiffres sont pour la plupart à décupler pendant les vacances et les fêtes religieuses. 

La région a une superficie totale de 87 300 km², soit 17 % de l’Espagne. 

Au Nord de l’Andalousie, la Sierra Morena la sépare de la Castille ; coté Méditerranée les enclaves balnéaires où se retrouvent tous les peuples européens avec leurs crèmes solaires monoï/noix de coco, le sud-ouest rencontre le vaste océan et à l’ouest elle a une frontière avec le Portugal. 

La moitié de la région est composée de montagnes et son point culminant, le pic Mulhacén (3 482 mètres), trône dans la Sierra Nevada qui compte 15 sommets de plus de 3 000 mètres. 

Le Mulhacén est d’ailleurs le point culminant de toute la péninsule ibérique. 

Le mythique fleuve Guadalquivir (al-wādi el-kabīr, le grand fleuve) traverse la région, prenant sa source dans la Sierra de Carzola, tout à l’est et se jette 657 kilomètres plus loin à Sanlúcar de Barrameda, emplissant un peu plus l’océan Atlantique. 

Ce fleuve est le poumon liquide de l'Andalousie irriguant les cultures et fertilisant la vallée à laquelle il a donné son nom. 

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UN RIEN DE CLIMAT 
En mars, pendant notre séjour, nous avons eu un tout petit peu de pluie, mais la sécheresse accablait les cultures depuis plusieurs mois. Le déluge pascal gâchera les défilés, mais remplira de nombreuses réserves d’eau en espérant que cela suffise à passer l’été. 
Les prévisions à long terme ne sont guère optimistes avec les conséquences du déréglement climatique.

L’hiver y est agréable, suivant où l’on se trouve. Bord de mer et climat méditerranéen ou hautes terres et montagnes avec le frisquet en conséquence. 

On note quand même une moyenne de 300 jours d’ensoleillement par an. 
L’été est torride et le mercure flirte avec les 40°C. Le peu d’humidité rend cette chaleur un peu plus supportable, mais beaucoup de locaux nous ont fait promettre de ne pas venir en juillet-août. 

Et puis pour les amateurs de glisse, on peut skier de décembre à avril dans la Sierra Nevada.

La meilleure période ? 
Mars-avril avec un climat peut-être un peu plus aléatoire, mais peu de touristes (sauf fêtes pascales) ; mai et juin pour du beau temps assuré et une chaleur supportable, septembre-octobre sans hésiter. 

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UN BOUQUET GARNI D'HISTOIRE  

Là, comme disait Bonaparte, ça se corse. 

Mais si j’ai réussi à caser un bouquet d’histoire du Portugal l’an dernier, je devrais pouvoir expliquer succinctement l’Andalousie. 

La région est habitée depuis la préhistoire – environ 6 000 avant J.-C -, par des peuples migrateurs arrivant tout droit de quelque part entre la Grèce et la Turquie. 

On retrouve des ruines d’un village fortifié datant des 4e et 3e millénaire avant Christ à Los Millares à 17 kilomètres d’Almeria. 
Découvert en 1891, c’est le plus grand site archéologique du Néolithique en Europe. 

Suivent ensuite à peu près tous les peuples que compte l’Europe et le bassin méditerranéen : 
Phéniciens vers la fin du IXe siècle (av J.-C), puis Grecs, Carthaginois, et Romains, font tous prospérer cette région riche et facile d’accès. 

Vers 300 avant J.-C, ce sont les Ibères qui occupent la péninsule à laquelle ils laissent leur nom. 

En 411, les Suèves, Vandales et Alains s’établissent dans la péninsule ibérique. Mais 7 ans après, les Wisigoths décident d’aller prendre un bain de soleil loin de leurs contrées peuplées de grosses bêtes velues assoiffées de sang, envahissent la péninsule ibérique et en expulsent les Vandales. 

Les villes fortement romanisées et bien organisées se défendent avec courage et brisent un peu l’élan trop confiant de ces messieurs en robe de poils. 

En 531, le roi Teudis fonce vers le Sud et s’installe à Séville.

En 572, après moult revers, Léovigild, s’empare définitivement de l’Andalousie et se proclame roi d’Hispanie. 

Léovigild est un Wisigoth considéré comme le premier Unificador Nacional, et peut se vanter d’avoir eu une vie riche et pleine de rebondissements, dont l’histoire vaut la peine d’y jeter un coup œil. 

On trouve d’ailleurs encore son nom au coin de certaines rues comme à Cordoue : la Calle Leovigildo, qui n’est pas non plus la rue la plus visitée, coincée entre une autoroute et un récent quartier résidentiel au sud de la ville de l’autre côté du fleuve. 

Les Wisigoths règnent sur le pays, remplacent les temples romains par des églises, construisent des écoles et des bibliothèques et profitent du bon temps qui passe tranquillement pendant 200 ans. 

Il est déjà 710 ! 
Une année à retenir, puisqu’elle signe l’arrivée des troupes musulmanes dans le pays. 

La légende évoque la vengeance d’un père - le comte Julien (Ilyan/Youlyân) de Ceuta -, contre le roi Rodéric (ou Rodrigo) d'Hispanie (688-711) qui aurait violé et mit enceinte sa fille Florinde. 

Au lieu d’aller proprement trancher une artère au cuistre, il aide les musulmans et leur commandant Tarif ibn Malik (qui donnera son nom à l'île de Tarifa) en leur fournissant des bateaux leur permettant de franchir le détroit de Gibraltar un beau soir de juillet 710. 

Un petit raid de reconnaissance et de rapines - tant qu’à être là -, de rien du tout, mais qui signe le début de la grande traversée. 

Il se dit dans les contes au coin du feu, que 
Tariq ibn Ziyad (surnommé Tariq Le Borgne alors qu'il avait tous ses yeux !), fin stratège et gouverneur omeyyade, aurait fait brûler les bateaux de ses guerriers une fois débarqués à Gibraltar, pour les inciter à conquérir ce nouveau territoir plutôt que de vouloir faire demi-tour.

Une légende certainement, mais les faits sont là et les armées omeyyades traversent le détroit de façon totalement moins légendaire à partir de 711. 

Et puisqu'il est au pied du gros rocher qui ne semble pas avoir été baptisé, il va lui donner son nom : djebel Tariq (montagne de Tariq) → Gibraltar.

Les Omeyyades sont une dynastie arabe qui gouverne le monde musulman de 661 à 750 puis Al-Andalus de 756 à 1031. 

Tariq ibn Ziyad, Tarif ibn Malik et Munuza Utaman Abu Nâsar sont les trois personnages clés du début de la conquête de la péninsule par les troupes musulmanes. 

Al-Andalus n’est de loin pas la seule Andalousie actuelle, mais comprend les territoires de toute la péninsule ibérique jusqu’aux pieds des Pyrénées, la Sicile, les Baléares et certaines régions du sud de la France, comme Narbonne et Carcassonne. 

En 731, soit à peine 20 ans après le débarquement, Al-Andalus est à son apogée. 

Vous vous rappelez Poitiers ? 
Et oui, en 732 les armées franques, burgondes et aquitaines dirigées par Charles Martel refoulent les envahisseurs dans un coin que personne n’arrive à correctement situer. 

Le gouverneur général d’Al-Andalus, Abd al-Rahman est tué, Charles ‘’le marteau’’ Martel en ressort renforcé, mais les Arabes continueront à se faufiler en royaume franc par des chemins de traverse et ne seront expulsés qu’aux alentours de 759 par le fiston de Charles, le roi Pépin III (pépin!) dit le Bref, le papa de Charlemagne himself

Au fait, Al-Andalus ça vient d’où ? 
On sait avec certitude que cette expression date de l’occupation musulmane et que ce sont eux qui ont transformé un nom déjà existant. 
Mais avant ? Qui de l’œuf ou de la poule ? 
  • Des Vandales ? Avec Vandalusia - terre des Vandales - ? Mais ils n’ont fait que passer et ça fait 300 ans qu’ils ont laissé la place aux Wisigoths. 
  • Des Wisigoths ? Avec leur landahlauts - landa- «terre» et hlauts «sort, héritage» : attribution des terres par tirage au sort. 
  • Des Arabes eux-mêmes avec Handalusia – région du soir, de l’occident ? Voire même une relation mythique avec l’Atlantide ? Pourquoi pas des extraterrestres tant qu’à y être ? 
Aucune source historique fiable ne permet de confirmer telle ou telle hypothèse, mais l’origine wisigothe avec : landahlauts → landalos → al-Andalus tadaaaaam ! est validée par plusieurs historiens. 

En 750, l’émirat indépendant de Cordoue voit le jour. 
À peine 6 ans après, une fitna (sédition) a lieu, le Califat de Cordoue vient de naître. 

