Les Canaries, c’est où, c’est quoi ?
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UNE PINCÉE DE GÉOGRAPHIE
Les îles Canaries forment un archipel volcanique situé à une centaine de kilomètres à l’ouest des côtes marocaines, dans l’océan Atlantique.
Avec Madère, les Açores (toutes deux portugaises) et les îles du Cap-Vert, elles composent la Macaronésie — une région au nom poétique désignant ces terres atlantiques d’origine volcanique.
L’archipel des Canaries est né d’éruptions volcaniques sous-marines, toutes issues d’un même point chaud situé sous la croûte terrestre. Tandis que la plaque africaine dérive lentement vers l’est, le magma, comprimé depuis des millénaires, finit par percer la croûte en formant des volcans, un à un, dans un lent travail de sape.
Résultat : une chaîne d’îles jetée sur l’océan comme une ponctuation géologique.
Aujourd’hui, les Canaries forment une communauté autonome espagnole composée de sept îles principales : Lanzarote, la plus proche du continent africain, Fuerteventura, Grande Canarie, Tenerife (la plus vaste), La Gomera, La Palma, et enfin El Hierro, la plus éloignée.
Quelques îlots secondaires, comme La Graciosa ou Los Lobos, s’ajoutent au tableau — confettis égarés d’une fête populaire passée en mer.
Jusqu’en 1927, la capitale officielle de l’archipel est Santa Cruz de Tenerife. Depuis cette date, tous les quatre ans, elle partage sa fonction avec Las Palmas, sur l’île de Gran Canaria.
Pourquoi « Canaries » ?
C’est plutôt l’inverse : ce sont les îles Canaries qui ont donné leur nom au passereau.
Et pour la version officielle ce n’est pas plus claire, les avis sont partagés.
- Canarii aurait été le nom d’un peuple berbère, premiers habitants des îles.
- Canarius (du latin canis, chien), en raison des nombreux chiens de garenne, espèce d’origine égyptienne probablement importée par les Amazighs.
- Canariae Insulae, toujours en référence aux chiens… ou bien aux phoques, parfois appelés « chiens de mer ».
- Tiknariyinn, issu de Taknarit, une cactée (le figuier de Barbarie) qui pousse abondamment sur l’archipel.
Si toutes ces hypothèses se tiennent, le consensus penche plutôt vers Podenco Canario, le chien de garenne, cet espèce de grand canidé efflanqué qui couraille en liberté.
Toutes s’accordent en revanche pour dire que Gran Canaria est à l’origine du nom de l’archipel, cette île ayant été le « home sweet home » des dirigeants.
Elle n’est pas particulièrement grande, mais la farouche résistance de ses habitants face aux envahisseurs espagnols lui a valu cet honneur. Avant, bien sûr, de se faire massacrer.
Lanzarote est la doyenne du groupe, avec environ vingt millions d’années au compteur. Elle est habitée depuis au moins deux mille ans par les Guanches, un peuple amazighe (ou berbère) venu des côtes marocaines, et depuis proprement massacré par les conquistadors.
L’île culmine à un peu plus de 600 mètres et arbore de vastes champs de lave noire, pour le plus grand bonheur des volcanologues en herbe que nous devenons forcément à force de fouler ce paysage lunaire.
Fuerteventura est l’île sœur de Lanzarote, et la plus proche des côtes marocaines. Mais ses éruptions volcaniques sont bien plus anciennes, et le paysage a été érodé par des millénaires de vent, d’embruns et de brèves mais puissantes averses. Le relief y est presque doux, en comparaison des terres chaotiques de sa voisine.
Le paysage change radicalement dès qu’on pose le pied sur Gran Canaria. L’île est plus jeune et n’a pas encore eu le temps d’adoucir ses tourments. Forêts, cascades, désert de dunes, hautes falaises, routes tortueuses, cultures maraîchères sur une terre riche : l’île est un petit joyau.
Sur Tenerife, la plus grande des îles, le volcan Teide s’élève à 3 718 mètres. Il est non seulement le point culminant de l’archipel, mais aussi de tout le territoire espagnol. Son sommet domine l’horizon, rappelant la force et la beauté sauvage de ces terres façonnées par le feu. Au nord, l’île révèle un tout autre visage : plus verte, plus humide, plus authentique aussi. On y découvre des villages chargés d’histoire comme La Orotava ou Garachico, des sentiers de randonnée dans les forêts épaisses d’Anaga, des plages noires battues par l’Atlantique, et une atmosphère plus paisible, loin des grands complexes touristiques du sud.
La Palma est une jeunette haute sur pattes : sommets au-dessus de la mer de nuages, pieds dans l’eau agitée de l’Atlantique. Une île où il semble bon vivre, mais qui est aussi une cocotte-minute loin d’être apaisée.
En 2021, le volcan Cumbre Vieja éructe des tonnes de lave et recouvre des hectares de terres… tout en en gagnant quelques-uns sur l’océan. Le Cumbre Vieja est le volcan à la croissance la plus rapide de l’archipel, et donc un sérieux client en matière de glissements de terrain.
Son effondrement partiel est considéré comme inéluctable — mais pas avant quelques milliers d’années — et, selon les scénarios les plus pessimistes (ou les plus sensationnalistes), il pourrait provoquer un tsunami gigantesque, capable d’engloutir tout ce qui flotte ou surnage à des centaines de kilomètres à la ronde.
Le scénario, ressemblerait à ça :
- H : Effondrement du Cumbre Vieja : 150 à 500 km³ de roche plongent dans la mer (à titre de comparaison, 500 km³, c’est environ 8 fois le Mont-Blanc…).
- +2 minutes : un dôme d’eau de 900 mètres de haut se forme.
- +5 minutes : le dôme s’effondre à 500 mètres et file vers l’ouest.
- +10 minutes : Cumbre Vieja est à présent effondré. Les vagues grimpent à 600 mètres, engloutissant tout autour.
- +15 à 60 minutes : la côte ouest africaine est frappée par des vagues de 50 à 100 mètres, tandis qu’un mur d’eau de 500 km de large traverse l’Atlantique à près de 900 km/h.
- +3 à 6 heures : l’Amérique du Sud et Terre-Neuve sont touchées par des vagues de 15 à 20 mètres. La Palma protège partiellement l’Espagne et l’Angleterre, où les vagues atteignent environ 7 mètres.
- +9 heures : les Caraïbes, la Floride et la côte est des États-Unis reçoivent des vagues de 25 mètres. Les vagues générées par le tsunami de 2004 ont atteint jusqu’à 30 à 35 mètres de hauteur dans certaines zones proches de l’épicentre, notamment sur les côtes de Sumatra.
En Thaïlande, lors du tsunami de 2004, elles mesuraient entre 5 et 20 mètres selon la topographie du littoral et l'exposition. — ce qui suffit à donner une idée du pouvoir de destruction d’un tel méga-tsunami.
Une autre étude prévoit un maximum de 3 mètres aux USA et dans les Caraïbes.
Il existe tout un tas d’études, avec autant de variables que de plaques tectoniques, de couleurs d’yeux de capitaines et de trains au départ de Pétaouchnok… pendant qu’un robinet de baignoire fuit d’environ 250 ml toutes les 96 minutes.
Et aucune ne dit la même chose, sauf sur un point : nous ne serons plus là pour en discuter puisque nous aurons transformé notre planète en un enfer où l’humain n’aura plus sa place.
Il est important de noter que le scénario d’un méga-tsunami transatlantique provoqué par l’effondrement du Cumbre Vieja fait l’objet de débats au sein de la communauté scientifique. Des études plus récentes suggèrent que l’effondrement du flanc du volcan pourrait se produire de manière progressive plutôt que soudaine, ce qui réduirait considérablement le risque d’un tsunami massif — un événement aujourd’hui jugé hautement improbable. Mais le sensationnel fait vendre : la preuve, vous étiez déjà en train de faire vos valises (prenez plutôt un sac à dos, c’est nettement plus pratique pour courir) !
Nous n’avons pas encore visité El Hierro ou La Gomera, petites îles assez jeunes, sauvages et escarpées. Peu touristiques, véritables paradis pour randonneurs, on s’est promis d’y traîner un jour nos sacs à dos.
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UN RIEN DE CLIMAT
Les îles de l’éternel printemps portent bien leur nom. Il n’y fait jamais trop chaud, ni trop froid. Le vent chasse les nuages et aère en permanence le paysage. La température oscille entre 15 et 25 °C toute l’année, sauf sur les sommets, où le mercure frôle le zéro et où le vent souffle encore plus fort. Il n’est pas rare de voir le sommet et les flancs du Teide recouverts de neige.
L’océan reste tout de même assez frais pour un voyageur tropical : avec une température moyenne oscillant entre 18 °C en hiver et 23 °C en été, les eaux canariennes sont rarement qualifiées de « chaudes », même si elles bénéficient d’une relative douceur grâce au courant chaud des Canaries. Mais cela ne semble nullement déranger les touristes nordiques, qui s’y jettent avec un enthousiasme presque mystique, sans frissonner, comme s’ils retrouvaient la tiédeur d’un lac gallois dégivré.
Les îles hautes connaissent souvent deux climats à la fois. Au nord des montagnes, là où arrivent embruns et nuages, le climat est humide, la forêt dense, les cultures abondantes. Le sud est plus sec, protégé des intempéries par les sommets. Le paysage y est aride, les cultures rares, quelques chèvres s’y promènent, et les vacanciers y trouvent leur coin farniente.
