13 mars - Lagos
Si vous demandez à votre copilote : cherche Lagos sur le GPS, et qu'il vous répond un peu paniqué heuuuu c'est à 5 644 kilomètres ! Ce n'est pas le bon Lagos, vous allez tout droit vers le Nigéria...
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Après un solide petit-déjeuner à notre cantine, nous allons chercher la voiture et constatons avec horreur que le prix est équivalent à 2 semaines de location !
Donc, ne jamais, jamais louer de voiture si on reste quelques jours à Lisbonne. Ou trouver un stationnement en banlieue…
Donc, ne jamais louer quand on est en ville. Leçon bien apprise.
Nous quittons avec peine cette grande ville, et le GPS qui ne connaît pas toutes les subtilités des quartiers, choisit la route la plus courte en nous faisant traverser le quartier haut-les-mains où de jeunes garçons, à peine sortis de l’enfance, trônent sur des fauteuils prêts à signaler l’arrivée de la police ou d’un gang rival. Depuis l’an 2000, le Portugal a décriminalisé toutes les drogues, ce qui n’empêche pas le marché parallèle de rouler à fond.
Enfin, devant nous, s’ouvrent les portiques du 2e plus long pont d’Europe : le Vasco de Gama est un viaduc de 17 kilomètres qui franchit l’estuaire du Tage et nous emporte vers le grand sud.
D’un seul coup, la petite balade de loisir se transforme en stress intense. Une alarme enflamme le tableau de bord, une petite lumière clignote avec insistance et m’informe que mon pneu arrière droit a une pression trop basse. Je suis coincé sur le fichu deuxième plus long pont d’Europe et je vais tomber en panne ! Je ne suis pas d’un naturel anxieux ou sujet à panique, mais si André n’avait pas été à côté de moi je crois que j’aurais juste laissé la voiture et serais parti en stop.
Les mètres se transforment en interminables kilomètres qui eux même se convertissent en années-lumière. Pas du tout dans l’exagération, mais j’ai du mal à me concentrer et la sueur commence à me piquer les yeux. Enfin, la lumière au bout du viaduc, un panneau annonce la fin du calvaire et nous pouvons recommencer à respirer en apercevant une station-service juste au bout de la route.
Le manomètre de la pompe à air confirme que je suis un peu en dessous du minimum requis. J’ajuste la pression, mais l’alarme ne s’éteint pas, maudite chance qu’il n’y ait pas en plus une alarme sonore ! Bon, ce n’est qu’un dysfonctionnement de cette vieille bagnole qui a dû avaler des kilomètres et clignoter dans tous les sens depuis des années.
Nous avons décidé de parcourir le pays via les routes secondaires, d’une pour profiter des paysages et des villages que nous allons traverser, et puis pour économiser les péages des autoroutes.
Et nous faisons bien, car ces routes sont enchanteresses. En très bon état, et bordées par d’immenses pins parasols, ces détours valent le temps que l’on y passe. Et puis on trouve plein de stations-service avec des pompes à air, toutes gratuites !
D’ailleurs, lors d’un contrôle, je me rends compte que la pression ne baisse pas, ce qui semble confirmer une erreur d’alarme.
Derrière les rangées de pins, des hectares de culture de chênes-lièges qui font la réputation du pays. Partout,on trouve quantité d’artisanat plus ou moins réussi à base de ce matériau si chaleureux.
Aux alentours de midi, nous arrivons à Sines, charmante petite bourgade surplombant l’océan Atlantique à 150 kilomètres de Lisbonne.
Sines a vu naître le célébrissime explorateur Vasco de Gama et est le plus grand port du pays, à part ça, c’est charmant. Les petites maisons blanches aux volets bleus, les ruelles pavées et le petit port de pêcheurs nous emportent du côté d’une île grecque, mais inutile d’ajouter un voyage dans un voyage, nous sommes bien au Portugal.
La Adega de Sines nous ouvre ses portes, et autour des grandes tables, de nombreux locaux, mais aussi quelques touristes sont déjà installés. Nous ne sommes vraiment pas en Espagne, ici on mange à l’heure normale, midi c’est midi.
Devant les grilles noircies du grand barbecue officie le chef de la maison qui y fait griller de demi-poulets, des côtelettes de porc ou quelques brochettes dûment garnies.
Je poursuis mon régime à base de bacalhau et de patates, viendra bien un jour où je serais tanné.
Reprenant la route vers le sud, nous continuons à longer la côte, toujours émerveillés des immenses pins parasols recouvrant la route et des villages perchés au sommet des collines.
