Asie 2019 - Philippines - Palawan - Port Barton

15 février - En route vers Palawan-les-Flots !
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Il est 4h30 du matin et nous nous levons sans aucun problème sachant que nous allons quitter cette masure.
Contre toute attente, le lit s’est révélé ultra confortable, mais nous n’allons pas passer le reste de notre voyage ici.
Les cafards nous cèdent la place dans la salle de bains, et après de rapides ablutions, je commande une voiture.

Le trajet vers le terminal des vols domestiques est rapide, j’ai également fait les check-in par internet, nous n’avons plus qu’à entrer ces numéros dans une borne et recevoir la version papier de l’enregistrement.

Lorsque mon sac à dos passe sous le scanner de pré-enregistrement, je vois l’employé froncer les sourcils et faire marche arrière au tapis.

Là, il me demande si c’est mon sac et si j’ai du poulet.
- What, chicken ? 
- No Sir, it's your bag for check-in ?
Ahhhh, oui, oui, mon sac est bien pour se faire enregistrer et partir en soute.

J’ai deux énormes couteaux de paysan dans le fond de mon sac, et rassure le préposé à la sécurité en lui confirmant que je n'emporte pas ces armes dans la cabine.

En fait, personne ne me suit pour vérifier si je vais bien jeter mon sac sur le tapis roulant, mais c’est bien ce que je fais.

Un dernier contrôle avant d’accéder à la zone d’embarquement où nous avons un peu plus d’une heure à tuer.
Il est 6h du matin et des touristes sont déjà en train de vider des cannettes de San Miguel. Les locaux font la file devant le comptoir malodorant du Jollibee, nous nous contenterons d’une brioche.

L’embarquement se fait à l’heure sous la pluie battante, et le décollage n’est décalé que de 5 minutes. Les hôtesses semblent surprises par la ponctualité de leur vol, mais nous ne nous en plaindrons pas.

L’aéronef a du mal à transpercer l’épaisse couche de nuage qui recouvre les Visayas, mais enfin nous appercevons le soleil.

En 1 heure 20, nous arrivons en vue de la piste d’atterrissage de Puerto Princesa, et ici aussi quelques nuages polluent un ciel censé être bleu.

Une folle Américaine est en train de rendre dingue son sugar daddy, elle le gifle, le caresse, l’embrasse et l’engueule tout à tour. C’est l'attraction du tapis de récupération des bagages, tout le monde en oublie de ramasser son sac. Lui, comme un gros gland se laisse faire, probablement persuadé que la greluche entièrement refaite l’aime d’amour…

Allez, nos sacs sur l’épaule, nous sortons de l’aéroport et tentons de devancer notre départ en minivan en direction de Port Barton.

J’avais réservé nos places à partir de 11 heures, pensant que l’avion serait en retard, mais il est 9 heures et j’essaye de trouver le responsable de la flotte chez qui j’ai réservé.

Aucun problème, il prend nos sacs, les tassent avec quelques autres et attend que son véhicule soit plein des 12 personnes qu’il peut contenir avant de prendre la route.

Il nous faudra 2h30 pour rallier Port Barton. De longues heures coincés sur la banquette arrière crispé entre André et son sac sur les cuisses et un opulent Espagnol coiffé d’un mohawk et décoré d’un gros anneau dans le nez.

À l’arrivée, nous marchons à peine 5 minutes pour nous retrouver au centre-bourg. Les rues sont en terre battue, la circulation quasi inexistante, un parfum de calme et de sérénité flotte sur Port Barton.

Nous ne trouvons pas notre logement, mais une pancarte La Petite Table me semble un bon endroit pour me renseigner.
Effectivement, un jeune Français me met sur la voie et au tournant de la prochaine rue nous tombons sur Chisiphil Homestay où nous sommes très agréablement accueillis par Néné, une femme au rire généreux.

Elle vient juste de terminer notre chambre, nous pouvons nous y installer. Puis, elle nous demande si nous voulons réserver un Island Hopping avec eux le lendemain, mais nous avons prévu de prendre notre temps et de faire le minimum syndical.

La longue plage est décorée de bangkas de plusieurs tailles et quelques corps allongés font le plein de vitamine D.
Nous parcourons la grande étendue de sable fin en nous disant que nous avons bien fait d’effectuer une halte ici.

Il est l’heure de mettre un petit quelque chose dans nos estomacs, et la jolie pizzeria Gorgonzola que nous avons vue un peu plus tôt est comme un appel à la décadence.