Les habitants ont creusé des puits, capté l’eau des montagnes en creusant tunnels et canaux pour faire couler l’eau vers le sud.
Les îles basses sont arides : pas de sommets pour piéger les nuages ni stocker l’eau. Le sol volcanique, très poreux, ne permet pas la formation de réserves conséquentes. Individuellement, les paysans — ces héros — ont quelques petites réserves, mais rien de très efficace. Pourtant, des gens y vivent et subviennent à leurs besoins essentiels en faisant preuve d’une ingéniosité remarquable : stocker le peu d’eau, faire pousser quelques légumes adaptés à ce climat aride et y faire paître des chèvres résilientes.
À Fuerteventura et Lanzarote, il pleut en moyenne 150 mm par an (à titre de comparaison : Montréal, 1 040 mm/an.).
La meilleure période pour y aller ?
Toute l’année en raison de ce climat favorable.
L’hiver est quand même un peu plus propice aux ondées et aux températures plus fraiches. Juin à août sont envahis par les vacanciers, sur place toute le monde nous a dit que mai et octobre étaient les deux mois idéaux pour se la couler douce en évitant les hordes touristiques.
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UN BOUQUET GARNI D'HISTOIRE
Les îles Canaries sont connues géographiquement depuis l’Antiquité.
Elles abritaient déjà à l’époque quelques géants à quatre pattes : rats, lézards et tortues peuplaient ces terres en bordure du monde connu.
Mystérieuses, idéalisées, poétiques, elles étaient situées au-delà des colonnes d’Hercule (le détroit de Gibraltar), perdues dans la mer des Ténèbres, voisines des Champs-Élysées, cousines des jardins des Hespérides. Platon les associe même à un fantasme tenace : l’Atlantide.
Fuerteventura et Lanzarote, les plus proches des côtes africaines, sont les premières à voir débarquer quelques humains. On évoque une première migration dès 3000 avant monsieur Christ, menée par des descendants de Cro-Magnon venus d’Afrique du Nord.
Cependant, aucune trace archéologique ne vient documenter cette vague initiale, et nul ne sait vraiment comment ces premiers habitants sont arrivés jusque-là.
Une deuxième vague, d’origine berbère, arrive entre 600 et 400 avant J.-C., suivie d’une dernière entre 100 et 500 après J.-C.
Ces migrants vont prendre progressivement possession de l’ensemble des îles et on leur donnera le nom de Guanche.
Les Guanches transmettaient leur culture essentiellement par voie orale, ce qui explique le peu de traces écrites laissées par leur civilisation. Quelques éléments matériels (momies, poteries, outils), ainsi que de rares inscriptions en alphabet libyco-berbère et des récits des premiers colonisateurs, permettent néanmoins d’en reconstituer partiellement l’histoire.
En réalité, le nom « Guanche », largement utilisé aujourd’hui, ne désigne à l’origine que les premiers habitants de Tenerife. Sur les autres îles, les peuples portent des noms différents : les Majos résident sur Lanzarote et Fuerteventura, les Canarios à Gran Canaria, les Bimbaches à El Hierro, les Gomeros à La Gomera, et enfin les Benahoaritas à La Palma.
Ils vivent en communauté, plutôt tranquilles (voire un brin fainéants si on fait le bilan des dix siècles avant l’arrivée des Européens). Ils ne naviguent pas, ne construisent plus de bateaux (les techniques ont été oubliées), ne croisent pas les voisins des autres îles, vivent dans des huttes ou de pauvres maisons en pierre, cultivent, chassent, pêchent, tirent le lait de quelques chèvres.
La Recherche&Développement n’était clairement pas leur priorité.
Côté religion ? C’est pas la grande clarté non plus. Très peu de traces de rites insulaires, sauf des corps momifiés avec grand soin dont les techniques rivalisaient avec celles des Égyptiens.
Au XIVe siècle, les Européens redécouvrent les Canaries grâce à un marin au nom plein de tendresse : Lancelot Maloisel. En vrai, comme il est Génois (ou Normand d'origine génoise), il s’appelle Lanzarotto Malocello, et il pose ses bottes sur Lanzarote vers 1312.
Il baptise l’île, la curée peut commencer.
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- 1334 : quatre prisonniers guanches sont débarqués à Lisbonne.
- 1339 : les îles apparaissent sur une planisphère – le GPS de l’époque s’enrichit de nouvelles destinations.
- 1341 : un rapport plus détaillé décrit des gens nus (sauf les dignitaires, vêtus de peaux de chèvre), des cultures, de l’élevage, de l’embaumement… Bref, un peuple autonome qui ne semble pas avoir besoin des Occidentaux ni de leur Dieu de Paix. Puis vient le temps de la chasse à l’esclave. Les îles deviennent un terrain de capture : on rafle les locaux pour les vendre en Afrique du Nord ou en Europe.
- 1402 : Jean de Béthencourt débarque de Normandie avec quelques Français et découvre « ung viel chastel que Lancelot Maloesel avoit iadiz fait faire ».
Sans tirer un coup de feu, en négociant avec les habitants, ils s’installent d’abord sur Lanzarote, puis à Fuerteventura. Évidemment, ça finit par dégénérer : en son absence, ses hommes se livrent à la capture d’habitants pour les réduire en esclavage, pillent à peu près tout ce qu’ils trouvent. Jean revient en 1404, attiré par une plante lucrative : le lichen Roccella tinctoria, source d’un colorant très recherché à l’époque – le pourpre. Cette quête du pigment mènera plus tard les Espagnols jusqu’au Mexique pour y élever la cochenille, ce petit insecte rouge qui colore tissus… et saucissons. Notre Jean est promu "Roi des Canaries" par Henri III, mais il ne dépassera jamais trois îles. Il faut dire que les autres sont bien plus peuplées, belliqueuses, et lassées des chasseurs d’esclaves.
- 1435 : le pape Eugène IV publie une bulle condamnant l’esclavage des Guanches, baptisés ou non, sous peine d’excommunication. Mais Rome est loin, et l’excommunication pèse peu face aux bourses bien pleines.
Les Canaries deviennent une étape incontournable sur la route des Grandes Découvertes. Espagnols et Portugais se disputent leur possession jusqu’au traité d’Alcáçovas, signé en 1479, qui partage le monde : l’Espagne obtient les Canaries, le Portugal, Madère. Une partie de Risk grandeur nature. Durant un siècle, les Espagnols vont peu à peu soumettre les îles. Tenerife est la dernière à tomber. Ses habitants se battent avec honneur. Bentor, leur dernier chef, préférera se jeter du haut de la falaise de Tigaiga plutôt que de se rendre.
- En 1491, les Guanches seront définitivement assimilés, tués ou vendus comme esclaves. Leur culture disparaît avec eux.
- 1492 : Christophe Colomb fait escale à Las Palmas. Les Canaries deviennent un relais stratégique avant la traversée de l’Atlantique. Elles participent ensuite au funeste commerce triangulaire : esclaves d’Afrique vers les Amériques, richesses vers l’Europe, colifichets et verroterie en retour. Les Espagnols, après avoir décimé la population locale, importent des esclaves africains pour cultiver la canne à sucre. Quand celle-ci est exportée vers les colonies américaines, la vigne prend le relais, mais l’esclavage continue. Clergé, noblesse et propriétaires se partagent les profits ; le peuple, lui, se contente des miettes.
- La cochenille est introduite dès le XVIe siècle depuis le Mexique, avec son habitat préféré : le figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica). Cet insecte, source d’acide carminique, servira à teindre tissus, cosmétiques, nourritures. L’élevage devient une activité importante, surtout à Lanzarote, grâce au climat sec et venteux.
Récoltée à la main, la cochenille reste aujourd’hui le seul colorant rouge 100 % naturel encore utilisé. Elle a même reçu une AOP "Cochenille des Canaries".
- Vers 1550, les pirates barbaresques (dont le tristement célèbre Murat Raïs) pillent les côtes. Arrecife est détruite, Teguise massacrée – la "Callejón de Sangre" en garde la mémoire. Fin XVIe, ce sont les Anglais qui s’y mettent : Drake, Raleigh, Blake… Ils attaquent à leur tour avec plus ou moins de succès. Lassés, les Canariens érigent bastions et forts pour résister.
- 1821 : les îles deviennent une province espagnole, avec pour capitale Santa Cruz de Tenerife.
- 1852 : elles obtiennent le statut de port franc – exonération fiscale, relance économique.
- 1880 : crise de la cochenille, exode massif vers l’Europe et l’Amérique du Sud.
- Au XVIIIe et XIXe siècle, le trafic vers l’Amérique devient intense : un bateau à vapeur part presque chaque jour. Les ponts sont surchargés de migrants fuyant la misère. Tous ne trouvèrent pas l’Eldorado : tempêtes, maladies, meurtres, errance. Beaucoup laissèrent famille et espoir derrière eux. Certaines femmes traversèrent l’océan à leur tour pour chercher un mari disparu, et revinrent plus pauvres encore. D’autres eurent plus de chance, envoyèrent régulièrement de l’argent au pays, et revinrent un jour, eux ou leurs descendants, fortune faite, pour couler des jours meilleurs.
- Pendant la guerre civile espagnole (1936) et la Seconde Guerre mondiale, les Canaries sont mises à l’écart. L’émigration est interdite, mais beaucoup fuient quand même.
- Après 1945, elle redevient légale : près de 100 000 Canariens partent au Venezuela – qu’on appelle encore aujourd’hui la "huitième île".