À son apogée en 930, le califat tout puissant s’étend de Tanger aux portes de Barcelone et vers l’ouest au nord de Coimbra au Portugal. 
Cordoue en est sa capitale de 929 à 1031. 

C’est dommage, ça se passait quand même assez bien en ces années fastes. Tout le monde avait l’air de bien s’entendre, les populations aux croyances diverses, la richesse, la puissance militaire et politique, les sciences, les arts, la philosophie, l’architecture. Franchement tout baigne dans un monde presque parfait où se mêlent musulmans, juifs, chrétiens, unissant leurs connaissances, leurs cultures et leur érudition plutôt que batailler inutilement pour un Dieu commun. 

Il y eut bien quelques épisodes sombres dans ce monde idéal avec l’arrivée de dirigeants instaurant des régimes stricts et intolérants. 
Répressions contre les chrétiens, disparition des richesses multiculturelles, décadence du califat, ça commence à sentir le roussi. 

En 1009, une guerre civile éclate entre Arabes et Berbères. 

En 1031, le Califat s’effondre et se divise en plusieurs petits royaumes rivaux. Comme partout dans le monde, la soif de richesse et de pouvoir, les divergences politiques ou même religieuses, les j’ai-une-plus-grosse-barbe-que-la-tienne, la diversité de la population (Juifs, chrétiens, musulmans, etc.), viennent fissurer l’idéal d’unité des premiers conquérants. 
Et puis de toute façon, il est hors de question que l’Europe chrétienne laisse ce territoire immense aux mains des hérétiques. 

La révolte initiée en 722, par Pelayo el Conquistador, un Wisigoth en beau joual vert de se faire humilier par les occupants est suivie par la Reconquista
Menée par les forces chrétiennes cette reconquête dure presque 8 siècles et s’achève officiellement le 2 janvier 1492 avec la prise de Grenade. 

Grenade tombée, le décret de l’Alhambra (mars 1492, ça ne traîne pas) force les juifs à se convertir ou à dégager de belles terres chrétiennes. 

Les musulmans sont libres de pratiquer leur… ah non, en 1502, ils sont eux aussi privés de leur liberté de culte. Même si la plupart se convertissent, leur mode de vie et leur langue les font paraître pour trop suspects et ils seront baptisés Morisques

L’Inquisition s’occupera de tout ce beau monde déployant des idées innovantes pour faire avouer n’importe quoi à n’importe qui. 
En 1609, un édit de Philippe III règle définitivement leur sort en les expulsant. 

Bon, plus de juifs, plus de musulmans, les gitans sont cachés dans des taudis, sur qui on va s’acharner maintenant ? 

Heureusement, il reste toute une planète à conquérir et surtout il faut rattraper les Portugais qui ont pris une sacrée avance avec la prise de Ceuta en 1415 et qui zieutent sur toutes les Terras Incognitas à dévaliser. 

Mais il s’agit plus d’une histoire espagnole et franchement je suis à deux doigts de vous en faire un pavé, mais j’ai une vie. 

Retour à nos histoires andalouses 

Christophe Colomb
, adoubé par les Rois Catholiques après la prise de Grenade (voir notre balade dans les jardins de l’Alcazar de Cordoue), largue les amarres de la Santa Maria, le mercredi 3 août 1492 pour son premier voyage au départ du port de Palos de la Frontera. 
Son deuxième voyage commence le 25 septembre 1493 au départ de Cadix. 

1492, c’est aussi la parution du décret d'expulsion des Juifs d'Espagne (décret de l'Alhambra, resté officiellement en vigueur jusqu'en 1967). 

En 1503, l’administration des colonies espagnoles dans le Nouveau Monde s’installe à Séville avec la Casa de Contratación. La ville s’enrichit de façon éhontée avec l’or et l’argent dérobée dans les empires aztèques et incas. 

En 1704, les Anglais prennent Gibraltar qu’ils ne rendent pas. 

En 1713, le traité d'Utrecht cède cette partie de l'Espagne aux Anglais.
Les Espagnols tentent bien d’y guerroyer une première fois en 1727 sans succès, puis de 1779 à 1783. Mais après 3 ans de siège, ils laissent tomber ce gros rocher non sans ronchonner. 

1755 est l’année du tremblement de terre de Lisbonne, mais loin de la capitale portugaise martyre nombreuses furent les villes touchées par les secousses terrestres et les tsunamis en résultant. 

Cadix est touchée, des maisons sont fissurées et la vague tant redoutée fera quelques morts se trouvant sur le passage de l’eau. 
Le fantasme d’une histoire plus catastrophique détruisant la ville sous une vague de presque 20 mètres de hauteur eut probablement changé le nom de cette catastrophe pour Tsunami de Cadix. Il n’en fut rien. 
Dans un article de l’IRSN de 2008, on rapporte que des modélisations de la vague ne la font pas grimper de plus de 10 m alors que le niveau moyen de Cadix est de 11 mètres. 

En 1967, le peuple gibraltarien décide par référendum de rester sous la souveraineté britannique. Très colère, le général Franco en fait fermer les frontières qui ne rouvriront qu’en 1985. 

En 2002, un nouveau référendum confirme que 99% de la population souhaitent rester britannique.

Fait cocasse : la deuxième plus petite frontière du monde mesure 1 200 mètres et sépare les Espagnols des Gibraltariens. C’est également l’un des territoires les plus densément peuplés du monde avec presque 4 300 habitants au km², cependant largement dépassé par le champion du monde : Monaco avec plus de 24 000 personnes par km². 
Trois faits cocasses en un ! 

Retour en 1850 avec des révoltes paysannes, anarchie, révolution, ambiance moyennement agréable. Les paysans, écrasés par un régime monarchique et le capitalisme naissant en ont ras la fourche et veulent se faire entendre. 
Naissance de syndicats, protection des ouvriers, le changement c’est maintenant ! 

En 1936, les nationalistes prennent le contrôle de Séville, Cadix, Cordoue. 

C'est le début de la guerre d'Espagne qui va se conclure en 1939 par la victoire des nationalistes et de leur chef : le général Franco.

Cette guerre civile fera 500 000 morts et 300 000 réfugiés hors du pays.

Franco s’installe à Séville et y organise la répression. Si toute l’Espagne souffre de la guerre, l’Andalousie subit une répression politique particulièrement violente.
Blas Infante (homme politique, idéologue et écrivain) est fusillé à Séville, Frederico Garcia Lorca (poète et dramaturge) est assassiné à Grenade. Les 17 Roses, ces courageuses femmes républicaines sont fusillées à Guillena après avoir été humiliées et torturées. 

On dénombre 47 400 morts causés par la répression nationaliste en seulement 2 ans. 

Francisco Franco Bahamonde, plus connu comme le général Franco ou El Caudillo (le Meneur), règne en dictateur de 1936 à 1975, année de sa mort bien bien longue et douloureuse. 

1992 : année de l’exposition universelle de Séville

L’expo dure 6 mois, regroupe 109 pays et attire pas moins de 42 millions de visiteurs. Si le site est aujourd’hui partiellement à l’abandon, les travaux menés ont permis à la ville de se moderniser. 

Routes, autoroutes, gare, agrandissement de l’aéroport, réaménagement de la darse du Guadalquivir, adaptation de la zone portuaire, restauration de vieux bâtiments, construction du palais des congrès, hôtels, auditorium, etc. 

En 2007, adoption d’un nouveau statut d’autonomie remplaçant celui de 1981. 

Mars 2024, visite des Voyageurs Paresseux. 

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Agriculture
L’Andalousie est considérée comme le jardin de l’Europe. La région fournit 25 % de la production espagnole. 

Dans la région d’Almeria, un océan de plastique recouvre plus de 40 000 hectares de terres. Des dizaines de milliers de serres dans lesquelles poussent les tomates et les fraises que les gens du Nord veulent manger en janvier alors qu’ils se plaignent du coût de la vie trop élevé. 

Malheureusement, cette agriculture ultra intensive pompe toute l’eau des nappes phréatiques déjà tristement affectées et rejette des eaux usées, polluées et non traitées et ne sait plus quoi faire des tonnes de plastique des serres.

Sans compter les conditions de (non) vie des milliers d'ouvriers agricoles, des sans-papiers, venus des pays pauvres de l'autre côté de la Méditerranée, entassés dans des bidonvilles insalubres faits de cabanes sordides, sans hygiène pour quelques piécettes jetées par des producteurs toujours plus avides de profits. 

Pas de larmes de crocodile, si vous mangez des légumes ou des fruits espagnols - surtout en plein coeur de l'hiver -, il y a de fortes chances pour que vous contribuiez à cet esclavagisme moderne.  Rassurez-moi, vous ne pensiez quand même pas que des tomates en février à ce prix là étaient récoltées par des gens respectueusement traités et bien payés, hein ? 

