Portugal 2023 - Faro

Mardi 14 mars  –  Lagos - Albufeira - Faro

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N’ayant pas réservé de petit-déjeuner, erreur à ne plus commettre, nous trouvons un petit café et avalons rapidement quelques victuailles avant d’aller découvrir la plage des Étudiants et les arches rocheuses entourées de sable or. 

Ana nous a fait promettre de ne jamais venir en été, car ces endroits idylliques et déserts en cette saison sont complètement noyés sous une marée humaine vociférante aux fumets d’huile de noix de coco qui se battrait pour le moindre carré de sable. Promesse faite, nous prenons la route en direction de Faro.

Nous nous arrêtons sur un site incontournable, réputé pour la grotte de Benagil. Quelques loueurs de kayaks nous attrapent à peine sortis de la voiture pour nous proposer leurs meilleurs prix. Malheureusement, le temps est compté pour les voyageurs paresseux et nous refusons avec le sourire toutes les offres aux prix ''basse saison''.

Le but de cette balade nautique est d’entrer dans ladite grotte, accessible seulement par la mer.

Tant pis, nous allons quand même profiter du sentier des crêtes pour mirer les reflets de l’eau caresser doucement la plage idéale au fond de la grotte par le trou percé au sommet. Une barrière empêche les curieux de s’approcher trop près du bord, mais quand il y a interdiction, il y a résistance et évidemment, nombreux sont les curieux prêts à finir en tartare quelques dizaines de mètres plus bas pour un égoportrait.

Je tends le bras au maximum et réussi à faire quelques photos potables sous le regard courroucé de mon acrophobe resté bien loin d’une potentielle catastrophe.

Suivant les conseils de notre hôtesse, nous faisons une halte dans le petit bourg de Carvoeiro, mais n’y trouvons que boutiques pour touristes et restaurants peu engageants.

C’est à Albufeira (de l’arabe Al-Buheira la petite mer), grande ville sur la route de Faro que nous dégottons un endroit pour manger. Un restaurant typique dans une jolie cour intérieure et au menu, de la dorade grillée (on est mardi) et une gigantesque brochette de poissons et mollusques.

Les prix sont élevés, mais la Casa da Fonte reste un endroit parfaitement recommandable dans cette zone très touristique.

Nous traversons le joli petit quartier aux pavés bien alignés et arrivons face à un tunnel qui nous mène directement sur la plage. 

La Praia do Peneco est iiiiiimmense et magnifique.
Albufeira est d’ailleurs réputée pour ses nombreuses plages et, de petit village de pêcheurs bien peinard est devenue le Saint Trop' du Portugal. Mais profitons encore un peu de cette plage où pour l’instant seuls quelques retraités privilégiés goûtent une tranquillité éphémère.

Les paillotes commencent à sortir de leurs abris hivernaux, les chemins de bois se mettent en place, la saison va bientôt battre son plein en commençant par les fêtes de Pâques.
Je ne sais pas ce que veut dire Peneco, mais il me semble que le rocher dont le nom est tiré est assez évocateur. Passé le rocher érigé, nous arrivons au bout de la plage et dédaignons la longue volée de marches blanches collée à flanc de falaise pour embarquer dans l’ascenseur qui nous ouvre ses portes.

De là-haut, nous avons une vue bien dégagée sur les alentours et notamment les propriétés privées, hôtels de luxe, villas chics et autres lieux de villégiature. Nous savons bien que le très haut de gamme est caché et que les vedettes de cinéma, du football et gens fortunés se planquent bien à l’abri de la masse plébéienne qui inonde la région chaque été à grands coups de camping-car et de caravanes.

Enfin, aux alentours de 16 heures nous arrivons à Faro et prenons possession de la carte magnétique nous permettant d’ouvrir la porte de notre chambre à l’Avenue 41 Guest House.
Cette espèce d’appart hôtel est un peu excentré, d’où un prix plus intéressant, mais il est à moins 15 minutes de marche de la vieille ville.


Faro est la capitale de l’Algarve, et vous connaissez déjà son histoire. Phéniciens, Romains, Maures, etc.
En 1755 la ville fut dévastée par le fameux tremblement de terre qui a foutu un sacré bordel dans tout le pays. L’architecture est harmonieuse et le centre est encore entouré d’une muraille romaine.

En face de Faro s’étend la lagune Ria Formosa, 17 000 hectares préservés où viennent se reposer de milliers d’oiseaux migrateurs et protègent naturellement la côte des crises de folies de l’océan.

Quelques compagnies touristiques proposent des balades sur le lagon, visiter les îles des pêcheurs ou admirer le coucher du soleil au milieu des eaux calmes.

