Cuba - Cienfuegos

28 au 29 janvier – Cienfuegos

Pour une dernière fois, Maria Julia nous gâte avec son petit-déjeuner copieux. Nous la payons et lui faisons un gros bec, avant de quitter ce havre de paix familial.

Les horaires des bus pour Cienfuegos n’étaient pas très en harmonie avec notre envie de prendre le temps. Je rappelle que nous sommes adeptes de la paresse et que les deux départs du matin à 7 heures ou 7 h 45 ne nous convenaient pas.
J’ai donc décidé de faire appel à un collectivo, que nous ne devrions pas avoir de mal à trouver dans le coin.

Effectivement, en à peine cinq minutes, un jeune homme nous propose de nous emmener avec deux autres touristes jusqu’à Cienfuegos. Il nous en coutera 10 CUC par personne, et, à 11 heures, nous arriverons directement au centre-ville, au coin du parc José Marti.

Au final, ce voyage m’aura coûté beaucoup plus cher puisque j'oublie mon livre électronique dans la voiture… Une chance que j'avais fini mon roman de 900 pages, mais maintenant, je vais être obligé de relire mon guide de 2006 pour passer le temps.

À notre arrivée, je vais directement vers une casa très recommandée dans tous les guides, la Casa de la Amistad, mais évidemment, c’est complet. Par contre, l’amabilité des Cubains fera qu'encore une fois, les propriétaires, d’une gentillesse incroyable, vont passer quelques coups de fil pour nous trouver une piaule.

En attendant que ça se règle, ils nous invitent à monter sur la terrasse et nous offre quelque chose à boire. Ça donne encore plus envie de rester ici, d’autant que de la terrasse on a une très belle vue plongeante sur la piscine du luxueux hôtel La Union.

Il ne faut pas plus de deux minutes pour trouver un logement, on nous indique le chemin et c’est parti pour rencontrer notre logeuse, à la Casa La Teresa.
Le 5816, rue 31 (D’Clouet), juste en face du marché, dans un quartier populaire au fort potentiel de développement, mais pas pour tout de suite, dont l’immense porte d’entrée donne le ton.

Nous grimpons l’escalier et sommes accueillis par notre hôtesse toute en sourire et en amabilité. Elle nous fait voir la chambre qui donne sur la rue, mais une rue très calme et nous fait visiter les lieux.

C’est à chaque fois une telle surprise d’entrer dans ce genre de demeures qui ressemblent à des musées mais que des gens ordinaires font vivre.
Si le choix de couleur de peinture est discutable, les variantes de rose égayent les murs et les colonnes, le carrelage à lui seul vaut le coup d’œil. 

La lumière qui arrive par les grandes fenêtres et un puits de lumière, illumine l’ensemble. Encore une fois, c’est très propre et la salle de bain avec sa grande baignoire est une invitation aux ablutions, nous sommes conquis.

Nous laissons nos sacs dans notre chambre royale et partons rapidement découvrir les lieux.

Cienfuegos est une ville moyenne de 170 000 habitants à 230 kilomètres au sud de La Havane, sur la côte Caraïbes.
Sieur Colomb découvre la splendide baie en 1494 qui est habitée par les Indiens Jagua. J’imagine que comme partout ailleurs, ces braves natifs se font décimer pour laisser la place aux pacifistes conquistadors espagnols qui y établisse une forteresse pour se défendre des pirates.

C’est un Français, Louis De Clouet qui fonde la ville en 1819. Détruite à peine 3 ans plus tard par un ouragan, les colons se mettent au boulot et reconstruisent la ville et la baptise du nom de Cienfuegos en l’honneur du gouverneur de Cuba prénommé José.

Dans les années 1850, la ville prospère grâce à la canne à sucre et au chemin de fer nouvellement construit.
Des fortunes se font sur le dos des esclaves et les riches boutiquiers font construire palais et autres somptueuses demeures dans un style néo-classique afin de rendre hommage aux ancêtres français.