Un exemple parfait du cercle vicieux dans lequel l’Humanité se délecte tout en le critiquant. 

Économie
En 2013, l’Andalousie possédait le pire marché du travail de l’Union européenne avec un taux de chômage de presque 37 %. 

En 2019, la région est encore l’une des plus pauvres d’Espagne avec 20 % de taux de chômage (en 2023, ce taux est tombé à 18 %). 

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QUELQUES PINCÉES DE SYMBOLES ET PARTICULARITÉS  

Drapeau
Vert et blanc avec un beau Hercule en plein centre (le bouclier), le drapeau de l’Andalousie est truffé de symboles. Le blanc serait la couleur de l'étendard des Omeyyades de Damas, le vert est la couleur de Mahomet et des Omeyyades de Cordoue. 

Dans la partie centrale, entouré de deux colonnes, Hercule apparaît entre deux lions, représentation évoquant la force et le courage. Sous le héros est inscrit : Andalucia por si, para España, y la Humanidad : «L'Andalousie pour elle-même, pour l'Espagne et pour l'humanité». 

Au-dessus des colonnes se détache un arc en plein cintre avec l'inscription latine Dominator Hercules Fundator "Hercule le Dominateur, Fondateur’’. 

Ce choix symbolique trouve ses racines dans la légende d'Hercule et son voyage en Ériteia, un lieu qui correspond aux villes actuelles de Cadix et de San Fernando. La légende raconte qu'en commémoration des exploits d'Hercule, deux colonnes furent érigées dans ces villes, symbolisant la séparation entre l'Europe et l'Afrique. 

NO8DO 
À Séville, impossible d’ignorer ce sigle que l’on trouve sur toutes les plaques en fonte, des drapeaux ou autre. Il est la devise officielle des armoiries de la ville depuis 1995, remplaçant le drapeau de San Fernando, aujourd’hui réservé aux fêtes solennelles. 

En plus d’être indéchiffrable pour un étranger, on y colle quelques légendes et on y insère un rébus qui se traduit par : NO + l’écheveau de laine appelé Madeja + DO. 
No madeja do = No me ha dejado : Ne m’a pas abandonné. 
Et pourquoi cette expression ? Moult légendes entourent ce sigle mystérieux, dont : 
  1. le religieux : dérivation de l'expression latine Nomen Domini , «Au nom de Dieu». Le 8 serait simplement la représentation du latin nodus, un nœud qui unit les deux mots. 
  2. le royal : les habitants ne sont pas satisfaits de la gestion étatique du roi Alphonse X et son propre fils Sancho mène une rébellion contre son daron. Finalement, Sancho décide de ne pas attaquer la ville et de laisser son père y vivre isolé et entouré de ses fidèles. À sa mort en 1284 et en remerciement à Séville, Alphonse X donna à la ville cet emblème. 
  3. le divin : Fernando (le papa d’Alfonso), aurait prononcé les mots «ne m'a pas abandonné». Dans ce cas, il s'agit de la Vierge et non de Séville. Il l'aurait fait après avoir reconquis la ville aux Arabes en 1248 pour remercier le soutien divin . 
  4. un peu de n’importe nawak : Hercules, fondateur mythologique de Séville, union, force et lions enragés… 
Je vous l’avais dit, n’importe quoi… 
 
On s’accorde à penser que l’origine la plus probable serait liée à Alphonse X, sans toutefois valider les légendes. Bref, c’est bien d’avoir encore un peu de mystères non résolus dans ce monde. 

Indalo
Gravure préhistorique découverte sur une roche dans la province d’Almeria, cette image a longtemps été utilisée par la population comme un symbole de chance. Il était peint sur les murs des maisons pour se protéger des orages et du mauvais œil. 

Certains y voient un arc-en-ciel entre les deux bras tendus, une allégorie d’un accord entre les hommes et les dieux pour éviter de nouveaux déluges. 

Plus prosaïquement, il s’agirait simplement de la représentation d’un chasseur tendant un arc vers le ciel et certainement vers l’oiseau qu’il va inscrire à son menu (arc-en-ciel, tout est dans tout). 

Il est le symbole de toute la région d’Almeria. Le mot Indalo, viendrait de l’Ibérique indal eccius : messager des dieux. 

Flamenco
Si l’histoire ne nous apprend pas avec certitude d’où vient cette danse, il est indéniable que les Gitans l’ont transcendée. Du nord au sud, d’est en ouest, le flamenco se transforme et mute en fonction des artistes qui le pratiquent. 

Les styles de flamenco sont appelés palos et il en existe plus de 50, divisés en 3 grandes catégories. 

Le Cante Jondo (ou canto grande), réputé pour être le plus sérieux, le Cante Chico, léger et frivole, et le Cante Intermedio qui rassemble ceux qui n’entrent pas dans les deux premières catégories. 

Lors d’un voyage en Andalousie, il est absolument indispensable d’aller voir un spectacle, qui j’en suis sûr vous donnera quelques papillons dans le ventre. À moins que ne soit la faim… 

Tauromachie
Depuis la nuit des temps, l’homme cet incorrigible macho, aime affronter des bestioles plus grosses et plus puissantes que lui. Évidemment c’est mieux quand ladite bestiole est au bout de son sang et de son souffle. 

Gladiators in the circus arena, Zliten mosaic, 1st century AD
Les gladiateurs romains combattaient les aurochs, et de temps en temps balançaient quelques martyrs chrétiens dans les arènes juste pour rire. 
Ou des combats entre bovidés énervés (1 tonne de muscles quand même) et fauves affamés, on ne rigolait pas avec les distractions avant l'addiction aux réseaux sociaux !

Rares sont les sacrifiés revêtus d’un pagne en vieux chiffons qui ressortaient vainqueur face à une bestiole de 800 à 1000 kilos de muscles et de bave aux cornes affûtées. 

La corrida – ou corrida de toros – moderne est née à Ronda en 1752 , lorsque le torero Francisco Romero demande à tuer le taureau lui-même et devient par la même occasion un matador – un tueur, de l’espagnol matar : tuer -. 

Personnellement j’ai longtemps cru que la corrida portugaise était un bon exemple – en tout cas moins pire -, car le taureau n’est pas tué. FAUX ! 

Il n’est juste pas tué dans l’arène, mais ne va pas beaucoup plus loin que la porte qu’il vient de franchir et est occis en cachette, loin des yeux des aficionados. 

J’ai assisté à une corrida dans le sud de la France. Si j’ai d’abord été subjugué par l’incroyable aisance des cavaliers et de l’agilité de leur cheval répondant instantanément à la moindre sollicitation, il n’en fut pas de même pour la suite du programme. 

Les picadors juchés sur leurs destriers plantent leurs longues piques dans le corps de la bestiole pour l’affaiblir.
J'imagine que personne n'oserait défier ce gros bestiau noir, plein de cornes acérées, en pleine forme...

Le sang gicle, coule le long du corps musculeux, poisse le sable blond, l’animal bave et transpire, se demande ce qu’il fout ici, loin de ses prairies. Ce n’est pas fini. 
Suivent les banderillos – ou le torero lui-même - qui plantent six banderilles, des bâtons terminés par un harpon, dans le garrot du taureau. 

Enfin, le matador entre en scène. Il pratique la faena – ou faena de muleta -, une série de passes avec la muleta, la fameuse cape rose qui fait croire que le taureau est attiré par le rouge, alors qu’il distingue mal les couleurs. 

Par contre l’agitation de ce bout de tissu le fait voir rouge et il fonce sur l’impudent qui vient troubler sa balade. 

Le matador va enfin porter l’estocade avec une épée courbée plantée à travers la nuque. 

Le sang gicle par la bouche, le taureau tombe à terre. Il est enfin achevé avec un poignard dont la lame est enfoncée et tournée dans son crâne, mettant ainsi fin au calvaire du brave ruminant.

L’homme n’est pas toujours habile et la bête au lieu de passer de vie à trépas peut être horriblement blessée au lieu de succomber d’un coup d’épée en plein cœur. 
De toute façon avec toutes les banderilles plantées dans sa nuque, le taureau ne risque pas de faire de vieux os. 

Quelquefois – rarement -, un animal qui s’est vaillamment battu peut être gracié et coulera des jours heureux jusqu’à sa mort naturelle au milieu des pâturages. 

Et puis, il arrive qu’un coup de corne éventre le torero, car la bestiole est aussi maligne que puissante. Le taureau apprend très rapidement et comprend vite ce qui se passe, d’où l’importance pour l’homme de modifier sans arrêt ses passes. 

On dénombre 61 matadors tués dans les arènes, et environ 357 autres pratiquants (picadors, novilleros, etc.), aucun chiffre concernant les paisibles ruminants. 