Si l’accueil est inexistant, le service invisible malgré les 5 filles qui rigolent dans la cuisine, et la serveuse/caissière aussi douce qu’un coup de massue cloutée derrière la tête, on ne peut pas dire que la pizza soit ratée.
Absolument gigantesque, sa pâte fine elle est très joliment garnie et rassasie les organismes les plus affamés.

Inutile de dire que le pourboire est facultatif et même après un compliment au pizzaiolo, aucun sourire ne sortira de cette jeune face. C’est suffisamment rare au pays pour être souligné.

Nous déambulons sur le sable où les enfants sont les patrons. Observons leurs jeux sans qu’ils n’aient besoin d’aucun écran pour favoriser leurs relations. Et boirons un excellent jus de mangue garni d’une paille en carton. Aucun plastique dans les environs, enfin du moins pour les bars de plage. Les verres sont en verre, les pailles en carton ou en bambou et plusieurs pancartes incitent les gens à faire attention aux déchets.

Le soleil se couche avec majesté quelque part derrière des collines boisées, et les nuages se teignent de toutes les variantes de rose avant de sombrer dans la noirceur.

Un petit barbecue propose la pêche du jour, ainsi nous finissons notre première journée à Port Barton devant une belle assiette de crevettes géantes et un dawa à pointe parfaitement grillé.


16 février – Port Barton, de cascade en plages de rêve 
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Les coqs du voisinage sont matinaux. 
Il y a des coqs absolument partout, mais nous n’avons jamais vraiment été confrontés à leur nuisant hurlement rocailleux. Les Philippins vouent une passion pour le combat de ces gallinacés et presque tout le monde a au moins un spécimen prêt à combattre. Certains possèdent même des terrains consacrés à l’élevage du volatile, mais en général ils sont un peu plus éloignés des habitations.

En attendant le scooter réservé hier soir, nous nous dirigeons vers La Petite Table, ce resto où Richard, le propriétaire, nous a renseignés à notre arrivée.

L’endroit est très agréable, les clients sont tous partis pour leur tour des îles, et le jeune Français parle longuement de son expérience ici depuis qu’il a ouvert son établissement il y a 1 an et demi.

Ses crêpes sont délicieuses, son café bien fort et les minutes passées ici très agréables.

Le locateur du deux-roues m’en explique son fonctionnement. À part le système d’ouverture de la selle, mû par un fil de pêche, je sais à peu près comment fonctionne un scooter, mais je lui laisse le plaisir de me l’expliquer quand même.

Les casques ne sont évidemment pas de la bonne taille, mais Néné me dit qu’il n’y a pas l’ombre d’un policier dans le coin et que nous n’aurons pas de problèmes à ne pas les porter, sauf si nous tombons sur la tête.

Direction les chutes d’eau de Pamuayan.
La route vers la grosse ville de San Vicente est en construction. Elle devait être terminée cette année, mais si je me fie à l’avancement des travaux, je parierais plutôt pour un dépassement de 2 à 3 ans du projet.
Pour faire les 30 kilomètres qui la sépare de Port Barton, il faut prévoir presque 2 heures sur la piste défoncée, il vaut mieux tenir correctement son inventaire à jour quand on a un commerce.

La pétrolette bondit de caillou en rocher, file dans la poussière et j’essaye de garder un cap plus ou moins stable.
Nous rencontrons plusieurs marcheurs qui nous confirment que nous sommes toujours dans la bonne direction, et enfin après une vingtaine de minutes de tape-cul, nous arrivons devant l’indémodable barrière de bambou qui signifie que nous allons nous délester de quelques pesos.

Une jeune fille me montre la pancarte qui indique la somme de 50 pesos et l’endroit où stationner notre mob.
Ensuite il reste environ 15 minutes de marche pour accéder à la cascade, en traversant plusieurs fois une petite rivière.
Nous doublons un couple de Français qui nous disent avoir marché deux heures depuis Port Barton, c’est une belle promenade, mais sous le soleil torride, je suis bien content d’être motorisé.

La fameuse cascade se déverse dans un joli bassin juste à nos pieds. La fraîcheur de l’eau laisse à croire qu’elle arrive directement des sommets et que rien n’a pu polluer l’onde cristalline. Je jette au loin mon t-shirt et avance dans le bassin assez lentement pour que mon anatomie ait le temps de s’adapter au changement de température assez radical, puis prends plaisir à nager et à lutter contre le fort courant.

André est resté sur la berge, préfèrant la contemplation à l’immersion.

Le lieu est peu fréquenté, mais une jeune fille que nous avons rapidement baptisée La Vaporeuse, nous intrigue. En attendant, nous observons les immenses papillons et les libellules colorées qui survolent le miroir liquide.

