Portugal 2023 - Lisbonne

Lisbonne, Lisboa, Lisbon, carte, map
10 mars - À la découverte de la capitale


- Avertissement -
Le texte qui suit contient un concentré de 3 jours de visite en 1 seule avec 18 kilomètres de marche sur des pavés indécis. Il peut provoquer des essoufflements et des douleurs musculaires. À lire avec précaution, mais sans modération. 

...

monastère des Hiéronymites
Le soleil va et vient, exactement comme nous pendant cette belle et longue journée. Nous profitons de notre voiture pour nous diriger vers Belém

Belém est un quartier situé à environ 6 km de la ville. De nombreux transports vous y mènent sans problème et avec le recul, surtout ne louez pas de voiture à Lisbonne ! Les stationnements sont horriblement chers, la circulation dans les petites rues pas vraiment évidente, mais malgré de nombreux voyages on fait encore des erreurs… 

Pastéis de Belém, pastel de Nata, Portugal
Belém est réputé pour son monument des découvreurs, sa tour, le monastère des Hiéronymites, et oh comme le hasard est bien fait, la célèbre pâtisserie Pastéis de Belém ! 

Cette institution a ouvert ses portes en 1837 et cuit tous les jours les délicieux pastéis issus d’une recette du monastère voisin. Une recette si secrète que le bâtiment abrite l’Atelier du Secret où officient quelques maîtres triés sur le volet. La petite boutique se remplit très rapidement, mais il existe de nombreuses salles pour y déguster ces délices. 

Comme d’habitude pour ce genre d’endroit, il faut venir tôt, à l’heure où les touristes dorment encore. Après ce délectable p’tit déj, nous nous dirigeons vers le monastère où la file commence à s’allonger, devant des portes encore closes. Nous reviendrons un peu plus tard, lorsque tout le monde sera entré. 

Padrão dos Descobrimentos, monument des découvertes, Belem, Portugal
Traversant le parc, nous marchons vers le Padrão dos Descobrimentos, le monument aux Découvertes. Un padrão est un pilier en pierre, surmonté d'une croix ou des armes du pays, utilisé par les navigateurs portugais pour marquer les emplacements de leurs découvertes.

Construit en 1960, il célèbre les grandes découvertes faites par les navigateurs portugais à une époque où seuls les Vikings étaient assez cinglés pour parcourir les mers et où les autres pays cabotaient le long des côtes. 

Henri le Navigateur, D. Henrique, Infante de Portugal
À la proue, se tient fièrement Henri le Navigateur, prince n’ayant jajajamais navigué, ohé ohé, mais qui fut à l’origine de nombreuses expéditions. Je ne saurais trop vous conseiller de lire sa biographie par Michel Vergé-Franceschi, où l’on comprend comment et pourquoi les découvreurs portugais furent aussi efficaces. 

Datant de l'époque salazariste, ce monument relativement peu esthétique, est surnommé par certains : Poussez pas derrière !

Derrière Henri se tiennent 32 personnes, dont les plus célèbres sont Vasco de Gama et Magellan. Je reviendrais probablement sur lesdites découvertes desdits découvreurs et de l’aura romantique qui entoure les colonies portugaises. 

Torre de Belem
En suivant le courant du fleuve Tage vers l’océan Atlantique, nous arrivons à la Tour de Belém, une citadelle construite entre 1515 et 1521. 

Cette forteresse gardait le port de Lisbonne, et était à l’époque bien plus avancée dans les eaux du fleuve qu’aujourd’hui. À marée haute, le reflet de la tour dans les eaux sombres donne à l’ensemble un aspect très photogénique. À marée basse, il reste quelques flaques...

Torre de Belem, Tour de Belem, Portugal, Lisbonne

Nous quittons les rives du fleuve pour constater que la fille d’attente pour visiter le monastère s’est considérablement allongée. Voyageurs lents peut-être, mais totalement dépourvus de patience lorsqu’il s’agit de faire la queue pour visiter quelque chose. D’autant plus que la ville nous réserve encore multitude de surprises. 
La voiture à nouveau rangée dans le stationnement proche de notre appartement, nous chaussons nos meilleures savates de marche et partons à l’assaut des 7 collines de la ville. 

A Vida Portuguesa
Arrêt obligatoire à la boutique A Vida Portuguesa, qui tient une autre succursale encore plus grande à l’est de la ville. Un condensé de l’artisanat portugais où nous aimerions tout acheter. De la collection de sardines en conserve, en passant par les objets en bois d’olivier, les fameux azulejos, et des centaines d’autres accessoires, c’est un détour à ne surtout pas manquer. 