La Perle du Sud dégage un petit quelque chose de chic et raffiné, mais sous le doux rythme des alizés des Caraïbes. Le centre-ville historique est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005, et c’est un coin très agréable à visiter.

Nous commençons par le quartier du port et de la superbe bâtisse des douanes
Pêcheurs, promeneurs, chauffeurs de cyclo-taxi, et touristes, tout le monde prend son temps. De toute façon, on est dimanche, alors pourquoi se presser ?

Nous remontons la rue San Fernando jusqu’au Prado, cette artère principale qui traverse la ville du nord au sud (ou inversement).

Au croisement, nous tombons sur la statue de Maximiliano Bartolomé Moré Gutiérrez, plus connu sous son nom d’artiste Benny Moré. Enfant du pays, Benny Moré est considéré comme le plus grand chanteur de musique cubaine. Dandy à la canne sous le bras, il observe de son regard goguenard le monde tourner sans lui. Un article plus complet ICI

Le glacier Coppelia invite à la dégustation, mais nos estomacs nous rappellent à l’ordre et nous nous mettons à la recherche d’une table locale.
Les façades bariolées des maisons ponctuent le Prado de touches de couleurs sous un ciel un peu voilé. Les détails des façades ouvragées renvoient à un passé prospère, mais le temps est révolu, ne restent que les photos et ces vestiges admirablement bien conservés.

Le petit restaurant El Campesino fréquenté par des locaux nous invite à prendre place. Sa ropa vieja est excellente et nous serons le centre de toutes les attentions. C’est vrai qu’il n’y a pas grand touriste par ici, qui fréquentent en général le quartier historique ou les restaurants dûment répertoriés par leur guide.

Rassasiés, nous poursuivons notre route vers Punta Gorda en longeant le Malecon. Rien à voir avec son célèbre confrère havanais, ici tout est calme, familial et sans circulation.
Quelques cyclo-taxi tentent de nous faire grimper sur leur monture souvent ingénieusement bricolée.
Mais nos jambes sont jeunes et fraîches alors nous marchons jusqu’à la pointe de la Gorda, et en chemin nous rencontrons tout un tas de gens.

Des mamans qui laissent courir leurs enfants sur le parapet en béton, des vendeurs de tresses d’ail et d’oignons super stylés, des amoureux qui ne se lâcheraient la main pour rien au monde, des enfants grimpés sur des selles de vélo en bois, des carrioles tirées par des chevaux, et évidemment, comme partout à Cuba, de vielles voitures sillonnant les routes tels des vaisseaux antiques, toujours fières de rouler les mécaniques.
La route est longue, mais quel meilleur moyen de découvrir la vie locale ? Aux abords de la grosse pointe, quelques maisons se distinguent par leur architecture. 
Le dôme en tuiles vernissées de l’hôtel Palacio Azul luit sous le soleil. Bâti entre 1920 et 1921, par Alfredo Fontana, un architecte italien de renom, il est destiné à quelque riche famille du coin. Il sera transformé en hôtel en 2004, puis retransformé et restauré pour rouvrir en 2007. Chic et excentrique…

Juste à coté, trône le non moins fier Tennis and Yacht Club, immense bâtisse des années 20, qui ouvre sa piscine au public pour un prix dérisoire.
Tout autour, des maisons basses, très pimpantes et invitantes, où nous profiterions bien de quelques heures de farniente sur l’une de ces chaises berçantes qui agrémentent toute terrasse digne de ce nom à Cuba.

Enfin, tout au bout du Prado, le Palacio de Valle étonne par son style complètement décalé. Le palais construit en 1917 est un heureux mélange de mauresque, roman, gothique et vénitien, son mécène espagnol et milliardaire s’est lâché lousse dans la créativité. Il se décore de hautes fenêtres et d’une grande terrasse d’où il doit faire bon siroter un mojito face au soleil couchant.