Je tente un petit vol, mais l’encaissement de la vallée empêche la bonne réception GPS et je dirige avec prudence et un peu d’anxiété mon appareil entre les arbres.

Pendant ce temps, La Vaporeuse demande à un groupe de filles de bien vouloir la prendre en photo, le spectacle est à la hauteur de son nouveau surnom.
Poses lascives, échancrement de maillot tiré presque sous les aisselles, cheveux fouettant l’onde, moue et papillonnement des cils, rien n’est trop beau pour l’égérie.

Le public ouvre grand les yeux, certains ne peuvent se retenir de rire, c’est un spectacle à grand déploiement. Finalement, la très jolie jeune fille reprend sa robe noire et disparaît sur le sentier. Fin du spectacle.

Quelques minutes plus tard, nous aussi quittons l’endroit, et croisons l'ingénue qui est tellement hors du temps que ses sandales ne touchent même pas la poussière du sentier. Elle nous sourit, fait demi-tour et disparaît quelque part sans que nous la revoyions.

Après une rapide escale à Port Barton où le repas de midi sera vite expédié, nous prenons la route de Withe Beach, l’autre attraction phare du coin.

Si la route de San Vicente est défoncée, celle de la plage blanche n’existe carrément pas. Ici aussi, des travaux ont débuté, mais seuls 25 mètres de béton ont été coulés. Le reste n’est que douleurs et lamentations de mon pauvre petit véhicule. Je comprends pourquoi le mari de Néné, coiffé d’un mulet tellement Longueuil années 80 m’avait conseillé une moto tout -terrain.

Mais j’y vais mollo, ce n’est pas le temps de briser un véhicule, j’ai déjà assez eu de déconvenues comme ça.

Nous arrivons en vue d’un chemin de plage et payons (encore) 30 pesos chacun pour pouvoir profiter des lieux.

La plage est déserte, nous sommes 5 à partager la très longue étendue ombragée par quelques cocotiers gentiment penchés au-dessus de l’eau transparente.
Mais, ce n’est pas White beach, mon GPS est formel.

Après un aller-retour sur la plage, nous reprenons le scooter et roulons 5 minutes avant de tomber sur la plage officielle. Houla, là ils demandent 50 pesos par personne et à première vue cette plage n’est pas plus belle que celle que nous venons de quitter. Rapide conciliabule, puis, devant le préposé aux entrées, nous faisons marche arrière et repartons à No Name beach !

Le gardien, tout surpris de nous revoir nous demande pourquoi nous revenons. Je lui explique que sa plage est bien plus belle que l’autre et il est très fier de nous accueillir en son domaine.

Sa cocoteraie est parfaitement entretenue, son sable bien tamisé et son eau limpide, pourquoi aller ailleurs.

Nous trempons de longues minutes, en fait presque deux heures, dans l’eau tiède, et, avant que notre peau soit complètement flétrie, sortons du bain et quittons ce merveilleux endroit.

La route pour revenir n’a toujours pas subi de transformation majeure, une chance que la petite mob ait un peu de puissance pour grimper les côtes caillouteuses.

Nous admirons le coucher du soleil les deux pieds dans le sable tout en écoutant une Anthologie jamaïcaine au Rasta Bar.

Tiens si c’est pas notre Vaporeuse qui arrive ! Complètement perchée, elle sourit au vent, tournicote dans le sable, fait une blague à un enfant qui la déteste de vouloir essayer de lui voler sa friandise, s’assoit au pied d’un cocotier et murmure aux étoiles avant de s’évanouir dans un sentier d’où elle ne réapparaîtra jamais.

Nous nous délecterons de grillades marines, et j'opterais pour un beau white snapper (vivaneau blanc), tandis qu'André choisira un calmar bien gras.

Devant un bar, un jeune homme joue avec le feu. Il fait tournoyer ses brandons, jongle avec les flammes, crache haut dans le ciel des éclairs incandescents. Ses très jeunes assistants doivent encore sucer leur pouce quand ils s'endorment.

En rentrant de nos agapes, nous rencontrons l’une de ces grosses poules au plumage magnifique en train de roupiller sur un poteau. Je m' approche et lui tonitrue CocoriCoco !!! direct dans la face de l’endormi.

Rien, que dalle, nada, même pas un froncement du sourcil de la bestiole. Écœuré et admiratif du stoïcisme de l’animal je n’ insiste pas. J’aurais dû m’en débarrasser discrètement, ça en aurait fait un de moins demain matin.

Maudite bestiole du démon !


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