Il est déjà l’heure de prendre un petit apéro. Nous avons vu ou lu quelque part qu’une boisson traditionnelle des plus emblématique pouvait être dégustée dans un petit réduit non loin de là. 

A Ginjinha
A Ginjinha
est tout minuscule et sert des verres de la même taille remplis d’une boisson liquoreuse, mais non moins alcoolisée à base de griotte, la ginjinha ou Ginja. 

C’est bon en ti-père et on en boirait jusqu’au bout du jour. Mais il nous reste quelques collines à gravir et il faut mettre un peu de solide dans nos estomacs. 

Nova Pombalina
La petite cafeteria Nova Pombalina n’est pas la table la plus en vogue, ne possède pas un décor instagrammable, et ne figure pas dans la liste des 10 patentes à faire avant de mourir.
Mais on y trouve un sandwich à l’effiloché de porcelet à se damner. Et évidemment pour un prix ridiculement bas dans une ambiance ouvrière pressée de bien se nourrir. 

Retraversant le quartier Baixa, le seul à se trouver totalement à l’horizontale, nous accédons aux ruelles et marches nous menant au couvent des Carmes (Convento do Carmo). 

ascenseur de Santa Justa
Nous eûmes pu emprunter l’ascenseur de Santa Justa, mais la file d’attente (encore elle) et le prix de presque 6 euros nous firent préférer l'ascension à pied. 

Bon à savoir, le fameux billet ‘’transports en commun illimités valable 24 heures’’ fonctionne également pour ce superbe elevador. Par contre, l’accès à la plateforme d’observation au sommet de la structure est gratuit, en tout cas ce jour-là, et la vue sur Lisbonne y est remarquable. 

Casa Portuguesa do Pastel de Bacalhau
Très bien située à l'entrée de la plateforme, touristique et donc un peu plus chère, la petite boutique de la chaîne de croquettes de morue au fromage la Casa Portuguesa do Pastel de Bacalhau a justement une table libre. Une vraie merveille de petite bouchée, accompagnée d'un verre de Porto blanc ou d'une bière fraîche, c'est un encas des plus agréable.

Enfin, nous arrivons devant l’entrée du couvent, passons rapidement à la caisse nous délestant de 5 euros et découvrons que la façade en ruine particulièrement photogénique est encerclée d’un échafaudage que recouvrent d’immenses bâches. 

Convento do Carmo
On repassera pour la photo souvenir, mais la visite de cet édifice vaut le détour. 
Le tremblement de terre de 1755 fit écrouler une bonne partie de la ville et l’église gothique n’échappa pas à ce triste sort. Jamais reconstruite, elle est un témoignage de la violence des éléments. Le couvent abrite un musée archéologique et les arcs-boutants survivants du tremblement de terre, attestent de la majesté de l’édifice original. 

Landeau chocolate
Une adresse réputée attire notre gourmandise, Landeau chocolate est un petit café dont le dessert emblématique est un gâteau au chocolat diaboliquement bon. Ni mousse, ni ganache, ni tarte, ni gâteau, il est tout ça à la fois et la gourmandise n’étant pas un péché, il est bon de régresser à l’aide de cette sublime création de Sofia Landeau

Nous finirons cette découverte diurne par un passage au Time Out Market, premier du nom, dont nous avons une copie à Montréal.

Time Out Market Lisbonne
Rassemblant gastro et bistronomie ce marché rassemble les meilleures tables du pays. Le soir, toute la jeunesse dorée de la capitale s’y retrouve pour déguster d’excellents vins du Douro ou d’ailleurs, de déguster des plats de toutes sortes et de festoyer entre amis. C’est immense, surpeuplé et vraiment cher, mais l’expérience est sympa. Nous avons mangé ailleurs... 

Après un rapide passage en notre logis pour reposer les pieds, nous reprenons le pavé et grimpons dans le quartier de Bairro Alto et le Duque Brewpub. Une table posée dans les escaliers, un courant d’air frais, du passage et une belle pinte de mousse locale il ne nous en faut pas beaucoup plus. Ah si, peut-être 10º, parce que ça caille un peu en ce mois de mars. 

Le restaurant où nous aurions aimé manger est complet, qu’importe, une vitrine, des néons, une table recouverte d’un napperon en papier, quelques azulejos sur les murs, et du bacalhau au menu, le Rosa da Rua nous convient et c’est très bien comme ça. 