- En 1693, trente familles canariennes fondent la ville de Matanzas à Cuba. Les "Cubains-Canariens" rapportèrent aussi leur culture, plantèrent du tabac et roulèrent d’excellents cigares pour les amateurs de bonnes bouffées.
Et Franco dans tout ça ?
Le futur Caudillo est muté aux Canaries en 1934 – une manière de l’éloigner du pouvoir.
Raté : deux ans plus tard, il lance son coup d’État depuis Tenerife.
Étonnamment, c’est le tourisme qui va sortir l’archipel du marasme. Emplois, ouverture au monde, brassage culturel : un souffle nouveau.
Le revers de la médaille
Le tourisme de masse, nourri par les vols à bas prix, inonde des îles aux ressources limitées. Les promoteurs bétonnent les côtes, la pollution explose, l’eau vient à manquer. Et pendant que certains s’enrichissent, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (rapport de 2024).
Les loyers sont si élevés que certains dorment dans leur voiture, des abris précaires ou même des grottes.
Avec près de 17 millions de touristes par an, beaucoup se comportent en colons modernes, ignorant la culture locale qu’ils piétinent allègrement.
Les habitants ne demandent pas la lune : juste un tourisme plus équitable, une meilleure distribution des richesses, du respect. Pouvoir se loger, vivre dignement.
"Mi miseria, tu paraíso" – Ma misère, ton paradis – dit un graffiti. Ailleurs : "Tourists go home !".
Leurs revendications sont pourtant simples et sont pleines de bon sens :
- Régulation des loyers pour contrer l’envolée des prix, qui rend le logement inabordable pour les locaux.
- Un gel des nouvelles constructions touristiques afin de limiter l’urbanisation galopante.
- Une meilleure protection de l’environnement, notamment des écosystèmes fragiles menacés par la surfréquentation.
Des loyers qui atteignent le niveau d’un salaire mensuel, des logements rénovés à la chaîne pour alimenter Airbnb, Booking et consorts… Pendant ce temps, la majorité des touristes restent confinés dans leurs hôtels "tout inclus" ou à bord de mastodontes de croisière, consommant à huis clos sans jamais vraiment mettre les pieds sur la vraie île. Résultat : l’argent circule peu localement et finit bien souvent dans les poches d’une poignée d’investisseurs.
Il existe pourtant d’autres façons de voyager : dormir chez l’habitant, dans une pension, louer une voiture, manger local, acheter au marché, soutenir les artisans.
Grâce à César Manrique, artiste et militant d’un tourisme durable, l’île a conservé une charte architecturale stricte, interdit les gros complexes, favorisé la culture locale. Aujourd’hui encore, son héritage rayonne, et Lanzarote brille par son authenticité.
Mais elle aussi est réellement menacée par un tourisme totalement débridé.
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Une goutte d’eau potable
Le tourisme effréné, que rien ne semble pouvoir endiguer, a plongé ces îles dans un état de saturation. Le peu d’eau dont les habitants avaient besoin pour vivre est depuis longtemps absorbé par les complexes hôteliers.
En 1964, la première usine de dessalement d’Europe voit le jour à Lanzarote. Depuis, c’est la fuite en avant. Aujourd’hui, on compte environ 330 usines à travers l’archipel. Filtration par osmose inverse, distillation… les techniques sont simples, et les directeurs de ces usines minimisent l’impact sur l’environnement. Ne faisons pas fuir les touristes !
Grandes consommatrices d’énergie, ces usines sont progressivement alimentées par des champs solaires et des éoliennes (plus ou moins en bon état), poussant comme des champignons dans les puissants courants des alizés. Toute l’eau consommée provient de l’eau de mer dessalée. Cela coûte excessivement cher, et tout le sel retiré est rejeté à la mer, augmentant sa salinité.
En période de pointe, il n’est pas rare que l’eau soit coupée sur les îles… sauf pour les grands hôtels, bien sûr, aux piscines pleines et aux douches abondantes pour rincer les vacanciers rougis par le soleil.
Les locaux ne boivent pas l’eau du robinet — pourtant potable. Certains lui trouvent un petit goût saumâtre, mais les fabricants et vendeurs d’eau en bouteille agitent frénétiquement leurs clochettes d’alerte pour suggérer que leur eau en plastique est meilleure pour la santé.
Personnellement, j’ai bu l’eau du robinet tous les jours et je n’ai jamais été malade. Pas même un gargouillis, sauf après quelques bières et trop de rhum…
Et si vous êtes du genre hypocondriaque mais un peu écolo quand même, utilisez un filtre. Il en existe pléthore, et comme l’eau est déjà traitée, inutile de vous équiper d’un modèle capable de rendre buvable du jus de marécage. Un simple filtre fera largement l’affaire.
J’avais traîné le mien… et ne m’en suis jamais servi.
Par contre, tous ces aléas ont servi de moteur à la réflexion. Recyclage de l’eau, systèmes d’arrosage intelligents, alimentation plus vertueuse en énergie des usines : les idées ne manquent pas.
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UNE PELLETÉE D'AGRICULTURE
L’agriculture est peu développée, faute de terrain fertile ou d’eau. Pourtant, certaines îles produisent une belle quantité de bananes, avocats, oranges, citrons, mangues, papayes, ananas ou tomates.
Dans les années 1960, l’agriculture produisait 30% des richesses, ce pourcentage baisse à 10% dans les années 90, et encore moins aujourd’hui.
Moins de 10% du territoire est cultivé et ce qui reste de terres est consacré majoritairement à la banane.
Gran Canaria, malgré un relief escarpé est la plus productive grâce à ses sols fertiles.
La Palma, quant à elle, est couverte à 40 % de bananeraies sous serre.
En 2023, on a récolté 467 000 tonnes de bananes dans l’archipel.
Une monoculture vulnérable au changement climatique, notamment aux vagues de chaleur de plus en plus fréquentes.
Produire, c’est bien. Mais encore faut-il vendre… La concurrence sud-américaine est rude. Même ici, sur les étals des supermarchés canariens, les bananes colombiennes ou costaricaines sont moins chères : 70 centimes le kilo, contre 1,20 € pour la banane locale.
Ces bananes du bout du monde bénéficient d’exonérations de droits de douane, ce qui fausse complètement la compétition.
Difficile de demander à une famille qui survit avec 900 € par mois de faire un effort patriotique pour une économie qui ne les nourrit pas.
Le prix écologique
Même si certaines pratiques agricoles commencent à évoluer — avec une meilleure gestion des produits phytosanitaires, voire un passage à l’agriculture biologique —, la culture de la banane reste une catastrophe écologique.
Omniprésente aux Canaries, elle mise sur son image de fruit local savoureux, qui masque pourtant une réalité bien moins douce.
Très gourmande en eau, sa culture puise dans des ressources déjà rares sur des îles arides, parfois au détriment des habitants et des écosystèmes. Pour maintenir les rendements, les exploitations recourent massivement aux pesticides et aux engrais, ce qui pollue les sols, contamine les nappes phréatiques et nuit gravement à la biodiversité.
Les bananeraies occupent de vastes surfaces, souvent au détriment des milieux naturels ou des cultures vivrières. Le paysage s’uniformise, les sols s’épuisent. Et si la banane est produite localement, elle est majoritairement exportée vers l’Europe, ajoutant une empreinte carbone non négligeable.
L’ensemble repose sur de lourdes subventions européennes, sans lesquelles ce modèle intensif ne serait pas viable.
Les bananeraies sous plastique balafrent le paysage, avec leurs bâches blanches qui se délitent au gré des vents. Le plastique s’effiloche, s’envole, se coince dans les arbres, se disperse dans les ravins et finit dans l’océan.
Une pollution silencieuse, omniprésente, que le regard pressé ne voit pas, mais que la nature, elle, encaisse de plein fouet.
Face à cette monoculture qui assèche les îles, empoisonne les sols et l’eau, et dépend des aides publiques pour subsister, il est grand temps de repenser l’agriculture insulaire vers davantage de diversité, de durabilité et d’autonomie.
Les autres cultures
De plus en plus de terrains impropres à toute culture vivrière traditionnelle sont aujourd’hui occupés par des plantations d’aloe vera, une succulente qui apprécie les climats arides et les terres pauvres en eau. Largement utilisée dans les cosmétiques, mais aussi en boisson, ses vertus — hormis son pouvoir hydratant — restent encore à démontrer scientifiquement.
Les incontournables patates, les papas del país, muses d’André dans chaque marché, sont également largement cultivées — et absolument délicieuses. Traditionnellement cuites dans de l’eau de mer (ou à défaut une eau très salée), puis asséchées dans la casserole jusqu’à ce qu’une croûte de sel se forme à la surface, elles se transforment alors en papas arrugadas, les fameuses petites patates fripées.
On produit aussi du raisin, et donc du vin sur les îles.
Lanzarote est sans doute l’endroit où l’on s’attend le moins à en voir, et pourtant la culture de la vigne y remonte à la conquête espagnole. À l’époque, on y produisait une eau-de-vie de qualité douteuse, propre à rendre aveugle — même si on connaît tous une Polonaise qui en prenait au petit-déjeuner.
Destinée à l’exportation vers les Amériques, cette boisson était très probablement destinée aux tribus autochtones. Et si cela ne suffisait pas, alors on sortait les couvertures infestées de choléra.