Mariage pour tous
Bien que le pays soit généreusement peuplé de catholiques pratiquants, le mariage pour tous a été voté, sans grands heurts, dès 2005, soit 1 an après le Canada et 8 ans avant la France. 

Souvent présentée comme championne des avancées sociales, l’Espagne commence à être gangrenée par les discours d’extrême droite et certains n’hésitent plus à passer à l’acte. Les agressions homophobes sont en augmentation de 23 % depuis 2016. 

L’être humain est quand même un sacré connard ! 

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UN SOUPÇON DE DÉMOGRAPHIE
L’Andalousie compte quelque 8 620 000 habitants, dont 700 000 vivent à la capitale.  

Madame à une espérance de vie de 84 ans, alors que monsieur peut escompter souffler un peu plus de 79 bougies.  

Les Andalouses donnent naissance à 1,22 enfant par femme (en 2023 on comptabilise 1,68 en France – 1,38 au Québec). 

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UN TOUR DE MOULIN DE LANGUE
Évidemment ici on parle l'espagnol, plus précisément le castillan qui est la langue officielle du pays. Si la différence est invisible à nos tympans, on nous a fait remarquer lors de notre voyage au Chili que le castellano était la version pure de l’espagnol parlé au pays. Un espagnol un peu bâtard, qui comporte tout un tas de mots ou d’expressions inexistantes en Espagne. 

Le dialecte andalou est un ensemble de variétés dialectales du castillan, mais fouillez-moi si je suis capable d’en faire la différence. 

En pratique, pour un francophone, l’espagnol a quand même des similitudes qui, si on se fend d’un petit effort et en face d’un locuteur patient, est relativement compréhensible. 
Et puis, toute la jeunesse pétillante parle anglais pour ceux qui traînent un peu la patte. Par contre c’est la moindre des politesses de savoir dire merci, bonjour, s’il vous plaît dans la langue du pays qui vous accueille, quel qu’il soit... 

L’espagnol compte environ 460 millions de locuteurs natifs, soit 81 millions de plus que l’anglais ! C'est la deuxième langue la plus parlée au monde après le mandarin et devant l'anglais.

Jamais on ne m’a reproché mon accent ou mes drôles de tournures de phrases, à part le cabochon du Cumbre Mayores à Cadix. 

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UNE BONNE LOUCHE DE RELIGIOSITÉ
Sujet sérieux s’il en est… 

Si 25 % de la population se définit comme athée ou agnostique, 70 % se réclament catholiques, dont 13 % pratiquent la religion. 

Ce sont sûrement ces 13 % que nous avons vu préparer les festivités pascales dont l’intensité ne nous a pas échappé. À croire que 100 % des Andalous aiment quand même bien défiler derrière, devant, autour des pasos et des pénitents encapuchonnés. 

D’ailleurs en parlant des pénitents, un rappel qui ne peut pas faire de mal, non, ce ne sont pas des adeptes décérébrés du Ku Klux Klan ! 

Ces Nazaréens participent aux processions religieuses et, on ne se le cachera pas, ont un petit quelque chose d’effrayant avec leur tenue qui dissimule totalement leur identité. Ils n’ont rien de sectaire, ne font pas partie d’un groupuscule raciste ou xénophobe, et nombreux sont les commerces à informer le touriste qu’ils n’ont aucun lien avec le KKK. 

Le costume est composé d’une tunique dont la couleur dépend de la confrérie à laquelle appartient le pénitent, le chapeau pointu est nommé capirote

Aux origines, les condamnés à mort par l’Inquisition portaient la capirote blanche. 

Tiens en parlant d’elle... 

L’Inquisition
Si la notion d’inquisition – traduction du latin inquisto ‘’enquête’’, ‘’recherche’’) a des racines plantées dans les années 380, la lutte contre les hérétiques devient plus sérieuse dès 1231. 

Il y eut d'abord l’Inquisition médiévale, introduite par le pape Innocent III en 1199. 

Suivent l’Inquisition espagnole, la portugaise, la romaine et enfin le Saint-Office. 

En 1478, le bon pape Sixte IV pète une bulle et hop, l’Inquisition espagnole - Tribunal del Santo Oficio de la Inquisición - voit le jour. 

Ce sont les Rois Catholiques, plus précisément Ferdinand et Isabelle qui en font la demande afin de mener une répression des plus efficaces contre les juifs convertis – marranes - mais qui prennent un malin plaisir à judaïser en secret. 
Un secret qui semble déranger les ultras coincés du crucifix. 

Et puis, tant qu’à avoir un tribunal aussi expéditif et efficace, autant y ajouter les délinquants de toutes sortes, les voisins mal aimés, les homosexuels, les protestants, les Gitans, les musulmans, le blasphème, la fornication (du sexe sans mariage bouhouhou), la bigamie, enfin tout ce qui dérange la bonne société. 

À la base, ce tribunal avait pour but de maintenir le pays dans une foi inébranlable. Mais on remarque qu’elle se prète à bien plus de cas que prévu et qu'elle supporte bien le voyage. 

Alors on l’exporte, d’abord aux Canaries, puis dans les colonies sud-américaines. Dans les années 1500, Charles Quint tente de l’imposer aux Pays-Bas, mais la greffe ne prend pas. 

Aux alentours des années 1530, le tribunal de Séville fait passer environ 5 000 personnes – dont une majorité de juifs – sur le bûcher. Sans compter les tortures, emprisonnements, galères, confiscations des biens, bannissements, pénitences de toutes sortes, coups de fouet et le port du sambenito, une tunique jaune infamante. 

Quoiqu’il en soit, même les plus innocents finissaient par avouer tous les péchés du monde sous la torture. 

À Séville, c’est au funeste Château de San Jorge dans le quartier de Triana qu’est installé le siège de l’Inquisition. Dès le début de 1481, on brûle vif 6 juifs soupçonnés d’insurrection. 

Un curé témoigne : 
«On brûlera autant de bois qu'il faudra jusqu'à ce que soient détruits et exterminés ceux qui judaïsaient, et qu'il n'en reste aucun ; et leurs enfants âgés de plus de vingt ans, et même les plus jeunes s'ils étaient atteints de cette lèpre. » 
Charmant. 

Tomás de Torquemada
, un dominicain un peu perturbé, austère dévot et érudit, devient inquisiteur de Séville en 1482. Dès l’année suivante, probablement pour services rendus, il est nommé Grand Inquisiteur général pour la Castille et l’Aragon jusqu’en 1498 et ne dépend que du pape. 
Impitoyable, il déploie une énergie considérable en parcourant le pays afin de stimuler le zèle de ses coreligionnaires. Sous son autorité, environ 100 000 cas non juifs sont examinés par l'Inquisition espagnole et 2 000 condamnations à mort prononcées. 

En 18 ans, Torquemada a condamné personnellement 9 000 Juifs à être brûlés vifs et 7 000 à être exhumés pour qu’on brûle leurs cendres. 

Tous ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. D’abord parce que la plupart des registres ont disparu, ensuite parce que l’exagération fait partie d’une légende noire dont l’impact psychologique se suffit à lui-même. 

Ainsi, suivant les historiens on passe de plusieurs milliers (voire millions en incluant les croisades) à ‘’seulement’’ 800 morts pour 45 000 inculpés en Espagne. Difficile de refaire l’Histoire quand on en perd de gros bouts. 

À Séville en 1524, une plaque commémorative résume ces 40 premières années d’Inquisition par ces quelques phrases : 

«L'an du Seigneur 1481 a commencé en ce lieu le Saint-Office de l'Inquisition contre les hérétiques judaïsants, pour l'exaltation de la foi. Par lui, depuis l'expulsion des Juifs et des Sarrasins jusqu'en l'année 1524 plus de 20 000 hérétiques ont abjuré leurs criminelles erreurs, et plus de 1000 obstinés dans l'hérésie ont été livrés aux flammes, après avoir été jugés conformément au droit.» 

Il reste trois siècles d’Inquisition à venir… 

Dans certaines villes, on peut visiter des musées de l’Inquisition où sont exposés les instruments de torture utilisés par les bourreaux. 

La Sainte Inquisition sera supprimée une première fois en 1813, rétablie en 1814 et enfin définitivement jetée aux oubliettes en 1834. 

356 ans de bons et sanglants services au nom d’un Dieu de miséricorde et de paix. Prout. 

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ENTRER AU PAYS 
Coucou c’est nous ! Pas plus compliqué que ça… 

Si on arrive du vrai étranger, et qu’on envisage de rester plus de 90 jours sur 180 dans l’espace Schengen, il faut un visa. 
Pour la France, on trouve ce visa dans un bureau un peu glauque et à l’accueil discutable au Centre VFS Global France Visa à Montréal.  

