Andalousie 2024 - Cordoue - 3/3

Mercredi 13 mars – Cordoue, de patios en spectacle équestre

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Une ultime et très belle journée qui se termine en apothéose équestre. Mais je mets le cheval avant le mors. 

Nous n'avons rien au programme avant 19h20, ça nous laisse le temps de profiter du parfum des fleurs.

Après un petit-déj local à base d’un pain généreusement imbibé d’huile d'olive, recouvert d’une purée de tomate et de quelques tranches de fromage, nous allons nous disperser dans le quartier San Basilo attenant à l'Alcazar et aux écuries royales. 

À l’extérieur du centre historique, ce joli quartier est un peu ignoré par les touristes, mais il mérite bien une petite visite. 

Sur une petite place, une œuvre d'art nous accueille - Abuelo y Niño -, un grand-papa en bronze tend un pot de fleurs à son petit-fils perché sur une échelle, afin qu’il l’accroche au mur. Cette sculpture est un hommage aux gardiens des nombreux patios de la ville et à la transmission de ce patrimoine aux générations futures.

C’est vraiment l'image parfaite de Cordoue avec ses rues et ruelles aux façades fleuries et un peu de poésie dans ce monde de brute ne fait pas de mal. La promenade se poursuit entre les maisons pimpantes et les patios enchantés.

D'ailleurs, on trouve ici l'un des plus beaux, du moins l'un des plus gratuits.
Au-delà d’une arche, une grande cour pavée baignée de lumière, un puits, le lavoir, les différentes pièces de vie encerclent la cour et les habitations à l’étage accessibles par un escalier central.

Ah qu’il fait bon vivre dans cette petite cachette, hors du bruit et du temps, mais c’est l’heure du café solo, le café noir simple, sans sucre, ni lait. 

Nous entrons dans un petit bistro local, bien loin des boutiques à la mode extrayant un jus noir 8e génération destiné à une clientèle en manque d’attention. Ici, ça sent le formica, le bruyant jeu de domino et l’authenticité. Sauf que... 

Nous avons le malheur de déranger monsieur Grincheux derrière son zinc en lui demandant un café. Qu'il faut bien sûr commander au comptoir ET VENIR CHERCHER ! 

La fée Aimable a oublié de se pencher sur le berceau du charmant poupon il y a 70 ans et il est devenu cafetier. 

Heureusement, le bougon ne nous surveille pas trop et ses plantes en pot sont à portée de bras pour y vider l'immonde jus qui vient de nous être servi. Bon, j'ai un peu raté mon deuxième déversement et arrosé la moitié de son mur. 
Pour éviter les foudres du mal embouché, nous ramenons nos tasses au comptoir et filons aussi vite que possible avant qu'il ne se rende compte de notre grabuge. 

Nous remontons vers le centre-ville, et les grands magasins, trouvons un café digne de ce nom et dégustons des churros à la cafétéria Don Pepe qui se vante de fabriquer Los mejores churros de Córdoba

Très sensible à cette publicité, j'en commande alors que je n'ai pas du tout faim, pensant en avoir 3 dans l'assiette comme tous mes voisins. 
Ben non, on est deux alors c'est 6 énooooormes churros que nous recevons. 

Instant de stupeur, mais comme la jolie serveuse vient de s'embrouiller avec un client, con comme un jour sans jambon, je fais bonne figure et accepte la commande avec un grand sourire. 
Mon voisin n'est pas dupe, il a bien vu ma première réaction, et soulève les épaules avec un petit sourire. 

S'il pense que je vais me laisser impressionner par ce tas de friture, il se trompe. Nous nous faisons un devoir de finir notre assiette, inutile de fâcher tous les cafetiers du bled. 

Franchement, c'était vraiment bon et malgré notre aversion pour les fritures, c'est passé comme une lettre à la poste du temps où ça allait vite pour pas cher. Les churros sont imposants, mais très légers et fabriqués à la commande, je crois que ce n’est pas la dernière fois que nous allons en déguster. 

Nous reprenons notre route, passons sous ce qui n’est pas un arc de triomphe, mais simplement la porte - imposante certes, mais porte quand même -, des anciennes fortifications de la ville. 

Franchissant le Guadalquivir par le pont romain, nous arrivons dans le quartier de Miraflores où les touristes sont rares. 

Une terrasse, des olives, une Cruzcampo fraîche, laissons le monde continuer à tourner sans nous pendant quelques minutes. 

Regarder les gens prendre le temps de parler à leurs amis, de rire avec leurs enfants, de regarder dans le fond des yeux de son amoureuse, oublier son écran noir dévoreur d’âme dans son sac, renouer avec les relations humaines. Tout simplement. 

Finalement, nous sommes bien dans ce petit resto, pourquoi chercher plus loin, alors que même le serveur enjoué semble comprendre le semblant d’espagnol que je tente avec conviction. 
Il me confirme ma commande de tortilla avec un drôle d'accent et quelques minutes plus tard, je reçois une assiette de côtes levées. 
Entre tortilla et costilla la différence est minime effectivement, mais la quantité l’est beaucoup moins. 