Nous nous contenterons d’un ponton flottant avec quelques autres admirateurs de Râ quittant nos terres pour un voyage aux 1000 dangers.

Mais en attendant ce long voyage, nous avons rendez-vous avec une belle grosse pinte dans une brasserie drôlement fréquentée, juste en face du petit obélisque Ferreira D'Almeida.

Ayant largement déambulé dans les rues et ruelles de cette jolie ville historique, force est de constater qu’ici aussi l’oiseau emblématique est la cigogne. Moi qui étais habitué à en voir au sommet de toits alsaciens, je me dois de ravaler mon chauvinisme et admettre que ces énormes volatiles ont trouvé ici un climat bien plus agréable. 
Les nids sont gigantesques et peuvent peser jusqu’à 500 kilos ! Il faut avoir une charpente bien solide pour supporter ce petit nid d'amour au risque de finir avec famille cigogne dans le salon.

Enfin, pour ajouter une touche de magie à tout ce qui nous entoure, il y a ce parfum. Tantôt subtiles et fugaces, souvent intenses et prenantes, les fragrances envahissent l’air. Fruitées, pimpantes, estivales, partout, les fleurs des orangers sont à leur apogée, les récoltes battent leur plein, et l’air embaume de ces agrumes. 

Importée de Ceylan par les navigateurs en 1520, l'orange douce détrône l'orange amère. L’orange d’Algarve, un hybride prénommé Valencia Late, bénéficie d’une indication d’origine protégée et est considérée comme l’une des plus juteuses du monde. Un gros sac de 5 kilos pour moins de 5 euros que nous traînerons jusqu’à Porto nous le confirmera tous les jours.

Pas moins de 26 410 hectares de cultures dans la région d’où sortent environ 313 000 tonnes de fruits chaque année, soit plus de 70% de toute la production du pays. 
En raison des ressources relativement faibles en eau, les exploitations ont depuis longtemps adopté des systèmes de gestion durable de cette ressource si rare.

En parlant d’eau, c’est devenu un problème majeur pour la région. Déjà peu enclines à vouloir ressembler à l’Écosse, les cultures traditionnelles se suffisaient à elles-mêmes, et les habitants peu nombreux avaient depuis toujours pris conscience de la rareté de cette ressource dont ils prenaient le plus grand soin.

Ensuite est arrivé le tourisme. Au début, les hippies venaient se dorer la couenne, fumer quelques joints et se laver dans les vagues.

Et puis le tourisme de masse, le super-tourisme, l’hypertourisme, des millions de gens venus des quatre coins de l'Europe pour profiter du climat exceptionnel, des immenses plages et pour les plus aventureux des villages de l’arrière-pays. De gigantesques complexes hôteliers ont été construits détruisant quelques lieux paradisiaques, et évidemment, l’eau a fini par manquer.

Dépassées par la situation, les autorités cherchent des solutions. Tout le monde parle de dessalinisateurs, invention miraculeuse qui transforme l’eau de mer en eau douce. C’est très cher et ça augmente considérablement la salinité de la mer.

Mais hors de question de penser à réduire la fréquentation touristique, source de tant de devises… Croissance à tout prix, on verra après pour réparer. Encore une fois, trop tard.

Retour à Faro, le soleil va bientôt plonger dans les eaux tranquilles de la lagune. Nous traversons la petite voie de chemin de fer et allons nous installer sur le ponton où un pêcheur vient d’accoster. Jambes ballantes, nous sommes silencieux comme les autres admirateurs de ce spectacle sans cesse renouvelé.

Frôlant l’horizon, jetant ses derniers rayons sur des milliers de vaguelettes, notre étoile disparaît dans un dernier festival de nuances aux couleurs du fruit emblématique de la région.

Allez hop, deuxième apéro à notre brasserie un peu flyée et puis un peu par hasard nous atterrissons à la table du resto Cantinho où nous sommes bien accueillis.

Chorizo flambé et petits plats nous rassasient, et notre serveur qui s’y connaît en vin nous propose un très sympathique rouge de l’Algarve. 

Si tout le monde parle, avec raison, des splendides flacons de la vallée du Douro, il faut savoir que le pays en a une longue tradition et que le sujet est parfaitement maîtrisé. Les marchands phéniciens font découvrir ce nectar au bon peuple. À moins que ce ne soient les Grecs. Ou les Romains, ou même les Carthaginois. Qui de l’œuf ou de la poule ?

En tout cas, de nombreux vignobles s’installent un peu partout et le nom même de Lusitanie serait issu de Lusus, un chum de brosse de Bacchus aka Dionysos, le dieu du pinard et des plaisirs orgiaques.

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CLIC - CLAC, merci Cricri !

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