Une légère bruine recouvre les pavés devenus autant de mini patinoires et rend notre progression erratique et dangereusement casse-gueule. 

Nous aurons quand même le courage de faire la tournée de quelques bars avant de retrouver la position horizontale après 18 kilomètres de marche et l’équivalent de 34 étages. 
monument des découvertes, pont du 25 avril, Belem, Lisbonne, Portugal


---

11 mars - Tram 28 et autres découvertes

Fuyant les cafés de 9e génération et les pâtisseries à la mode toctoc amstragram, nous nous installons à la petite table de la Pasttelaria Conde où la gentille dame fait rapidement appel à son fils pour valider nos commandes. Le fiston lève les yeux au ciel comme n’importe quel fiston et rappelle à sa mamoune qu’elle n’est pas obligée de faire semblant de comprendre l’anglais. 

Nous sommes les seuls touristes dans ce petit commerce de quartier où les clients prennent un café, excellent comme partout au pays, en dévorant un croissant ou une petite pâtisserie avant d’aller travailler. 

Une vieille dame un peu agitée du bocal crie après les mauvaises nouvelles que la télévision aime à déverser sur le peuple. La patronne ne l’écoute même plus, hochant simplement la tête de temps en temps pour la bonne cause et les clients semblent être tous habitués à la bougonne rigolote. 

Tram 28, Lisbonne
Hop, c’est parti mon Kiki, la ville nous attend. 
Ce matin, nous attrapons le tram 28 à l’un de ses nombreux arrêts. Pour qui s’est un tant soit peu intéressé à Lisbonne, le tram 28 est une véritable institution. Reliant le terminus de Martim Moniz à celui de Campo Ourique (et retour), le tram traverse les quartiers de Graça, Alfama, Baixa et Estrela. Le billet unique coûte 3 euros, mais là encore, le billet 24h, permet de monter et descendre à volonté de ce moyen de transport. 
Pour éviter la cohue et les interminables files d’attente, faites comme nous, levez-vous de bonne heure et profitez d’un trajet calme et agréable. 
Enfin calme… ça sautille quand même pas mal, attachez vos dentiers ! 

Les Remodelados, ces trams historiques des années 30, continuent de gravir les collines de la ville, tandis que leurs cadets plus modernes, mais moins alpins, transportent les passagers dans les zones plates le long du Tage. Évidemment c’est très touristique, mais n’en sommes-nous pas ? Et puis franchement, c’est vraiment cool de parcourir paresseusement la ville sans avoir à user ses semelles. 

Au terminus de Martim Moniz, déjà s’allonge la file pour un prochain voyage. Nous nous dirigeons vers Alfama et grimpons tout d’abord à l’aide d’un escalier mécanique, puis à travers ruelles, venelles et escaliers où les murs sont recouverts de tags, graphes et fresques plus ou moins artistiques, mais qui toutes recouvrent quelques murs lépreux et décrépis. 


Au détour d’une rue étroite, deux automobilistes sont en train de s’engueuler. Mais oui je passe, mais non tu passes pas, mais si tu vas voir, et hop, les noms d’oiseaux fusent. 
Le plus virulent et costaud provoque la bagarre. Le petit grassouillet, que tout le monde imagine se faire massacrer, sort de sa voiture et en deux pains trois manchettes aligne le vilain fâché qui reste allongé au milieu des pavés. 
Faut pas provoquer quand on ne sait pas se battre, de toute façon c’est très con de s’énerver alors qu’il fait si beau. 

Nous arrivons au Miradouro da Graça, un point de vue boudé de la masse touristique où nous serons seuls à admirer les tuiles des toits de la capitale. Attenant à ce point de vue, la Igreja Paroquial da Graça (église paroissiale de Grâce) se visite gratuitement. Les murs admirablement recouverts de céramiques, les immenses couloirs et l’église méritent bien une petite halte. 

Feira da Ladra, marché de la voleuse, Lisbonne
Le hasard de nos déambulations nous emporte jusqu’au Feira da Ladra (Marché de la Voleuse). Depuis le Moyen-Âge on y vendait les objets volés, de nos jours c’est devenu un marché aux puces où l’on retrouve un peu de tout et beaucoup de n’importe quoi, il y en a pour tous les goûts. 

En fouinant un peu, il y a de quoi faire de bonnes affaires et des marchands vendent des pièces vraiment uniques. Il faut éviter d’acheter les azulejos anciens qui ont probablement été arrachés à leurs murs séculaires. 
Ce marché est ouvert le mardi et samedi de 9h00 à 18h00. 