Nous bifurquons à droite et continuons sur la Calle 35 jusqu’au bout du bout de la pointe, au centre récréatif de la Punta. Quelques photos dans la petite gloriette, et puis nous reprenons le chemin du retour.

La chaleur est accablante et d’énormes nuages noirs comme la fin du monde commencent à prendre possession des cieux. Mais ils n’iront pas au bout de leurs missions et resteront sagement hors des limites de la ville. Par contre, ils offrent un très beau fond aux maisons colorées qui s’y détachent à merveille.

Le soleil se couche avec grâce quelque part dans la baie et nous allons manger un morceau dans un restaurant où la seule extravagance viendra du jeune chanteur, qui loin du répertoire cubain se mettra à pousser la chansonnette sur des airs d’opéra. Du spectacle à grand déploiement ! 
Par contre, si c’est pour bien manger, allez ailleurs qu’au Rancho


29 janvier
Notre logeuse doit penser que nous n’avons rien avalé depuis plusieurs jours, car la table du petit-déjeuner est pleine à déborder.
Servi dans un salon qui pourrait contenir tous les chanteurs du chœur de l’Armée Rouge, nous sommes pris en charge par la propriétaire des lieux et sa femme de ménage qui sont aux petits soins avec nous.

Évidemment, nous entamons la discussion, en vérité, c’est plutôt un monologue d’où j’extrais quelques mots clé pour comprendre la totalité de l’histoire. 

Il semblerait que je ne me débrouille pas trop mal, puisque mes réponses et mes questions collent au sujet. André est ébahi par mon aisance, il ne comprend pas un traître mot de ce qui se passe. 
Je dois admettre que je suis assez perdu, et que je fais un peu semblant de tout comprendre. Comme dans beaucoup de pays que j’ai visité, il suffit souvent de parler trois ou quatre mots et de répondre correctement à une question pour que votre interlocuteur soit persuadé que vous maîtrisez parfaitement le dialecte local et se sente à l’aise d’entretenir une conversation des plus sérieuse.
Laissez-moi une semaine ici, et je serais parfaitement hispanophone !

Mais il est temps de partir à la découverte et de profiter de ce magnifique ciel bleu.

Nous entrons dans l’hôtel La Union et allons voir cette piscine que nous avons admiré à notre arrivée. On peut s’y baigner, mais c’est quand même assez cher et finalement, coincé entre 4 murs très hauts.

À l’est de la place José Marti, nous franchissons les vénérables colonnes du Palacio Ferrer.
Le palais, construit entre 1917 et 1918 par un architecte cubain, tient son nom de la richissime famille qui l’a brièvement habité avant de déménager à La Havane.
En 1923, le journal El Sol y installe sa rédaction et son imprimerie.

Un joli belvédère orne son toit, il servait de point d’observation au maître des lieux pour surveiller son petit monde ouvrier.

Aujourd’hui, c’est le siège de la Maison de la Culture Benjamin Duarte. La visite coûte 2 CUC et on peut se promener librement dans l’immense bâtiment, sans oublier de grimper dans le mirador et s’offrir une magnifique vue sur la ville.

Instant d’émotion au sommet du mirador, lorsqu’un jeune Français pose un genou à terre et demande à sa copine si elle veut l’épouser. 

Une Cubaine encore plus émotive que moi, me demande ¿Es una solicitud de matrimonio? Si, madame ! Elle essuie une larme le long de sa joue et dit bien fort à la fille : di sí ! 

Elle n’a pas le choix, en plus d’être dans un endroit super cute, elle a un peu de pression des voisins. Elle a dit oui, la dame à pleuré, moi, j’étais bien heureux pour eux et je leur souhaite 1 000 ans de bonheur. FIESTA !

Tout est délicat dans cette maison. Les frises qui ornent les colonnes semblent être en meringue, le carrelage est richement décoré de volutes et de fleurs, et les douces couleurs aux teintes pastel sont des invitations à la rêverie aux temps anciens.

