Portugal 2023 - Aveiro

Lundi 20 mars – Aveiro, la Petite Venise du Portugal gniiiiii

Je crois que dans ma longue liste de choses qui me hérisse le poil des jambes, l’expression « petite Venise » est dans le top 5.

Une zone inondable, un canal, un peu d’eau, une barque, trois canards, deux cygnes et hop, on se compare à la Sérénissime...
Goudargues, la petite Venise du Gard (un canal, deux canards), Venise-en-Québec (un lac, aux 9/10e américain de surcroît), Colmar, Sète, Ganvié (un village au Bénin), Port Grimaud, Annecy, name it !

Il y a UNE seule Venise et cette ville est totalement inimitable.

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Donc ce matin nous partons vers la petite Venise du Portugal : Aveiro.

La ville n’est qu’à 80 kilomètres de Porto, mais d'abord il faut aller chercher la voiture.
Pendant qu’André finit de boucler les sacs et ranger l’appartement, je grimpe à travers les collines en direction de notre voiture.

Je ne me presse pas trop, d'une parce que ça grimpe et puis j'ai encore plusieurs milliers de choses à admirer.

Enfin, au bout de vingt minutes, je suis devant la préposée et lui tends le coupon codebarré qui refuse obstinément de se faire valider. 

La gente demoiselle finit par lire le nom du parking sur le bout de papier récalcitrant et m'informe que ce n'est pas le bon.
André, récemment promu ''directeur des tickets de parking'', m'a donné celui du premier jour lorsque nous étions au centre-ville, maudite marde.

Devant mon air totalement découragé, elle
accepte de me faire payer pour les jours que je lui affirme être resté, ce qui fera donc 30 euros.

Après cette première frayeur, je reprends mon souffle dans l’ascenseur, arrive devant la bagnole toujours un peu rayée et constate avec horreur que le pneu qui a ponctué notre voyage de stress et de déni est cette fois-ci complètement à plat. Comme moi.

Avantage de mon âge, je sais changer une roue et ouvre avec fierté le coffre pour y récupérer la roue de secours. Absente. Maudite marde.
J’avoue avoir un peu la même tête que le pneu.

Je tente de rejoindre la compagnie de location, aucune réponse, redescend les quatre étages pour y chercher de l’aide, mais pas de bol personne ne connaît personne.
Remonté au 4e étage, j’insulte copieusement le tas de ferraille sous le regard rond de pigeons blasés.

Et là je me demande pourquoi, à la place de la roue de secours qui ne serait jamais entrée dans l’espace minuscule du coffre se trouve une vieille bombe anti crevaison.
Bingo, les pièces s’assemblent dans mon cerveau en ébullition.

Je branche la bombe sur la valve et injecte tout ce qu’elle contient dans ce bout de caoutchouc ramollo. Sans retrouver une forme olympique, le pneu se regonfle un peu et me permet de quitter le stationnement pour me rendre dans le bas de la ville, récupérer les bagages et le directeur des tickets de parking que je songe à congédier.

Dès la sortie de la ville, nous trouvons une station avec un compresseur où je peux donner un peu de fierté à ce mollasson. Impossible de rouler très loin, il faut absolument trouver un garage pour faire réparer définitivement l’essoufflé.

Je passe les moult péripéties de recherches dans un français teinté d’anglais et d’espagnol et
finalement, nous trouvons un petit garage dont nous sommes les premiers clients du jour.

Je déballe mon traducteur et explique quelque chose qu’il est quand même assez évident pour un garagiste de constater.
Mais oui monsieur, le pneu est à plat, il faut le réparer, j’ai bien compris.

Je lui demande le prix, il inscrit 15 sur un papier un peu graisseux, j’imagine que c’est le taux horaire avant le changement de pneu.

Mon âge cette fois-ci me trahit puisque les pneus n’ont plus de chambre à air depuis belle lurette, qu’un tubeless se répare aussi rapidement qu’en criant borboleta et qu’il est donc totalement inutile de changer le pneu.

À coup de marteau et à l’aide d’une grosse pince, le garagiste réussit à extraire le bout de vis tout usé par notre trajet depuis Lisbonne. Il démonte complètement la roue, nettoie le produit anti crevaison, j’étais persuadé que c’était un genre de mousse expansive (!) et qu’il fallait changer tout le pneu, alors que c’est juste un liquide poisseux qui rebouche provisoirement le trou. 
Moyen mécano le Christophe !

Il perce un trou dans le trou, pose une mèche, une rustine à l’intérieur, remonte le tout, vérifie la pression des 4 pneus et, ben voilà c’est tout. Le 15 griffonné est bien le prix total de la réparation. 
J'arrondis à 20 pour le pourboire, mon nouvel meilleur ami mécano  n'en revient pas, mais s'il savait...

Entre-temps, de nombreux clients se sont pointés et leurs voitures alignées sur la route attendent patiemment leur tour. Finalement notre habitude de nous lever tôt a encore payé.

Enfin, sous un soleil radieux, nous pouvons profiter de la route sans aucune appréhension même si le voyant de basse pression est toujours allumé. À force de vouloir éviter l’autoroute, je me perds un peu dans un quartier où je n’ai nulle envie de tomber en panne et où les jeunes gens désœuvrés observent ce qu’ils pourraient éventuellement tirer des pièces détachées de la petite Hyundai, tout abîmée qu’elle soit.

Aveiro
apparaît comme une petite bourgade charmante et nous trouvons rapidement un stationnement dans la zone commerciale proche de notre logement.

L’accueil au Family House est comme son nom l’indique, familial. 
Notre hôtesse est tout ce qu’il y a de plus charmant et nous fait même choisir la chambre puisque nous sommes les premiers arrivés. 
Le prénom de ma grand-mère sur la porte en plus d’un lit confortable, nous invite à occuper la chambre 17, dite la Mathilde.

