Asie 2019 - Cebu - Lapu-Lapu

14 février - Une fabuleuse Saint-Valentin à Lapu-Lapu
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Dernière balade sur la plage découverte par la marée basse. Les petits crabes se roulent dans leur trou de sable à notre arrivée, les étoiles de mer laissent leurs empreintes sur le sable et nous surveillons nos pas pour éviter de marcher sur un oursin perdu.

Derniers regards sur cet endroit que nous laissons trop tôt, une retraite calme et chaleureuse qui nous a réconciliés avec ce voyage.
Nous avons eu le temps de reprendre nos esprits et d'organiser les deux dernières semaines de notre séjour philippin.

Nous savions que ce voyage serait compliqué, mais pas à ce point.
Les Français rencontrés hier soir, et plusieurs observations d'autres touristes nous le confirment, l'effort mis à l'organisation d'un périple entre les 7300 îles du pays est un vrai défi.

Les prix des chambres sont largement surévalués, les temps de transports très longs, les aléas de la météo peuvent retarder ou tout simplement annuler un vol ou une navigation et il est difficile de ne pas prévoir les réservations d'hôtels. Surtout sur des sites très touristiques, comme El Nido ou Coron où l'offre ne semble pas suivre la demande.

Mais pour nous, tout est réglé, les déplacements et les chambres sont réservés, espérons simplement qu'un retard de transport ou un épisode météorologique exceptionnel ne viennent réduire à néant toutes nos recherches.

À peine 10 minutes nous séparent du quai de Larena, et déjà nous sentons les méfaits de la civilisation. Trop de monde d'un coup, trop de bruit, trop d'impatience, nous regrettons notre petit bungalow et ses fourmis voraces.

Le bateau est à l'heure, les gens sont pressés de s'y engouffrer pour plusieurs heures alors que toutes les places sont numérotées et attribuées.

Le rafiot est bien taillé pour la mer, nous ne sentirons pas l'effet de la houle, même si la surface de l'eau est parsemée de troupeaux de moutons.
La petite fille qui n'aura de cesse d'emmerder les deux premières rangées peut s'estimer heureuse que je sois loin, sa mère en aurait pris pour son grade dans l'éducation d'un enfant.
Mais j'ai de la musique dans les oreilles et 800 pages de lecture, on peut bien naviguer 2 jours…

Une courte escale à Tagbilaran pour échanger quelques passagers et constater que novembre s'est abattu sur Bohol, puis faisons cap vers Cebu.

Enfin, après 5 heures de navigation, nous accostons, sous une légère pluie et attendons nos sacs.
Je commande un Grab pour nous emporter de l'autre côté du pont qui sépare la ville de l'île de Mactan, (ou Lapu-Lapu), où se trouve l'aéroport.

Nous traversons la zone portuaire où la misère la plus terrible est exposée.
Je me rappelle avoir vécu les mêmes sentiments en 1991, lorsque nous avions débarqué du BSM Garonne en provenance de Nouméa et que nous avions été confrontés à cette vision d'horreur.
Pour avoir fait escale dans des pays pauvres et parce que les ports sont les endroits où se concentrent les plus indigents, je pensais avoir tout vu.
Mais à Cebu, j'avais eu un vrai choc que je n'ai jamais oublié.

Des enfants maigres, recouverts de haillons et de boue, traînent entre des tas de tôles rouillées et de cartons détrempés qui leur servent d'abri.
Leurs cheveux longs et raides encadrent de beaux visages où toute expression d'humanité a disparu. Quelques-uns trouvent encore le courage de jouer, poussant un vieux pneu avec un bâton ou se poursuivant entre les immenses flaques d'eau du dernier déluge.
C'est d'une tristesse absolue, un concentré de misère humaine dont nous n'avons qu'un minuscule aperçu, mais qui permet de bien relativiser les énormes problèmes insignifiants dont nous nous plaignons trop souvent.

À cause de la circulation intense et de la conduite erratique du chauffeur d'un jour, nous mettons plus d'une heure pour nous rendre à notre hôtel. Qui n'existe pas !
En fait, il n’existe pas à l'adresse indiquée sur Google Map, nous devons revenir sur nos pas sur presque 1 kilomètre. Il fait nuit, c’est sale, pollué, assez peu rassurant et nous avons hâte de déposer nos sacs.

Le Mactan Pension House est un hôtel miteux où les coquerelles font la loi. 
Les plafonds croulent sous le poids de la moisissure, l'ascenseur fait un bruit menaçant, la matrone de l'accueil est plus glaciale qu'une pierre tombale en Arctique. Notre chambre est un réduit que seul le confort des matelas viendra sauver. 
Nous n’utiliserions pas les serviettes de toilette, même pour essuyer un chien philippin !

Les chiens d'ici sont spéciaux… On dirait qu'un savant fou a pris les gènes des animaux les plus vilains de la Création, les a mis dans un mixeur puis les a injectés dans un corps de chien déjà laid de naissance. Voilà, hé ben lui on ne l’essuiera pas avec les serviettes rêches et trop utilisées qui sont mises à notre disposition.

Vite, fuyons cette turne et allons visiter le centre commercial juste de l'autre côté de la route.

Si les vêtements noirs sont très pratiques pour voyager, car intemporels et peu salissants, du moins à l’œil, ils sont une menace lorsqu’il faut traverser une route de nuit dans une circulation dense et qui se fout du piéton.

Nous courons entre les rafales de voitures et les essaims de scooters et arrivons sains et saufs de l'autre côté, où le pauvre petit ensemble de commerces n’a vraiment rien à offrir.

Je tente de stopper des taxis, Grab ne répond pas, alors nous commençons à marcher en direction du fameux Rico's lechon, l'un des plus réputés grilleur de cochon de la province.

Finalement, en sortant d'un 7-Eleven, Grab répond et nous avons une voiture en moins de 2 minutes. Ce qui évite de faire demi-tour, car André commence à avoir un trop plein d'émotions que le confort et la climatisation du véhicule auront tôt fait de résoudre.

Après une quinzaine de minutes d'attente, nous prenons place à la table sous la climatisation.

Les plats arrivent, une salade d’algues, et deux assiettes de lechon, l’un régulier et l’autre épicé. Autant le cochon, de la peau grillée et croustillante au gras goûteux est un émerveillement des papilles, autant le trio d’algues est très surprenant et assez peu commune au goût occidental. La texture est caoutchouteuse, et elle manque cruellement d’assaisonnement, mais finalement, nous aimons ce côté brut-de-mer et si nous ne finissons pas le plat à cause de l’excédent de nourriture, nous l’apprécierons à sa juste valeur.

Une petite boule de glace au Mall nouvellement construit avant de graber une voiture jusqu’à notre hôtel où cancrelats, blattes et cafards, adultes et nouveau-nés attendent notre retour avec impatience.



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