Avant de visiter un ultime monument, je profite de la météo idéale pour lancer mon petit drone et faire quelques images. 

Nous nous mêlons à l'un des très nombreux groupes scolaires français lors de la visite de la Torre Calahorra (de l'arabe Qal'a horra, "forteresse libre"). 

Ancienne porte fortifiée protégeant l’accès au pont, elle a été construite au milieu de 12e siècle par les Almohades.
Le roi Ferdinand s’y casse les dents lors de sa tentative de conquête de la ville en 1236. Il finira par faire construire des radeaux pour traverser le fleuve et reprendre Cordoue. Moins glorieux mais apparemment très efficace.

En 1369, Henri II, roi de Castille, transforme l’édifice pour y ajouter une troisième tour carrée et deux rondes et c’est ça que nous visitons aujourd’hui. 

La tour de protection abrite aujourd'hui le musée interactif Al-Andalus. Étonnement ce musée a été créé par un Français : Roger Garaudy. 
Un curieux personnage controversé pour ses idées antisionistes, négationnistes, niant le génocide nazi, condamné pour incitation à la haine raciale, diffamation, etc. Il est aussi passé de rien du tout, à protestant à catholique et à musulman. Un type pour le moins sulfureux... 

Si les commentaires - enregistrés - donnés lors des visites dans les huit différentes salles frisent le lyrisme, les maquettes, notamment celle de l'immense Mezquita dans son jus du XIIIe siècle sont particulièrement réussies. 

Plusieurs dioramas évoquent la vie d’antan, avec romantisme et assez de réalisme. Ici une reproduction de la grande noria, ce moulin - et île aux chats -, qui permet de remonter l’eau du fleuve vers le palais via un aqueduc ; là les bains arabes, plus loin un marché, suivi par l’Alhambra de Grenade, ou la traversée du fleuve par des bateaux.

D'ailleurs en parlant des bains, un dicton d'antan disait qu'à Cordoue, un mendiant préférait dépenser son dernier dirham pour acheter du savon plutôt que du pain.

Si on met de côté l’âme damnée du créateur, c’est un beau petit musée qui vaut le détour. 

La visite se conclut par l'ascension de la tour, d’où on a une vue superbe sur le pont romain et la ville. 

- Siesta - 

En fin d’après-midi nous faisons un tour dans l’ancienne synagogue
Construite en 1315 elle est l’unique et plus vieux témoin de la présence juive en Andalousie. 

Hormis les deux synagogues médiévales de Tolède, celle-ci est la seule d’Espagne a avoir survécu au décret de l’Alhambra qui, en 1492, - tu parles d’une année ! - signe le bannissement des juifs des royaumes de Castille et d’Aragon. Des stucs aux motifs floraux et des inscriptions en hébreux sur les murs sont baignés par la douce lumière qui arrive des fenêtres surplombant la petite pièce. 

À 19h15, nous sommes en file pour aller voir un spectacle dans les écuries royales. Les écuries de Cordoue sont bâties sur les anciennes écuries de la période califale qui hébergeaient pas moins de 2 000 chevaux. 

Ces écuries royales de Cordoue, fondées en 1570 par Philippe II, avaient pour but de créer une race andalouse, issue des plus sexy juments et des plus ardents étalons des régions bordant le Guadalquivir. 
Ainsi naquit le Cheval Pure Race Espagnole, - ou cheval andalou – considéré comme le cheval des rois. 

Entre les 17e et 18e siècles, il devient le chouchou des cours européennes avant d’être mis au rancard au profit du Pur-sang. 
Cheval idéal pour le dressage, il magnifie son art dans les arènes, les spectacles et le cinéma où sa classe et sa bonne humeur sont affectionnées.

Depuis 2016, le Córdoba Ecuestre ouvre le bâtiment au public et y produit des spectacles comme celui que nous allons voir dans quelques minutes. Dans le spectacle ‘’Passion et magie du cheval andalou’’, nous assistons à une maîtrise totale de l’art équestre.

Une danseuse de flamenco au centre de la scène, des montures au pas précis, des cavaliers sortis d’un autre temps, les exhibitions chorégraphiées à la perfection sont incroyables. 

Un cavalier, longue lance au bout du bras, décrit des arabesques dans le sable, son cheval bouge au rythme de l’inclinaison du corps, sans un seul faux pas. 
J'ai par contre beaucoup moins aimé la démonstration de sauts où le fier Andalou les quatre fers en l’air est transformé en animal de cirque. J'imagine que ça fait partie de son dressage. 

André se découvre une brève passion pour la cause animaliste, rapidement enterrée par une assiette de jambon de première qualité et d'un généreux verre de Rioja.

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Ainsi s’achève notre séjour cordouan. 

Une ville que nous avons énormément aimée, paisible, riche d’une histoire mouvementée, aux monuments rayonnants et au rythme moins effréné que le Guadalquivir en crue.

Par contre, la région bat des records de chaleur en été et les files d’attente pour les visites sont un peu plus interminables qu’en plein mois de mars.


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