C’est au XVIe siècle que le vin canarien commence à être tiré et exporté, notamment vers l’Angleterre. À Lanzarote, c’est après les éruptions catastrophiques de l’automne 1730 que la production prend un tournant, grâce à la technique de culture sur sable volcanique. Le cep est invisible : seules les branches et les feuilles surgissent d’un trou creusé dans la picón, cette couche de cendre noire. Les racines plongent profondément à la recherche de terre fertile, et les rares gouttes de pluie suffisent à animer cet écosystème improbable.
Le vin qui en résulte est sec comme le paysage, parfois mi-suave comme les habitants : forgés aux rudesses du climat mais avec un cœur énorme.
Ça dépend. Si vos goûts sont curieux, ouverts, prêts à l’inattendu : oui, on trouve quelques excellents flacons à Lanzarote — mais il faut y mettre le prix. Le travail de ces vignerons acharnés se mérite. Sinon, il vous reste un paysage extraordinaire, façonné par des mains courageuses : et ça, c’est entièrement gratuit.
Nos cœurs ont toutefois davantage balancé pour les vins de Tenerife ou de Gran Canaria : le climat y est plus propice à la culture du raisin, le vin y est moins cher, et surtout, plus en accord avec nos papilles.
Un trait d'économie
J’ai déjà évoqué le cruel dilemme dans lequel est plongé l’archipel : d’un côté, des millions de touristes venus dépenser leurs devises ; de l’autre, un modèle circulaire non vertueux, où l’argent reste en vase clos et ne profite guère à la population locale.
On se rappelle que 34 % des habitants ne gagnent pas assez pour vivre dignement, alors que 80 % du revenu brut de l’archipel provient directement des vacanciers.
Paradoxalement, malgré cet afflux massif, les travailleurs canariens sont les moins bien payés d’Espagne, ce qui en fait également la région la plus pauvre du pays.
Le taux de chômage varie fortement selon l’âge : chez les moins de 20 ans, il dépasse allègrement les 65 % (pour les hommes). En moyenne, il est de 12 % chez les hommes et de 15 % chez les femmes, avec des disparités importantes entre les îles.
L’industrie se limite à quelques raffineries — dont la plus grande d’Espagne, située non loin de Santa Cruz de Tenerife.
Le secteur tertiaire (les services) emploie à lui seul 75 % des actifs.
La pêche, bien que traditionnellement importante, est aujourd’hui très limitée par des quotas stricts qui restreignent fortement les prises.
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QUELQUES PINCÉES DE SYMBOLES ET PARTICULARITÉS
Le drapeau
Officiel depuis 1982, le drapeau des Canaries se compose de trois bandes verticales : blanche, bleue et jaune.
Le blanc symbolise la paix, le bleu l’océan, et le jaune, le soleil radieux qui éclaire l’archipel.
Au centre de la bande bleue : deux chiens encadrent un blason bleu orné de sept nuages représentant les sept îles. Le tout est surmonté de la couronne royale et du mot Océano.
Les symboles de l’archipel
Évidemment, impossible de ne pas penser au canari, ce petit serin jaune que nous avons eu la chance de croiser en balade.
Ou au majestueux et résilient Pinus canariensis (pin des Canaries), que l’on retrouve en abondance à Tenerife, Gran Canaria ou La Palma.
Sans oublier le très photogénique dragonnier des Canaries, cet arbre au sang rouge, dont le doyen fait la fierté d’Icod de los Vinos, à Tenerife.
À l’opposé du spectre : le minuscule et indifférent crabe aveugle que l’on trouve dans les grottes inondées de Lanzarote.
Et puis, bien sûr, Podenco canario, ce chien beige aux grandes oreilles, capable de survivre dans un environnement pour le moins hostile. Et qui a donné son nom à l’archipel.
Les Guanches, bien qu’ils aient été anéantis sur leurs chères îles, ont laissé quelques traces. La plus célèbre est sans doute l’idole de Tara, une figurine en terre cuite trouvée sur l’île de Gran Canaria. Comme souvent, ces vestiges représentent des femmes aux formes généreuses et souvent déformées.
Ici, on croirait que l’ancêtre de Picasso est venu jeter les fondations du génie créatif de son p’tit-p’tit-p’tit-p’tit-p’tit-p’tit fillot !
Quelques peintures géométriques ornent certaines grottes, on trouve aussi des fragments de céramique ou des gravures. Mais globalement, les traces de nos prédécesseurs sont discrètes.
Contrairement à ce que nous allons laisser à nos descendants…
Né du besoin de se déplacer dans les terrains escarpés des Canaries, le Salto del Pastor (saut du berger) est une technique ancestrale utilisée par les bergers pour franchir ravins, pentes abruptes et rochers, à l’aide d’un long bâton muni d’une pointe métallique.
Ce bâton, appelé asta ou garrote, mesurait jusqu’à 3 mètres et était autrefois taillé dans le pin des Canaries. Aujourd’hui, ce bois étant protégé, on en importe souvent du Honduras.
Plus qu’un outil, cette perche permettait de sauter, glisser, freiner ou grimper avec agilité dans des paysages autrement inaccessibles. Héritée des Guanches, cette pratique est devenue un véritable emblème culturel, perpétué dans des clubs locaux et lors de démonstrations.
À la fois technique de survie et danse aérienne, le Salto del Pastor est un art du mouvement en terrain hostile – spectaculaire et profondément enraciné dans l’identité canarienne.
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Religion
Comme un peu partout, la société se laïcise, mais dans l’ensemble, le catholicisme prédomine. Les rares églises dans lesquelles nous sommes entrés brillaient par l’absence de fidèles… et par un prêtre pour le moins convaincu de sa mission.
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Immigration
La distance qui sépare Fuerteventura des côtes marocaines est faible (environ 95 kilomètres), mais la traversée est loin d’être un long fleuve tranquille. L’océan peut se montrer particulièrement violent et les drames sont quotidiens.
Évidemment, la disparition totale de frêles embarcations ne laisse souvent aucune trace, et les disparitions en mer sont difficiles à quantifier.
Selon le gouvernement espagnol, près de 47 000 migrants ont tenté la traversée, soit 10 000 de plus qu’en 2023. On estime que près de 30 personnes disparaissent chaque jour en mer.
Sur ces 10 000 morts, plus de 400 femmes et 1 500 enfants, venus de pays aussi divers que l’Irak, le Pakistan, et bien sûr de nombreux pays africains.
Et pour ceux qui arrivent, la galère n’est pas finie. Aux Canaries, les autorités sont totalement débordées et démunies face à ces arrivées massives. Les centres d’accueil sont pleins à craquer, et les migrants n’ont qu’une idée en tête : rejoindre le continent.
Avec les bouleversements climatiques, les régimes autoritaires, les guerres et la pauvreté endémique, soutenus par des gouvernements corrompus et encouragés par des compagnies occidentales qui n’ont qu’un objectif — sucer jusqu’à la moelle les richesses du continent africain tout en arrosant de millions les potentats locaux —, le grand exode vers les pays riches est loin d’être tari.
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UN SOUPÇON DE DÉMOGRAPHIE
Un peu plus de 300 habitants/km² (121 en France pour 68 millions d’habitants et à peine 8/km² pour 9 millions de fiers Québécois, mais dont le territoire immense n’est viable que sur 110 000 km², soit 5 fois moins que la France).
Madame Canarie donne naissance à 0,84 enfant. Là, ça devient compliqué de repeupler l’archipel avec moins d’un enfant par femme. C’est pour ça que certains politiciens se positionnent en faveur d’une immigration choisie afin de compenser le vieillissement de la population.
Madame a une espérance de vie de 82,5 ans, alors que monsieur peut escompter souffler un peu plus de 80 bougies.
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UN TOUR DE MOULIN DE LANGUE
L'espagnol castillan est la langue officielle des Canaries, mais le parler local, souvent appelé "canarien", présente des particularités phonétiques et lexicales influencées par les langues guanches, le portugais et l'anglais.
Ce parler se distingue notamment par une prononciation douce et des expressions propres à l'archipel.
L’allemand est beaucoup et bien parlé dans tous les endroits susceptibles d’accueillir les visiteurs teutons, c’est-à-dire un peu partout. Un peu d’anglais aussi pour se débrouiller, mais en général, les gens font des efforts pour comprendre mon espagnol hésitant.
Il existe quelques dialectes amazighs et arabes, mais la plus surprenante façon de s’exprimer vient de l’île de La Gomera avec son Silbo Gomero, une langue sifflée qui permet de communiquer des phrases complètes sur une distance allant jusqu’à 5 kilomètres.
L’histoire du Silbo remonte aux Guanches et était utilisée dans quatre îles. Cette étrange langue a bien failli disparaître avec l’arrivée des téléphones et l’abandon des métiers paysans. Mais depuis une trentaine d’années, elle reprend du poil de la bête et est enseignée de façon tout à fait officielle dès l’école primaire.
Le Silbo Gomero est protégé en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO depuis 2009 .
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ENTRER AU PAYS
Si vous arrivez du « vrai » étranger et que vous prévoyez de rester plus de 90 jours sur une période de 180 dans l’espace Schengen, il vous faudra un visa. Sinon, circulez, y’a rien à tamponner.
Il faut quand même un passeport valide 3 mois après la date prévue de départ.
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RISQUES
Nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité. Comme dans toutes les villes, certains quartiers sont à éviter, mais globalement, l’ambiance est détendue et on s’y sent très à l’aise. Et puis, à l’heure où les grands fauves sortent s’abreuver, cela fait longtemps que nous sommes déjà en train de nous reposer ou de semi-organiser la journée du lendemain… un petit verre de rhum canarien à la main.