Ça y est, nous sommes en Algarve, cette région qui couvre tout le sud du pays et qui est tellement trop fréquentée par des millions de touristes chaque été. Ici aussi les Maures ont laissé des traces, notamment dans le nom de la région issu de Al-Gharb (à l’ouest).
Nous faisons une halte grand air à Bordeira. Une immense plage de sable fin, réputée pour ses vagues et donc ses surfeurs aux corps trop parfaits, surmontés de cheveux trop décolorés par le soleil et le sel, agrémentés de sourires aux dents trop blanches au milieu de visages trop bronzés…
Les longues vagues ayant enfin terminé leur périple transatlantique viennent y trouver un repos bien mérité
Le vent fort, les embruns, le regard qui se porte à l’infini procurent un sentiment de liberté absolu et donnent envie de grimper dans une caravelle à destination de l’inconnu. C’est certainement le même sentiment qui a poussé les navigateurs portugais à la découverte de toutes les Terras Incognitas de cette planète dont nous ne prenons aucun soin.
En moins de trente minutes, nous arrivons à l’imposante forteresse de Sagres posée au sommet d’une falaise tout aussi majestueuse.
La construction du XVe siècle, ordonnée par Henri le Navigateur abritait alors une école navale où se formèrent moult explorateurs. Henri y passera une grande partie de sa vie et fort d’avoir lancé toutes sortes d’expéditions s’éteint à Sagres en 1460 à l’âge de 66 ans.
Des falaises alentour, la vue sur les murs d’enceinte est impressionnante, et comme partout dans ce sud sauvage, les planches de surf galopent sur les vagues fortes et probablement bien trop froides pour y faire trempette.
Il nous faut à peine quarante minutes pour arriver à Lagos. Les alentours de la ville ne sont pas spécialement esthétiques, entre barres d’immeubles et industries, mais nous trouvons rapidement un stationnement gratuit à côté des portes de la vieille ville et en quelques courtes minutes de marche frappons à la porte de la casa Luma où nous allons passer la nuit.
Accueillis comme si nous étions de la famille par Ana et son bébé tout neuf, la maison est magnifique. Ancienne bâtisse totalement rénovée avec beaucoup de goût, les parties communes sont conviviales et chaleureuses. La chambre est vaste, confortable et au calme. Nous regrettons déjà de ne pas y passer un séjour plus long.
Rapidement, nous partons vers la plage et profitons des dernières lueurs de cette belle journée pour nous promener sur le sable fin. Les vagues viennent tranquillement se poser contre les murs de pierre de la forteresse, tandis que l’heure dorée projette ses lueurs chatoyantes sur ce charmant bourg.
Âgée de 2000 ans, la ville en a vu passer du monde. Des Carthaginois aux mercenaires gaulois, par Toutatis ! Des Romains aux poilus Wisigoths, une pincée de Byzantins, et quelques têtes de Maures. Enfin, en 1241 la région revient dans le giron de la mère patrie.
C’est ici, dans cette charmante petite bourgade que fut créé le tout premier marché aux esclaves africains d’Europe. Pas la peine de s’en vanter, mais on ne peut changer l’histoire contrairement à ce que certains révisionnistes aimeraient faire. Le musée des esclaves (Mercado de Escravos) est fermé à cette heure, mais une petite visite devrait s’imposer.
En remontant de la plage, nous passons visiter Mar d’Estorias, une boutique, un resto, une terrasse et un bar, mais surtout une boutique. Ici on retrouve l’essentiel de ce que le Portugal fait de plus beau en matière d’artisanat. C’est un allergique du magasinage qui parle, je veux tout acheter !
Ana, la propriétaire de notre douillet logement m’a conseillé tout un tas de resto, dont la plupart sont réputés pour ses poissons, coquillages et crustacés. Mais nous sommes lundi, et comme le dimanche est consacré au repos, les pêcheurs restent sagement prendre soin de leur famille.
Donc, le lundi, les spécialités de la mer y restent et les restaurants sont fermés.
Le hasard de notre recherche d’une table digne de ce nom nous mène dans un restaurant indien qui a très bonne réputation. Nous sommes accueillis au Shalimar par une dame débordante de joie et d’amour. Et, comme à chaque fois que nous mangeons indien, nous commandons trop de plats…
Tous les mets sont excellents et servis avec générosité, c’est donc nos ventres rebondis par les naans, le raita au concombre, du poulet tandoori et quelques tikkas qui arrive cinq minutes avant nous dans notre chambre.
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CLIC - CLAC, merci Cricri !
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