15 mars – Faro - Praia do Barril, Tavira, Cacela Velha
Une placette, un store, quelques chaises et un tout petit café tenu par une charmante dame au sourire contagieux.
Croissant au fromage et jambon, pastel de nata, arrosé d’un bon café et la journée commence sous les meilleurs augures.
Crème solaire, lunettes de soleil et casquette bien vissée sur la tonsure, nous prenons la route vers l’Est. Le but de la balade est la ville de Tavira, mais il y aura bien sûr quelques errances au passage.
Sur la route, de nombreux vendeurs d’oranges et d’innombrables petites parcelles d’orangers. L’air est délicieusement parfumé, sucré et floral, il n’y a pas plus joyeux que les effluves des fleurs d’agrumes. Hum, le tiaré peut-être…
De grandes prairies recouvertes de fleurs jaunes et plantées d’oliviers séculaires sont un enchantement pour la rétine.
Mais cette région est de plus en plus défigurée par les résidences de vacances, vides 10 mois par année, les énormes hôtels de plusieurs milliers de lits et des golfs. Des golfs dans une région qui manque d’eau ! Une aberration totale...
Un tout petit peu avant la bourgade de Santa Luzia, nous allons nous promener au bord de la mer à Praia do Barril.
Il faut abandonner la voiture dans un charmant quartier résidentiel et faire le reste du chemin à pied, ou profiter d’un mignon petit train qui permet de franchir le kilomètre et demi à travers la lagune.
Un endroit que l’océan modèle à chaque marée et où de nombreux oiseaux viennent y chercher un petit frichti.
Praia do Barril est connue pour son cimetière d’ancres. À la grande époque de la marine à voile, en arrivant à bon port, le commandant avait pour habitude de crier : tout le monde a fini d’écrire ? Je jette l’ancre !
Et voilà pourquoi il y a un cimetière d’ancres ici…
Pour de vrai de vrai, la plage était un lieu où s’était installée une communauté de pêcheurs de thon. Les ancres trop abîmées et trop lourdes pour être déménagées, étaient simplement laissées sur la plage formant ainsi un cimetière.
Les habitations des pêcheurs, longtemps abandonnées, ont été transformées en musée et café au service fort agréable. Sauf pour les impatients qui encore une fois ont oublié qu’ils étaient en vacances.
Hormis les ancres et les cabanes de pêcheurs, la plage est absolument sublime. Le sable fin coule sous les pieds, l'écume vient doucement s'y poser en ondes éphémères, des étoiles de mer y prennent un bain de soleil et tout le long un trait de coquilles vides est un enchantement pour petits et grands enfants.
Le village de Santa Luzia voisin est réputé pour ses nombreuses variations culinaires autour du poulpe dont les pêcheurs locaux se sont fait les principaux prédateurs.
Cet octopode pourrait avoir un goût de Paradis, impossible pour moi d’envisager de le croquer. On a beau me dire que c’est tendre, que ça goûte le poulet, c’est non. Avez-vous remarqué comme tout ce qu’on n’arrive pas à classifier se transforme en poulet ?
La pieuvre, poulet.
La chauve-souris (oui j’en ai déjà mangé), poulet (en vérité ça goûte plutôt le lapin). blablabla, je ne peux pas.
J’ai trop souvent plongé avec cet animal si intelligent et d’une rare beauté, mais le voir réduit en tronçons de tentacules ventouseux dans une assiette me répugne. FREE OCTOPUS !
Par contre, André adore, et moi je me taperais encore un bacalhau de derrière les fagots. Toujours pas tanné de la morue, je fais honneur au plat national.
Il ne faut que quelques minutes pour gagner le centre de Tavira et trouver un stationnement gratis.
Mais que cette bourgade est charmante !
Traversée par le fleuve Gilão, dominée par le château médiéval, la ville est fondée aux alentours de 1000 avant J.-C et passe entre les mains lourdement armées d’épées et de lances des Phéniciens, des Grecs, des Celtes, des Carthaginois, des Romains, des Maures et enfin revient à la couronne portugaise. Ça brasse dans le coin !
Les petites rues se perdent entre les maisons aux murs chaulés et il fait bon de s’y promener en cette saison calme.
Ça et là, les façades sont couvertes de céramiques et les pavés, toujours eux, recouvrent rues et trottoirs. Le pont antique aux piliers renforcés relie les deux parties de la ville et est également appelé pont romain, mais cet édifice daterait plutôt du Moyen-Âge, lorsque les Maures occupaient la ville baptisée Tabira (la cachée).
Le terrible tremblement de terre de 1755 détruit une grosse partie de la ville par ses secousses de magnitude 9 et les raz de marée engloutissent ce qui reste des ruines de toute la région.
Nous faisons le tour de l’église de Santa Maria do Castelo bâtie au XIIIe siècle sur les ruines d’une mosquée. Les murailles du château en contrebas se visitent gratuitement, ainsi que le joli petit jardin intra-muros. Il y fait frais et les fleurs illuminent le site par leurs couleurs flamboyantes.
Nous quittons cette très jolie petite ville en direction de Cacela Vehla. Le tourisme de masse ne s’est pas encore installé dans le coin. Il fait bon d’y retrouver des prairies, des champs d’oliviers, des orangeraies et des petites maisons qui nous plongent de nombreuses années en arrière.
Ici, tout va plus lentement, les gens prennent encore le temps de vivre et de goûter au climat idéal. D’ailleurs, pour visualiser le temps qui passe, nous commençons la visite par le cimetière. Mausolées, columbariums, quelques pierres tombales, des fleurs partout et la sainte paix sous un ciel bleu pur.
Le village est assez petit pour que nous en fassions le tour en quelques minutes. Illuminé par les maisons immaculées aux lignes bleues, il y a un je ne sais quoi de carte postale dans ce décor.
Du haut des murailles de la forteresse, la vue sur la Ria Formosa offre un panorama extraordinaire et la plage au sable doré est une invitation à la baignade.
Si ce village a eu des années fastes lors de la domination maure, il est à présent endormi et offre le repos à qui a l’opportunité d’en profiter.
Il est déjà temps de regagner Faro et y passer notre dernière soirée en Algarve.
Totalement à l’encontre de notre philosophie de voyage, nous devons quitter sans avoir pris le temps nécessaire pour profiter au maximum de cette région qui offre tellement plus que des plages et des hôtels tout inclus.
Mais il reste une soirée, un coucher de soleil, quelques pintes et un délicieux souper à notre cantine. Après avoir profité une dernière fois d’une errance nocturne dans ce calme centre-ville historique, nous rejoignons notre chambre et préparons le trajet pour le lendemain.
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CLIC - CLAC, merci Cricri !
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