Cela dit, il faut penser à porter une casquette, boire beaucoup d’eau, et avoir de bonnes chaussures. Les randos peuvent être franchement casse-gueule.
Mieux vaut prévenir quelqu’un de son itinéraire, et s’équiper un peu plus sérieusement que cette folle en robe vaporeuse et talons aiguilles qui croyait pouvoir dompter le mirador astronomique de Sicasumbre à la légère…
D’ailleurs, certains accès (téléphérique du Teide) sont tout bonnement interdits sans chaussures adaptées.
Une paire de bâtons de marche peut aussi se révéler bien utile. Si vous avez oublié votre attirail, pas de panique : on trouve des magasins de sport dans les grandes villes, dont plusieurs Decathlon à Lanzarote, Tenerife et Gran Canaria.
La conduite est globalement zen, même si personne – à part moi – n’utilise de clignotants. Vivant à Montréal, je n’ai pas été surpris. Agacé, oui.
Mis à part les bouchons inévitables dans les zones touristiques, le vrai danger vient des routes qui se tortillent joyeusement dans les îles les plus escarpées. À partir de Gran Canaria et vers l’ouest, chaque virage est une surprise : cyclistes, randonneurs, voitures figées de peur au bord du précipice, ou passage tellement étroit que les portières se frôlent.
La baignade peut s’avérer risquée : ici, l’océan est souvent agité, et certaines plages se révèlent traîtresses. Même les piscines naturelles peuvent devenir dangereuses lorsque les vagues franchissent les murets de protection — leur accès est d’ailleurs parfois interdit en cas de forte houle.
Et même si tu nages comme une loutre olympique, garde en tête que la mer est toujours plus forte que toi. L’Atlantique, majestueux et imprévisible, n’a pas pour habitude de faire des concessions.
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TRANSPORTS
Louer une voiture est quasi indispensable pour vraiment profiter de l’île à son rythme. Il existe un bon réseau de bus, mais il faut aimer composer avec les horaires.
La location est généralement abordable, avec l’assurance tous risques souvent incluse – un vrai soulagement, surtout si vous avez déjà eu affaire à la compagnie d’arnaque de Lisbonne.
Nous avons tout réservé en ligne chez CICAR, la compagnie locale bien implantée. Elle a des bureaux partout, notamment dans les aéroports et aux quais des ferries.
Retrait rapide : signature, carte de crédit, envoi des documents par courriel, et hop, les clés. Le retour est encore plus simple : une boîte pour déposer la clé. Il suffit juste de ne pas garer la voiture en plein sur un passage piéton devant les bureaux du ferry…
Du petit pot de yaourt au gros pick-up, du cabriolet à la voiture de sport, il y en a pour tous les goûts. Mais avec les routes étroites, mieux vaut un petit modèle.
La Fiat 500 passe partout, mais pour plus de confort (et un passager surprise), les Seat Ibiza, Opel Corsa ou Peugeot 208 sont bien adaptées. Comptez environ 180 € par semaine pour une Opel Corsa.
Presque toutes les voitures de location sont rayées. Pas à cause des parapets trop câlins, mais souvent par des locaux excédés par les mauvais comportements de certains touristes, et leur vengeance à coups de clé…
L’essence tourne autour de 1,40 € le litre, mais on a vu des stations à 1 € ! Malheureusement, on n’avait qu’un seul réservoir… Les distances sont courtes, mais les routes sinueuses rendent les trajets plus longs et gourmands. Peu importe : les paysages sont splendides (surtout pour les passagers).
Pour sauter d’île en île, deux options s’offrent à vous (si on exclut la nage, bien sûr) :
L’avion
Les principales compagnies aériennes sont :
- Binter Canarias : la plus fiable, ponctuelle et régulière.
- Canaryfly : souvent un peu moins chère, mais avec moins de vols.
- Parfois : Iberia ou Air Europa, généralement en correspondance depuis l’Espagne continentale. C’est rapide (30 à 50 minutes selon le trajet), fréquent (plusieurs vols par jour entre les îles principales), mais aussi plus cher (surtout avec des bagages), polluant, et pas toujours pratique (vols indirects, temps perdu à l’aéroport…).
Le ferry
- Fred. Olsen Express : rapide, moderne, un peu plus cher.
- Naviera Armas : plus de destinations, parfois moins chère, un peu plus lente.
C’est moins cher, plus dans l’esprit voyage paresseux, et il y a (presque) toujours de la place quand est piéton, qu’on aime la mer, les embruns et les paysages marins (et puis bon, je suis un ancien marin, ça compte).
En prime : le ferry est nettement plus écologique. Il émettrait environ 60 grammes de CO₂ par kilomètre et par passager, soit près de trois fois moins qu’un vol en avion.
C’est toujours ça de pris pour la planète.
En revanche, c’est plus lent, et il faut supporter un minimum les mouvements erratiques du bateau quand la mer se fâche un peu.
Un détail important : vérifiez l’emplacement des ports. Il peut y en avoir plusieurs sur une même île, selon la destination.
Nous avons utilisé l’appli FerryHopper pour réserver, mais avec le recul, vu le peu de monde, on aurait très bien pu acheter nos billets directement sur place. Ça laisse plus de latitude au voyage.
Comptez entre 30 minutes (Lanzarote et Fuerteventura) et 2h30 (comme entre Tenerife et La Palma). Mais franchement, entre les grands salons avec vue sur mer, les cafétérias qui sentent le café chaud et les croissants industriels, et le plaisir d’enfin ouvrir un livre qu’on traîne depuis trois jours, le trajet en ferry fait totalement partie du voyage.
Comme un long trajet en train ou en bus, c’est un moment à part : on observe les gens, on écoute les langues qui se croisent, on hume les odeurs, on laisse filer le paysage…
Ce n’est pas juste un moyen de transport, c’est un morceau d’ambiance, une transition douce entre deux destinations.
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À TAAAABLE !
Sur le littoral, les produits de la mer sont rois : poisson frais grillé, poulpe sous toutes ses formes, coquillages, calamars, crevettes… Les assiettes sont généreuses et excellentes.
Dans les terres on mange de la chèvre en ragoût, du lapin, du fromage de chèvre avant qu’on la mange en ragoût, le tout accompagné de papas arrugadas et des sauces mojos verte et rouge.
Les légumes locaux – poivrons, tomates, aubergines – sont omniprésents, ainsi qu’une profusion de fruits frais.
À Lanzarote, on peut tenter le célèbre restaurant El Diablo, dans le parc de Timanfaya : les plats y sont cuits à la chaleur volcanique, directement sur une grille posée au-dessus d’un puits naturel. Expérience garantie.
Pour découvrir plusieurs spécialités d’un coup, certains restaurants proposent des tapas à partager. C’est parfait pour explorer les saveurs locales.
La ropa vieja, un plat que nous avons découvert à Cuba et qui en est son plat national vient des Canaries.
C’était — et c’est encore, le plus souvent — un plat de pauvre.
Son nom de "vieux vêtement" viendrait d’un paysan qui, n’ayant plus assez de nourriture pour remplir la marmite familiale, décide de déchirer le peu de viande qu’il lui reste. Il l’accommode avec quelques légumes, des légumineuses et des épices.
À table, une étincelle apparaît dans les yeux de sa femme et de ses douze enfants. Non seulement c’est délicieux, mais le long et doux mijotage de cette préparation la rend profondément réconfortante. Exactement ce qu’il fallait à la famille avant de mettre le cap sur Cuba… en emportant leur recette dans les bagages.
Bon, en vérité, les Guanches, bien avant l’arrivée des casques en fer, utilisaient déjà la technique de la viande effilochée en ragoût… mais on le sait bien : c’est toujours le vainqueur qui écrit l’Histoire, même en cuisine.
Côté sucré, les locaux ne sont pas en reste.
On trouve des pâtisseries à tous les coins de rue, d’excellents glaciers, et des spécialités à base d’amandes totalement décadentes — à commencer par le célèbre bienmesabe.
Mention spéciale au village de Tejeda, à Gran Canaria, où on a bien failli vider les rayons de la pâtisserie.
Et là vous vous dites, miam du Bienmesabe !
Dessert traditionnel des îles Canaries, dont le nom signifie littéralement «ça me plaît bien», il s'agit d'une crème onctueuse à base d'amandes, de sucre, d'œufs et de citron, souvent parfumée à la cannelle. Ce dessert, d'origine probable arabe, est apprécié pour sa texture riche et granuleuse.
BIENMESABE
Ingrédients (pour 4 à 6 personnes)
- 250 g d'amandes moulues
- 250 g de sucre
- 250 g d'eau
- 4 jaunes d'œufs
- Zeste d'un citron
- 1 c. à café de cannelle moulue
- 1 pincée de sel
Préparation
- Dans une casserole, mélangez l'eau, le sucre, le sel, le jus de citron et la cannelle. Portez à ébullition en remuant jusqu'à obtenir un sirop légèrement épaissi.
- Ajoutez les amandes moulues au sirop chaud. Remuez constamment à feu doux jusqu'à ce que le mélange épaississe et devienne homogène. Retirez du feu et laissez tiédir.
- Dans un bol, battez les jaunes d'œufs. Incorporez-les progressivement au mélange tiédi en remuant sans cesse pour éviter la coagulation.
- Remettez la casserole sur feu doux et continuez à remuer jusqu'à ce que la préparation épaississe davantage, sans laisser bouillir. Retirez du feu et laissez refroidir et réserver au frigo jusqu'à la dégustation
Le bienmesabe peut être servi de différentes manières :
- En accompagnement de glaces, notamment à la vanille.