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RISQUES 
Nous n’avons jamais eu le sentiment d’insécurité. Comme dans toutes les villes, il y a des quartiers à éviter, mais en général on se sent vraiment à l’aise. 
Sinon il faut porter une casquette, boire beaucoup d’eau et réserver vos visites surtout en période de vacances et surtout pour l’Alhambra. 

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À TAAAABLE !  
Dire qu’on a bien mangé en Andalousie est un doux et gourmand euphémisme. 

Du cochon des montagnes aux poissons et fruits de mer de la côte, de l’huile d’olive aux tomates, la diversité culinaire de la région est prodigue, comme les assiettes très généreusement garnies, qui suffisent pour deux. 

Avec la formule tapas, on partage et goûte encore à plus de choses. 
À Grenade, le tapa – souvent ordinaire, sauf exception -, est automatiquement offert avec le verre de bière ou de vin. 

En vrac : 
Gazpacho : soupe froide à base de tomate, poivrons, concombre, ail, huile d’olive, un peu de vinaigre. 
Salmorejo
 : spécialité de Cordoue, mais qu’on trouve un peu partout, est également une soupe froide, plus épaisse à base de tomate, morceaux de jambon, œuf dur et pain. 
Ajoblanco : une soupe froide, spécialité de Malaga, au pain, amandes, ail, eau et huile d’olive. 
Rabo de toro : ragoût de queue de taureau, mijoté avec une sauce au vin rouge. 
Mejilla de cerdo : la joue de porc au vin de Malaga, fondante et savoureuse. 
Chicharonnes : du gras de porc frit. C’est tellement meilleur que les oreilles de crisse ! 
Jamón iberico
 : le Saint Graal des amateurs de jambon. Le jambon ibérique est, à juste titre, considéré comme le meilleur jambon du monde. Son prix est en conséquence, car il faut compter entre 15 et 25 euros les 100 grammes, suivant la qualité et la maturité – et le lieu où on se trouve. 
Le jambon ibérique N’EST PAS le pata negra, ni le jambon serrano. Le Serrano est issu de porcs blancs élevés de façon industrielle. 

Les cochons ibériques sont élevés en semi-liberté et parcourent les montagnes à leur guise. Ils se nourrissent principalement de glands de chênes (bellotas) qui leur donnent un goût si particulier. 
Durant la glandée (oui moi aussi je viens d’apprendre ce mot), période de production des glands, les cochons avalent jusqu’à 800 kilos de ces fruits. 

Il existe 3 catégories de jambons que désignent des étiquettes de couleur :
Jaune : lberico de Campo est l’entrée de gamme. Nourris aux céréales, herbe et légumes, ils sont 12 porcs par hectare. 
Rouge : Recebo est la gamme intermédiaire. Nourri aux glands et herbe puis aux céréales et légumes.
Noir : Bellota, le haut de gamme. Le cochon, 1 seul par hectare, est nourri d’herbe et de glands uniquement.

L’appellation 100 % bellota garanti la qualité de la viande qui est ensuite affinée de 24 à 48 mois avant d’être commercialisée. Le jamón ibérico est une appellation d’origine protégée depuis 2002.  
Tortilla : pomme de terre, œufs, garniture, le plat économique et roboratif par excellence. 
Un petit creux hop tortilla ! Ses variations sont multiples en fonction des produits locaux et de la saison. 
Croquetas
 : encore une gourmandise parfaite pour l’apéro à coincer entre quelques olives et des anchois. Des croquettes garnies de béchamel, de jambon, poisson ou viande, le choix est vaste. 
Flamenquín : un genre de cordon bleu roulé, à base de fines tranches d’échine de porc, de jambon cru et de fromage et frit dans beaucoup trop d’huile. C'est sec et on s'en est rapidement passé.
Berenjenas fritas con miel : oh le bonheur ! Des fines tranches d’aubergines frites, nappées d’un filet de miel et de quelques morceaux de fromage frais. 
Les fromages : de vache, de brebis ou de chèvre, les fromages andalous sont délicieux. Frais ou secs comme un coup de trique, ils ont leur place dans n’importe quel repas. 
Montadito de Solomillo al Wisky
 : un sandwich au pain tendre (ou sur une tranche de pain), garni de petites tranches de surlonge de porc, d’une sauce au whisky et de quelques frites. Un pur délice surtout au comptoir du petit Casa Eme à Séville. 
Poissons, mollusques et fruits de mer à Cadix. 
Churros : oubliez les churros gavés d’huile de friture indigeste et graisseuse. Ici, ils sont aériens, légers et trempés (ou non) dans une sauce au chocolat peu sucrée. 
Glaces
 : gourmands, les Andalous sont friands de desserts et on retrouve des pâtisseries dans tous les coins. 
Pour les meilleures glaces, les files d’attente peuvent devenir interminables, mais comme les heures de repas sont totalement décalées par rapport à tous les autres humains de la planète, il y a des chances pour que personne ne soit devant vous à l’heure (normale) du dessert. 

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UN P’TIT DERNIER POUR LA ROUTE ?  
Qu’est-ce qu’on boit dans le coin ?  

Si on y mange bien, le boire n’est pas en reste. À tout seigneur... Le vin ! 

L’Espagne est un grand et un excellent producteur de bons vins, n’en déplaise à mes origines françaises. 

L’Andalousie peut se targuer d’avoir été la première région viticole d’Espagne grâce aux Grecs, puis aux Romains qui occupèrent ces terres bénies. De Cordoue à Almeria, de Cadix à la région de Laujar-Alpujarra, de la vallée del Almanzora à la Sierra de Jaén et tant d’autres, chacun va trouver son bonheur, qu’il soit rouge, rosé ou blanc. 

Si on ajoute une limonade pas trop sucrée à une belle rasade de vin rouge, on obtient le fameux Tinto de verano, le vin rouge d’été. C’est comme un rouge limé, mais avec un nom plus poétique. 

Toujours dans le vin avec la fameuse Sangria, mais qui, suivant les établissements, peut simplement sortir d’une bouteille de sangria prête à boire… 

Et puis, pour passer le mauvais vin, ils ont inventé le Calimocho. Mauvais vin (le plus possible) arrosé de mauvais Cola (le plus possible). Heu, c’est non ! 

On reste dans la vigne avec le Xérès (Sherry pour les Anglais), dont Jerez de la Frontera est la capitale. Des vins auxquels on a ajouté une certaine quantité d’eau-de-vie. 
Des vins blancs mutés – comme le Porto – qui peuvent être secs, demi-secs ou doux. 

Le malaga, un vin doux naturel ou liquoreux élaboré dans la région de Malaga. 
Les raisins sont passerillés (ou paillés, pour en augmenter le taux de sucre par la perte d’eau donc en concentrant le sucre naturel du fruit) avant d’être pressés, mis en foudre, puis on y ajoute du sirop de raisins (arrope). 

La bière, avec la célèbre Cruzcampo fondée en 1904 à Séville (acheté par la brasserie Guinness en 1990, racheté par le géant Heineken en 2000) ; la Cerveza Alhambra, née à Grenade en 1925 ; El Águila Sin Filtrar (Heineken) et puis suivant la tendance mondiale, tout un tas de micro-brasseries ont vu le jour ces dernières années. 

Taifa et Desiderata à Séville, Maier et Destraperlo à Cadix, Mammooth à Grenade, Son à Cordoue. 
Rubia, negra, ambar, il y a pléthore de broues pour tous les goûts. 

La bière pression se boit en format caña (tout minus verre de 20cl), ou grande quand on est un peu plus sérieux et qu’on a très soif. 

Un café, l’addition s’il vous plaît.  
Il est toujours très bon (sauf chez monsieur face-de-pet à Cordoue) et, pour ceux qui aiment, se commande café solo (sans lait ni sucre). 

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COMMUNICATIONS 
Avec une carte SIM française (Free), j’ai pu utiliser mon téléphone et Internet gratuitement pendant tout le séjour puisque l’itinérance en Europe n’existe plus depuis 2017.  
Il y a souvent des limites de données, mais qui va utiliser 110Go par mois ? Profitez de votre voyage !  

Dans tous les hébergements que nous avons occupés, Internet était inclus gratuitement et ça fonctionne très bien.  

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DURÉE DE NOTRE SÉJOUR : 16 jours  

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SÉVILLE 
Transport 
De l’aéroport nous avons pris un Bolt, le pendant d’Uber, en moins cher et plus rémunérateur pour ses chauffeurs. Souvent les chauffeurs Bolt sont aussi chauffeurs Uber. 
Nous n’avons utilisé aucun transport en commun et avons largement usé nos semelles sur les trottoirs. 

