Portugal 2023 - Tomar

Jeudi 16 mars – Tomar

Avant de quitter le grand Sud, nous allons faire honneur à l’une des spécialités culinaires locales : la pâte d’amande.

Les sculptures comestibles de fruits me rappellent celles de mon tonton Bernard, boulanger de son état, que je me faisais un plaisir de croquer de façon très étudiée. Nous étions plus dans la figuration de petits animaux et en général je commençais par la tête, pour ne plus les entendre crier. 
J'ai eu une enfance différente.

Ce matin, nous entamons notre remontée vers le nord. 
Encore une fois, nous évitons les autoroutes et profitons de ces magnifiques paysages. Notre roue arrière est encore un peu mollassonne, mais rien de grave qu’un compresseur à air ne saurait résoudre.

Rapidement, nous quittons les plaines pour grimper dans la Serra do Caldeirão, la chaîne montagneuse qui sépare l’Algarve des plaines du nord. Le point culminant émerge des nuages à 589 mètres au-dessus du niveau des surfeurs, et les routes tournicotent comme des lacets noués par un enfant. Notre vieille bagnole au pneu hésitant tient la route et enchaîne les virages sur un asphalte en très bon état.

Le paysage est totalement montagnard, et l’endroit a mis pas mal de temps à se désenclaver. De toute façon quand on est bien quelque part, rien ne presse.

Petite pause café dans le village d’Almodovar où nous profitons pour remettre nos corps dans le bon axe, et c’est reparti pour quelques kilomètres de zig, de zag et d'autres virages en épingle à travers les chênes-lièges et les troupeaux de chèvres étonnées de voir passer des êtres humains.

Enfin, nous arrivons dans la plaine et admirons au loin des villages fortifiés érigés au sommet des collines. Tout autour de nous, les oliveraies aux arbres parfaitement alignés  et absolument partout, des amandiers en fleur. C’est un spectacle absolument magique de voir ces dizaines de milliers d’arbres aux fleurs si délicates. On entend les millions d’abeilles faire un travail de dingues. Ces braves petites bestioles pollinisent gratuitement toutes ces fleurs qui vont ensuite donner de bien belles amandes. 

André me demande : tu crois que c’est traité ?

À l’instant même où je mets en doute cet espoir, notre voiture s'engouffre sous une nuée toxique éructée par un gros tracteur aux souffleries imposantes et avons à peine le temps de fermer les fenêtres et la ventilation. 

Malgré ces précautions, les yeux et la gorge piquent, je tousse un soupir de désespoir et pense à mes copines abeilles qui vivent leurs derniers instants. Illusoire espoir que l’engeance humaine finisse enfin par apprendre de ses erreurs et décide de changer de comportement. 

Évora
est au bout de la première partie de notre remontée vers le nord. Cette ville que j’avais trop brièvement visitée en 1991 et dont je n’avais qu’un vague souvenir est une merveille.
Son centre est classé au patrimoine mondial depuis 1986 et son surnom en dit long sur sa richesse historique : la ville musée.

Loin d’un musée poussiéreux et ennuyant, Évora grouille de vie, notamment grâce à son université et l’académie de formation de pilotes de ligne.

Les ruines d’un temple romain, le temple de Diane, attestent de l’importance de la ville sous l’occupation romaine.

Les armées napoléoniennes en font le siège en 1808, la ville est pillée et un paquet d’habitants massacré. Sacré boucher ce Bonaparte !

Nous prenons le temps de faire le tour du centre-ville, aurions aimé manger dans un restaurant réputé pour son absence de menu, car le chef change d’idée au fur et à mesure des produits disponibles et jetons notre dévolu sur une petite cafétéria aux prix doux sous le soleil du centre du pays.

Il nous reste un peu moins de 200 kilomètres avant d’atteindre la ville de Tomar, notre destination du jour.

Notre hébergement, le Thomar Story – Guest House, est situé dans la vieille ville dans une maison magnifiquement rénovée. Les chambres sont grandes et décorées avec beaucoup de goût.

Tomar est une petite ville dont l’histoire est liée aux Templiers.
Houuuuu des Templiers !

Fondée en 1160 pour en devenir leur quartier général, la ville se targue de conserver les monuments les plus importants de l’ordre en Europe. Le château qui surplombe la cité abrite le couvent de l’ordre du Christ et les rues étroites aux pavés séculaires portent encore le son des sabots des chevaliers chrétiens.

Une autre célébrité jette son dévolu sur la ville : Henri le Navigateur qui en fera le centre de l’expansion portugaise au XVe siècle.

Mais en cette heure de fin de journée, la ville est bien calme et paraît presque abandonnée. Beaucoup d’habitations mériteraient un sacré ravalement. Des murs écroulés, des cours pleines de gravats, des toitures effondrées sous le poids des ans et du manque d’entretien.

Quelques boutiques proposent des souvenirs douteux comme des imitations d’épées, des capes imprimées de la croix d'argent à la croix pattée de gueules, ou de reproductions de chevaliers casqués en armure et armés de haches et de boucliers. Ouais, moyen goût de l’art…

Oups, on arrive dans le quartier des hurluberlus. Des fées sexy, coquinement accotées sur un tigre, ou de la fée sorcière (!) aux ailes rouges, bustier affriolant et regard concupiscent, langoureusement assise sur un tas de faux cailloux du meilleur effet. Crime, mais qui peut acheter ce genre de choses totalement hideuses ?

La synagogue, autre monument historique du XVe siècle est fermée pour rénovation, ne reste plus qu’à se balader dans les rues, contempler l’architecture, emprunter le ponte Vehla, croiser la Mouchão, une roue hydraulique en très mauvais état et flâner sur la petite île où les amoureux se donnent rendez-vous. 
Quand il fait beau.

Notre arrivée tardive et le temps maussade nous poussent à faire quelques emplettes à l’épicerie du coin et profiter de notre chambre très confortable surplombant la rivière Nabão.

Les sardines de Tiago, un petit fromage local pas piqué des hannetons, un chorizo parfaitement séché et quelques gorgées de Douro auront tôt fait de nous faire oublier le vent frais, les nuages et la petite bruine désagréable que nous venons de fuir. 

On repart en Algarve ?

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CLIC - CLAC, merci Cricri !




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