- Avec des crèmes pâtissières ou d'autres desserts froids.
- En garniture pour des gâteaux et des tartes.
- Traditionnellement, il est aussi consommé mélangé à du yaourt.
Évidemment, avec l’afflux de touristes, on trouve de tout : pizzerias, sushis, kebabs, woks, BBQ coréens et les inévitables fast-foods, qui empestent les trottoirs surpeuplés.
Pour manger bon, copieux et pas cher, entrez dans une cafétéria ou un resto routier et demandez le menu del día !
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UN P’TIT DERNIER POUR LA ROUTE ?
Le vin est produit dans les îles depuis le 14e siècle. Et grâce à leur isolement, les Canaries ont été épargnées par le phylloxéra, ce puceron qui a ravagé les vignobles européens dans les années 1850/1860.
Le cépage malvoisie (ou malvasia) originaire de Grèce se décline en plusieurs variations, mais la version volcanique est la seule cultivée dans l’archipel.
Sa résilience et son endurance le rend essentiel sur Lanzarote où les conditions géologiques et climatiques sont particulièrement compliquées pour les végétaux.
La Malvasía volcánica, unique au monde, donne un vin doux et aromatique qui vaut une dégustation.
Les vins canariens, souvent méconnus hors de l’archipel, valent pourtant le détour — et plus d’un verre.
Cultivées sur des sols volcaniques, les vignes donnent des cépages anciens, parfois pré-phylloxériques, aux arômes puissants et singuliers.
Chaque île a son caractère : le malvoisie doux de La Palma, les blancs minéraux de Lanzarote, ou les rouges corsés de Tenerife. Chaque bouteille raconte un peu l’île, entre feu et vent.
Les Espagnols sont amateurs de bière — et ça, c’est une excellente nouvelle, parole d’Alsacobécois !
Les binouzes locales comme la Tropical et la Dorada coulent à flot un peu partout, toutes plus désaltérantes les unes que les autres. Un cran au-dessus, la gamme "Especial" de Dorada se décline en blonde, rousse, brune, au blé ou en version extra maltée : il y en a pour toutes les soifs et tous les degrés d’élégance.
Et beaucoup de ces bières existent aussi en version 0 %, alors on peut prendre le volant sans craindre de péter la balloune ni de finir dans le décor — qu’il soit cacté, rocailleux ou carrément plein de vide !
L’affluence de touristes biberonnés dès la petite enfance à la boisson houblonnée a aussi favorisé l’émergence de brasseries artisanales de grande qualité.
La communauté allemande, bien installée, organise même des Oktoberfest dans plusieurs villes qu’elle a plus ou moins annexées depuis quelques décennies.
Dans les bars, on commande sa bière en caña (petite pression) pour la dégustation, ou en jarra (grande chope) parce qu’on est maintenant certain qu’elle est bonne !
Quant à la canne à sucre, elle donne un excellent jus : le guarapo. Et avec quelques alambics dans les parages, il ne faut pas longtemps pour que ça tourne… au rhum.
Mais avant de distiller, il est intéressant de noter que la canne à sucre ne pousse pas naturellement sur les îles. Elle a été introduite au 14e siècle depuis la Nouvelle-Guinée, puis Tonton Cristobal l’a fait traverser l’Atlantique pour l’implanter dès 1493 à la Dominique, en Guadeloupe et au Brésil.
On connaît la suite de cette sombre histoire, où la canne à sucre a été cultivée grâce à la traite négrière.
Le rhum agricole (pur jus) est distillé localement. Nous avons visité deux distilleries : Arehucas, la plus ancienne (depuis 1884 à Arucas, Gran Canaria), et Aldea, à La Palma, fondée en 1936.
Les deux produisent des alcools de très grande qualité, et notamment le fameux Ron Miel, une liqueur au miel omniprésente.
Les dégustations sont payantes, mais vraiment intéressantes si vous aimez le rhum.
L’eau du robinet est potable. Inutile d’acheter des bouteilles plastiques qui finiront dans l’océan. Merci.
Le café est toujours excellent, moulu à la demande. Demandez-le solo si vous le voulez noir et sans sucre. Les Canaries ont longtemps produit leur propre café, et ça se sent encore.
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COMMUNICATIONS
Avec une carte SIM française (Free), j’ai pu utiliser mon téléphone et Internet pour 20 euros/mois pendant tout le séjour puisque l’itinérance en Europe n’existe plus depuis 2017.
Souvent, il y a une limite de données, mais franchement… qui utilise 110 Go en un mois ? Profitez de votre voyage.
Dans tous nos hébergements, le Wi-Fi était inclus et parfaitement fonctionnel.
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30 jours + 3 à Madrid
- Lanzarote : 5 jours
- Fuerteventura : 5 jours
- Gran Canaria : 5 jours
- Tenerife : 7 jours
- La Palma : 4 jours
- Madrid : 3 jours
(Jours de transfert non comptabilisés)
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Vol au départ de Marseille avec escale à Madrid.
Il y a des vols directs, mais nous ne voulions pas revenir à Lanzarote à la fin de notre séjour et profiter de Madrid au retour.
Location de voiture chez CICAR, réservée en ligne. Retrait rapide à l’aéroport, retour au ferry sans supplément.
Lanzarote est le paradis des cyclistes : routes impeccables, peu de dénivelé, le bonheur pour les mollets.
Dormir
Nous avons évité les zones touristiques en choisissant un logement central pour explorer facilement l’île.
C’est Joy, un Andalou qui a troqué la bruyante Séville contre les vagues aux crêtes brumeuses, qui nous accueille dans sa colocation baptisée JoyHouse.
Trois chambres doubles, une cuisine et une salle de bain à partager, une petite terrasse sympa, un quartier calme, et du stationnement facile.
Bon, qui dit colocation dit aussi vie collective… avec ses petits plaisirs et ses désagréments. La salle de bain partagée, c’est bien quand tout le monde est propre, ponctuel et discret — autant dire que c’est un tirage au sort quotidien. Quant aux toilettes communes, elles sont parfois le théâtre d’étonnantes expériences sensorielles.
Mais dans l’ensemble, l’ambiance est chouette et le spot bien placé, alors on s’adapte, en bons colocataires de passage.
Visiter
Pour les détails, plongez dans les pages consacrées à Lanzarote. Elle mérite vraiment le détour.
Le boire et le manger
Au début, on allait au resto, puis, pour des raisons pratiques (et économiques, ici on paie en euros et le dollar canayen est ben faible en comparaison), on a pris l’habitude de cuisiner matin et soir dans notre cambuse.
Restaurant El Tenique à Tinajo : excellente cuisine, service un peu grognon.
Supermercado Kalise : épicerie bien fournie, un nom improbable et un personnel adorable.
Boulangerie Levain à Tahiche : pains et viennoiseries à tomber. File d’attente longue aux heures de pointe !
Pour agrémenter ce pain, faites un tour à la Quesería El Faro, qui propose dans sa boutique une belle sélection de fromages de chèvre : natures, au paprika, affinés ou fumés.
Brasserie NAO à Arrecife : super accueil et frigos remplis de bières artisanales délicieuses.
Dans le petit village côtier d’El Golfo nous avons délicieusement mangé au Casa Rafa Restaurante De Mar. Service, vue, assiettes, tout était parfait !
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Récupération de la voiture directement sur le quai du ferry.
Vérifiez bien l’état des pneus et leur pression : pas mal de routes ici sont des pistes caillouteuses et poussiéreuses.
Dormir
En raison de la taille de l’île, nous avons scindé notre séjour en deux étapes. Ça nous évite aussi de devoir nous taper de la route à l’aube pour attraper le ferry vers l’île suivante et de trop rouler pour découvrir l’île au complet.
Première étape : Roseville, un appartement en colocation de trois chambres, dont une avec salle de bain privée (la notre :) ).
Cuisine commune assez bien équipée, lave-linge, petit balcon, le tout situé à deux pas d’un supermarché Lidl et de Puerto del Rosario, la capitale endormie de l’île.
Points positifs : c’est calme, assez bien situé et relativement propre. Notre chambre était grande, la salle de bain aussi.
En revanche, on ne sait pas qui s’est chargé des revêtements extérieurs, mais il faut qu'il se reconvertisse. L’humidité a pris possession des murs et une étrange mousse verdâtre se répand sur la peinture.
Deuxième étape : La Lajita, un minuscule village sur la côte sud. Il n’y a rien à y faire sinon relaxer, et c’est justement parfait. On y trouve malgré tout quelques bons restos et une épicerie Spar très bien fournie.
La chambre, dans le petit complexe Chabela’s Suites, est super moderne, avec un improbable éclairage DEL autour de la télévision. Très grande, au lit immense et très confortable.
Attenante à la chambre, sur le palier, une cuisine commune, spacieuse avec une grande table pour y manger nos délicieuse pâtes à la tomate, mais comme un peu partout ici, elle est pauvrement équipée. On s’adapte.
On a adoré cet endroit, avec quand même cette petite voix qui nous rappelle que c’est des logements de moins pour les locaux. Le village est assez isolé, à 30 minutes de la côte ultra touristique de Morro Jable, et les prix s’en ressentent. Pour un logement identique à Morro, il faut compter 50 % de plus, voire le double.
Visiter
Du nord au sud, d’est en ouest, l’île se découvre au gré des vents puissants qui soulèvent parfois de véritables tempêtes de sable.
Je ne saurais trop vous recommander une plongée avec la belle Elena du FuerteOcean Dive Center qui vous fera découvrir des sites magnifiques, dans la bonne humeur.