Tiens, ne serait-ce l’heure de l’apéro ? Ben oui dis donc, et en plus nous sommes à quelques pas, enfin quelques centaines de pas, du Crafty Corner où l’on sert quelques bonnes broues du cru. Le décor hétéroclite de l’endroit compense la face bougonne du barman qui ne doit pas être du matin. 

Restaurant Pateo 13, Lisbonne
Et puis nous remontons dans la colline alfamesque pour prendre place au Pateo 13, petit resto où nous avons pris une réservation un peu plus tôt. Coincées sur une toute petite place entre deux volées de marches, les tables sont calées sur les pavés et l’ambiance fort agréable. Les agapes expédiées, nous repartons à la découverte d’un autre point de vue, le miradouro de Santa Luzia, beaucoup plus fréquenté par les touristes. 
Vue plongeante sur le Tage, panorama dégagé sur la Sé (la cathédrale), les tuiles pour horizon, certains viennent juste y courir pour faire des photos, d’autres prennent le temps d’une pause. 

Je me fais gentiment aborder par un vendeur de rue d’origine sénégalaise qui m’offre des bracelets de l’amitié. Le vénérable me conte une fable où il a appris le matin même qu’il venait de devenir papa et qu’en l’honneur de son premier né il me faisait cadeau de ces bracelets que je ne pouvais refuser sous peine de l’offusquer et de lui attirer toutes sortes d’ennuis avec les esprits. 

Je le laisse parler en souriant, mais les bracelets ne sont toujours pas à mon poignet. Il insiste de plus en plus lourdement, aidé par un compatriote tout aussi convaincant. 
Je rigole un peu en lui disant qu’à son âge c’est un vrai miracle de la nature d’être papa et que je le félicite, mais je ne veux pas de ses bracelets qui oh surprise, quoiqu’ offerts méritent quand même une petite obole. 

Devant son insistance, je lui dis que je suis resté presque 3 mois à Dakar et que les trucs de bracelets de l’amitié je connais par cœur. Finalement, je lui demande s’il n’est pas un peu sàcc bu ndaw
Ses yeux menacent de quitter leurs orbites et rouler jusqu’au pied de la colline, ben oui mon p’tit monsieur j’ai quand même appris deux ou trois choses lors de mon séjour en pays wolof et se faire traiter de petit voleur au cœur de la capitale lusitanienne ne doit pas lui arriver souvent. Profitant de son émoi, je prends la poudre d’escampette avant de m’attirer les malédictions ancestrales. 

Gelato Therapy, Lisbonne
Nous retrouvons la partie horizontale et profitons d’une halte curative chez Gelato Therapy qui nous concocte des parfums originaux tels que vanille et basilic, citron, romarin et miel, ou stracciatella et sauge, un vrai bonheur glacé dans un petit bol en carton. 

Détour par la toute petite boutique Conserveira de Lisboa, où des dizaines de conserves sont parfaitement empilées dans les étagères et dûment emballées dans un joli papier. Sardine, thon, poulpe, calmar se retrouvent sublimés dans ce commerce inauguré en 1930.

On retrouve pas mal de conserveries à Lisbonne, mais ici on est dans du traditionnel mis au goût du jour sans céder aux sirènes de l’hypertourisme. Certaines de ces conserveries très design affichent des dates anniversaires sur leurs boîtes qui coûtent ainsi le double du prix. Nous avons fait honneur à ces sardines en cannes sur une généreuse tranche de pain beurrée arrosées d’un bon p’tit rouge du Douro pour le plus grand plaisir de Tiago, le vendeur francophile. 

Fabrica de Nata, Lisbonne
Ben tient, nous passons devant A Ginjinha ! Serait-ce le temps de s’enfiler un petit shooter de liqueur de griotte ? Un euro plus tard nous dégustons le petit verre dans lequel roulent quelques fruits macérés avant de remonter la rue vers une autre institution, la Fabrica de Nata. Si les files d’attente peuvent être interminables, à l'intérieur, un petit guichet électronique permet de passer et obtenir sa commande aussi rapidement que l’on paie en posant la carte sur le lecteur sans contact. Les pastels sont tièdes, moelleux, avec un feuilletage croustillant, un pur délice dont je ne me lasserais jamais. 