Nous allons rapidement récupérer la voiture pour la stationner dans une ruelle perdue loin de ces horribles et gourmands parc(o)mètres.
Tant qu’à être motorisés, nous en profitons pour visiter les salins dont la ville s’enorgueillit, mais force est de constater qu’il ne s’y passe pas grand-chose.

Point de saunier à l’horizon qui pourtant se reflète admirablement dans les flaques saumâtres.

La culture du sel à Aveiro est attestée depuis la magnifique année 959. Je suppose que la saison n’est pas encore arrivée et que mars pluvieux n’est pas synonyme de bonne récolte de fleur de sel.

La voiture soigneusement cachée au fond d’une ruelle, nous allons nous balader sur les quais des canaux.

Aveiro est une ville qui a connu ses heures de gloire au XVe siècle grâce à la pêche à la morue. Quand une grosse tempête ferme la lagune en 1575, l’accès à la mer devient impossible. Plus de pêche, plus de commerce, les marais salants sont envasés et la ville périclite.

Il faudra attendre l'an 1808 pour que d’importants travaux désenclavent le port pour qu'enfin  l’activité reprenne. Cette attente interminable me rappelle les travaux entrepris à Montréal et qui ne finissent plus de finir.

On y développe l’industrie de la céramique et de la porcelaine, dont on voit encore les usines au bout du canal. Aveiro devient ensuite l’épicentre de l’art baroque dont la ville porte encore fièrement les monuments.

Les douceurs conventuelles sont arrivées jusqu’ici et la spécialité du coin sont les 
ovos moles (les œufs mous). Une petite gourmandise délicate aux formes changeantes, bateaux, barriques, conques, poissons ou coquillages, composée de jaune d’œuf battu avec du sirop de sucre enfermé dans une pâte à hostie. C’est terriblement bon et encore plus original, je n’avais jamais goûté un truc pareil et ferais honneur à la pâtisserie locale autant que mon bon sens me le permettra.

Les bateaux traditionnels, les moliceiros, servant autrefois à récolter les algues, sont à présent utilisés pour ramasser et promener les touristes à travers les canaux de la ville.
OK, on se rapproche un peu plus de Venise avec les voies d’eau, les bateaux et les ponts.

Les barques joyeusement bariolées et les proues décorées de scènes quelquefois un peu
coquines, naviguent en tout quiétude sur les eaux grises. 
Mues par un moteur manié de main de maître par un marin d’eau saumâtre et assistée par une dame qui est également guide multilingue, le voyage semble sympathique.

Nous allons sur le quai devant les maisons aux façades décorées dans le style Art Nouveau et embarquons immédiatement sur un moliceiro qui allait larguer ses amarres.

Zou, en avant sur les eaux calmes et moins odorantes que ceux de la lagune de Venise-en-Italie.
Nous remontons jusqu’aux salines et voguons dans les anciens quartiers des pécheurs aux maisons rénovées. À chaque croisement de voie d’eau, la guide se tient à la proue et observe attentivement l’arrivée d’un autre bateau.

Nous passons sous des ponts traditionnels et d’autres,
plus contemporains comme le ponte dos Botirões au design moderne et à la perspective photographique inspirante. Un petit canal nous mène au marché aux poissons devant lequel nous faisons demi-tour pour regagner le canal central. 

Courte incursion, mais qui nous permet de repérer un bar aux chaises fort agréables au bord du canal. Rangez pas, on arrive !

Petit arrêt devant le bâtiment de l’assemblée municipale où nous laissons passer les bateaux déjà engagés dans l’étroit chenal avant de nous y faufiler. Passant sous le pont des amoureux garnis de rubans multicolores, nous voguons jusqu’au bassin de Fonte Nova.

À tribord, l’hôtel Meliá Ria, un 4 étoiles au style moderne contrastant avec la bâtisse en briques rouges de
l’ancienne usine de céramique Jerónimo Pereira Campos flanquée de sa tour en brique.

Revenus à notre port d’attache, nous remercions vivement notre guide et disons adieu à nos compagnons de croisière avant de parcourir cette jolie petite ville à pied.

Petite certes, mais nous y parcourrons quand même 10 kilomètres à travers ruelles, quais et ponts. Tout est plat et extrêmement paisible ici, c’est un vrai bonheur de se perdre et de tomber en pâmoison devant un mur recouvert de céramiques en relief, de maisons aux couleurs pimpantes ou de fresques joyeuses.

Et puis, nous retrouvons facilement le bar aux chaises accueillantes où nous profitons des bénéfiques rayons du soleil.

Nous reprenons notre balade, découvrons de petites ruelles aux murs décorés de céramiques de fresques ou de peintures chatoyantes.

Notre aimable logeuse nous a conseillé un ou deux restaurants populaires dans le quartier et nous allons faire honneur au premier d’entre eux.

À la Adega Evaristo, l’accueil est loin d’être la préoccupation majeure. Je suis certain que les pensionnaires d’Alcatraz étaient mieux reçus, mais le menu se compose de plats traditionnels aux prix relativement abordables. Et ce d’autant plus si nous avions su qu’ils étaient aussi généreux et qu’un seul eût suffi pour deux affamés.

Grande nouvelle : je tire un trait définitif sur la morue ce soir. 
Mon bacalhau insuffisamment dessalé, me donne l’impression de lécher le fond des bassins des salines, de toute façon je crois avoir fait le tour de la question en ayant largement rendu hommage à l’un des plats nationaux.

Nous quittons le personnel aux faces tristes et entamons une promenade digestive, rapidement écourtée en raison d’un flagrant manque de volonté et d'une folle envie de reposer nos vieilles jambes.

--- CLIC - CLAC, merci Cricri ! 
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