Le boire et le manger
À Corralejo, La Pulpería et ses petits plats délicieux vous accueillent dans une ambiance chaleureuse et décontractée.
Quelques glaciers dans la rue principale, dont les excellents Cremeria Adele et Gelato Vrebac.
Le village est très touristique, donc l’offre est pléthorique.
À Pozo Negro, au bord d’une plage de gros galets, assis dans la brise marine, on déguste un poisson ou un poulpe sous un parasol qui hésite à s’envoler, au tout petit resto Los Pescadores. Vérifiez les heures d’ouverture avant de faire la route, mais l’endroit a du charme, même sans arêtes.
À La Lajita, tenu d’une main de maîtresse par des femmes au caractère bien trempé et au sourire contagieux, le Gioli Gourmet Club propose des plats généreux et des pizzas excellentes.
Du fromage de chèvre au lait cru est en vente au Museo del Queso Majorero à Antigua. On trouve du fromage de chèvre au lait pasteurisé un peu partout sur les îles, mais là, on est sur un tout autre niveau : produit fermier, goût prononcé, qualité au rendez-vous.
Sur la plage du village de Morro Jable, le Brisa Marina Sunset est un peu plus touristique, sans toutefois tomber dans l’attrape-touriste. Les serveurs sont vraiment au top, et la carte joliment fournie en plats de la mer.
Et si vous cherchez quelque chose d’authentique, poussez la porte d’une cafétéria locale. Vous serez sans doute les seuls touristes, les plats sont roboratifs, les prix tout doux, et l’ambiance 100 % canarienne. On adore.
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Transport
Là, on va devoir marcher un peu : le guichet CICAR n’est pas pantoute sur le quai. Il se trouve à une bonne demi-heure de marche du bateau. Si on marche vite...
Mais bonne surprise : on a eu droit à une super bagnole, la fameuse Seat Ibiza Manrique. Impossible de passer inaperçus avec ses motifs arty, et elle a quelques chevaux bien planqués sous le capot joliment décoré.
Dormir
Nous avons, ici aussi, divisé notre séjour en deux étapes.
Dans un petit village perché, à 15 minutes (sans trafic) de la capitale, ce logement en sous-sol est l’un des plus fonctionnels qu’on ait eus. On craignait de passer nos journées dans le noir, mais l’éclairage est franchement top : efficace, bien pensé, et sans la moindre zone lugubre.
Super contact avec le proprio, cadeaux de bienvenue, très propre, confortable, avec lave-linge, et même un petit coin pour garer la voiture un peu plus bas.
Le seul "bémol", c’est la rue d’accès : une montée bien raide pour rejoindre le logement. Mais franchement, on le classe dans notre top 3.
La Palmita de Canarias à Agaete
À 5 minutes en voiture du ferry : grande maison d’un étage avec petit jardin. Stationnement facile, lave-linge, cuisine (mal équipée), salon, deux chambres, une vraie maison de vacances qui mériterait juste un peu plus d’amour pour devenir parfaite.
Super bien située, à moins de 15 minutes à pied du port et des piscines naturelles.
Et le paysage autour est complètement fou ! N'eut été le petit chienchien dans la résidence qui faisait résonner ses aboiements incessants, l'endroit est vraiment au poil.
Visiter
Gran Canaria est ultra touristique, mais la plupart des vacanciers s’entassent dans les hôtels hideux du sud, vers Maspalomas.
Heureusement, l’île est un enchantement pour les sens : des paysages hallucinants, un incroyable mélange de routes sinueuses, de cols, de pics, de plages dorées au sud, de villages pittoresques…
Un vrai coup de cœur pour nous.
Le boire et le manger
On commence par goûter l’un des meilleurs rhums locaux chez Arehucas – à ne pas manquer.
Fruits frais, exotiques et mûrs à point au marché de la Vegueta, assiettes généreuses au Bar/Café El Populacho dans le village d’Agüimes, poisson fraîchement pêché et grillé avec vue sur le port de Puerto de Mogán, à la Cofradía de Pescadores.
Dans les terres, à Mogán, on poursuit nos agapes à Casa Enrique, on se sucre le bec dans les pâtisseries de Tejeda et leurs douceurs à base d’amande.
À Teror, on boit… de l’eau !
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Ici, l’agence CICAR est dans le port, à environ 10 minutes à pied de la sortie du ferry.
Ils ont voulu nous faire plaisir en nous surclassant avec une Peugeot 2008, mais erreur ! Trop grosse pour les routes étroites de l’île.
Dormir
Il faut s’accrocher pour descendre jusqu’à Mesa del Mar, mais une fois en bas : calme garanti et immense piscine naturelle.
L’appartement est planqué sous une barre d’immeubles, un genre de garage aménagé... mais c’est propre, tranquille et décoré de façon improbable.
Deux chambres (une double, une simple), petite cuisine bien équipée, salle de bain très confortable. Supérette sur place, mais pour les vraies courses, mieux vaut anticiper avant la descente.
Une grande maison dans un mini village perché.
Laveuse sur le toit-terrasse, deux grandes chambres, cuisine, four, salon, salle à manger, terrasse. La cuisine gagnerait à être mieux équipée, mais l’endroit est d’un calme olympien.
Stationnement acrobatique, mais une place est généralement prévue pour les visiteurs.
Aucun commerce dans le hameau, mais juste avant la montée : Lidl, Aldi, Mercadona.
Et attention : ici, on est presque en montagne… il fait frette !
Visiter
C’est la plus grande des îles de l’archipel, et elle mérite bien une semaine.
Volcans, parcs naturels, océan, villages pittoresques, randos... impossible de s’ennuyer.
Le boire et le manger
Au nord, arrêt à Casa Santiago : vue superbe, prix modestes, portions discrètes… et du miel local en prime.
À El Médano, gros coup de cœur pour le restaurant El Timón : accueil au top, plats généreux, tarifs plus doux que le resto d’à côté – certes plus instagrammable, mais moins sympathique.
El Volcán, collé à la station Repsol d’El Carretón (près de Güímar), c’est l’antithèse du resto tendance : ici, c’est du solide, du rapide, du généreux. Ouvriers, routiers, trois touristes... et pas un seul latte à l’avoine bioéthique à l’horizon.
À La Orotava, coup de cœur pour Panadería Relieve : pâtisseries magnifiques, glaces excellentes.
À Garachico, on s’installe à la Cafetería Sabores : menu économique, cadre agréable.
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L'agence CICAR est drette sur le quai d'arrivé. Et pour le retour, hop à l'aéroport !
Dormir
Comme l’île est petite, on a gardé le même pied-à-terre tout le séjour :
Casa Mateo à San Pedro Cosy, dans une résidence calme, stationnement facile dans le quartier, Spar à deux pas, Lidl à quelques minutes.
Laveuse sur le toit-terrasse, logement propre, spacieux, avec cuisinette moyennement équipée. Literie très confortable.
Un petit quiproquo avec l’hôte, mais on s’est débrouillés.
Boire et manger
À Santa Cruz, le restaurant Habana La Palma : jolie place, plats maison, tinto de verano parfait.
Le Mercado de Santa Cruz de La Palma : pour les fruits, légumes… et un guarapo (jus de canne frais), qui peut vite devenir mojito.
Destilerías Aldea : en bord de mer, rhums agricoles exceptionnels. Accueil un peu frais au début, mais un sourire a fini par émerger. Pour les amateurs, c’est un passage obligé.
Bar/Cafetería Jardín : un arrêt improvisé, voisin d’une station-service, avec une vue magnifique. Nourriture simple, très correcte, prix doux.
Taberna del Puerto à Tazacorte : salle en bord de mer, service impeccable, belles assiettes de poissons.
Bar La Marmota, dans le village de Tazacorte, suspendu au-dessus des bananeraies : petite terrasse, tapas pour tous les goûts.
La microbrasserie Isla Verde : découverte par hasard, leurs bières artisanales sont excellentes.
Et à Fuencaliente, André hurle devant la vitrine : "Ils sont teeeeeellement beaux leurs croissants !" Donc arrêt obligatoire à Panadería Pastelería Zulay (présente aussi à Santa Cruz), pour déguster viennoiseries et douceurs sur une terrasse à l’ambiance germanique.
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COUPS DE CŒUR
Difficile de répondre à ceux qui nous demandent quelle est notre île préférée : elles ont toutes leur charme. Pour avoir le temps d’en profiter, un minimum de 4 à 5 jours est recommandé.
- Lanzarote, c’est le chaos à l’état pur : coulées noires, cratères béants, plaines lunaires balayées par le vent… Une authenticité farouche qui résiste encore à la foule. Petite par la taille, mais passionnante, presque magnétique. On a l’impression de marcher sur une planète brute, sculptée par le feu, où l’humain n’a fait que s’adapter sans jamais vraiment dompter.
- Fuerteventura est une île douce, balayée par les vents, tiraillée entre un nord volcanique et un sud aux airs de désert. Entre ses falaises fouettées par l’océan et ses tranquilles plages familiales, elle déploie ses contrastes avec une telle intensité qu’elle ne laisse personne indifférent.
- Gran Canaria, c’est le choc des paysages. Forêts, pics, vallées, déserts, plages… l’île nous a beaucoup surpris. On a parfois l’impression de traverser plusieurs continents en une seule journée, tant les ambiances changent d’un virage à l’autre.