Dans un coin de la place, le funiculaire Glória grimpe à flanc de colline en direction du quartier Principe Real. La longue file d’attente nous incite à prendre notre courage à deux mains et nous dépassons le funiculaire qui traîne comme un escargot asthmatique et allergique en pleine saison de pollen. Au presque sommet, le mirador de Sao Pedro De Alcantara, est un grand jardin d’où la vue sur le quartier est splendide. 

Un gentil artiste en longue robe safran envoie d’énormes bulles de savon dans le ciel. 
Le vent léger fait dériver les œuvres éphémères après lesquelles courent les enfants. Au travers des reflets mordorés, la ville prend une tout autre dimension. 

Remontant la rue Dom Pedro V, qui se transforme en Rua da Escola Politécnica, nous arrivons au cœur de ce quartier un peu bobo, et si charmant. Et là, le hasard qui ne nous quitte pas nous fait passer devant la boutique Casa da Cortiça
Depuis 2008, ce petit café est réputé pour sa production de chocolats. Bettina Corallo importe son cacao de Bolivie, du Ghana, du Venezuela, de la République dominicaine et de São Tomé et Príncipe. Du chocolat haut de gamme qui vient avec un prix en conséquence, mais n’est-ce pas le lot de tous les produits de grande qualité ? 

De nombreuses boutiques bordent la rue de ce secteur très vivant et les tentations sont nombreuses. Mais nous savons raison garder et redescendons vers nos quartiers plus populaires non sans avoir visité le couvent de Sao Pedro aux murs si magnifiquement recouverts d’azulejos. 

Ce soir nous honorons la table du restaurant Tantura aux délicieux accents méditerranéens. Chakchouka, falafel et autre chou-fleur fumé sont mis à l’honneur dans un cadre totalement hétéroclite à l’ambiance relax. Le resto est très populaire et sans réservation, peu de chance d’y trouver une place. 
Et puis il est temps de descendre la colline du Bairro Alto pour reprendre quelques forces avant un dimanche tout aussi intense. 


---

12 mars - Christ Roi et déambulations

Nous avions prévu de traverser le Pont du 25 avril qui surplombe majestueusement le Tage, mais quelques dizaines de milliers de sportifs ont choisi ce jour-là pour y débuter le semi-marathon. 
Plan B, nous allons prendre le traversier vers le petit port de Cacilhas, finalement ce plan de secours va être tellement plus romantique. 

La brume s’est jetée sur la ville, le pont disparaît dans un flou fantasmagorique, on ne distingue plus les rives ni le soleil, et seules quelques ombres dévoilent plus ou moins la silhouette des immenses piliers. 

Le pont, fortement inspiré du Bay Bridge californien, a été inauguré en 1966 et baptisé pont Salazar, du nom du dictateur qui sévissait à cette époque sombre. 

Le 25 avril 1974, c’est la révolution, le vilain Antonio de Oliveira Salazar qui porte trop un nom de dictateur d’un album de Tintin, voit son nom rayé de la plaque pour être remplacé par cette date qui marque la fin de 48 années de dictature. 

Nous accostons, toujours dans la brume et cherchons le bus 101 qui devrait nous mener au Christ Roi, tout au sommet de la colline. Le petit phare rouge danse dans les volutes brumeuses, mais toujours pas de transport à l’horizon. 
Même les touristes français, dûment armés de leur Guide du Routard ne trouvent pas non plus l’arrêt idoine. 

Fi de l’attente, nous embarquons dans le tuk-tuk à 10 balles, de cette charmante dame qui nous balade à travers les quartiers du petit bourg jusqu’à l’ombre immense de ce Christ-Roi d'Almada totalement inspiré du Christ Rédempteur de Rio. 


Un portique de 82 mètres surmonté de la statue de 28 mètres, perchée à 133 mètres des eaux du Tage, surplombe le pont du 25 avril et offre une vue incroyable sur la capitale. 

On peut grimper jusqu’aux pieds de monsieur Christ, mais la vue sera pas mal la même que dans le parc et nous aurons économisé 6 euros chacun. Du haut de ce promontoire, nous assistons au départ de la course alors que la brume commence à se dissiper sous l’action du soleil qui nous promet une très belle journée. 

Coup de sifflet, plus de 35 000 coureurs s’élancent en direction de Lisbonne. Nous faisons le tour du parc, admirons toujours et encore ce paysage et ne pouvons descendre au pied de la falaise pour cause de barrage policier de semi-marathon. 