Nous quittons cette adorable bonbonnière et nous dirigeons vers l’est dans les quartiers plus populaires.
Débrouilles de la vie quotidienne, fresques à la gloire de la Révolution et bricolages ingénieux rythment cette banlieue très calme.

Non loin de la place Marti, nous découvrons une galerie qui expose de très jolies œuvres d’art. Quand on parle de débrouille, on pense souvent aux voitures ancestrales qui roulent toujours malgré le manque de pièces de rechange, sur ce mur, c’est aussi une question de récupération.

Un banc de poissons est cloué au mur, des poissons ressort, clavier de machine à écrire, cadran de téléphone, roulement à billes ou chaîne de vélo. Tous ont le même œil un peu fixe en écrou et tous sont à vendre.

À midi nous sommes assis à la table de la salle un peu déserte du Paladar Aché. Le service est très agréable, la plupart des serveurs parlent anglais et la carte à l’air prometteuse. Tout sourire, ils nous proposent de goûter à leur piña colada maison.
Ce cocktail à base de rhum, de jus d’ananas et de lait de coco est très populaire partout sur l’île. 
Ici, on prend un ananas bien mûr, on en retire sa chair pour en faire du jus, on rajoute du lait de coco, puis du rhum à volonté. C’est très bon, et ça se boit tout seul, attention danger !

Le cadre est sympathique, la bâtisse fraîchement rénovée, le personnel aux petits soins et la nourriture excellente. Nous réservons pour ce soir !

Repus, nous continuons notre balade vers la piscine du Yacht Club où nous avons bien l’intention d’enchaîner bombes et imitation de dauphin. Il en coûte 3 CUC pour entrer, et il y a très peu de monde en ce lundi.
Évidemment, les hauts-parleurs crachent une musique un peu trop forte et quelques messieurs ont pas mal de rhum dans le sang, mais c’est une piscine ouverte à tous et le cadre est somptueux.

Nous passerons quelques heures agréables à barboter au son du salsaton cubain en admirant la faune locale.

Retour au centre-ville, achat de miel et de cigares dans la boutique Casa del Tabaco au coin des rues San Fernando et Hourruitiner où j’ai trouvé les prix les plus intéressants. 
D’une boutique à l’autre, ces prix changent, il ne faut pas hésiter à comparer quand on sait ce qu’on veut. On y trouve d’excellent cigares, du miel en pot de 1 kilo et du café moulu, les 3 mousquetaires des souvenirs à ramener de tout voyage dans l’île.

Le soleil va se coucher et ce spectacle attire un tas de monde sur la jetée en face du bâtiment des douanes. C’est drôle cette attirance que nous avons pour ce phénomène naturel qui se reproduit tous les soirs. Relents de nos années sauvages où l’astre disparaissait au plus grand effroi de nos ancêtres mangeurs de chair crue en pleurant toutes les larmes de leur corps de peut de ne jamais revoir le jour.

Ce soir, c’est plus calme, seuls quelques kikeclics d’appareils photo manifestent leur présence. Des amoureux détiennent un banc en otage, de toute façon personne n’aurait l’outrecuidance de venir les déranger.

Des enfants courent trop vite et trop proche du minuscule parapet qui séparent les terriens des noyés. Les mamans sont blêmes et tentent de rattraper leurs petits têtards excités.

Imperturbable, le soleil suit l’angle de l’objectif de mon appareil photo et finit par se noyer quelque part derrière la ligne d’horizon. Pourvu qu’il revienne demain !

Et nous, on revient au Paladar Aché pour un autre délicieux repas. On nous invite à prendre l’apéro dans le jardin, où je peux griller un cigare roulé dans une maison en paille dans la vallée de Viñales.

Et c’est ainsi que se termine un très agréable séjour dans la Perle du Sud.
On se revoit à La Havane ?


KIKECLAC ! Merci Cricri

Cienfuegos en images





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