Si Séville est une très grande ville, le centre historique se fait très bien en marchant. Évitez les balades en calèches traînées par des chevaux à bout de souffle. Et encore nous n’y étions pas lors des grandes chaleurs estivales… 

Dormir 
Tout un tas de sites propose divers lieux d’hébergement. 
Concernant les quartiers où poser ses valises, évidemment El Centro est très prisé. Resto, bars, bodegas, centre historique sont tous à porté de main. Santa Cruz, qui regroupe la cathédrale et l’Alcazar ; El Arenal, avec les arènes, la Torre del Oro ; El Porvenir avec les parcs Maria Luisa, la place d’Espagne, l’aquarium ; Triana avec le marché, le château San Jorge, ses petits bars. 

Tous nos hébergements ont été trouvés sur Booking.com ou directement via le site de l'établissement.

Le premier séjour à Séville nous sommes hébergés en plein cœur d’Alfalfa, le quartier le plus plus vivant (et le plus touristique) de la capitale dans une chambre assez grande située dans un fond de ruelle calme au Turistic Apartment Sevillanos SL

Visiter
Les pages dédiées sont relativement complètes, bien écrites, avec un peu d’humour et de légèreté. 

Clique sur le plan à droite pour avoir plus de détails : 

En vrac, l’Alcazar, la cathédrale, la place d’Espagne, Triana, le parc Maria Luisa, le quartier des arènes, las Setas, la Alamada de Hercules, se perdre, se reperdre et découvrir. 

Le boire et le manger
Le matin nous aimons prendre notre petit-déj au calme de notre chambre. 
MAIS y a Domi Velez ! Un boulanger champion du monde qui prépare des viennoiseries à se damner. 

On aime bien faire comme les locaux, pain, huile d’olive, tomates écrasées, fromage. C’est bon, pas cher et ça fait moins touriste ! 

Notre coup de coeur : le Bar Alfalfa. Tout petit, tout serré, tout chaleureux, il faut de la chance ou beaucoup de patience pour y trouver une place. 
Le service est bruyant et sans prétention, ¡Eh, rubita, tu plato de jamón! hurlé par Rafa à travers la salle. Un lieu totalement authentique, même pour un endroit aussi touristique. 

Sal Gorda, un autre resto à tapas aux choix éclectiques et délicieux. 
Palo Cortao, tout petit restaurant où il faut absolument réserver. Superbes plats, belle carte des vins, ambiance feutrée. 

Un peu partout, des bodegas où on avale un tapa en descendant une bière. Tout autour de la Alamada de Hercules, moult bars, brasseries et resto en offre pour tous les goûts. À noter, les excellentes bières artisanales chez Hops&Dreams

Pas le temps de s’attabler ? Pas de problème, on trouve tout un tas de vendeurs d’excellents sandwichs au jambon, ibérique bien sûr. Souvent des chaînes, mais aux produits frais et abordables. 

Attention aux horaires, presque tous les bars ferment à 16h pour rouvrir à 20h, mais le choix permet de toujours trouver un comptoir où se désaltérer. 

Rage de sucre ? Avec les churros on va combler ce manque en même que celui de gras. La chaîne Kukuchurros en fait des pas pires, sinon on en trouve dans pas mal de cafés. On peut les commander sans chocolat, mais franchement, l’expérience ne sera pas complète. 

Par contre, quel que soit le resto choisi, il faut absolument clore cette journée gourmande par un arrêt à la Heladeria Bolas. Un vaste choix de parfums classique ou totalement créatifs des meilleures glaces de la ville, parole de gourmand !

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CORDOUE
Transport
Nous avons gagné Cordoue par le train grande vitesse au départ de la gare Santa Justa de Séville. Les billets sont achetés sur le site de la RENFE (Red nacional de los ferrocarriles españoles). 
Quarante-cinq minutes de trajet, à peine le temps d’admirer le paysage et nous voilà arrivés. 
Sur place, rien ne remplace la marche. La ville historique est petite, et la ville neuve est juste à côté. 

Dormir
À la Hospederia Alma Andalusi (environ 40$/nuit), la chambre est vraiment petite, mais l’accueil adorable et le tout super bien situé à quelques pas de la Juderia. 

Visiter
On vient à Cordoue pour son incroyable Mezquita, mais aussi pour son pont romain, sa tour Calahorra, son Alcazar, son palais de Viana, ses petites rues adorables, la place de la Corredera, ses patios fleuris, sa douceur de vivre. 

Tout  notre Cordoue en cliquant sur la Mezquita : 

Le boire et le manger
Le petit-déjeuner est généreux, pas cher et avec le vrai monde à la cafétéria Roma
Pour un frichti rapido presto avant la visite de la Mezquita, rien de mieux qu’une généreuse portion de tortilla au bar Santos
Tout autour de la plaza de la Corredera, un tas de restaurants proposent de bons petits plats. C’est ici que nous avons découvert les aubergines frites au miel et fromage, un vrai délice ! 
La paella au lapin, cuite à la commande est à dévorer au restaurant La Cuarta, qui propose aussi un jamon iberico de première qualité. 
Nous avons été déçus par notre repas à la Taberna Salinas, mais son cadre est très chouette. 
Sur la rive gauche du Guadalquivir, un repas abordable en bonne compagnie se prend au Restaurante El Nido

Et le churros con chocolate est à s’en lécher les doigts à la Cafeteria Don Pepe

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GRENADE
Transport
Nous arrivons en train, et cette fois-ci la station est un peu loin de notre logement, alors nous sautons dans un Uber, qui en profite pour nous indiquer un super resto à tapas. 

Enfile tes chaussures de sport, on va crapahuter ! 

Grenade possède aussi un métro, des bus, des calèches (non!), et un petit train touristique dont on dit le plus grand mal. 

Les collines, les pavés et les ruelles étroites ne permettent pas vraiment d’opter pour un autre moyen de transport que vos jambes musclées. 

Dormir
Un grand appartement pas mal situé et une logeuse aux petits soins au Estudio Inora. Cuisine, chambre, salon, petits patios, salle de bain, au calme, que demander de plus ? 

Visiter
Tout notre Grenade en cliquant sur la jolie carte postale : 

Avertissement : si tu n’as pas acheté de billets bien bien bien d’avance pour visiter l’Alhambra, il reste plein d’autres choses à voir, mais caaaadix que c’est frustrant ! 
Mais ça finit par passer…
 
Il reste quand même la cathédrale, la chapelle royale, le monastère San Jeronimo, la Basilique St Jean-de-Dieu (WOW), le Corral del Carbon, aller voir un spectacle de flamenco au Jardines de Zoraya, admirer l’Alhambra du mirador San Nicolas, visiter le musée des grottes de Sacromonte, errer dans les quartiers, monter et descendre les collines, s’arrêter boire un verre accompagné d’un tapa, Grenade est une grande ville qui bouge ! 

Le boire et le manger
Le soir on se cale à une table du petit Buena Vida, pour un verre et un choix abondant de tapas, le tout dans la musique et la bonne humeur. Belle table également à la Auténtica Carmela

Après la visite de la basilique St-JdD, on s’arrête prendre un café et quelques churros à la cafétéria Nina

Si on préfère le thé il y a foule de teterias, ces petits salons de thé perché dans le quartier Albaicín. Le quartier de l’université recèle tout un tas de bodegas où il fait bon se jeter une pinte ou un tinto de verano derrière la cravate. 

Rage de sucre + trop chaud ? Vite une glace chez Los Italianos ou à la Heladeria La Rosa

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RONDA
Transport
Il y a certainement des bus qui se rendent à Ronda, mais nous avons fait le choix de louer une voiture pour quelques jours. L’agence Sixt à la gare de Grenade propose des tarifs intéressants et l’accueil a été formidable. 
Cette liberté de mouvement nous permettra de visiter les villages blancs à notre rythme. Par contre les stationnements en ville sont excessivement chers, il vaut mieux s’excentrer. 

Dormir
Apartamento Patio Real Bellavista, encore une belle adresse sur laquelle nous sommes tombés. Un appartement fraîchement rénové, 2 chambres, cuisine, salon et salle à manger, grande salle de bain, juste en face du pont Vieux et en plus il est facile de trouver une place gratuite pour la voiture. 

Visiter
On vient à Ronda, principalement pour mirer le majestueux Pont Neuf jeté par-dessus la faille qui sépare le village. Mais on y vient aussi pour le village lui-même avec ses belles maisons, ses rues en pente et la vue magnifique sur les collines alentour. 

Le boire et le manger
Nous n’avons pas fait bombance à Ronda par manque de temps et surtout par grosse fatigue au soir d’une journée épuisante. La ville ne manque pas de bonnes tables, mais pour nous ça s’est résumé par l’achat de produits locaux, fromage et jambon, et par un repas arrosé d’un bon petit Rioja dans notre confortable logement. 