- Tenerife : immense, bétonnée au sud, mais sublime dès qu’on s’en éloigne. Le parc du Teide, les forêts d’altitude, les villages perdus, les routes panoramiques : c’est une véritable planète miniature, avec ses climats, ses reliefs, ses humeurs. On passe des plages arides aux cratères lunaires, puis à des forêts humides, le tout en moins d’une heure de route.
- La Palma : nature exubérante, sentiers de randonnée à perte de vue, volcans en sommeil, piscines naturelles, plages rares… Une île taillée pour les marcheurs, les contemplatifs, les curieux — bien plus que pour les amateurs de bronzette huileuse. On y découvre une planète verte, escarpée, imprévisible, où chaque randonnée semble ouvrir une porte sur un monde à part.
Et vous, laquelle serait votre préférée ?
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ÇA FATIGUE
Je sais qu’à Montréal non plus personne ne s’en sert, mais câlisse que ça tape sur les nerfs.
Et puis, comme d’habitude, j’ai mal choisi le nom du blog. "Paresseux", hein ?
Il faudrait vraiment qu’on se trouve une destination sans rien à visiter.
Ah, et parfois, chez certains locaux, on se demande s’ils sont vraiment contents de nous voir… Ce que je comprends : voir défiler des touristes mal élevés à longueur d’année, ça peut user les nerfs. Moi aussi, je serais babouneux… mais pas avec nous, parce qu’on est sympas, assez mignons, pas pressés, et qu’on fait l’effort de parler — et de comprendre — l’espagnol. Un peu.
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ÇA RASSURE
Même s’il faut parfois deviner par où va tourner la voiture devant vous, dans l’ensemble, les Canariens conduisent plutôt bien.
Ce sont surtout les touristes qu’il faut surveiller du coin de l’œil.
Les gens sont globalement super gentils, il suffit de s’intéresser un peu à eux — ce qui implique quand même de prendre son temps.
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SOUVENIRS
Je n’ai pas le souvenir d’un artisanat vraiment en phase avec notre déco, pourtant complètement hétéroclite. Et on a raté les fameuses céramiques traditionnelles de Fuerteventura. Dommage.
Cela dit, on trouve de jolis petits bijoux en pierre de lave, notamment de très beaux bracelets et pendentifs chez le souriant Christian, qui tient un petit kiosque artisanal juste en face du dragonnier millénaire à Icod de los Vinos, à Tenerife. Il y fabrique ses créations sur place, avec passion et un vrai talent dans les doigts.
On trouve tout un tas de petites boutiques de cosmétiques à base d'aloe vera, d’excellents fromages de chèvre, de très bons vins… et des rhums carrément délicieux.
On ne peut repartir sans une bouteille de Ron Miel, cette délicieuse liqueur élaboré avec du rhum de canne à sucre ou de mélasse et du miel.
Avec un goût doux et intense, le rhum miel a habituellement entre 25-30 ° de degré d'alcool, selon la marque.
Depuis 2005, le ministère de l’Agriculture du gouvernement des îles Canaries a reconnu une dénomination géographique spécifique pour le rhum au miel, désormais protégé sous l’appellation « Ronmiel de Canarias ».
Sur la plupart des îles, des salines récoltent et vendent leur production sur place ou dans quelques magasins.
Fleur de sel aux cristaux miroitants comme le ciel des Canaries, sel fin ou gros, le tout d’une très grande qualité grâce aux conditions minéralogiques particulières des côtes. Ce sel est d’ailleurs recherché par les grandes tables.
Le miel local a aussi très bonne réputation : les ruches sont posées haut dans les pentes, bien loin des bananeraies arrosées de pesticides.
On sait que fumer, c’est le diable, mais pour les amateurs de tabac, il existe une vraie tradition de fabrication de cigares aux Canaries.
À La Palma comme à Tenerife, la tradition du cigare perdure depuis plus d’un siècle. Ce savoir-faire est l’héritage direct des nombreux Canariens qui ont émigré à Cuba au XIXᵉ siècle, avant de revenir sur leurs terres avec graines de tabac et techniques artisanales en poche. Dès lors, des fabriques familiales ont émergé, perpétuant le geste précis du torcedor.
L’embargo américain sur les produits cubains dans les années 60 a offert aux Canaries une visibilité nouvelle sur le marché international. Aujourd’hui, malgré la concurrence des géants du cigare, les "puros" canariens restent prisés pour leur authenticité.
À La Palma, plusieurs ateliers proposent encore une production manuelle, à base de tabac local ou importé, fidèle à une tradition unique entre Europe et Caraïbes.
À Las Palmas de Gran Canaria, la caverne d’Ali Baba du fumeur s’appelle El Rincón del Fumador. On y trouve des cigares du monde entier, mais aussi une très large sélection locale à des prix franchement doux.
À La Palma, on file faire un tour dans le quartier cubain, à Breña Alta ou Baja, pour visiter l’atelier-boutique Don Julio. L’accueil y est sympa, on peut assister au roulage des cigares, et le choix est top.
Deux gammes : la gama media (avec des chutes de feuilles de tabac) et la gama superior (feuilles entières). On choisit aussi sa cape — la feuille extérieure — entre tabac Connecticut (plus doux et équilibré) ou cape Brésil (plus corsée, arômes intenses).
Les deux sont de très bonne facture, et on peut acheter à la boîte, en vrac, à l’unité, bref, à la carte.
Et en prime, on y trouve aussi de l’artisanat, comme ces chapeaux faits à partir de sacs de café, du rhum, des humidors (caves à cigares)… bref, tout ce qu’il faut pour un petit souvenir pas trop bête.
Plus modeste, dans notre village de San Pedro, le petit atelier Tabacos El Rubio propose une production artisanale où seule la taille varie. Et encore une fois, les prix sont ridiculement bas pour un produit de cette qualité.
Mention spéciale à l’incroyable cave à cigares Magallanes à Madrid qui propose pas moins de 200 références, provenant de terroirs aussi divers que le Nicaragua, le Honduras, Cuba, le Brésil, la République dominicaine… et quelques raretés pour les amateurs éclairés.
Grâce à leur statut fiscal avantageux, les parfums ne sont vraiment pas chers ici, et les boutiques pullulent dans les zones touristiques.
La Casa del Perfume Canario est une entreprise familiale fondée en 2014 à Teror, sur Gran Canaria, mais héritière d’une tradition de parfumerie artisanale vieille de plus de 200 ans. Installée dans une maison historique restaurée, elle perpétue un savoir-faire transmis de génération en génération, en créant des parfums inspirés des paysages et senteurs des Canaries. Voilà pour la partie licorne…
On s’attendait à une jolie découverte artisanale, mais on est repartis déçus.
D’abord, l’accueil dans leur boutique de La Palma tient plus de l’accompagnement insistant à l’achat que d’une visite agréable. On ressent une pression, comme s’il fallait se décider rapidement et repartir avec un flacon sous le bras, même si rien ne nous a vraiment convaincus.
Ensuite, on teste plusieurs fragrances sans réel coup de cœur… Et puis il y a l’épreuve du temps : au bout de quelques heures, les parfums virent façon "madame trop enthousiaste sur le push-push". On n’y est jamais retournés.
Enfin, pour les amateurs de souvenirs bien kitsch — poupée en habit traditionnel, porte-clé avec le Teide, attrape-rêves, magnets, pierres « magiques », boule à neige avec volcan en éruption, mini-guitare espagnole en plastique, castagnettes fluo, ou tasse prétendument peinte à la main (mais en réalité fabriquée à la chaîne par une ouvrière chinoise) — il y a de quoi faire.
Les magasins pour touristes débordent de ces objets exotiques en carton-pâte, souvent fabriqués à l’autre bout du monde mais vendus ici comme de l’artisanat local.
Mention spéciale à l’éventail en nylon, imitation dentelle, estampillé "Sheisse Heiß" — un petit bijou de confusion culturelle qui parvient à combiner sans trembler un objet typiquement andalou, une matière synthétique, une inscription en allemand et une fabrication made in China.
Un incontournable du mauvais goût pour qui veut ramener un concentré de mondialisation tropicale dans sa valise.
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CONCLUSION
C’est une plongée dans le temps, un bond aux confins de la création de notre planète, une évasion au milieu des scories, des bombes volcaniques, des champs de lave figée — mais aussi au sein de cette nature qui, inlassablement, reprend ses droits, peu importe les conditions. Elle, elle a tout son temps.
Oui, les Canaries sont très touristiques, parfois à l’excès. Mais il suffit de s’éloigner un tout petit peu des zones balnéaires pour entrer dans le vif du sujet. L’odeur entêtante des lotions bronzantes s’évanouit, les perches à selfie se raréfient, et l’on retrouve une authenticité étonnante.
La destination a les défauts de ses qualités : elle est proche de l’Europe, partage presque le même fuseau horaire, et profite d’une météo clémente toute l’année.
Résultat : elle attire en masse, mais elle offre aussi une grande facilité d’accès, pour peu qu’on sache sortir des sentiers battus.
On s’émerveille de l’ingéniosité et de la résilience des habitants, qui depuis des siècles se sont adaptés aux conditions souvent rudes de leurs îles.
On s’ébroue dans les piscines naturelles, on grimpe au sommet du Teide, et on contemple, émus, notre petite planète fragile.
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Merci pour votre attention.Le commandant et son équipage espèrent que vous avez fait bon voyage, et souhaitent vous revoir bientôt en notre compagnie.Vous pouvez maintenant détacher vos ceintures, éteindre vos écrans… et reprendre le fil de vos occupations.
Et surtout : n’oubliez pas de voyager.