Plutôt qu’attendre le bus ou payer un tuk-tuk, nous décidons de rejoindre le traversier à pied. La balade est sympa puisqu’elle descend gentiment vers les rives du fleuve ou nous embarquons pour regagner la rive nord. 

Visite de quelques boutiques de conserves de sardines, admirer une oeuvre d'art sous un soleil enfin revenu sur la ville, contempler les façades colorées, traverser l'immense place du Commerce, passer sous l'Arc de Triomphe, 
se plonger dans la longue perspective de la rue Augusta, prendre un peu de fraîcheur aux embruns d'une fontaine, passer devant A Ginjhina et s'y arrêter et enfin écouter les appels affamés de son corps.

Nos estomacs nous entraînent à grands pas vers le restaurant Bonjardim, réputé pour son poulet grillé et en prime un service souriant et diablement efficace. Puisque réputé, il vaut mieux arriver à midi, quitte à faire traîner l’apéro sur place. Sinon on se met en attente derrière tout un tas d’autres gourmands. 

Requinqués après un dessert à la Fabrica de Nata, nous traversons la place Martim Moniz et grimpons à travers les ruelles et les escaliers dont les murs sont recouverts de fresques jusqu’au pied des murailles du Castelo de São Jorge

Les premières fortifications du château Saint-Georges datent du 1er siècle avant J.-C, cependant, des fouilles archéologiques ont prouvé l’occupation du site 500 ans avant le tout premier fortin. 

Le site passe entre les mains des Romains, des Suèves (des Germains barbus et poilus), des Wisigoths (d’autres Germains tout aussi poilus et barbus), des Maures, des chrétiens, des Maures (encore). 
En fait, les chrétiens et les Maures vont batailler dur pour reconquérir chacun leur tour cette forteresse et la cité. 
Et puisque les Maures ont occupé la ville pendant plus de 3 siècles, il n’est pas rare d’y trouver quelques vestiges architecturaux et même le nom du quartier Alfama provient de l’arabe Alf Maa qui se traduit par ‘’1000 sources’’. 

Petite parenthèse ethnique. Ici, contrairement à la France, on trouve très peu de Maghrébins, mais beaucoup d’habitants d’origines indienne et africaine. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Portugal n’avait aucune colonie en Afrique du Nord, par contre elle avait colonisé, de nombreux pays en Afrique ainsi que des comptoirs en Inde du Sud. Une histoire que je vais développer dans le bilan de notre voyage. 

Palais royal, palais des évêques, lieu d'hébergement pour la noblesse de la Cour et caserne militaire, nous eûmes aimé passer la grande porte et visiter cette impressionnante construction, mais encore une fois, la moitié des touristes de la ville a décidé d’en faire autant.

Nous contournons l’interminable file d’attente et visitons ce joli quartier aux rues très étroites et aux pavés anarchiques, tout en contemplant un superbe paon qui se pavane comme...un paon. 

Toute notre après-midi sera consacrée à des déambulations erratiques, des ‘gades donc comme c’est beau ! Des ben voyons donc, ça a pas de bon sens, quelle ville extraordinaire, sont donc ben fins les Portugais, etc. 

Nous tentons de trouver une place pour manger au Time Out Market, mais l’affluence est à son comble et les prix de ma bière et de son verre de vin nous dissuadent de prolonger l’expérience. 
En traînant, affamés dans la rue, nous tombons sur le restaurant Amaru, un Péruvien à l’ambiance fort agréable. La carte nous incite à traverser la porte d’entrée et nous sommes accueillis par une accorte demoiselle qui sera aussi gentille que souriante. 

Enfin, les plats arrivent, et sont tous excellents. Nous aurions pu passer une très belle fin de journée, n’eût été l’Australien complètement ivre à la table d’à côté. Un Australien saoul, bon, normal, mais ce rejeton de bagnards anglais veut absolument noyer sa solitude dans la bière tout en ayant une discussion totalement décousue avec ses voisins de table, c’est lourd. 
Les serveuses lèvent les yeux au ciel et semblent vouloir s’excuser de notre voisinage encombrant. 

Cette soirée romantique se transforme en concours de vitesse d’ingurgitation et nous quittons ponchos bigarrés et têtes de lamas empaillées si rapidement que l’intempérant continue à déblatérer face à une table vide.

Le premier séjour à Lisbonne se termine, demain nous partons en direction du grand sud, en Algarve. En attendant, profitez d'une visite en image de cette ville magnifique.


---

CLIC - CLAC, merci Cricri !

Quelques vues de Lisbonne 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...