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GRAZALEMA 
Transport
La voiture est le moyen le plus pratique pour se rendre ici tout en profitant des villages blancs qui parsèment la route. Le réseau routier est en bon état - je devrais dire excellent si je le compare à celui de Montréal -, la conduite des locaux est tout à fait raisonnable et de toute façon, on ne croise pas grand monde hors saison dans ce charmant arrière-pays. 
Stationnement facile sur deux petites places au nord-est du bourg. 

Dormir
Nous avons trouvé un chouette appartement au Plaza de los asomaderos 54
Attention, ici le 54 ne suit pas le 53, il faut chercher un peu… Grand, confortable, tranquille et à quelques pas de … tout en fait, c’est quand même assez petit ici. 

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Alors là, peinard ! 
Rien, que dalle, nada de nada, gar nichts, niente di niente, nothing at all… C’est assez clair ? 

J’exagère un peu quand même… 
La visite du village en se baladant vaut le détour. S’asseoir face au paysage que l’on imagine millénaire et immuable. Regarder les gens vaquer à leurs occupations quotidiennes. Pourquoi ne pas relaxer et, comme les anciens, se poser sur un banc et parler du temps, celui qu’il va faire demain et celui qui passe. 
Pour les plus sportifs, il y a tout un tas de randonnées à travers la Sierra de Grazalema
Des heures de marche, sur des sentiers caprins au grand air. 

Le boire et le manger
Dans le village il y a quelques petites boutiques vendant des produits de la région. On peut facilement se concocter un frichti montagnard à base de fromage Payoyo, de jambon, de miel de la Sierra et de pain. On trouve également une petite épicerie aux prix assez doux. 

Et puis il y a bien sûr des bodegas, des bars et quelques restaurants. Nous avons tranché du cerf et torché une bouteille de fort à la table du Restaurant Torreón

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CADIX
Transport
Cadix est reliée aux autres villes par le train ou le réseau d’autobus dont les stations se trouvent vraiment à côté de la ville historique. Nous avons fait le choix d’y venir en voiture, et suivant les recommandations trouvées sur le web et l’échange effectué avec mes logeurs, j’ai choisi de garer notre véhicule dans un stationnement souterrain un peu excentré. 
Sinon sort tes bidous, t’as pas fini de raquer ! 

Alors, trouve rapidement le Stationnement Santa Bárbara, laisse ta voiture à Kikiriki qui ! et pars l’esprit tranquille, même en cas de grosse tempête de sable, ta voiture va être nickel dans quelques jours. 

Dormir
Quel bonheur d’échanger des messages avec les jeunes gens de la Casa Caracol
Une auberge de jeunesse avec des dortoirs pas chers, mais aussi des chambres pour deux et des logements privés pour les amoureux qui ne veulent pas partager pets et ronflements. La Casa Piratas possède 5 chambres doubles (SdB partagées), et nous avons opté pour la Casa Mina, un studio appartement, joliment décoré et très bien situé. 
Et puis, comme souvent dans les AJ, ce sont des sources inépuisables de bons plans, de visites, de concerts et spectacles, un échange humain d’une grande valeur que les réseaux sociaux et les codes d’accès ont tenté de faire disparaître. 

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À Cadix, il faut s’imprégner de cette ville particulière. 
Rues longues et étroites, immeubles hauts, sentiment de claustrophobie et d’un coup, une place où s’épanouissent des ficus centenaires et des minots frappant dans un ballon en hurlant leur joie de vivre. 

La cathédrale et sa tour valent le détour, la jetée vers le fort San Sebastian, tremper ses pieds endoloris sur la plage de la Caleta, humer les odeurs du marché central, visiter les galeries d’œuvres d’art de la Casa de la Contaduría, se mesurer aux deux ficus géants du parc Clara Campoamor, se promener le long des vestiges face à l’horizon océanique en tentant d’éviter les fumées toxiques des bateaux de croisières. 

Le boire et le manger
Nous sommes au bord de l’océan et la mer s’invite dans les assiettes. Poissons variés, poulpe, seiche, coquillages, il y en a pour tous les goûts. 

Le marché Central de Abastos abrite des kiosques de nourriture et permet de goûter à toute la gastronomie locale en un seul et même endroit. Il faut aller déguster le poulet de monsieur Rincon del Pollo en commandant son assiette de mahareta. Miam ! 

Réputé pour ses tapas et ses prix abordables, le restaurant Cumbre Mayores nous accueille dans un cadre typique. Sa carte est complète et ses assiettes délicieuses. N’eût été monsieur face-de-pet, nous aurions passé une superbe soirée, mais il n’a pas réussi à la gâcher et je recommande fortement cet endroit où il vaut mieux réserver. 

Un furieux besoin de glace se règle en entrant dans la petite boutique Bajo 0 Helados Artesanos, ou à la Heladeria Verde Pistacchio ou encore au Salón Italiano Heladería et tant d’autres. 


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COUPS DE CŒUR 
L’Andalousie est un poème posé sur Terre. 

Les paysages sont magnifiques, par endroit on dirait que le temps s’est carrément arrêté. La nourriture est une ode au bien manger et les Andalous sont des gens accueillants et fiers de vivre. Je ne sais pas ce qu’il en advient au beau milieu de la haute saison estivale, et ne le saurais probablement jamais. Alors, allez-y hors saison et profitez du calme sans les touristes. 

Selon André les gens sont polis, accueillants, le pays est superbe, la douceur de vivre y est réelle, et pour un gourmand assumé, c’est le Paradis. 

Outre sa nature - hormis les milliers d’hectares engloutis sous le plastique des serres de la région d’Almeria -, la richesse culturelle incroyable, l’architecture toute mélangée au fil des siècles, le passé arabe, le présent qui joue avec sa longue et flamboyante histoire, on ne peut décemment pas passer à côté des monuments emblématiques des villes andalouses. 

Les fumées des encens embaumant l’air de Séville ; le parfum insensé des fleurs d’oranger ; la multitude de tapas ; les sommets enneigés de la Sierra Nevada en toile de fond de l’imposant Alhambra ; les villages blancs perchés sur des collines ou cachés dans une combe ; la joie des gens en grande discussion aux terrasses ; la cohésion familiale lorsque, le dimanche tous petits et très aînés se promènent main dans la main sous les ombres salvatrices des hauts platanes. 

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ÇA FATIGUE 
Le manque de temps pour des Voyageurs Paresseux. 

Plus sérieusement, le ratage de la visite de l’Alhambra à Grenade est vraiment le seul coup de fatigue que nous avons ressenti, mais nous ne pouvions faire autrement puisque ce voyage était presque en voie d’annulation. 

Il ne faut pas oublier que l’Andalousie n’est pas non plus le bout du monde, et que cette immense forteresse posée là depuis des siècles sera encore là lorsque nous y retournerons, avec des billets ! 

Et puis, si un importun vous fait remarquer avec son petit air hautain que vous ne prononcez pas correctement le mot jamón, vous pouvez toujours lui répondre VCMDLM ou en langage vernaculaire ¡Vete a cagar, come mierda! 

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ÇA RASSURE
Circulation calme, peuple tolérant, vie au grand soleil, franchement, nous n’avons jamais eu un quelconque sentiment de danger. 

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TRANSPORTS
D’un saut de puce de Montpellier à Séville en avion avec la compagnie Transavia. Il faut compter environ 2 heures de vol et débourser 45 euros par trajet, pour le billet le moins cher, sans bagages. 

Bolt, Uber ou taxi se donnent tous rendez-vous à l’aéroport, à vous de faire un choix. Nous avons pris Bolt, et dépensé 14 euros de l’aéroport au centre du quartier Alfalfa. Pour gagner les grandes villes, le train est un bon moyen rapide et économique. 

On achète les billets sur le site officiel de la RENFE, la compagnie ferroviaire espagnole. 

Épris de liberté ? Rien ne vaut une voiture pour visiter les villages blancs et s’enfoncer dans l’arrière-pays. Nous n’avons pas fait l’erreur de reprendre la compagnie de voleurs que nous avions dégottés à Lisbonne et avons privilégié une agence de location plus réputée. 

Réservée en ligne, nous avons récupéré la voiture chez Sixt à Grenade qui nous a réservé un excellent accueil. Nous avons fait le choix de la rendre à Séville moyennant un petit supplément, mais c’est une bonne solution si on ne veut pas faire un circuit complet et se taper les galères de stationnement dans les grandes villes. 

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SOUVENIRS 
Les souvenirs que nous aimons le plus se mangent, mais c’est difficile de ramener un jambon entier dans un sac à dos. 

Sauf chez Ale Hop ! 
Chaîne espagnole de bébelles et de patentes dont nous avons tous besoin, on dirait qu’il y a un magasin à chaque coin de rue ! 
Découvertes l’an dernier au Portugal, nous avons allègrement fréquenté toutes les boutiques sur notre route. 

La jolie vache sur roulettes nous incite à franchir la porte vitrée pour un petit massage de la cheville avec un pistolet en démonstration; essayer des chapeaux, casquettes ou un magnifique bob banane; trouver la clé USB ou le câble d’alimentation pour le téléphone qui nous manque; des gourdes rigolotes, chargeur, sacs, etc. 

Rien qu'en Andalousie, il y avait 46 magasins en 2022, et si vous n'y trouvez pas quelque chose, votre cas est plus compliqué que prévu. 

Mais nous privilégions quand même l’artisanat et la production locale et je suis un inconditionnel du miel
J’ai trouvé mon bonheur dans de toutes petites boutiques de producteurs dans les villages autour de Grazalema. 

À Séville je suis tombé sur la boutique Tarico relativement bien fournie en produits locaux : huiles d’olive, fromages, confitures et un beau choix de miels : fleur d’oranger, thym, avocat, romarin, châtaigner, eucalyptus et tant d’autres choses. 

On y trouve aussi un délicieux parfum d’ambiance à la fleur d’oranger qui prolongera ce séjour andalou même sous la pluie battante d’un similiprintemps montréalais. 

Tout aussi incontournable : l’huile d’olive
En voyant la quantité hallucinante d’oliviers dans les campagnes andalouses, on ne peut que s’imaginer des tonnes d’olives écrapouties pour en faire ressortir ce délicieux jus. 

L’Espagne est le plus grand producteur d’huile d’olive au monde et l’Andalousie est le plus important producteur d’Espagne. En 2022, la région a récolté 5,8 millions de tonnes d’olives dont on a extrait 1,15 million de tonnes d’huile. De quoi préparer un paquet de salmorejo ! 
L’Andalousie produit 77,5 % de l’huile espagnole et 34 % de la production mondiale. 

L’huile d’olive fait partie intégrante de la gastronomie espagnole en général, andalouse en particulier, et ce dès le matin sur une belle tranche de pain grillé. 
On la choisit extra vierge, première pression à froid, non filtrée, d’origine protégée et on la conserve à l’abri de la lumière et de toute source de chaleur. Les flacons de 250 ou 500ml sont pratiques, car ils se calent parfaitement dans tous les recoins d’un sac à dos ou d’une valise et permettent de tester plusieurs huiles différentes sans risquer de les perdre. 

On parle bien sûr d’huile de finition, de l’or liquide que l’on déguste les yeux mi-clos et qu’il serait criminel d’utiliser en cuisson. 

Plusieurs boutiques spécialisées vendent des huiles de très grande qualité et des conseils tout aussi avisés. 

À Cordoue on entre dans la charmante boutique la Oleoteca de Cordoba, on déguste, on hésite, on compare, on écoute les conseils, on regarde les prix, on regoûte et on repart avec 6 bouteilles ! Et puis comme il reste un peu de place dans le sac on va chez Olivid-Juderia Aceites y vinos (site web en construction), aux étagères sacrément bien fournies en fioles dorées. 

Cordoue est également réputée pour le travail du cuir et l’orfèvrerie.

À Grenade, un souvenir qui n’en est pas vraiment un, mais qui sent bon, un parfum de chez Patio de los Perfumes. Créateur de senteurs, même si on n’y achète rien, il est totalement gratuit d’aller humer les fragrances originales et en profiter pour visiter le patio et le petit musée. 

Terre de Xérès c’est l’occasion de goûter à ce vin muté et d’en faire quelques provisions. Sec, demi-sec ou doux, il y en a pour tous les goûts ! 

Qui dit vin de Xérès, dit vinaigre de Xérès, comme pour les huiles d’olive, il y en a de toutes sortes. Élaboré à partir du cépage Palomino (un pur andalou), celui-là même qui sert à l’élaboration du Xérès. 
Il doit avoir vieilli au moins 2 ans en fût de chêne ayant contenu du Xérès. 

L'appellation Grande Réserve doit avoir passé 10 ans à l’abri des regards dans sa cabane en bois. 

Le queso Payoyo est un fromage à base de lait de brebis et/ou de chèvre. Il peut être fabriqué avec le lait d’un ovin, ou d’un caprin ou d’un joyeux mélange des deux. Sa zone de production se situe dans la Sierra de Grazalema et c’est une marque déposée. 

C’est un petit jeunot dans le monde du fromage puisque sa création date de 1995 et sa vraie vie débute 2 ans plus tard. Nature ou aromatisé de romarin, paprika, il peut être dégusté de frais à complètement sec. 
Cumulant plus de 225 prix nationaux et internationaux, il a fait ses preuves et comble les plus ardents gourmands. 

Le jamón iberico n’est plus à présenter. 
Nous en avons fait notre gourmandise quasi quotidienne et je n’ai eu de cesse d’encenser ce pourvoyeur de jouissance gustative. Il faut sérieusement mettre la main au porte-monnaie pour en déguster dans une bodega, qui suivant la qualité du morceau peut coûter de 20 à 25 dollars les 100 grammes. 

Mais franchement, ça sert à quoi d’être dans le pays qui produit le meilleur jambon du monde si c’est pour se priver et vivre des frustrations ? YOLO comme disent les boomers juchés sur de grosses motos à trois roues pensant qu’on utilise encore cet acronyme. 

On en trouve en emballage sous vide a des prix plus abordables et bien plus faciles à voyager qu’une cuisse de cochon ibérique dans le sac à main. 

Ah, ne débarquez pas aux douanes canadiennes avec ce genre de produits, vous allez finir à la fouille et on va vous confisquer tout ce bon jambon (et fromage). 

Je ne sais pas si c’est parce que la semaine sainte approche, mais l’encens semble être un incontournable. Oubliez les bâtons aux senteurs indéfinissables, ici c’est de la résine d’encens en vrac, parfumée aux diverses senteurs. 

Évidemment, on en profite pour s’équiper en charbon de bois à allumage rapide et en encensoir. Le plus populaire de la semaine est le pétunant pénitent, qui fait jaillir de la boucane de ses yeux et de la croix de Malte ouverte sur sa poitrine. 

En argile brute ou vernissé, il sera d’un grand secours après avoir grillé des sardines dans votre cuisine. 

On sait que c’est le diable de fumer, mais perso je m’en bat un tout petit peu les steaks. Alors, pour les amateurs de cigares, un grand nombre de bureaux de tabac offrent un choix très intéressant de cigares cubains, dominicains, nicaraguayen ou du Honduras. Ils possèdent des caves dédiées à la conservation, les prix sont attractifs, et les conseils éclairés. 

À Séville : Tabacos La Cava De ArjonaÀ Grenade : Tobacconist Puerta RealÀ Ronda : Estanco Marcos Morilla. 

Et puis pour les souvenirs plus communs et populaires, on retrouve des éventails - assez jolis - , des robes de flamenco (vive les soirées déguisées), des châles, des pièces de cuir de Cordoue, un taureau pour de faux, de la céramique de Triana, des Azulejos, des castagnettes, des porte-clés ou des cendriers en coquillages, principalement des patentes pour gâter votre grand-maman ou décorer une étagère déjà poussiéreuse. 

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CONCLUSION
Un voyage d’une richesse culturelle sans égal. 

En tout cas pour nous qui sommes plus attirés par les marchés bruyants aux odeurs quelques fois suspectes, par des découvertes de villages un peu perdus, une virée à moto ou une plage sur une île abandonnée par le tourisme de masse, l’Andalousie nous a offert ses merveilles. 

On ne peut rester de marbre devant l’ingéniosité des jardins où l’eau glougloute et se faufile partout, de la richesse des églises aux décors hallucinants, aux patios fleuris, bulles de quiétude dans ce monde de fous et de tout ce qui fait la richesse incommensurable de ce doux pays. 

Il est certain que nous allons y retourner, ne serait-ce que pour pousser les portes de l’Alhambra, mais aussi parce que nous nous y sommes sentis bien, accueillis avec gentillesse et de grands sourires. 

Parce que la table est généreusement garnie de plats aussi délicieux les uns que les autres et parce que l’échange humain est la chose la plus importante sur cette petite planète où tout le monde semble totalement absorbé par un écran noir vomissant des niaiseries et des malheurs dans lesquels l’humain adore se vautrer, comme un cochon – pas ibérique - dans sa fange. 

Simplement, nous allons éviter les hordes venues du Nord en nous abstenant de débarquer en plein été… 

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Merci pour votre attention, le commandant et son équipage espèrent que vous avez fait un agréable voyage, et souhaitent vous revoir en notre compagnie.

Vous pouvez à présent détacher vos ceintures, éteindre vos écrans et vaquer à vos occupations.

Et surtout, n'oubliez pas de voyager !



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